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Le programme de nuit, îlot de culture (II)    Page 42 sur 53

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Ukraine, les silences de l'empire (2004), ACR Linguistics & so on (1971) Leonhard Euler (1961), Husserl (1959), Peter Ibbetson avec Jean-Louis Trintignant (1962) - Sam 18 Juin 2022, 11:30

Surpris par la Nuit - Ukraine, les silences de l'empire
par Pierre Goëtschel, réalisation Jean-Philippe Navarre
1- Dans la solitude des champs de blé (13/04/2004)
avec Mirostlav Popovic, Roman Grinkyv, Roman Serbyn , Vladimir Scouratovski , Sacha Garatchouk , Valéry Marmel , Evgueni Ifremov et Oleg Skripka
2- Jeu de piste en Transcarpathie (14/04/2004)
avec Taras Tchoubaï , le Père Pierre (du monastère de l'ordre studite), Lioubomir Kouchlyk , Mikhaïllo Tchaï , Mykhaïlo Tafeytchouk , Ivan Griniuk , Ernest Butchko et Natacha Koubatsi

Déjà signalé dans le billet précédent, ce voyage en Ukraine réussi, qui mêle évènements historiques et traditions musicales. La différence avec le France Culture de 2022 est clairement audible : suffisamment de temps et de budget étaient encore alloués pour produire un reportage de 6 heures dans un pays qui alors n’était pas le centre d’intérêt du monde.
Alors qu’aujourd’hui pour France Cu n’existe que ce qui est dans la Une de l’actu, au travers essentiellement de débats en studio avec des spécialistes, témoins indirects des évènements, qui dévident généreusement leurs rouleaux à spéculations sur un avenir qui n’a jamais été aussi incertain depuis qu’il persiste à rester emprisonné dans le futur.

Le producteur donne la parole à des historiens dans la première partie, mais surtout aux habitants, parfois très âgés qui racontent leurs souvenirs des rudes années staliniennes (la grande famine par exemple). Les témoins ont du mal à se confier, mais le reportage n’en demeure pas moins fort.
Tout ce qui concerne les traditions musicales est nettement plus détaillé. La réussite des émissions tient à ce que toute la partie musicale - la plus importante – se fond avec naturel dans la partie historique.
La seconde partie dans les Carpates démarre avec du rock ukrainien pour finir avec la tradition tzigane.
Une place importante est laissée à la musique, ce qui vu le sujet est fort précieux. Ce ne sont pas des disques mais des enregistrements sur place.
On y entend aussi venant se fondre dans le reportage, un extrait des « Chevaux de feux », le film de Sergueï Paradjanov.
A suivre avec les deux autres parties, diffusées dans les prochaines nuits (20 et 27 juin).

Atelier de Création Radiophonique - Linguistics and so on (09/05/1971)
par René Farabet
Un ACR de près de trois heures et duquel il ne sort pas grand-chose. Après un montage de slogans et de hurlements contestataires montés en boucle, alternant avec une armée américaine en marche one two three four ad lib (en gros et en détail, l'impérialisme américain et ses méfaits) – 1/4 d’heure quand même – trois entretiens croisés entre Noam Chomsky, Morris Halle et Roman Jakobson, où l’on ne rentre à peu près jamais dans le vif du sujet, soit la linguistique.
Chacun compare ses travaux à ceux de ses camarades, et reste dans des généralités que l’auditeur a tendance à oublier sitôt entendues.
La partie politique semble collée de manière artificielle à la partie linguistique, ce qui est fort dommage.
Les citations de Chomsky par exemple sont de simples dénonciations de l’impérialisme américain. Nous sommes en 1971, et les entretiens ont été enregistrés dans des campus américains.
Il existe d’autres ACR à coloration politique nettement plus marquants.
Quelques exemples :
1984...Dallas (26-06-1983) par Luc Bongrand et Kaye Mortley
Demain la guerre (05/11/1972) par Xavier Domingo et Carlos Semprun-Maura
Le rouge et le blanc (07/05/1972) par René Farabet, Robert Georgin et Jean-François Vallée
Qu’est-ce que c’est que ces chefs sans pouvoir ? (18/02/1975) par Andrew Orr et Jean-Jacques Lebel.


Analyse spectrale de l'Occident - Leonhard Euler le mathématicien philosophe (09/12/1961)
de Philippe de Saint Robert, réalisation José Pivin
Jean Topart, le récitant
François Darbon, Leonhard Euler
Pierre Delbon, Nicolas Fuss
Henri Nassiet, Frédéric II de Prusse
Pierre Asso, Voltaire
Louis Raymond, Condorcet
Max Rouard, Anders Lexell
Maurice Jugnot, le rapporteur
Liliane Guichenet, la petite Catherine
En 1961, l’analyse spectrale durait tout le samedi après-midi (début 15h45, fin peu après 20h) sur France III Nationale, radio que l’on peut considérer comme l’ancêtre de France Culture.
Celle-ci, signée François Le Lionnais, était consacrée à l’infiniment petit.
Cette fiction radiophonique terminait cette analyse spectrale. Une fiction historique d’une quarantaine de minutes qui suit un modèle précis, celui que l’on retrouve dans les émissions historiques de France Inter -  du duo Alain Decaux/André Castelot (La tribune de l’Histoire) et qui perdure encore aujourd’hui dans « Autant en emporte l’Histoire » sur France Inter le dimanche soir : un évènement historique, la vie et l’œuvre d’une personnalité condensées dans une fiction dont les dialogues doivent accomplir l’exploit de rendre vivants les personnages historiques tout en donnant un maximum d’informations. Ce qui lui donne un aspect souvent empesé.
Philippe de Saint Robert a la bonne idée de recourir à un retour en arrière, le mathématicien sur ses vieux jours rappelant sa vie écoulée.
Un peu de mathématiques, mais surtout la bio, les relations avec ses contemporains.
Le distribution est vraiment excellente, François Darbon en particulier.


Hommage à Edmund Husserl à l'occasion du 100ème anniversaire de sa naissance (30/04/1959, France III Nationale)
par Georges Charbonnier
avec Gaston Bachelard, Paul Ricoeur, Emmanuel Levinas, Suzanne Bachelard, Jean Wahl, Raymond Aron et Maurice Merleau-Ponty
lectures Michel Bouquet
réalisation Georges Gravier
Les questions de Georges Charbonnier sont impeccables, même si l'on peut regretter qu’il répète à tout va qu’il n’est pas lui-même philosophe – sans doute pour rassurer les auditeurs -, et qu’il ne sera pas possible de faire le tour de la phénoménologie en 1h45.
Pourtant ce n’est pas ce que l’on attend de cette émission. Chaque intervenant donne sa vision de Husserl, explique certains aspects de sa pensée, chacun d’entre eux tirant le philosophe vers un domaine particulier – sociologie pour Aron, mathématiques pour Suzanne Bachelard…
Gaston Bachelard ouvre l’émission, et peine à cerner la phénoménologie, tournant inutilement autour du pot. Alors que quelques minutes plus tard Emmanuel Lévinas le fait avec nettement plus de brio, détournant vite la question de départ de G. Charbonnier qui lui demandait quelles avaient été ses relations avec Husserl, qu’il a connu en tant qu’étudiant.

A l’arrivée, les lectures de Michel Bouquet sont réduites à presque rien.


Pour rendre hommage à Jean-Louis Trintignant, signalons une fort belle fiction : « Peter Ibbetson » (Anthologie du mystère) d’après Georges Du Maurier, traduction et adaptation de Raymond Queneau.
Réalisation de Jean-Jacques Vierne, musique de Serge Nigg.
Avec J-L Trintignant (Peter) et Pierre Blanchar, Pascale Audret, Jacqueline Morane, Louis Arbessier, Roger Gaillard, Georges Adet, Pascal Bressy.
Il s’agit d’une nouvelle version de cette pièce radiophonique, déjà enregistrée en 1949. Même réalisateur, même musique mais distribution différente (Alain Cuny à la place de J-L Trintignant).

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Harold Pinter/Maurice Ohana/Samuel Beckett/Julien Gracq (ACR, 1970) - Claude Mettra / Claude Gaignebet - Chateaubriand (1968) - Chasse au fantôme à Odessa (2004) - Ven 24 Juin 2022, 19:42

Les deux pièces de Frank Zappa qui apparaissent dans ce billet n'ont strictement rien à voir avec son contenu. Elles sont extraites d'un sextuple album qui vient de sortir et qui regroupe trois concerts (et quelques extras), deux de 1974, et un de 1976. L'ensemble est certes disponible à la vente. Toutefois signalons que les ayants droits de la famille l'ont mis dans sa totalité sur YouTube.

