Lecture du soir, le retour…
Afin de ne pas s’éloigner des 4 % d’audimamate visés (c’est le programme culturel affiché ouvertement par la Direction) la lecture sera celle d’un bon gros best-seller, qui plus est déjà adapté deux fois, mais à la téloche. Afin de se couvrir,
le communiqué officiel précise : « France Culture a choisi Les Rois Maudits, la célèbre série historique de Maurice Druon jamais diffusée encore sur la chaîne. » Ça c’est sûr. Mais ailleurs que sur cette chaîne, oui. Un choix original.
Voici maintenant la présentation. Vous, vous devez faire le lien logique entre trois éléments qui n’ont à ce jour aucun rapport entre eux.
- The Covid
- Le direct à la radio
- La folle inventivité des émissions de France Cutrture
On met dans un shaker, on ajoute des liens logiques qui forcément ne veulent rien dire, et on sort le tout du chapeau magique, et ça donne :
« Dans le contexte sanitaire actuel, France Culture a choisi de favoriser le direct à chaque fois que cela est possible afin de continuer à proposer des émissions aussi riches et diversifiées que possible. »
Si on inverse c’est rigolo aussi : « Sans crise sanitaire, France Culture ne choisit pas de favoriser le direct afin d’arrêter de proposer des émissions pas trop riches et diversifiées. »
Le direct favorise la richesse et la diversité ?
Alors la réponse est simple une fois de plus, et elle est toujours la même. Les trois éléments clés doivent flasher sur le communiqué : crise/direct/richesse & diversité.
Après, leur agencement, franchement, WTF.
Alors maintenant, la traduction du communiqué.
- The/The Covid (j’ai mis le masculin et le féminin, mais en anglais, après vous choisissez.) = Ah bin oui, quelle époque complexe et difficile de par sa complexitude, surtout en ce moment qui est le nôtre. The Covid ? C’est LE mot que si tu le cases pas partout t’es juste paumé dans ta life. Et puis rappelez-vous la Ligne Générale : tout, même la France du XIVème siècle, ça dit quelque chose de l’aujourd’hui qui est notre, maintenant qu'il est le nôtre.
Il faut au moins une crise sanitaire pour que la Direction AJT (because si tu tchicatchicatchic aïe aïe aïe la pulpe elle monte en bas) pense à proposer une lecture de temps en temps.
- direct = parce que ça coûte pas cher. Aucune justification artistique.
- richesse & diversité : parce que dans une promo si tu promeus la pauvreté et l’uniformité, t’es mal barré pour l’audimamate. Richesse & diversité sont les deux mamelons qui cachent le choix d’un texte sacrément original.
Mais en ces temps incertains où notre monde de l’aujourd’hui est ballotté par une complexité inouïe, que même au XIVème siècle ils avaient pas un monde aussi complexe, il faut choisir le risque nul sur le plan artistique, sans ça on ajoute de la complexité à la complexité.
Tiens, en parlant de diversité et de richesse, ou inversement, à quand des émissions aussi ambitieuses que
celles de José Pivin, par exemple ?
Pour le choix du texte, on ne peut pas dire que la Direction ait pris des risques de folie. Par contre, d’accord pour la diversité : un peu de lecture dans un océan de débats d’actu et de promo, c’est peu, mais nous en sommes à un tel point de richesse et de diversité que l’on peut dire avec un enthousiasme éteint que c’est toujours mieux que rien.
On aurait pu changer la combinaison de la présentation en écrivant :
« Dans le contexte sanitaire actuel, France Culture a choisi de favoriser des émissions aussi riches et diversifiées que possible à chaque fois que cela est possible afin de continuer à proposer du direct. »
ou bien
« A France Culture, le contexte sanitaire actuel a rendu possible des émissions aussi riches et diversifiées que possible afin de favoriser le direct. »
ou bien écouter une « Lecture du soir », la série ringarde des années 50 : pensez donc, c’était même pas en direct !
Normal, ils n’avaient pas de Covid-19.
Mais ils avaient la lecture exceptionnelle de Jean Servais, plongé dans
L'or de Blaise Cendrars (19-20 & 21-05-1954).