Le cinéma et les vampires, 09-03-1993
par Catherine Paoletti, avec Jean Marigny, Gérard Lenne, Michel Cazenave, Yves Builly, Gilles Menegaldo, Jean-Louis Leutrat, FJ Ossang
Réalisation Christine Berlamont
Au lieu de donner une place de choix au Nosferatu de Murnau, l'émission préfère jouer sur les variantes entre le roman de Bram Stoker et les différentes adaptations, que ce soit Murnau donc, dont il faut rappeler, car les intervenants ne le font pas, que les noms des personnages ont été changés pour des raisons de droits, mais aussi le Dracula de Tod Browning avec Bela Lugosi, les Terence Fischer avec Christopher Lee, le Werner Herzog, ainsi que la version de John Badham de 1979. Les films qui brodent autour du thème sont aussi évoqués, quelle que soit la qualité du film : Le bal des vampires, dont l'importance qu'on lui donne étonne toujours, et Les prédateurs de Tony Scott avec Catherine Deneuve et David Bowie. Le film de Francis Coppola n'est pas abordé de justesse, il devait être juste sur le point de sortir.
Depuis 1993, le vampire a été mis à toutes les sauces, notamment dans plusieurs séries télé, parfois très habiles, comme True Blood (les deux dernières saisons étant toutefois bâclées) créée par Alan Ball et qui exploite de manière plus frontale la sexualité des vampires, en y ajoutant quantité de monstres comme les loups garous, mais aussi les fées... L'inconvénient majeur des séries télé est que le déploiement d'effets scénaristiques virtuoses se fait au détriment de la force poétique des images telles que l'on peut les retrouver chez Murnau. La série, de manière générale, c'est visuellement l'équivalent de l'art pompier du XIXème siècle.
Je n'ai même pas envie d'ajouter une remarque au sujet d'un certain fétichiste nombriliste conclusionneur amateur de séries et qui kiffe surtout sa life. Pas de lien vers les pages idoines, le seul toléré étant celui qui mène tout droit vers l'Excellent Avis critique de cette semaine.
Pour conclusionner, on peut toujours rêver pour retrouver une émission sur le cinéma aussi soignée en 2019 qui tiendrait compte du vampirisme à l'écran depuis 1993.
Dans une Nuit de 2014, mais toujours disponible à l'écoute,
Nuits magnétiques,
L'aventure de l'Aérotrain (02-12-1997) par Ghislaine David, Olivier Chaumelle, Laurent Pironti avec Philippe Bertin, André Mathieu
Cet avion qui ne décolle pas a failli exister, il aurait pu remplacer les trains de banlieues ou les TGV. L'histoire de cette invention qui commence à la fin des années 50 pour capoter au mitan des années 70 est racontée via les archives de France Inter (époque Yves Mourousi), et les voix du fils de Jean Bertin, l'inventeur de l'Aérotrain, des habitants de la région d'Orléans qui ont vu circuler le bolide, ou de fervents défenseurs de ce moyen de transport du futur antérieur.
Il est toutefois dommage que la voix enthousiaste du début semble avoir appuyé sur les champignons hallucinogènes, et que le sketch de la fin soit à cheval sur le comique et le pathétique. De plus, la comparaison avec le cinéma de Jacques Tati, qui reste un peu obscure (la villa des Harpel dans "Mon oncle" ? la ville de "Playtime" ?), est lourdement appuyée avec la présence envahissante des musiques de ses films. "Les vacances de Monsieur Hulot" à la fin, mais pourquoi ? Parce que l'Aérotrain, de l'aveu d'un des producteurs, pourrait sortir d'un film de Tati.
2016 : retournement de situation, le véhicule du futur antérieur reviendra-t-il dans le futur simple sous le nom de Space Train ? Encore à suivre...
Deux dramatiques en nouvelle diffusion,
- Humour conjugal de Somerset Maugham (23-08-1953), réalisation de Henri Soubeyran avec Louise Comte, Bernadette Lange, Madeleine Lambert, Madeleine Barbulé, Frédérique Hébrard, Jean Martinelli, Renaud Mary, Louis Arbessier et Pierre Leproux.
Une bonne interprétation d'une pièce désuète, vaudeville dont l'humour échappait peut-être déjà au public des années 50...
Les Nuits avaient diffusé (plus disponible en podcast) une adaptation de Pluie avec Edith Piaf en prostituée touchée par la grâce divine, pièce tout aussi désuète qui avait été adaptée au cinéma par Raoul Walsh, qui jouait aussi un des rôles principaux au côté de Gloria Swanson (Sadie Thompson, 1928), adaptation très maline puisque Walsh a en partie démoli l'aspect moralisateur de la pièce : le sergent séducteur (Walsh) y est plus humain que le missionnaire puritain (pléonasme).
- L'amante anglaise de Marguerite Duras (29-03-1967), réalisation de Jean-Jacques Vierne.
Inspirée d'un fait divers particulièrement sordide, cette pièce est découpée (attention jeu de mots) en scènes très longues, notamment des interrogatoires. Cela s'écoute comme une pièce policière, un Maître du mystère de 2h30. L'interprétation, excellente, en est la suivante : Loleh Bellon, Michel Bouquet, François Chaumette, Jean-Jacques Steen, François Maistre, Françoise Godde, Jean Clarieux et Philippe Moreau.
Pas de diction atone et d'intrigue absconse qui mène l'auditeur dans les bras de Morphée, comme dans de nombreuses œuvres de Duras.
La pièce, dans un premier temps radiophonique, sera créée sur les planches l'année suivante.