                                                                                             
                                                                            

Atelier de Création Radiophonique : Paysages - Présages - Mémoire (03/05/1970)
Sous ce vaste intitulé, cet ACR réuni des œuvres récentes d’auteurs au style sans doute différents, mais leur réunion artificielle promet à l’auditeur une variété bienvenue, alors que l’émission dure près de trois heures.
D’abord une pièce de Harold Pinter écrite en 1968, et montée d’abord pour la radio (BBC Radio 3) la même année, avant de l’être sur scène l’année suivante.
Adaptée en français par Eric Kahane*, la pièce est interprétée par Madeleine Renaud et Roger Blin. L’inspiration de la pièce, et le choix des interprètes, nous rapproche de Beckett, dont il sera question dans la troisième partie de l’ACR. Un couple dialogue, mais chacun ne tient pas compte de ce que raconte l’autre. Deux histoires parallèles vont donc se dérouler. La réalisation de José Pivin, qui ajoute beaucoup de silence entre les répliques, ajoute une couche d’incommunicabilité.

*Eric Kahane a fait beaucoup de versions françaises de films et de pièces. On lui doit par ailleurs un catastrophique sous-titrage du « Monty Python’s Flying Circus » en 1992 pour la chaîne Arte, où Kahane voulait jouer au sous-titreur plus drôle que les sous-titrés.

Ensuite, une composition de Maurice Ohana, « Sibylle » (1968), pour soprano, percussions et bande magnétique. Il s’agit de sa création.
Isabel Garcisanz, soprano
Bernard Balet, percussions
Réalisation électroacoustique du compositeur avec la collaboration technique de Bernard Leroux, assisté de Geneviève Nguyen.
Présentation reproduite sur le site de l’IRCAM :
« Aventure à travers la voix féminine, à travers le temps, cette œuvre composée comme un vitrail, fait appel à deux interprètes, une soprano et un percussionniste. Tour à tour mythique, familière, sophistiquée ou prophétique, la voix de l'oracle semble surgir de la nuit des temps, des rues d'une métropole nocturne, ou encore d'une forêt tropicale en délire. L'éventail vocal de la tendresse au sarcasme, du mot crié ou murmuré à la fureur de chanter s'épanouit en une construction contrapuntique. La percussion se fait voix et la voix percute, échangeant leurs timbres jusqu'à se fondre dans le torrent d'une bande magnétique. Ici l'incendie se mêle aux percussions et aux cris, grandit et s'éteint dans un paysage de cendres au pied d'une ultime note tenue où survit la voix d'une étoile. Maurice Ohana.
Notons que la voix est entièrement vocalisée et que n'intervient aucun texte, sauf quelques mots isolés - pratique constante chez Maurice Ohana depuis le Tombeau de Claude Debussy. Le matériau de base est constitué par huit mots pris dans différentes langues, et envisagés essentiellement sous l'angle de leur valeur phonique. Christine Prost, catalogue raisonné de l'œuvre de Maurice Ohana, Revue Musicale, Editions Richard-Masse. »


Petite parenthèse qui n’en est pas complètement une, mais à propos de la sibylle, renvoyons à une émission de la série « L’autre scène ou les vivants et les dieux » par le duo Claude Mettra / Claude Gaignebet, qui interprètent les mythes avec un soin méticuleux.
« La sibylle ou la parole du souterrain » (04-09-1978)
(Cf aussi Dürer et l'ange de la mélancolie, 10 au 14-05-1982, et Le carnaval, 11-03-1972, dont une réécoute partielle montre qu’il fut jugé un peu durement dans le billet des nuits où il fut évoqué. Le billet n’a pas été retrouvé, mais ce n’est pas grave.)
Récemment dans les nuits, toujours du même duo, une autre autre scène ou les vivants et les dieux de même qualité et signée du même duo, avec aussi la brève participation de  Denise Barrère : La toison d’or (29-11-1976).
Et puisque nous y sommes signalons aussi un « Dits et récits – La mandragore » (17-04-1994) dans lequel Claude Mettra reprend un récit de l’auteur romantique allemand Achim von Arnim.

Retour à l’ACR. Après la pièce de Ohana vient la partie Samuel Beckett. D’abord un extrait de « Beginning to end », montage par l’acteur Jack MacGowran de textes de Beckett extraits de roman ou de pièces de théâtre, tous écrits à la première personne. L’interprétation de l’acteur alterne dans un montage subtil avec celle, en français, de Claude Piéplu.
Nous pouvons entendre un extrait de « Paroles et musique », d'après la pièce de Beckett, composition de Arié Dzierlatka.
Dans la dernière heure, l’ACR croise un entretien avec Julien Gracq avec la lecture d’extraits de « La presqu’île », recueil de nouvelles qui venait alors juste de paraître.
Les lectures sont faites par Alain Jouffroy et Jean Leuvrais.

Nouvelle diffusion de
Anniversaire Chateaubriand - Chateaubriand et son temps (06/10/1968)
par Claude Mettra, réalisation Alain Barroux
Aucun texte de Chateaubriand ici, mais un ensemble de lectures de textes qui brossent le portrait de l’écrivain par ceux qui l’ont connu. Aucun générique, mais l’on peut reconnaître les voix notamment de François Maistre, ou de François Périer.

Suite de
Surpris par la Nuit - Ukraine, les silences de l'empire
3- Chasse au fantôme à Odessa (13-04-2004)
par Pierre Goëtschel
avec Sacha Garatchouk , Irina Shikhovskaïa , Iouri Kouznetsov , Alexandre Teplich Issakovitch, , Alexandre Rozenbaum et Mary et Dimitri Goutakov
réalisation Jean-Philippe Navarre
Reportage à Odessa, ville comparée durant l’émission à la Nouvelle-Orléans ou à Marseille. Du jazz, de la musique klezmer, et même un peu de Joe Dassin à la fin (la famille du chanteur est originaire d’Odessa).
Quelques récits d’habitants, mais aussi d’historiens, retour sur l’histoire de la communauté juive à Odessa… Cette troisième partie montre la diversité culturelle de l’Ukraine. A suivre encore avec la quatrième et dernière partie diffusée le lundi 27 juin, mais déjà mise en ligne.

                                                                                        

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Ukraine, les silences de l'empire (2004) - Cheikha Rimitti (2000) - René-Martin Pillet (1982) - Coup de foudre (1982) - Hemingway (1985) - Musique et possession (1980) & Le roman du cinéma par C tiret J Philippe & J point C point Averty (1985) - Ven 15 Juil 2022, 15:44

Surpris par la Nuit - Ukraine, les silences de l'empire
4- Crimée, les revenants de la Mer Noire (13/04/2004)
par Pierre Goëtschel - Avec Enver Cherfedinov, Enver Izmaïlov , Moustafa Abiboulaïev , Artem Djelilov , Delaver Osmanov , Server Bekirov , Choukrié Moustafaeva et Server Bekirov - Réalisation Jean-Philippe Navarre
Dernier volet (pour les autres, cf billets précédents) de ce voyage à travers l’Ukraine, tant spatial que temporel. La dernière partie est consacrée comme le titre l’indique à la Crimée, et au sort du peuple tatare, déporté en 1944 de par la volonté du dirigeant de l'Union Soviétique d'alors.
Dans la dernière demi-heure, faux direct depuis les studios de « Radio Crimée ».
Un type de reportage que France Culture ne veut plus envisager aujourd’hui, tant le travail de montage lui est devenu insupportable, pour le plus grand déplaisir des auditeurs. Quant à l’idée même de sortir de France – et, soyons plus précis, de l’agglomération parisienne – n’en parlons même pas : les profs de l’EHESS, Science-Po & cie font dorénavant l’affaire, surtout s'ils ont un livre à vendre.
Dans ce Surpris par la nuit, Pierre Goëtschel est allé tout simplement à la rencontre des habitants, a pris le temps de les écouter, de les enregistrer, sans se mettre au centre de tout, comme les émissions de France Cu actuelles le font, qui entretiennent avec les récits à la première personne le narcissisme des producteurs, qui passe avant le sujet – vaguement – exploré, tournant toujours autour d’un militantisme de base (ex : féminisme radical ou écologie ou les deux en même temps, c’est encore mieux, comme si plus rien d’autre ne pouvait exister).
Une école de communication et/ou de marketing a dû décréter que la première personne était une manière d’impliquer l’auditeur de manière plus directe, transformant un reportage ouvert sur le monde en confession intime ayant plus à voir avec le racolage qu’avec la culturzélaconnaissance.
Bref, ce reportage de 2004, datant d’une époque où France Culture avait déjà fortement baissé, montre que depuis, la chute a continué.


