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Accueil / France Culture

Le programme de nuit, îlot de culture (II)    Page 19 sur 53

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Curly 


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Molière, Faits divers, Marrakech, Unité de soins psychiatriques à Bondy, A l'enseigne du merveilleux, Franck Venaille... - Sam 20 Juil 2019, 11:57

"Don Juan" (13-11-1952), retransmission de la représentation du 06-11, salle Richelieu, avec Jean Debucourt (Don Juan), Fernand Ledoux (Sganarelle), Maria Casarès (Elvire)...  Réalisation Éléonore Cramer
Problème : la pièce s'arrête de manière abrupte en plein milieu d'une réplique de Sganarelle. Il manque la fin de l'acte V la scène du spectre.
Il doit manquer deux/trois minutes, mais est-ce une erreur, ou la fin est-elle manquante ?
Comme rien n'est dit dans la présentation, cela reste un mystère.

Dans les Nuits prochaines :

"Faits divers" de Pierre Véry et Maurice Renault, réalisation Pierre Billard
le 20/07, "Le chinois du Quartier Latin" (04-01-1955)
et le 27/07 "Phare à vendre" (30/04/1957)

Molière,
le 27/07, "Le misanthrope", (17/09/1953)
par la Société des Comédiens Français - Interprétation Aimé Clariond (Alceste), Jean Debucourt (Philinte), Jean Meyer (Oronte), Pierre Gallon (Acaste), Jean-Louis Jemma (Clitandre), Arsène Drancourt (le garde), Marie Sabouret (Célimène), Yvonne Gaudeau (Eliante), Louise Conte (Arsinoé), Maria Fromet (Basque) et Louis Seigner (Dubois) - Réalisation Jacques Reynier

et le 03/08, "Georges Dandin" (14-11-1953), série Le théâtre où l'on s'amuse par Philippe Soupault - Interprétation Jean Richard, Jean-Marc Thibault, Roger Pierre, Maurice Biraud, José Artur, Solange Certain, Jacqueline Porel et Jean-Claude Michel - Réalisation Jean Chouquet

Mais aussi, outre la rediffusion du feuilleton Blake et Mortimer, "Le piège diabolique", et celle de "Aglaé fait des histoires" (13-11-1993), une histoire du Pince Oreille de Françoise Gerbaulet,

deux Ateliers de Création Radiophonique,
le 26/07, "Marrakech" (11-10-1981) par René Farabet et Colette Fellous - Avec Daniel Sibony et Claude Ollier, une réussite que l'on peut retrouver ici.
le 27/07, " Extra-muros, chronique de la folie à Bondy" (12/03/1995) par Françoise Séloron - Avec Claude Fuzier
Descriptif de l'Ina : "Reportage à l'unité de soins psychiatriques de Bondy avec les témoignages de patients, des médecins psychiatres et des infirmières sur leur quotidien" A suivre donc ...

Un numéro de "A l'enseigne du merveilleux" de Géraldine Gérard, réalisation René Jentet,
le 29/07, "Histoire de la belle Li Wa (17/04/1965) Interprétation France Descaut, Noëlle Hussenot, Jacqueline Morane, Ginette Franck, Jean Péméja, Roger Bret, Gérard Dournel et Robert Maufras - Réalisation René Jentet
Jamais rediffusé.

Le 30/07, un Grégoire et Amédée (26/07/1959) par Roland Dubillard et Philippe de Cherisey, déjà ici, que l'on peut compléter pas cet autre épisode du 16/05/1959.

Il a été question de Franck Venaille précédemment (Lettres d'Engadine et La mémoire des pierres), donc, pour compléter,
le 01/08, Le bon plaisir de Franck Venaille (03/10/1998) par Mathieu Bénézet - avec Franck Venaille et Umberto Saba - Réalisation Jean-Claude Loiseau



Dernière édition par Curly le Dim 04 Aoû 2019, 15:10, édité 1 fois

Curly 

Curly

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Les éloignés de d'Yeu - Dim 28 Juil 2019, 10:19

