Surpris par la Nuit - Ukraine, les silences de l'empire
par Pierre Goëtschel, réalisation Jean-Philippe Navarre
1- Dans la solitude des champs de blé (13/04/2004)
avec Mirostlav Popovic, Roman Grinkyv, Roman Serbyn , Vladimir Scouratovski , Sacha Garatchouk , Valéry Marmel , Evgueni Ifremov et Oleg Skripka
2- Jeu de piste en Transcarpathie (14/04/2004)
avec Taras Tchoubaï , le Père Pierre (du monastère de l'ordre studite), Lioubomir Kouchlyk , Mikhaïllo Tchaï , Mykhaïlo Tafeytchouk , Ivan Griniuk , Ernest Butchko et Natacha Koubatsi
Déjà signalé dans le billet précédent, ce voyage en Ukraine réussi, qui mêle évènements historiques et traditions musicales. La différence avec le France Culture de 2022 est clairement audible : suffisamment de temps et de budget étaient encore alloués pour produire un reportage de 6 heures dans un pays qui alors n’était pas le centre d’intérêt du monde.
Alors qu’aujourd’hui pour France Cu n’existe que ce qui est dans la Une de l’actu, au travers essentiellement de débats en studio avec des spécialistes, témoins indirects des évènements, qui dévident généreusement leurs rouleaux à spéculations sur un avenir qui n’a jamais été aussi incertain depuis qu’il persiste à rester emprisonné dans le futur.
Le producteur donne la parole à des historiens dans la première partie, mais surtout aux habitants, parfois très âgés qui racontent leurs souvenirs des rudes années staliniennes (la grande famine par exemple). Les témoins ont du mal à se confier, mais le reportage n’en demeure pas moins fort.
Tout ce qui concerne les traditions musicales est nettement plus détaillé. La réussite des émissions tient à ce que toute la partie musicale - la plus importante – se fond avec naturel dans la partie historique.
La seconde partie dans les Carpates démarre avec du rock ukrainien pour finir avec la tradition tzigane.
Une place importante est laissée à la musique, ce qui vu le sujet est fort précieux. Ce ne sont pas des disques mais des enregistrements sur place.
On y entend aussi venant se fondre dans le reportage, un extrait des « Chevaux de feux », le film de Sergueï Paradjanov.
A suivre avec les deux autres parties, diffusées dans les prochaines nuits (20 et 27 juin).
Atelier de Création Radiophonique - Linguistics and so on (09/05/1971)
par René Farabet
Un ACR de près de trois heures et duquel il ne sort pas grand-chose. Après un montage de slogans et de hurlements contestataires montés en boucle, alternant avec une armée américaine en marche one two three four ad lib (en gros et en détail, l'impérialisme américain et ses méfaits) – 1/4 d’heure quand même – trois entretiens croisés entre Noam Chomsky, Morris Halle et Roman Jakobson, où l’on ne rentre à peu près jamais dans le vif du sujet, soit la linguistique.
Chacun compare ses travaux à ceux de ses camarades, et reste dans des généralités que l’auditeur a tendance à oublier sitôt entendues.
La partie politique semble collée de manière artificielle à la partie linguistique, ce qui est fort dommage.
Les citations de Chomsky par exemple sont de simples dénonciations de l’impérialisme américain. Nous sommes en 1971, et les entretiens ont été enregistrés dans des campus américains.
Il existe d’autres ACR à coloration politique nettement plus marquants.
Quelques exemples :
1984...Dallas (26-06-1983) par Luc Bongrand et Kaye Mortley
Demain la guerre (05/11/1972) par Xavier Domingo et Carlos Semprun-Maura
Le rouge et le blanc (07/05/1972) par René Farabet, Robert Georgin et Jean-François Vallée
Qu’est-ce que c’est que ces chefs sans pouvoir ? (18/02/1975) par Andrew Orr et Jean-Jacques Lebel.
Analyse spectrale de l'Occident - Leonhard Euler le mathématicien philosophe (09/12/1961)
de Philippe de Saint Robert, réalisation José Pivin
Jean Topart, le récitant
François Darbon, Leonhard Euler
Pierre Delbon, Nicolas Fuss
Henri Nassiet, Frédéric II de Prusse
Pierre Asso, Voltaire
Louis Raymond, Condorcet
Max Rouard, Anders Lexell
Maurice Jugnot, le rapporteur
Liliane Guichenet, la petite Catherine
En 1961, l’analyse spectrale durait tout le samedi après-midi (début 15h45, fin peu après 20h) sur France III Nationale, radio que l’on peut considérer comme l’ancêtre de France Culture.
Celle-ci, signée François Le Lionnais, était consacrée à l’infiniment petit.
Cette fiction radiophonique terminait cette analyse spectrale. Une fiction historique d’une quarantaine de minutes qui suit un modèle précis, celui que l’on retrouve dans les émissions historiques de France Inter - du duo Alain Decaux/André Castelot (La tribune de l’Histoire) et qui perdure encore aujourd’hui dans « Autant en emporte l’Histoire » sur France Inter le dimanche soir : un évènement historique, la vie et l’œuvre d’une personnalité condensées dans une fiction dont les dialogues doivent accomplir l’exploit de rendre vivants les personnages historiques tout en donnant un maximum d’informations. Ce qui lui donne un aspect souvent empesé.