Atelier de Création Radiophonique - Cheikha Rimitti, l'étoile bédouine (14/05/2000)
par Marie-Hélène Bernard
réalisation Thomas Dutter

En parlant de baisse, cet ACR en est l’illustration parfaite. Moins d’une heure, entretien avec la chanteuse totalement superficiel, quelques effets de montage par ci par là pour faire semblant de faire ACR, et voilà c’est emballé. Rien n’accroche vraiment l'attention, c’est de la radio qui s’écoute d’une oreille, qui s’oublie de l’autre.
Le sujet méritait certainement mieux que ça. Du gâchis.


Les inconnus de l'Histoire - René-Martin Pillet (1982)
par Jean Montalbetti
avec Fernand Braudel
réalisation Christine Bernard-Sugy

1- Enquête sur un clerc de La Basoche engagé dans la Révolution française dans le sillage de La Fayette 1789-1792 (21/05)
avec Albert Soboul
lectures Daniel Mesguich, Jacques Herlin et Maurice Bourbon

2- Enquête sur un officier de la Grande Armée fait prisonnier par les Anglais (28/05)
avec Jean Tulard, François Bédarida et François Crouzet
lectures Daniel Mesguich et Guy Tréjan

3- Enquête sur le regard d'un prisonnier français sur l'Angleterre du début du 19e siècle (04/06)
avec François Bédarida et François Crouzet
lectures Guy Tréjan

Cet inconnu de l’Histoire n’avait jamais eu l’honneur des Nuits.
Série qui correspond sans doute à ce qu’il est possible d’attendre d’une chaîne comme France Culture : entretiens montés, croisés entre plusieurs historiens, qui parfois se contredisent (seconde partie avec Jean Tulard ), courtes respirations musicales...
Sans doute d’une forme toute classique, cette émission a le mérite de penser au confort des auditeurs, et non exclusivement à celui de l’invité venant vendre son dernier ouvrage dans un entretien bégayant en direct mené de main de maître par un producteur ne pensant qu’à tirer la couverture à lui pour « que l’auditeur comprenne bien » (que le livre vient de paraître chez Gallimard).
Pour revenir à Pillet,
Fernand Braudel, le « médiateur » de cette série, parle de sa manière d’envisager l’Histoire. Puis, récit des années de formation de Pillet, en tout cas de ce qui nous est parvenu. Une manière de raconter la Révolution française sous un angle particulier, celui d’un homme de loi qui devient soldat, et homme de confiance de La Fayette.
Pillet va voyager en Guyane, au Portugal, où il va être envoyé par La Fayette pour guerroyer contre les anglais. Il est fait prisonnier.
L’occasion de revenir sur les conditions de détention des prisonniers de guerre, qui est sujet à débat entre les différents intervenants.
La dernière émission est un peu à part. Le sujet en est l’ouvrage écrit par Pillet, « L’Angleterre, vue à Londres et dans ses provinces », publié en 1815. Évidemment, les anglais y sont malmenés, et les historiens tentent de séparer la part de propagande anti-britannique de la réalité.

Les autres émissions disponibles de cette série ont été répertoriées dans un billet du 18/02/2021.


Les samedis de France Culture - Coup de foudre (20/11/1982)
par Charlie Cooper
avec Claude Gary (attaché scientifique à la Direction des Études et Recherches de l'EDF), Pierre Humbert (physicien à la division de la Physique du CEA) et Christian Rebotier (chargé de recherches à la Météorologie nationale)
réalisation Jeanne Rollin-Weisz

Beaucoup de lectures entourent les explications des scientifiques, qui dans la dernière partie exposent des points de vue divergents. En tout cas, en 1982, bien des points restent obscurs au sujet de la foudre.
Les lecteurs : Josette Boulva, Roger Bret, Pierre Constant, Eric Legrand, Pierre Marteville, Yves Marie, Robert Rimbaud, Mario Santini, Emmanuelle Weisz, Marie-Christine Castel Branco.
Les auteurs des textes lus : Héraclite, Camille Flammarion, Paul Robert, Jules Verne, Mark Twain, Lucrèce,  Shakespeare, Stendhal (tous les sens du coup de foudre sont évoqués), Michel Tournier, Michel Leiris, Racine, Virgile, Philostrate, Suétone, Mary Shelley, Benjamin Franklin, Hésiode, J.B. Priestley, Victor Mezenstev, De Fontvielle, Eschyle, Descartes, John Milton, et un récit d’après Claude Chassot, secrétaire du Club Alpin français, extrait du journal « La Montagne ».
Dans l’émission, petite leçon de bruitage avec Louis Matabon.
En l’absence de générique, certains éléments concernant le contenu et les auteurs sont donnés en introduction et en conclusion par Philippe Garbit, d’autres le sont dans l’INAthèque.


Les chemins de la connaissance - Ernest Hemingway (1985)
par Jean Daive
réalisation Christiane Mallarmé

4- Les expériences vécues d'Hemingway, avec Lydie Salvayre (24/10)
5- "Îles à la dérive", avec Roger Asselineau (25/10)
Les Nuits diffusent la suite et fin de la série dont les autres numéros ont été recensés dans un autre billet.
Deux entretiens d’une vingtaine de minutes. Quelques lectures pour la cinquième partie afin d’appuyer les explications de Roger Asselineau, qui analyse succinctement ce roman posthume, mais qui en livre surtout un résumé plus ou moins détaillé.
La partie avec Lydie Salvayre, qui était alors psychiatre, est plus surprenante. Elle se livre,  cela peut paraître logique, à une lecture psychanalytique de l’œuvre et de la vie de Hemingway, revenant plus longuement sur les dernières années de sa vie. La réalisation a gardé quelques longs silences et cela peut paraître ici un peu cruel car L. Salvayre n’apparaît pas toujours à son avantage. Elle semble chercher ses mots afin de préciser sa pensée. Elle réussit à donner un exemple plus précis à sa démonstration en toute fin d’émission.
Mais dans l’ensemble elle peine à convaincre, et l’auditeur, et Jean Daive, à l’écoute mais fort perplexe. Que, dans l’œuvre d’Hemingway, la guerre soit associée à l’homosexualité, car ce sont des hommes qui combattent, c’est une affirmation un peu légère. Jean Daive a beau signaler la présence d’une histoire d’amour entre le héros et une infirmière, Lydie Salvayre, après une hésitation, n’en démord pas.
Pas de lecture dans cette partie ? Que nenni, pour les lectures d'extraits, la psychiatre tient à nous lire quelques phrases au détour de sa démonstration, parce qu'elles sont ''très belles''.


La matinée des autres - Musique et possession (25/03/1980)
par Roland Auguet
réalisation Christiane Mallarmé

Long entretien d’une cinquantaine de minutes, coupé juste par quelques courtes illustrations sonores, avec l’ethnomusicologue Gilbert Rouget, d'abord sur le lien entre corps et musique. Autant dire que ce n’est qu’un point de départ, car pour lui il n’y a pas de lien.
Gilbert Rouget venait de publier un ouvrage sur le sujet, qui est à peine mentionné en fin d’émission, après le générique.
Cette Matinée des autres est plus courte car l’entretien était suivi d’une rubrique d’actualité sur les sorties d’ouvrages récents, avec Michel Cazenave et Roland Auguet.


Le roman du cinéma (1985)
par Claude-Jean Philippe
réalisation Jean-Christophe Averty
assistante de réalisation Anne Sécheret
prise de son Monique Burguière

1- 1928/31 (11/11) (L’Aurore de Murnau, Greta Garbo, André Breton, Freud...)
2- Hollywood et les grands comédiens burlesques : Charlie Chaplin, Harry Langdon (12/11)

Les deux premiers numéros de cette série de quinze ont été diffusés dans la nuit spéciale Claude-Jean-Philippe. Or, les treize autres sont apparus dans les applications, sans qu’aucune page leur soit dédiée sur le site, mais il y en aura sans aucun doute pour leur diffusion le mois prochain.
C’est une balade personnelle dans le cinéma de la fin des années 20 et des années 30, une sorte de rêverie qui reprend certaines histoires fort connues, d’autres moins, mais toujours sans réel souci de cohérence, sans volonté d’écrire une histoire du cinéma. Le critique garde, volontairement ou non, une certaine naïveté, celle sans doute liée à la découverte du cinéma pendant son enfance.
La chanson swingante choisie pour le générique (elle semble dater des années 50/60, mais qui en est l’auteur ? Et quel en est l’interprète ?? Et quel orchestre ???) souligne d’ailleurs la confusion, voulue, entre réalité et rêve.