Nuits magnétiques : 
Les éloignés de Dieu par Elisabeth Huppert, réalisation Jacques Taroni, mixage Yann Paranthoën, et Marianne Brouillard.
1- En pleurant, j'ai franchi le porche (23/02/1988)
2- Chimène, tours et détours (24/02) Titre sur le site erroné.
3- L'affection désordonnée (25/02)
4- Elle est toute noire (26/02)
L'actrice a conçu une série autour de personnes qui à un moment de leur vie, se sont éloignées soit de Dieu soit de l'Eglise, ce qui n'est pas la même chose. 
Les récits sont vivants, ceux qui les racontent le font avec beaucoup de conviction : ils connaissent leur parcours spirituel et devancent parfois les remarques ou questions, voire réfutent ou discutent lorsqu' E. Huppert souhaite leur faire dire ce qu'ils ne souhaitent pas dire. Quand elle fait lire la parabole du retour du fils prodigue, l'interprétation n'est pas celle qu'elle attend. 
Les raisons de cet éloignement sont souvent rattachées à une rupture avec la mère. L'engagement dans les ordres est souvent à la base une volonté de la mère, et certains sont surpris de l'avoir découvert après coup. Eloignement dû aussi à la sexualité. Et au mariage. Nombreux sont les hommes d'Église qui ont une vie sexuelle nous explique-t-on. Le tout est de ne pas en parler. Une défroquée raconte ses vaines tentatives pour lever cette omerta.
La vie spirituelle suit les différents événements marquants de l'après-guerre : la décolonisation, mai 68, et le mouvement féministe (la femme dans l'Eglise est loin d'avoir le même statut que l'homme) ébranlent les convictions religieuses.
La dernière partie revient notamment sur l'histoire des religions, et la psychanalyse (les psy sont aussi des éloignés de Dieu).
Quelques écueils toutefois. Par exemple le témoignage de Geneviève Huttin qui ne va nulle part : celle-ci s'en rend compte et s'arête, confuse. Son récit en fin de deuxième partie par contre, un texte écrit, est plus réussi. Et surtout, le problème majeur, qui rend l'écoute parfois fatigante, c'est la surcharge de musiques, évidemment en grande partie religieuse. Les mêmes extraits tournent en boucle, durant cinq heures. La musique fragmente énormément les entretiens. C'est manifestement un choix esthétique, mais il est discutable.   
La présentation : elle est une tradition des Nuits magnétiques, mais ici Elisabeth Huppert n'est pas à l'aise et son discours hésitant, qui anticipe ce qu'est devenu France Culture en journée, n'apporte rien. C'est très court, mais il faut en faire abstraction. 

Dans la séquence suivante (il manque la fin), ce n'est pas tant le récit qui est important que les parasitages de la petite fille (fruit du péché...). Le père sait tellement bien ce qu'il doit raconter qu'il en vient à devancer les interrogations d'E. Huppert, qui, elle, se retrouve interviewée, avec son preneur de son, par l'enfant, pendant que le père parle sans se démonter un seul instant.
[son mp3="https://s3-eu-west-1.amazonaws.com/cruiser-production/static/culture/sons/2014/12/s51/RF_69042FB5-0F71-49D3-9A43-807BA8AAB45B_GENE.MP3" debut="62:53" fin="72:19"]



Les après-midis de France Culture,
Autour de l'île (17/01/1981) par Luis Mizon, réalisation Michel Abgrall, déjà apprécié par Fañch.
Trois parties : d'abord la faune, la flore, la littérature, les mythes et l'utopie, souvent associée à l'île. Avec Jean Larivière, Claude Couffon et Jean-Marie Goulemot. Histoire des cactus, des tortues des Galapagos, la découverte du dragon de Komodo. Le tout agrémenté de lectures, surtout de Sindbad le marin, mais aussi Daniel Defoe, Darwin, Saint John Perse, Rétif de La Bretonne, qui s'intègrent parfaitement aux discours des écrivains et historiens. 
Ensuite mysticisme et cérémonies religieuses parfois extrêmes, à Cuba, Bali et Ceylan, avec Severo Sarduy.
Enfin, à l'île d'Yeu, croyances, superstitions, apparitions et légendes, puis le folklore, et très belle fin avec un berger, incapable de définir avec des mots ce qu'il apprécie dans la nature.

Curly 

Curly

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La folie à Bondy, Marrakech, René Jentet & le conte merveilleux, Aimé Clariond - Sam 03 Aoû 2019, 12:19

D'abord quelques nouvelles diffusions de :
Nuit du dimanche 04 août au lundi 05 août 2019
Nouvelle diffusion de L'affaire Tournesol

Nuit du mardi 06 août au mercredi 07 août 2019
Les Âmes mortes (06-04-1955 Chaîne Nationale)
De Nicolas Gogol - Adaptation Arthur Adamov - Chef d'orchestre Louis de Froment - Interprétation Orchestre national de la RTF - Réalisation Alain Trutat
déjà disponible ici.