Philippe de Saint Robert a la bonne idée de recourir à un retour en arrière, le mathématicien sur ses vieux jours rappelant sa vie écoulée.
Un peu de mathématiques, mais surtout la bio, les relations avec ses contemporains.
Le distribution est vraiment excellente, François Darbon en particulier.
Hommage à Edmund Husserl à l'occasion du 100ème anniversaire de sa naissance (30/04/1959, France III Nationale)
par Georges Charbonnier
avec Gaston Bachelard, Paul Ricoeur, Emmanuel Levinas, Suzanne Bachelard, Jean Wahl, Raymond Aron et Maurice Merleau-Ponty
lectures Michel Bouquet
réalisation Georges Gravier
Les questions de Georges Charbonnier sont impeccables, même si l'on peut regretter qu’il répète à tout va qu’il n’est pas lui-même philosophe – sans doute pour rassurer les auditeurs -, et qu’il ne sera pas possible de faire le tour de la phénoménologie en 1h45.
Pourtant ce n’est pas ce que l’on attend de cette émission. Chaque intervenant donne sa vision de Husserl, explique certains aspects de sa pensée, chacun d’entre eux tirant le philosophe vers un domaine particulier – sociologie pour Aron, mathématiques pour Suzanne Bachelard…
Gaston Bachelard ouvre l’émission, et peine à cerner la phénoménologie, tournant inutilement autour du pot. Alors que quelques minutes plus tard Emmanuel Lévinas le fait avec nettement plus de brio, détournant vite la question de départ de G. Charbonnier qui lui demandait quelles avaient été ses relations avec Husserl, qu’il a connu en tant qu’étudiant.
A l’arrivée, les lectures de Michel Bouquet sont réduites à presque rien.
Pour rendre hommage à Jean-Louis Trintignant, signalons une fort belle fiction : « Peter Ibbetson » (Anthologie du mystère) d’après Georges Du Maurier, traduction et adaptation de Raymond Queneau.
Réalisation de Jean-Jacques Vierne, musique de Serge Nigg.
Avec J-L Trintignant (Peter) et Pierre Blanchar, Pascale Audret, Jacqueline Morane, Louis Arbessier, Roger Gaillard, Georges Adet, Pascal Bressy.
Il s’agit d’une nouvelle version de cette pièce radiophonique, déjà enregistrée en 1949. Même réalisateur, même musique mais distribution différente (Alain Cuny à la place de J-L Trintignant).
par Pierre Goëtschel, réalisation Jean-Philippe Navarre
1- Dans la solitude des champs de blé (13/04/2004)
avec Mirostlav Popovic, Roman Grinkyv, Roman Serbyn , Vladimir Scouratovski , Sacha Garatchouk , Valéry Marmel , Evgueni Ifremov et Oleg Skripka
2- Jeu de piste en Transcarpathie (14/04/2004)
avec Taras Tchoubaï , le Père Pierre (du monastère de l'ordre studite), Lioubomir Kouchlyk , Mikhaïllo Tchaï , Mykhaïlo Tafeytchouk , Ivan Griniuk , Ernest Butchko et Natacha Koubatsi
Déjà signalé dans le billet précédent, ce voyage en Ukraine réussi, qui mêle évènements historiques et traditions musicales. La différence avec le France Culture de 2022 est clairement audible : suffisamment de temps et de budget étaient encore alloués pour produire un reportage de 6 heures dans un pays qui alors n’était pas le centre d’intérêt du monde.
Alors qu’aujourd’hui pour France Cu n’existe que ce qui est dans la Une de l’actu, au travers essentiellement de débats en studio avec des spécialistes, témoins indirects des évènements, qui dévident généreusement leurs rouleaux à spéculations sur un avenir qui n’a jamais été aussi incertain depuis qu’il persiste à rester emprisonné dans le futur.
Le producteur donne la parole à des historiens dans la première partie, mais surtout aux habitants, parfois très âgés qui racontent leurs souvenirs des rudes années staliniennes (la grande famine par exemple). Les témoins ont du mal à se confier, mais le reportage n’en demeure pas moins fort.
Tout ce qui concerne les traditions musicales est nettement plus détaillé. La réussite des émissions tient à ce que toute la partie musicale - la plus importante – se fond avec naturel dans la partie historique.
La seconde partie dans les Carpates démarre avec du rock ukrainien pour finir avec la tradition tzigane.
Une place importante est laissée à la musique, ce qui vu le sujet est fort précieux. Ce ne sont pas des disques mais des enregistrements sur place.
On y entend aussi venant se fondre dans le reportage, un extrait des « Chevaux de feux », le film de Sergueï Paradjanov.
A suivre avec les deux autres parties, diffusées dans les prochaines nuits (20 et 27 juin).