Le critique lit son ouvrage homonyme paru en 1984, et l’écoute de la première partie est une bonne surprise, due à la qualité de la lecture, et à la mise en onde de J.C.Averty, qui, vu la période abordée, se régale à assaisonner le tout de musique d’époque, jazz ou chansons extraites de films.
Pour « Le roman du cinéma », il recrée musicalement l’ambiance d’époque. Bien pensé, non ?

Il y avait pourtant de quoi s'inquiéter, car sur le plan de la qualité, et de la quantité, J.C. n’a jamais fait dans la dentelle. Il avait tendance à tout garder, tout diffuser. C’est ce qui faisait la grandeur et la limite de ses « Cinglés du music-hall », la seule (?) émission de Radio France à avoir eu la chance de vadrouiller suivant les années entre France Inter, Musique et Culture. J.C. y passait sa collection de 78 tours, et les présentations des disques, numéros de matrices inclus,  avaient souvent plus de poésie que les disques eux-mêmes.

Les treize autres parties.
3- Les grand comiques de Hollywood : Harry Langdon et Buster Keaton (13/11)
4- Carl Dreyer et Abel Gance (14/11)
5- Marcel L’Herbier et Dziga Vertov (15/11)
6- Solitude, le Chanteur de jazz et les débuts du parlant (18/11)
7- La révolution du parlant avec Al Jolson, le Chanteur de jazz (19/11)
8- Greta Garbo et King Vidor (20/11)
9- Charlie Chaplin et Abel Gance (21/11)
10- Joseph von Sternberg et Marlene Dietrich (22/11)
11- King Vidor, Charlie Chaplin, Jean Cocteau et Ernst Lubitsch (25/11)
12- Luis Buñuel (26/11)
13- Ernst Lubitsch et Maurice Chevalier (27/11)
14- Marcel Pagnol, Raymond Bernard et Jean Cocteau (28/11)
15- Friedrich Wilhelm Murnau et Fritz Lang (29/11)

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Le roman du cinéma par Claude-Jean Philippe & Jean-Christophe Averty - Jeu 21 Juil 2022, 12:05

Complément du billet précédent sur
Le roman du cinéma (1985)
par Claude-Jean Philippe
réalisation Jean-Christophe Averty
assistante de réalisation Anne Sécheret
prise de son Monique Burguière

1- 1928/31 (11/11) (L’Aurore de Murnau, Greta Garbo, André Breton, Freud...)
2- Hollywood et les grands comédiens burlesques : Charlie Chaplin, Harry Langdon (12/11)
3- Les grand comiques de Hollywood : Harry Langdon et Buster Keaton (13/11)
4- Carl Dreyer et Abel Gance (14/11)
5- Marcel L’Herbier et Dziga Vertov (15/11)
6- Solitude, le Chanteur de jazz et les débuts du parlant (18/11)
7- La révolution du parlant avec Al Jolson, le Chanteur de jazz (19/11)
8- Greta Garbo et King Vidor (20/11)
9- Charlie Chaplin et Abel Gance (21/11)
10- Joseph von Sternberg et Marlene Dietrich (22/11)
11- King Vidor, Charlie Chaplin, Jean Cocteau et Ernst Lubitsch (25/11)
12- Luis Buñuel (26/11)
13- Ernst Lubitsch et Maurice Chevalier (27/11)
14- Marcel Pagnol, Raymond Bernard et Jean Cocteau (28/11)
15- Friedrich Wilhelm Murnau et Fritz Lang (29/11)

D'abord un correctif, suite à l'écoute de la série dans son intégralité : il y a bien une cohérence d'ensemble, la première partie ressemblait à un vagabondage dans le cinéma de la fin du muet, or Claude-Jean-Philippe va suivre de manière chronologique, avec quelques petits bons en arrière dans le temps pour mieux contextualiser le tout, l'histoire du cinéma de l'apothéose du muet (1927) aux débuts du parlant avec ses premiers grand films (1931).
La dernière partie s'arrête sur la situation historique en 1932. Et Murnau, avec son dernier film, "Tabou",  vient, presque, conclure la série alors qu'il l'avait ouverte avec "L'aurore". Presque car c'est à "M le maudit"  que revient cet honneur, film qui ne propose pas aux spectateurs ce qu'il est venu y chercher : du rêve. Le commissaire Lohmann, personnage important du film, réapparaîtra dans le film suivant de Lang, "Le testament du docteur Mabuse", ce que Claude-Jean Philippe ne mentionne pas, le film datant de 1933.

C-J Philippe s'attarde sur le cinéma hollywoodien, allemand, français et russe mais donne la part belle à Hollywood. Il laisse de côté des cinéastes importants (Ford, Walsh, Renoir à peine effleuré...). Mais le choix fait est irréprochable, ce sont bien des pièces maîtresses dans l'histoire du cinéma qui sont racontées.
Le récit jongle avec aisance avec des textes d'époque, extraits de revues, mémoires (Capra, Buñuel, Groucho Marx, Chevalier) et ses commentaires personnels. Le récit, on le sent, est longuement muri, fruit d'une vie de cinéphile.
Si l'on s'en tient aux premières parties, le récit de l'ascension et de la chute de Harry Langdon (fin de la partie 2 & début de la 3) suffit de faire de C-J Philippe un conteur hors pair.
Il reprend ici seulement une partie du texte "Le roman du cinéma" (Tome 1) qui allait jusqu'en 1938.
Ce qu'il en fait à la radio est d'autant plus admirable qu'il est accompagné d'un réalisateur tout aussi connaisseur. L'art qu'a Jean-Christophe Averty d'intercaler, de superposer, donnant un rythme enlevé à l'ensemble, est tel qu'à un moment l'auditeur n'y fait plus attention : tout semble naturel, couler de source, alors que la musique tour à tour enveloppe, commente, coupe, bref, joue avec le récit. Il faut bien convenir que la sobriété n'est pas l'apanage d'Averty.
Dans les dernières parties, arrivée du parlant oblige, les dialogues des films vont remplacer en partie les musiques.
On suit au fil des épisodes les principales compositions de Duke Ellington de cette période, en plus des chansons et extraits de film.
Si le réalisateur malicieux ne résiste pas à l'envie de faire suivre le récit d'un tournage de Cecil B. De Mille – la légende nous dit que les milliers de figurants se sont mis à entamer spontanément un cantique après une prise ! - d'un blues, il est aussi capable d'insérer la seule réplique parlée du "Chanteur de jazz" lorsque C-J Philippe la mentionne.

A noter que la voix du générique est celle de Brigitte Vincent, productrice sur France Inter de l'émission  "On efface tout et on recommence" (1990-93), où Claude-Jean Philippe sera chroniqueur.

Extrait de l'histoire de Harry Langdon (seconde partie)         [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13915-22.05.2022-ITEMA_23034248-2022C3372E0207-21.mp3 " debut="20:36" fin="29:02"]

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ACR Derrida (1976) - Crise ou comment l’avoir / Tendance 80 (Nuits magnétiques, 1980) - Entretiens avec Jean-Louis Barrault par Guy Dumur (1981) - Mer 27 Juil 2022, 13:06

Atelier de Création Radiophonique - Glas morceaux de glose, Derrida (24/10/1976)
par René Farabet, assisté de Janine Antoine, Marie-Ange Garrandeau et Viviane Van Den Broek
collaboration technique Philippe Alliot (?), Yann Paranthoën, Josette Etier (?)
avec Jacques Derrida, Mathieu Bénezet, Denis Kambouchner, François Laruelle, Jean-Michel Rey, Jean Ristat
lectures Roland Bertin, Jean Bollery, Maria Casarès (interprétation d’un texte de Genet), René Farabet, Christine Gagnieux, Jean-Loup Rivière, Catherine Sellers