Nuit du mercredi 07 août au jeudi 08 août 2019
Société des Comédiens Français - Elvire Jouvet 40 (15-06-1986)
De Brigitte Jaques - Mise en scène Brigitte Jaques - Avec Philippe Clévenot (Jouvet, Louis),  Maria de Medeiros (Claudia, Elvire), Vincent Vallier (Léon, Sganarelle) et Eric Vigner (Octave, Dom Juan) et Brigitte Jaques et Paula Dehelly - Réalisation Christine Bernard-Sugy
déjà évoqué dans un précédent message

Puis,

Atelier de Création Radiophonique
Extra-muros, chronique de la folie à Bondy (12-03-1995) par Françoise Séloron (qui pour l'anecdote était la sœur d'une animatrice d'une station généraliste privée en chute libre actuellement, connue sous son seul prénom. Fin de l'anecdote.)
Reportage sur un service psychiatrique : les patients, les soignants, et les habitants de Bondy puisque les patients peuvent circuler hors des murs (d'où le titre). Le fil rouge est un journal bord de la visite, mais très rapidement cela devient un reportage "classique", avec la confrontation des différents acteurs, et toute la fin n'est qu'un long "cahier de doléances" du personnel. La séance de thérapie de groupe enregistrée est la plus spontanée car les patients ne tiennent pas compte du micro.  Cependant le commentaire introductif est totalement superflu : il est inutile de nous présenter certains patients alors qu'on va parfaitement comprendre ce qu'il en est à l'écoute de la séance. Certains récits de patients, présentés avec beaucoup de sobriété, notamment celle d'une jeune fille de 26 ans, représentent le meilleur de l'émission. Une définition de "l'anormalité", la "folie", que le personnel soignant tente avec beaucoup de difficulté de cerner, est donnée à la toute fin par un client d'un bistrot de Bondy : c'est ne pas pouvoir s'intégrer correctement dans la société. Ce qui correspond en partie à ce que nous avons entendu. Certains patients sont logés dans des appartements en dehors du service, où ils apprennent ou réapprennent justement à être autonomes dans leurs gestes du quotidien.

Et sa phrase sera la ville : Marrakech (11-10-1981) par René Farabet et Colette Fellous
Promenade en plein cœur de Marrakech, avec pour guide un ancien habitant de la ville. C'est une vaste tapisserie sonore, mobylettes et calèches incluses, ponctuée par la voix du guide, quelques dialogues avec les habitants, et les voix de Loleh Bellon, Michel Bouquet et René Farabet. Visite de certains quartiers, avec comme point de départ le lieu le plus touristique, la place Jeema El-Fna. Considérations sur l'architecture, les habitants, avec comme point d'orgue la forte tension entre musulmans et juifs.
Tapisserie sonore qui rappelle parfois les émissions de José Pivin sur le Cameroun, notamment L'Opéra du Cameroun et Le Transcamrounais. [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13915-26.07.2019-ITEMA_22115707-3.mp3" debut="53:11" fin="58:26"]

Ensuite

À l'enseigne du merveilleux, Histoire de la belle Li Wa (17-04-1965) par Géraldine Gérard, réalisation René Jentet
Interprétation France Descaut, Noëlle Hussenot, Jacqueline Morane, Ginette Franck, Jean Péméja, Roger Bret, Gérard Dournel, Robert Maufras et sans Jean-Pierre Lithuac
Dans cette enseigne, un jeune apprenti poète est détourné de ses études et dépouillé de son argent par une geisha dont il est tombé éperdument amoureux.
Occasion de faire le point sur les autres enseignes (1965-68), déjà signalées plus haut dans ce fil,
Le vampire, Bataille pour les ondes
et, plus ambitieux à partir du moment où l'émission double sa longueur,
Circé, Salomé, Adam et Eve, La Yara, La princesse Dahu, Mélusine et Raimondin de Forez, La légende du château de Pirou-sur-Mer, et enfin, La légende du château de Coarasse.

