1 : Le chant des oiseaux, l'origine & 2 : Le langage tambouriné, un lien entre le son et le sens
par Nicolas Fontaine
avec Michel Boccara (ethnologue), Pierre Palengat (enregistreur de sons animaliers), Fernand Derroussen (audio-naturaliste), André Bouché (enregistreur de sons animaliers) et Guilhem Lessafre (ornithologue)
réalisation Pierre Willer
Très inégal. Certains intervenants, notamment Michel Boccara, ont tendance à se mettre en scène, à s’écouter parler, à tout ramener à leur propre personne. Les créations sonores faites à partir des chants d’oiseaux ne sont pas éblouissantes, il y a beaucoup d’ethnocentrisme, voire parfois, comme précisé plus haut, d’égocentrisme. Certaines considérations personnelles sont non seulement discutables, mais en plus d’un intérêt moyen.
Est-ce que le chant des oiseaux est un langage ou non ? Un cri, est-ce que cela peut être considéré comme du langage ? Un langage peut être aussi de la musique ? Nous répondrons oui à toutes ces questions, alors que certains tergiversent longuement là où il n’y a rien à ajouter.
Pour les oiseaux, nous préférerons de loin la nuit magnétique avec Jean-Claude Roché, « Un oiseau au micro » (26/02/1998).
Pour le langage tambouriné, mêmes défauts, et l’on aurait préféré entendre plus longuement France Cloarec-Heiss sur les banda linda, au lieu des généralités surjouées de Michel Boccara.
Quelques bons passages quand même, comme la fabrication du bendré, des démonstrations percussives…
Il existe une troisième partie, fraichement diffusée en ce jour et non écoutée encore, Le silence : au fondement de la parole (06/12/2007)
Nuits magnétiques - Afghanistan, mort d'une culture (21/02/1980)
par Claude Hudelot
avec Roland Michaud, Marie-José Lamotte, André Velter, Sabrina Michaud et Mike Barry
réalisation Bruno Sourcis
Ethnocentrisme encore, mais encore plus prononcé.
Chacun regrette la disparition de l’Afghanistan moyenâgeuse. Certains passages font sourire, comme lorsque l’un de nos guides admet que c’est une société dirigée par les hommes, mais bon la femme est importante quand même, et puis ça reste bon enfant…
La réalisation est moins travaillée que pour l’émission précédente, mais il y a quand même, parmi quelques gros morceaux d’impressions personnelles peu passionnantes, une description générale de la société afghane d’avant 1978/79.
La matinée des autres - La Terre dit : je suis la plus vieille (19/06/1984)
par Maryse Condé
avec Jean Dethier (architecte), Emile Ologoudou (sociologue béninois), Alphonse Tay (ethnologue togolais), Louis-Vincent Thomas, Zaïni Moulaye (chercheur malien), Youssouf Gueye (chercheur sénégalais), Bernard Desjeux (photographe français) et Boubakar Doumbia (chercheur sénégalais)
réalisation Mireille Krauss
Les liens entre les humains et la Terre dans différents pays africains : la construction du village, le lien avec la fertilité évidemment, l’agriculture, la maladie (la variole est une vengeance de la Terre), le désert du Sahara, l’architecture en terre…
Doit-on rappeler que l’absence de direct, l’effacement de la productrice devant ses interlocuteurs, la magie du montage, qui dans ce type d’émission est particulièrement efficace, le choix du sujet, envoient les moulinés actuels direct au tapis ? Est-ce bien nécessaire ? Le rappel étant dans la question, laissons tomber.
Festival de Vaison la Romaine - Les mystères de Paris (06/09/1970)
d’après Eugène Sue, adaptation Albert Vidalie
interprétation Germaine Montero, Catherine Hubeau, Inès Nazaris, Jean-François Calvé, André Weber, Jean Péméja, Arlette Vafides, Liliane Gaudet, Jacques Degor, Jacques Alric, Pierre Nègre, Gérard Dournel, Claude Richard, Gaétan Jor, Jacques Maire, Roger Desmare, François Gamard, Louis Amiel et René Moreau (trompette)
La mise en scène du spectacle, dont c’est la captation publique, est de Jean-Jacques Vierne, qui a aussi assuré la réalisation radiophonique. Malgré un travail de montage qui rend le spectacle un tant soit peu radiophonique, malgré l’ajout d’un narrateur faisant le lien entre l’auditeur et la scène, l’aspect scénique prend le dessus. Le jeu des acteurs, la puissance de leur voix, passe mal à la radio.
Georges Feydeau - suite
D'abord deux pièces parmi les premières de l’auteur, Les célèbres, court monologue inspiré par la bêtise humaine, source intarissable de rire. Le comique repose sur la répétition de certaines formules, sur un raisonnement absurde mais lourd car sans dérapage incontrôlé.
Ce pourrait être sans problème du stand-up laborieux, comme il y en a beaucoup aujourd’hui. Comme quoi, Feydeau pouvait être avant-gardiste.