Un générique copieux pour un ACR aride.
Deux parties. La première, une heure et demie : Jacques Derrida glose sur son propre ouvrage « Glose » paru en 1974. Les explications sont appuyées par des lectures savamment montées.
La seconde, environ quarante minutes, discussion autour de l’ouvrage par d’autres glozeurs.
Comme ponctuation, répétition du titre de l’ACR découpé en syllabes par la grâce du mécanisme d’une horloge.
L’ouvrage a la particularité de jouer sur les répétitions de mêmes phonèmes qui sont le point de départ d’interprétations toutes alambiquées. Ce pourrait être un jeu, mais dans un jeu, il y a une notion d’amusement que l’on peine à trouver ici, alors qu’il semble voulu par l’auteur (pensons ne serait-ce qu’à son nom…).
Le texte « Glas » présente deux textes qui se déroulent en parallèle, puisque la page du livre est coupée en deux. Un texte sur Hegel, un autre sur Genet. Il y a toute une réflexion sur l’occurrence du son « ge » et « gl », que l’on retrouve dans le titre de l’ouvrage, et dans le titre de l’ACR.
Extrait de la présentation par l’auteur  :
« Glas en décomposition, (son ou sa) double bande, bande contre bande, c’est d’abord l’analyse du mot glas dans les virtualités retorses et retranchées de son “sens” (portées, volées de toutes les cloches, la sépulture, la pompe funèbre, le legs, le testament, le contrat, la signature, le nom propre, le prénom, le surnom, la classification et la lutte des classes, le travail du deuil dans les rapports de production, le fétichisme, le travestissement, la toilette du mort, l’incorporation, l’introjection du cadavre, l’idéalisation, la sublimation, la relève, le rejet, le reste, etc.) et de son « signifiant » (vol et déportation de toutes les formes sonores et graphiques, musicales et rythmiques, chorégraphie de Glas dans ses lettres et fécondations polyglottiques). Mais cette opposition (Sé / Sa), comme toutes les oppositions du reste, la sexuelle en particulier, par chance régulière se compromet, chaque terme en deux divisé s’agglutinant à l’autre. Un effet de gl (colle, glu, crachat, sperme, chrême, onguent, etc.) forme le conglomérat sans identité de ce cérémonial. Il rejoue la mimesis et l’arbitraire de la signature dans un accouplement déchaîné (toc / seing / lait), ivre comme un sonneur à sa corde pendu. »


Nuits magnétiques – Crise ou comment l’avoir / Tendance 80 (1980)
par Pascal Dupont - et Jean-Marc Terrasse (partie Tendance 80),  réalisation Mehdi El Hadj
1 - L'effet Dim / La science ( 28/01)
avec Patrice Bollon, Thierry Ardisson, Loulou de la Falaise, Frédéric Berthet, Patrick Mauriès, Jean-François Bizot, Jean Rouzaud et Laurent Broomhead
2 - Babylone sur Seine / Le printemps allemand (29/01)
avec François Rivière, Frédéric Berthet, Loulou de la Falaise, Thierry Ardisson, Anne Cauquelin, Louis-Vincent Thomas, Ingrid Caven et Werner Schroeter
3 - Esthétique de la démolition / Le retour de l’expressionnisme (30/01)
avec Olivier Querouil, Jean-Marie Debusschere, Claudine Eyzikman, Louis-Vincent Thomas et Jean-Michel Palmier
4 - Nouvelles Églises / Les croisades (31/01)
avec Marc Cholodenko, Olivier Greif, Martine Fabre, Jean-François Bizot, Pierre le Chapelier et Gilles Anquetil
5 - Le barbare et le sauvage / La femme rédemptrice (01/02)
avec Jean Rouzaud, Patrice Bollon, Loulou de la Falaise, Eric Rohmer, Claudine Eizykman, Anne Cauquelin, Louis-Vincent Thomas et Alain Finkielkraut
Quelle surprise, après Derrida, de trouver cette série dans les nuits ! Les mots clés qui ont fait jubiler les programmateurs : crise / tendance / démolition / apocalypse.
Donc, la voici. La différence avec aujourd’hui ? L’émission n’est pas dénuée de malice, un  brin d’humour et de distance avec le sujet, chose inimaginable aujourd’hui.  Et puis pas de euheuhtages à tout va.
L’émission traduit l’ambiance de ce début des années 80, dans un certain milieu (aisé) d’artistes et de fêtards.
La mode du bilan décennal en était à ses balbutiements, et dans la dernière émission, Finkie précise que ces histoires de bilan et perspectives sont choses insignifiantes, sans intérêt.
Aujourd’hui, il faut dire qu’attendre la fin d’une décennie pour faire un bilan (des crises cela va de soi), ce n’est plus possible, c’est bien trop long. Les bilans sont tirés toutes les cinq minutes, et les perspectives n’en parlons même pas.
Pourtant, l’émission s’écoute quand même – même si nous ne sommes pas dans de la grande nuit magnétique – avec amusement.
Si crise il y a, les participants baignent dans la bonne humeur, l’optimisme, ont une vue de l’avenir qui fait chaud au cœur : L. Broomhead ne se mouille pas trop lorsqu’il annonce le développement de l’ordinateur et l’arrivée d’internet, qu’il ne nomme pas mais qu’il décrit quand même, et Gilles Anquetil (qui fut un habitué du « Black and Blue » d’Alain Gerber)  garde espoir malgré la situation en Iran. Il annonce un choc entre le monde occidental et le monde musulman.
La partie la plus pittoresque reste celle sur les nouvelles églises, avec des témoignages on ne peut plus édifiants sur les pratiques du gourou Baghwan, suivis d'un entretien avec un architecte travaillé par la bioénergie et qui tente d'élaborer une maison écologique. Ajoutons qu'il a trouvé sa propre formule pour résoudre la quadrature du cercle.
Dans l’ensemble, c’est un drôle de bric à brac, même si chaque partie aborde un thème particulier. Chaque émission comporte deux parties : la première est un montage de témoignages, la seconde un entretien avec un ou deux invités en studio, qui peut lorgner du côté du Pop club de José Artur (partie avec Schroeter et Caven).
La série s’achève avec Finkie, qui a été choisi pour parler de féminisme, cela ne s’invente pas. Intéressant en tout cas de donner la parole à quelqu’un qui a un regard plutôt extérieur au mouvement qui en 1980, d’après les différents témoignages, montrait un certain essoufflement. Il tient en tout cas à préciser à plusieurs reprises que ses propos ne se basent que sur ses observations personnelles, et qu’ils n’ont strictement aucune valeur sociologique. C’est le cas de toutes les voix que nous entendons dans ces cinq émissions.


Entretiens avec Jean-Louis Barrault (1981)
par Guy Dumur, réalisation Jeanine Antoine
1/4 : -1 : Naissance d’une vocation, -2 : L’Atelier de Charles Dullin, -3 : Premières mises en scène (16, 17 et 18/02)
2/4 : -4 : Rencontre avec Madeleine Renaud, -5 : La Comédie Française (19 et 20/02)
3/4 : -6 : Fondation de la Compagnie Renaud-Barrault, -7 : De Paul Claudel à Pierre Boulez (23 et 24/02)
4/4 : -9 : Nouvelles errances, -10 : Le Théâtre d’Orsay (26 et 27/02)
Jean-Louis Barrault fait revivre avec talent le théâtre des années 30 aux années 70. Charles Dullin, Louis Jouvet, la vie au théâtre de l’Atelier, la Comédie Française à la fin des années 30 et pendant la guerre, le Marigny, le théâtre de l'Odéon (envahi par les étudiants en mai 68), puis le grand chapiteau construit dans la gare d'Orsay désaffectée.
L’acteur a un sens de la dramaturgie qui font de ces entretiens une réussite du genre. Bien sûr, il transforme sa propre vie en récit romanesque, quitte à ne pas répondre à toutes les questions de Guy Dumur, qui s’en rend compte parfois et le fait rétropédaler pour préciser certains points.
Ces entretiens sont normalement en 10 parties. Les Nuits n’ont pas diffusé la huitième. Résultat, nous passons de l’évocation de Pierre Boulez (Marigny 1953/54) à l’Odéon en 1966 (« Les paravents » de Genet).
Cette partie, l’INAthèque n’en a aucune trace. Pourtant, elle existe.
L'ensemble des entretiens a été remonté pour être commercialisé dans un coffret INA de 3 CD (durée 3h25 au lieu de 5h), dans lequel on entend deux extraits de ce huitième entretien.

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Gitta Mallasz : Dialogues avec l'ange (1976) - Henriette Jelinek (1966) - Dim 31 Juil 2022, 11:42

Pour compléter le billet de Philaunet sur Marcel Schwob,
extrait d'un précédent billet :
Tels qu’en eux-mêmes - Marcel Schwob (04/04/1971) 
par Philippe Soupault et Jacques Fayet
avec des lectures des ouvrages de Marcel Schwob : "Le livre de Monelle" par France Descaut ; "Lettre à Marguerite Moreno" et "Cœur double" par Pierre Olivier ; de Marguerite Moreno : "Souvenirs de ma vie" par Lily Siou ; de William Shakespeare : "Hamlet" par Pierre Olivier
réalisation Guy Delaunay

Une présentation de l’auteur par Philippe Soupault, lue par Jacques Fayet. Émission bien construite, qui balaie la vie et l’œuvre en un temps record, et avec des lectures suffisamment longues pour prendre l’auditeur dans ses filets : ses amours, son goût pour les langues, ses traductions, ses nouvelles avec une amusante histoire de tables tournantes, fort à la mode à l’époque -. Des textes aussi de Marguerite Moreno, notamment un, magnifique, sur la mort de l’écrivain.