Atelier de Création Radiophonique - Linguistics and so on (09/05/1971)
par René Farabet
Un ACR de près de trois heures et duquel il ne sort pas grand-chose. Après un montage de slogans et de hurlements contestataires montés en boucle, alternant avec une armée américaine en marche one two three four ad lib (en gros et en détail, l'impérialisme américain et ses méfaits) – 1/4 d’heure quand même – trois entretiens croisés entre Noam Chomsky, Morris Halle et Roman Jakobson, où l’on ne rentre à peu près jamais dans le vif du sujet, soit la linguistique.
Chacun compare ses travaux à ceux de ses camarades, et reste dans des généralités que l’auditeur a tendance à oublier sitôt entendues.
La partie politique semble collée de manière artificielle à la partie linguistique, ce qui est fort dommage.
Les citations de Chomsky par exemple sont de simples dénonciations de l’impérialisme américain. Nous sommes en 1971, et les entretiens ont été enregistrés dans des campus américains.
Il existe d’autres ACR à coloration politique nettement plus marquants.
Quelques exemples :
1984...Dallas (26-06-1983) par Luc Bongrand et Kaye Mortley
Demain la guerre (05/11/1972) par Xavier Domingo et Carlos Semprun-Maura
Le rouge et le blanc (07/05/1972) par René Farabet, Robert Georgin et Jean-François Vallée
Qu’est-ce que c’est que ces chefs sans pouvoir ? (18/02/1975) par Andrew Orr et Jean-Jacques Lebel.
Analyse spectrale de l'Occident - Leonhard Euler le mathématicien philosophe (09/12/1961)
de Philippe de Saint Robert, réalisation José Pivin
Jean Topart, le récitant
François Darbon, Leonhard Euler
Pierre Delbon, Nicolas Fuss
Henri Nassiet, Frédéric II de Prusse
Pierre Asso, Voltaire
Louis Raymond, Condorcet
Max Rouard, Anders Lexell
Maurice Jugnot, le rapporteur
Liliane Guichenet, la petite Catherine
En 1961, l’analyse spectrale durait tout le samedi après-midi (début 15h45, fin peu après 20h) sur France III Nationale, radio que l’on peut considérer comme l’ancêtre de France Culture.
Celle-ci, signée François Le Lionnais, était consacrée à l’infiniment petit.
Cette fiction radiophonique terminait cette analyse spectrale. Une fiction historique d’une quarantaine de minutes qui suit un modèle précis, celui que l’on retrouve dans les émissions historiques de France Inter - du duo Alain Decaux/André Castelot (La tribune de l’Histoire) et qui perdure encore aujourd’hui dans « Autant en emporte l’Histoire » sur France Inter le dimanche soir : un évènement historique, la vie et l’œuvre d’une personnalité condensées dans une fiction dont les dialogues doivent accomplir l’exploit de rendre vivants les personnages historiques tout en donnant un maximum d’informations. Ce qui lui donne un aspect souvent empesé.
Philippe de Saint Robert a la bonne idée de recourir à un retour en arrière, le mathématicien sur ses vieux jours rappelant sa vie écoulée.
Un peu de mathématiques, mais surtout la bio, les relations avec ses contemporains.
Le distribution est vraiment excellente, François Darbon en particulier.
Hommage à Edmund Husserl à l'occasion du 100ème anniversaire de sa naissance (30/04/1959, France III Nationale)
par Georges Charbonnier
avec Gaston Bachelard, Paul Ricoeur, Emmanuel Levinas, Suzanne Bachelard, Jean Wahl, Raymond Aron et Maurice Merleau-Ponty
lectures Michel Bouquet
réalisation Georges Gravier
Les questions de Georges Charbonnier sont impeccables, même si l'on peut regretter qu’il répète à tout va qu’il n’est pas lui-même philosophe – sans doute pour rassurer les auditeurs -, et qu’il ne sera pas possible de faire le tour de la phénoménologie en 1h45.
Pourtant ce n’est pas ce que l’on attend de cette émission. Chaque intervenant donne sa vision de Husserl, explique certains aspects de sa pensée, chacun d’entre eux tirant le philosophe vers un domaine particulier – sociologie pour Aron, mathématiques pour Suzanne Bachelard…
Gaston Bachelard ouvre l’émission, et peine à cerner la phénoménologie, tournant inutilement autour du pot. Alors que quelques minutes plus tard Emmanuel Lévinas le fait avec nettement plus de brio, détournant vite la question de départ de G. Charbonnier qui lui demandait quelles avaient été ses relations avec Husserl, qu’il a connu en tant qu’étudiant.
A l’arrivée, les lectures de Michel Bouquet sont réduites à presque rien.
Pour rendre hommage à Jean-Louis Trintignant, signalons une fort belle fiction : « Peter Ibbetson » (Anthologie du mystère) d’après Georges Du Maurier, traduction et adaptation de Raymond Queneau.
Réalisation de Jean-Jacques Vierne, musique de Serge Nigg.
Avec J-L Trintignant (Peter) et Pierre Blanchar, Pascale Audret, Jacqueline Morane, Louis Arbessier, Roger Gaillard, Georges Adet, Pascal Bressy.
Il s’agit d’une nouvelle version de cette pièce radiophonique, déjà enregistrée en 1949. Même réalisateur, même musique mais distribution différente (Alain Cuny à la place de J-L Trintignant).