Tailleur pour dames est la première grande pièce de Feydeau. L’acte le plus réussi est le second, celui où le docteur Moulineaux (Robert Dhéran) devient malgré lui le tailleur pour dames du titre. Le dernier acte voit s’emmêler de manière plus ou moins prévisible les différents quiproquos mis en place dans les précédents actes, et l’accumulation systématique fatigue parfois plus qu’elle ne fait rire.
Cette version est précédée d’une bonne présentation synthétique de l’auteur par Béatrix Dussane.
Deux pièces parmi les dernières écrites par Feydeau. Ce sont des pièces en un acte, où les quiproquos sont passés à la trappe pour laisser place à de simples situations inspirées de la vie quotidienne, comme l’arrivée prochaine d’un nouveau né dans un ménage, bourgeois évidemment (Léonie est en avance) ou, encore plus prosaïque, un couple devant faire face à la constipation de leur fils (On purge bébé).
Dans les deux pièces, pas mal de sous-entendus scatologiques. Feydeau exploite à fond les vertus du pot de chambre.
Certaines scènes pourraient être isolées pour former des sketchs autonomes réussis : les tests de résistance au choc des pots de chambre, le couple qui cherche les îles Hébrides dans le dictionnaire, l’arrivée de la sage-femme qui prend ses aises dans le foyer…
Précisons que toutes les pièces de Feydeau sus-mentionnées bénéficient d’une interprétation impeccable.
Société des Comédiens Français - Léonie est en avance ou Le mal joli & On purge bébé (04/05/1975)
interprétation Jacques Eyser, Alain Feydeau, Gérard Caillaud, Denise Gence, Yvonne Gaudeau, Paule Noëlle, Virginie Pradal, Alain Pralon, Jean-Paul Moulinot, Philippe Etesse, Françoise Seigner, Alberte Aveline, Fanny Delbrice et Emmanuelle Milloux
réalisation Jacques Reynier
La foire aux monologues, une émission d'André Veinstein et André Hussenot
Les célèbres (10/08/1956 Chaîne Parisienne)
interprétation Jacques Dufilho
L'émission contenait aussi un autre monologue « Le roi » d’Alphonse Ragot, avec Roger Carel, non diffusé dans les Nuits.
Théâtre populaire Juin 44 - Tailleur pour dames (20/12/1962 France II Régionale)
interprétation Béatrice Bretty, Bernard Dhéran, Mony Dalmès, Lily Siou, Fanny Marette, Olga Nilza, Andrée Gire, Maud Gipsy, Henri Vilbert, Robert Murzeau, Armand Vallé-Valdy et Harry Max
réalisation Roger Dathys
Le caporal épinglé de Jacques Perret (1958, Chaîne Parisienne)
adaptation Jean Forest et Jacques Perret
interprétation François Périer (le caporal)
musique Maurice Jarre
réalisation Albert Riéra
Parties 1 à 3 (13 au 15/10)
Parties 4 à 6 (16 au 18/10)
Parties 7 à 9 (20 au au 22/10)
Parties 10 à 12 (23 au 25/10)
Parties 13 à 15 (27 au 29/10)
Un feuilleton de 45 X 10mn environ.
Cette adaptation du récit autobiographique de Jacques Perret est un régal.
Le seul élément, une broutille, qui a mal vieilli, est le générique dit par Jean Toscane – il lâche l’affaire au dixième épisode.
Un autre micro évènement, qui ne dérange en rien l’ordre des choses, est le mal de gorge qui atteint François Périer dès le second épisode, et dont on peut suivre l’évolution.
Le ton du récit est admirablement rendu. La légèreté du récit, l’humour constant, tranche avec la situation on ne peut plus périlleuse de notre protagoniste, qui s’évade de son stalag comme si c’était un jeu de cache-cache entre bandes de gosses.
Le besoin physiologique qu’éprouve le caporal à s’évader, où qu’il se trouve enfermé, est le ressort principal de l’histoire.
François Périer, enroué ou pas, mais aussi les autres acteurs, même si leur prestation est parfois brève, sont tous excellents.
Les autre acteurs : Jean Ozenne, Henri Virlogeux, André Valmy, Jacques Torrens, Gaëtan Jor, Jean Verner (Hans Werner), Jacques Forestier, Jean Martin, Jean Mauvais, Paul Barré, Henri Djanick, Fred Fischer, Marcel Lestan, Pierre Leproux, Maurice Biraud, Christian Delanau, Joseph Verman, R.J. Chauffard, Jacqueline Harpet…
Rappelons que la réalisation est signée Albert Riéra, qui commença à la radio dans les années 30 après un passage au cinéma en tant que proche collaborateur de Jean Vigo.
Mais est-ce nécessaire de rappeler que quatre ans plus tard le caporal reviendra au cinéma sous la direction de Jean Renoir et sous les traits, non pas de François Périer, mais de Jean-Pierre Cassel ?