L'autre scène ou les vivants et les Dieux - Dialogues avec l'ange : Les quatre messagers (22/03/1976)
par Claude Mettra
réalisation Christiane Mallarmé
lectures Roger Bret

Après une courte présentation, long entretien avec Gitta Mallasz. Les relances, les questions en ont été enlevées, remplacées par un texte de liaison dit par Claude Mettra.
Gitta Mallasz raconte sa jeunesse hongroise, en orientant dès le début son récit : elle souligne son absence de sentiment religieux (chrétienne sans grande conviction), passe vite sur sa carrière de nageuse (elle remporte plusieurs médailles), pour arriver à sa rencontre avec trois autres jeunes gens, artistes, qui vont vivre l’arrivée de la guerre dans une maison commune. Un ange va alors s'exprimer à travers la voix de son amie Hannah.
Gitta Mallasz, seule survivante – les trois autres ont été victimes des nazis - se retrouve avec la transcription des paroles de l'ange, qu’elle publiera peu après la diffusion de l’émission – préface de Claude Mettra.
L’émission ne décortique pas l’enseignement de ces paroles, elle en propose la lecture de quelques courts extraits qui viennent compléter à point nommé le récit. Ces quelques paroles ne frappent pas par leur originalité – la lecture intégrale est-elle plus convaincante ?
Gitta Mallasz  va raconter seulement son histoire, son enfance, sa vie avec ses trois amis, l’atelier de couture qu’elle va diriger – sous la supervision des nazis. Cette dernière partie est particulièrement prenante. Elle va réussir à sauver une grande partie de ses employés juifs, en partie à l’aide de l'ange.
Un mélange de mysticisme et de récit historique.

Morceaux choisis - Henriette Jelinek (29/01/1966)
par Jean Paget
lectures Suzanne Flon et Michel Bouquet
réalisation Georges Gravier

« Morceaux choisis », dont plusieurs numéros ont été recensés plus haut, contient un entretien entrecoupé de lectures. Classique, à part que les lectures constituent les trois quart de l’émission, et que ces lectures sont assurées par des acteurs de tout premier ordre.
Pour ce numéro, nous retiendrons surtout la prestation de Suzanne Flon, qui lit deux longs extraits, plus d’un quart d’heure chacun, des deux derniers romans de Henriette Jelinek, « La route du whisky » et « « Portrait d’un séducteur ». Les textes se prêtent bien à la lecture orale puisque – il en est question dans l’entretien – fortement dialogués.
Dans l’entretien, elle présente ses romans brièvement, revient sur son utilisation des dialogues, et du présent dit de narration, de manière à bien situer les extraits, souvent des moments clés, qui vont être lus.
Dans « La route du whisky », c’est le récit de la nuit où un couple rencontre un noir (H. Jelinek utilise dans l'entretien indistinctement le mot « noir » et « nègre ») avec qui ils vont lier connaissance, et qui, le couple le découvrira le lendemain dans le journal, sera retrouvé assassiné.
L’extrait du « Portrait d’un séducteur » ne manque pas d’humour. Le topos de la rencontre amoureuse y est démoli avec soin. La narratrice va tomber amoureuse d’un abruti fini. Elle peine à lui trouver des qualités. Ce séducteur, on le visualise tout de suite, H. Jelinek réussit à le camper en deux trois répliques bien senties.
Pourquoi cette narratrice va-t-elle se lier avec lui, alors que nous quittons notre héroïne sur une réflexion aussi peu romantique que « Je l’étranglerais. Sale con va. » ?
La lecture de Suzanne Flon est en tout point admirable.

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Les ancêtres redoublent de férocité de Kateb Yacine - Ven 05 Aoû 2022, 11:59

Nouveau répertoire dramatique - Les ancêtres redoublent de férocité de Kateb Yacine (07/06/1969 )
par Lucien Attoun
avec Liliane Atlan

Le Nouveau répertoire dramatique donnait à entendre des pièces du XXème siècle, parfois très récentes, parfois n’ayant pas encore bénéficié d’une mise en scène théâtrale. Cette émission commença sur les ondes en mars 1969, et Lucien Attoun avait demandé à plusieurs dramaturges, dont Liliane Atlan, de choisir des pièces parmi celles qu’ils appréciaient afin de les présenter, dans la mesure du possible, en compagnie de leur auteur, et de les donner à entendre en intégralité dans une version radiophonique.
Que l’équipe des Nuits se soit arrêtée sur cette pièce de Kateb Yacine n’est pas un hasard, et montre une fois de plus le manque d’ouverture d’esprit de cette radio : politique (très marquée à gauche, à la fin il est question de « comité central des ancêtres »...) et décolonialisme (la guerre d'Algérie) sont au programme de cette pièce fortement symbolique. Les éléments mythiques (le vautour à la fin) donnent de la puissance à la pièce. D’ailleurs toute la fin est fort belle, car justement, par l’invention poétique, l’auteur réussi à dépasser les intentions politiques, même si elles demeurent palpables.
La pièce, aussi, a par plusieurs aspects des accointances avec la tragédie grecque, notamment par l’usage d’un chœur qui va commenter les actions, dont l’interprétation inégale est passablement datée (déclamations emphatiques).
L’entretien avec l’auteur, de près de vingt minutes, qui précède la pièce est intéressant, Kateb Yacine parle surtout d’écriture poétique plus que de politique. Un autre entretien d’environ dix minutes suit la diffusion de la pièce, gâché au début par l’intervention de Liliane Atlan, dramaturge aux idées arrêtées, radicales, on va dire obtuses, et qui commence immédiatement par démolir, et la version radiophonique que nous venons d’entendre parce que le théâtre, ça se voit dans un théâtre, et pas à la radio, et l’ensemble du théâtre contemporain qu’elle estime inutilement verbeux, et très ennuyeux. Elle ne trouve à sauver que trois auteurs, ceux qu’elle a choisis pour l’émission, et qui donnent une idée de sa conception quelque peu étroite du théâtre : Aimé Césaire, Armand Gatti, et bien sûr Kateb Yacine.
La version radiophonique laisse l’auditeur, via les éléments sonores, faire sa propre mise en scène.  Comme la pièce contient des éléments mythiques, merveilleux, on peut même ajouter que dans notre imagination cela a plus de chance de bien passer qu’au théâtre, où évidemment les éléments visuels nous sont imposés par le metteur en scène.
Cette pièce reprend le découpage de la mise en scène de Jean-Marie Serreau, ainsi qu'une partie de la distribution.
La musique est très réussie, alliage de luth et de percussions.

Les choix des programmateurs des Nuits tendent actuellement à donner une image très politisée au France Culture des années 60/70, de par un choix très orienté. Or, voici la programmation du Nouveau répertoire dramatique de mars à juillet 69. On remarquera le souci de diversité, l’ouverture d’esprit qui manque considérablement aux nouveaux programmateurs.  
« Créanciers » de Strindberg , « Un petit nid d’amour » de Georges Michel, « La lune brûlée » de Victor Haïm,  « La Tragédie du roi Christophe » de Aimé Césaire, « Miguel Manara » de Oscar Milosz, « Les portes » de Liliane Atlan «, « Albert 1er » de Philippe Adrien, « Eugénie Kroponime ou la vie en jaune » de René Ehni, « Le comportement des époux Bredburry » de François Billetdoux, « Demain, une fenêtre sur rue » de Jean-Claude Grumberg, « Le paquebot Tenacity » de Charles Vildrac, « Le satyre de la Villette » de René de Obaldia, « Les exilés » de Robert Musil, « Yvonne princesse de Bourgogne » de Witold Grombowicz , « Silence ! L’arbre remue encore » de François Billetdoux, « L’entreprise » de Guy Foissy, « Le démolisseur » de Saul Bellow, « Si Camille me voyait » + divers dia(b)logues de Roland Dubillard


Les ancêtres redoublent de férocité de Kateb Yacine
réalisation José Pivin
avec Boudjema Bouhada (Lakhdar), Bachir Touré (le vautour), Med Hondo (Mustapha), Jean-Marie Serreau (Tahar), Christian Bouillette (Hassan), Douta Seck (le chœur des ancêtres), Toto Bisainthe (le coryphée), Edwine Moatti (Nedjma la femme sauvage), Laurence Bourdil et Danièle Van Bercheycke (le chœur des jeunes filles), et Robert Liensol, Sylvie Artel, Henri Gilabert, André Julien, Armant Abplanalp, Lucien Frégis, Philippe Chauveau
Louis Dillies, percussions, Monique Rollin, luth
chef opérateur du son Jean Jusforg, Jean Pantaloni, Sanies Viski (?)
collaboration technique Joseph Frémiau
assistant Daniel Long

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Le placenta (Matinée des autres, 1982) - Le passage du Nord-Ouest (Nuits magnétiques, 1980) - Sam 13 Aoû 2022, 12:23

La matinée des autres - Placenta : Le compagnon des profondeurs (22/06/1982)
par Martine Baude
avec Michel Odent (médecin, chef de service à la maternité de Pithiviers), Bernard This (psychiatre et psychanalyste,), Nicole Belmont (anthropologue française) et Germaine Dieterlen (ethnologue africaniste)
réalisation Bernard Saxel

Voilà une émission, qui, même avec ses défauts (les propos psychanalytiques un peu attendus) montre ce que pourrait être une radio culturelle qui se préoccupe plus de mettre en valeur son sujet que son producteur, car passé le générique, on ne l’entend plus. Toutes ses questions, ses relances ont été coupées, pour laisser place au contenu, c’est-à-dire les propos des intervenants.
Le générique indique que le placenta sera envisagé sous différents aspects, qui pourront se recouper. Les différents mythes associés au placenta seront évoqués, avec un arrêt plus important en Afrique. Le placenta, considéré parfois comme un jumeau du nouveau-né (la blague de Pierre Doris, « Mon frère était tellement moche qu’à sa naissance on l’a jeté et gardé le placenta », n’est pas si absurde qu’elle en a l’air), n’est pas jeté : il peut être mangé, servir d’engrais, être utilisé pour des produits cosmétiques (les marques semblent ne pas trop s’en vanter mais finalement, quel symbole…).
L’émission revient aussi, cela va de soi, c’est plus évident, sur la vie du fœtus, ses liens avec le placenta et le rôle que celui-ci joue durant la grossesse.
Les lectures, impeccables, sont de Roland Ménard, une voix bien connue des amateurs de films en V.F.

Nuits magnétiques - Le passage du Nord-Ouest (17/04/1981)
par Josette Colin
assistée de Danièle Bizien
présenté par Michèle Cohen

Les amateurs d’explorations polaires et autres récits d’aventures vont aller de déceptions en déceptions durant cette émission.
D’abord elle est en direct, ce qui peut se défendre à priori, si l’on ne craint pas les dérapages incontrôlés.
Au début, on va parler du fameux passage du Nord-Ouest, franchi par Amundsen au début du XXème siècle, puis par Willy de Ross en 1977. Miracle : le navigateur est dans le studio. Il parle un peu, et on entend rapidement une autre voix masculine. Michèle Cohen nous la présente illico, c’est Michel Serres, qui a quelques expériences de navigation, mais sans commune mesure avec celles de de Roos.
Après la présentation, Michel Serres, qui a écrit un ouvrage de philosophie intitulé « Le passage du Nord-Ouest », ce qui explique sa présence dans le studio, l’annonce solennellement : ce n’est pas lui le héros, il va s’effacer, prendre la seconde place dans cette émission, son admiration pour l’explorateur est sans borne, il va rester discret. Lorsqu’un invité commence par de tels propos, ce n’est pas bon signe. Juste après avoir fait cette annonce, le voilà qui fait une queue de poisson à Michèle Cohen, au moment où elle reprenait la main. Et ce n’est pas fini. En réalité, il ne va pas se gêner pour lui couper la parole à plusieurs reprises pour poser ses propres questions. Sans compter qu’à chaque fois que Willy de Roos va prendre la parole, Michel Serres aura la fâcheuse manie de répéter les fins de phrases, pour confirmer, et pour reprendre la main de plus belle en rebondissant dessus.
A deux reprises le navigateur a l’occasion de parler un peu : au bout d’une demi-heure, il raconte les difficultés rencontrées à cause des icebergs, entraînés suivant leur immersion par deux forces différentes, le courant marin et le vent, qui rendent la navigation difficile, et à la fin avec le rôle des radio amateurs. C’est maigre. Par contre durant tout le reste de l’émission, la philosophie est à l’honneur. Une philosophie aisée à comprendre (Michel Serres ne développe pas tout, il n’a pas le temps, il nous le fait savoir) : le réel est chose complexe, plus complexe que ce que la science nous en apprend.
Serres admire de Roos, le trouve plus important que lui, avant de, dans un élan lyrique, raconter son admiration sans borne pour le mathématicien Benoît Mandelbrot.
Michèle Cohen, qui maîtrise pourtant bien le(s) sujet(s) de l’émission, ne peut raisonnablement pas couper Michel Serres. Ce sont les inconvénients du direct.

La productrice, Josette Colin, a signé par ailleurs de nombreuses excellentes nuits magnétiques, en tant que réalisatrice, ou productrice, ou les deux.
Parmi elles, signalons juste : Ah ! Les Halles (19-06-1997) et Les mariniers (19 au 22-1988).

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Ces pays où l'on n'arrive jamais (1983) - Le Pétersbourg littéraire (1979) - Saint-Just & Cyrano de Bergerac (1958) - Les nuits de septembre - Dim 28 Aoû 2022, 12:42

En roue libre - Ces pays où l’on n’arrive jamais (1983)
par Marie-Hélène Fraïssé
réalisation Noureddine Sahnouni
lectures Jacques Frantz
1- Le royaume du prêtre Jean (28/03)
avec Michel Mollat du Jourdin et Jean Devisse
2-  Ultima Thulé (29/03)
avec Jean Malaurie
3- L’Eldorado (30/03)
avec Charles Minguet
4- Le royaume d’Ophir (31/03)
avec Jean Leclant

Cette série raconte l’histoire de quatre territoires légendaires ; le royaume du prêtre Jean, un prêtre qui cumule sans vergogne les fonctions (prêtre + roi), Ultima Thulé (au Pôle Nord), l’Eldorado (une vaste blague d’Amérindiens inventée pour se débarrasser des colons), et le royaume d’Ophir (cf la Bible et l’histoire du roi Salomon).
Les quatre émissions sont agréables à suivre, même si certains choix musicaux sont passablement datés. La demi-heure ne permet pas hélas d’aller plus loin dans l’exploration.
Aussi : les lectures de Jacques Frantz sont comme d’habitude parfaites.
Insérée dans les après-midi de France Culture de l’époque, on reconnaîtra lors des désannonces les voix de Françoise Malettra ou de Pierre Descargues.

Les samedis de France Culture - Le Pétersbourg littéraire du XIXème siècle (01/12/1979)
par Jean Montalbetti
avec Jacques Catteau
textes lus par Sacha Pitoëff

Cette émission pourrait appartenir à la série « Un homme, une ville ». D’ailleurs, elle fut probablement – c’est même plus que probable – enregistrée lors du même voyage qui a donné la triple émission sur Dostoïevski diffusée quelques semaines auparavant.
Durant cette promenade dans Saint Pétersbourg, Dostoïevski est donc – et c’est annoncé en ouverture – abordé brièvement.
L’émission est du même niveau, son centre en est la figure de Pouchkine. D’autre auteurs, comme Lermontov, Griboïedov, ou Gogol seront évoqués d’abord en tant que continuateurs, disciples de Pouchkine.
La description de lieux importants dans la vie de Pouchkine dans cette ville, la lecture de certains manuscrits, mais aussi de sa correspondance, constituent la partie la plus développée de l'émission, qui s’attarde longuement sur le duel entre Pouchkine et Georges D’Anthès.

Anthologie française
Saint-Just
( 09/05/1958 Chaîne Nationale)
par Alain Trutat
avec Michel Bouquet, Jean Topart, Roger Blin, Jean Leuvrais, Jean Martin, Yves Peneau, Jacqueline Harpet et Anne Perez
réalisation Alain Trutat


&

Cyrano de Bergerac (23/05/1958 Chaîne Nationale)
par Georges Ribemont-Dessaignes
réalisation Georges Gravier
avec Jean Topart, Nelly Delmas, François Darbon, Jacques Mancier


Une série qui a déjà été évoquée plus haut à plusieurs reprises dans le fil des Nuits (cf ex. ).
Ces deux numéros font partie des meilleurs. Alain Trutat et Georges Ribemont-Dessaignes font appel à des acteurs de tout premier ordre pour raconter Saint-Just et Cyrano, au lieu de lire eux-mêmes un exposé dans lequel vont s’insérer les lectures, comme c’est la cas d’ordinaire dans cette série.
Sur Saint-Just : l’émission est portée par le duo Topart (le narrateur) / Bouquet (Saint-Just), qui donnent, à travers leur interprétation sacrément déchaînée, un rythme qui colle parfaitement à la figure évoquée.
L’émission se base sur les textes de Saint-Just : les discours certes, la correspondance, mais, plus surprenant, un poème, de jeunesse en quelque sorte si l’on peut parler ainsi d’une personne décédée à 27 ans, « Organt ». L’extrait qui en est choisi raconte l’arrivée dans un couvent de soldats, qui vont visiter des nonnes pour les emmener au septième ciel.
Chose étonnante, un acteur comme Roger Blin est sollicité juste pour quelques lignes de textes.
Cyrano : Cette fois-ci, Jean Topart devient Cyrano. Au centre de l’émission, le « Voyage dans la Lune ». En l’absence d’éléments biographiques précis, l’émission confronte plusieurs témoignages de proches, qui sont parfois contradictoires.


Commentaire sur le programme des Nuits de septembre :
Sans surprise hélas, la mainmise de la sociopopo dans les programmes des Nuits s’intensifie, et les obsessions du jour semblent s’y installer durablement.
Surnagent quelques émissions sur un autre sujet ? Ce sont des rediffusions d’anciennes nuits.
L’absence d’imagination au pouvoir.
Il y a aussi une ignorance totale de ce qu’est une création radiophonique.
Un petit exemple.
Dimanche 4, nuit spéciale « Chili, oublier Pinochet »
Oublier mon œil : une bonne partie de la programmation ne l’oublie pas.
Dans la programmation, une émission dont le titre est une citation, comme d’hab’.
« Salvador Allende : "L’histoire est à nous, l’histoire est faite par les peuples" »
Quand on lit le descriptif, on trouve :
« Cette émission de l'ACR a été réalisée en 1976 dans les tous premiers temps de la dictature chilienne sous Pinochet. Intitulée "Chili : La chasse aux frères est ouverte" elle donne à entendre de nombreux témoignages et archives dont les voix de Salvador Allende et Augusto Pinoichet. » [Pour oublier Pinochet, c'est vraiment foutu.]
C’est, quand on lit la suite, en gros tout ce que contient la présentation.
En bas de la page :
« Produit par Andrew Orr et Carlos Teles, ce documentaire donne à entendre des archives et des témoignages de Salvador Allende, Carlos Altamirano, Julio Carrasco, Régis Debray, Ariel Dorfman, Luis Figueroa, Rafael Gumucio, Gustavo Leigh Guzman, David Muñoz, « Pablo », Augusto Pinochet, Ricardo Pizarro, Miguel Rojas Mix, Armando Uribe et Julio Vega. »
Et le générique :
« Réalisation Jeanine Antoine, Gérard Brodin, Monique Burguière, Huguette Faget, Claude Giovanetti, Tricou Maciel, Sylvie Marion, Yann Paranthoën et Viviane Vanenbroock [ = plutôt Viviane Van Den Broeck]
Atelier de Création Radiophonique - Chili 2/2 : La chasse aux frères est ouverte (1ère diffusion : 28/11/1976) »
A aucun moment la présentation ne tient compte du fait que cette émission n’est pas une enfilade de témoignages, mais une véritable création radiophonique (c’est le nom de l’émission !). Que le travail de montage est considérable, et qu’aucun hommage n’est rendu à ceux qui l’ont accompli.
De plus – eh oui je n’ai pas fini – les nouveaux producteurs semblent ignorer que cet ACR a déjà été diffusé dans les Nuits en 2013 puis en 2015, mais sous son véritable titre : « Atelier de création radiophonique - Les yeux de cuivre et de salpêtre  Chili 2/2 ». Cette seconde partie est toujours disponible à l’écoute.
Christine Goémé (car c'est elle qui introduisait alors l'émission) avait eu l’idée étrange de diffuser aussi la première partie, qui a, elle, disparu du site lors d’un de ses toilettages. Heureusement que la nouvelle équipe a plus de bon sens.

Ah oui, j’oubliais. Nombre de fictions diffusées dans les Nuits en septembre : zéro. C’est dans la logique des choses.

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Curly

420
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Atelier de création radiophonique - Chili 1 (1976), complément du précédent message. - Mar 30 Aoû 2022, 21:07

Atelier de création radiophonique par Andrew Orr et Carlos Teles
- Les yeux de cuivre et de salpêtre, Chili 1 (21-11-1976)
- La chasse aux frères est ouverte, Chili 2 (28-11-1976)
Sans doute faudrait-il dans un prochain billet revenir sur cet ACR. La richesse de la réalisation écrase tout ce que produit France Culture actuellement. N'imaginons pas l'existence d'une telle fresque sur la situation actuelle en Ukraine, même pas en rêve.

Mais pour l'instant, retour dans le message précédent. Le lien vers la seconde partie était donné. Aucun lien vers la première n'avait été trouvé. Et effectivement, ni le moteur de recherche de Radio France, ni aucun moteur de recherche d'ailleurs, n'y menait.

Autre retour en arrière dans le fil des Nuits. Dans le billet du 23 janvier 2019, miracle, le lien tient toujours !
...A ajouter, car toujours disponibles :
- les deux parties de "Les yeux de cuivre et de salpêtre" 21-11-1976 et 28-11-1976, sur la situation politique du Chili dans les années 70. Exceptionnel.
''Exceptionnel'', c'est un peu court. A suivre donc car la faiblesse des nouveaux programmes des Nuits est une invitation à se replonger dans nos disques durs.

Curly En ligne

Curly

421
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Atelier de création radiophonique - Chili (1976) par Andrew Orr et Carlos Teles - Ven 09 Sep 2022, 19:31

Atelier de création radiophonique - Chili (1976) par Andrew Orr et Carlos Teles
- Les yeux de cuivre et de salpêtre, Chili 1 (21-11-1976)
- La chasse aux frères est ouverte, Chili 2 (28-11-1976)
Groupe de réalisation : Janine Antoine, Gérard Brodin, Monique Burguière, Claude Giovannetti, Tricou Maciel, Sylvie Marion, Yann Paranthoën, Viviane Van Den Broeck, et Huguette Faget (partie 2 seulement)

Cet ACR en deux volets est à mi-chemin du documentaire, et de la création purement artistique. L'entrelacement des lectures, des entretiens et des archives, virtuose, peut s'admirer en tant que tel, indépendamment de l'aspect documentaire de l'émission.
Le centre de l'émission est la mise en place de la dictature au Chili en septembre 1973, tout converge vers cet évènement tragique.
Dans la première partie, on remonte plus de cent ans en arrière, avec notamment l'histoire du syndicalisme, racontée par un de ses représentants. Dans ce long entretien, l'équipe de réalisation résout le problème du surtitrage. Car en effet, il est difficile souvent de rendre vivante une voix qui non seulement parle une autre langue, mais aussi qui passe en fond sonore, couverte par la voix du traducteur. L'enregistrement de l'entretien passe alternativement en avant ou en arrière plan, et les propos ne sont pas traduits par une voix neutre (ce n'est pas en direct, il est possible d'aller plus loin) mais joués par Pierre Santini qui par moments reste seul, la voix espagnole ayant totalement été coupée. Le procédé ne fonctionne qu'à condition que l'acteur n'en fasse pas trop.
Certaines voix se retrouvent dans les deux parties, notamment un ancien diplomate chilien, sans doute réfugié en France, comme plusieurs autres voix entendues dans l'émission, ou Julio Cortázar, qui lit les violations des droits humains du régime dictatorial.
La première partie revient aussi longuement sur le rôle du gouvernement américain dans la mise en place d'un régime autoritaire : archive d'une conférence de presse de Gérald Ford (la phrase clé répétée comme un leitmotiv), lecture de rapports confidentiels de la CIA.
L'entretien avec un militant d'extrême droite est particulièrement glaçant. Il nie dans un premier temps vouloir tuer Salvador Allende. Il explique ensuite qu'il souhaite vivement organiser son assassinat.
Dans le début de la seconde partie, nous arrivons au coup d’État, la prise de la Moneda. L'émission utilise des enregistrements effectués sur place, notamment les funérailles de Pablo Neruda (on peut entendre le poète dans la première partie), mais aussi des émissions de la radio chilienne, et un enregistrement pirate effectué dans un camp de prisonniers.
Moments très forts, d'anciens prisonniers racontent les tortures qu'ils ont subies.
A la fin, tirade du diplomate entendu déjà dans la première partie, qui revient sur la stratégie de répression de la junte, et nous livre une conclusion teintée d'optimisme : "ils ne se trompent pas quand ils répriment, mais ils se trompent quand ils croient que la répression est perpétuelle".
Elle ne fut pas perpétuelle, mais, en 1976, il lui restait encore une dizaine d'années devant elle.

Cet ACR est un même temps une création radiophonique riche et un document historique précieux.

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