Dans les émissions de 67/68, René Jentet se permet d'expérimenter de plus en plus.
Par exemple dans La légende du château de Coarasse, le début, confus, avec mise en abyme de la dramatique en train de se faire, est particulièrement audacieux. Rappelons qu' À l'enseigne du merveilleux est une émission pour les enfants. Les acteurs qui y participent forment une petite troupe qui semble beaucoup s'amuser à jouer les contes adaptés par Géraldine Gérard.
En voici le début déroutant (musique extraite de la Turangalîla-Symphonie de Messiaen), mais contrairement aux apparences, il y aura bien un conte merveilleux...[son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13915-06.04.2016-ITEMA_20954743-0.mp3" debut="01:31" fin="11:56"] ... et la fin [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13915-06.04.2016-ITEMA_20954743-0.mp3" debut="51:26" fin="52:41"]

Et pour finir,

Le Misanthrope (17-09-1953)
Interprétation Aimé Clariond (Alceste), Jean Debucourt (Philinte), Jean Meyer (Oronte), Pierre Gallon (Acaste), Jean-Louis Jemma (Clitandre), Arsène Drancourt (le garde), Marie Sabouret (Célimène), Yvonne Gaudeau (Eliante), Louise Conte (Arsinoé), Maria Fromet (Basque) et Louis Seigner (Dubois) - Réalisation Jacques Reynier
Une belle version, toute la mauvaise humeur d'Alceste jouée avec panache par Aimé Clariond, dont la voix éraillée et pleine d'énergie tranche avec les voix impersonnelles et immatures de bien des dramatiques zactuelles de France Tracture.



Dernière édition par Curly le Ven 04 Aoû 2023, 12:48, édité 5 fois

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Cinq ''Faits divers'' - Dim 04 Aoû 2019, 12:45

Faits divers - une émission de Pierre Véry et Maurice Renault - Réalisations de Pierre Billard - Bruitages Gabriel de Rivage - Assistant Jean Garretto 
Cf plus haut pour Les maîtres du mystère et ses déclinaisons.
L'émission est constituée d'une dramatique, et de différentes rubriques qui vont disparaître au fil des ans. 

Le principe de la dramatique : les auditeurs envoient les faits divers de leur choix. L'auteur a comme contrainte de s'inspirer de l'un d'entre eux pour écrire sa pièce. Il n'en reste parfois que des bribes.
La qualité des acteurs et la sobriété de la réalisation, qui tranche avec les productions de l'époque doivent beaucoup au plaisir pris à l'écoute de cette série. 

Les rubriques : des concours. Un sur la sécurité (Quand sonnera minuit), et, plus récurent, un jeu où les auditeurs doivent inventer un titre original à un fait divers choisi. Les accidents et les meurtres réels servent ouvertement de terrain de jeux (de mots).
Le petit courrier de l'aventure et du mystère : En fait de courrier, il s'agit de deux chroniques, celle de Germaine Beaumont, et celle de Roger Régent. C'est la seule rubrique qui restera dans les premiers temps des Maîtres du mystère. Deux grands numéros, qui font souvent sourire.
Germaine Beaumont nous raconte les derniers "romans qu'elle a lus". Oui, elle raconte au moins la moitié de l'intrigue. Elle ne sait pas s'arrêter. Certains auteurs francophones qu'elle défend vont intégrer l'équipe des Maîtres du mystère. Ex. ici, Maurice-Bernard Endrèbe.
Et le meilleur pour la fin, Roger Régent : dans Faits divers, il parle des "derniers spectacles qu'il a vus". Policiers ou pas, il s'en fiche. Et que les choses soient claires, les films à suspense et les cadavres à la chaîne, il déteste. (cf sa chronique dans "Phare à vendre") D'ailleurs allons plus loin : le cinéma, c'est pas non plus sa tasse de thé. Les films qui l'enthousiasment sont juste "charmants", "plaisants", "bien ficelés". Capable de défendre un réalisateur du calibre de Jack Pinoteau et massacrer un John Ford ou un Hitchcock, Roger Régent passe à côté de tout. Un délice. Sa chronique demeure, involontairement, un numéro impayable. C'est le dernier fait divers de l'émission : l'assassinat du cinéma. 

Quand sonnera minuit (27-11-1956) de Yannick Boisyvon - Avec Marie-Jeanne Gardien (la standardiste), Pierre Blanchard (Pierre Berthier), Lucienne Lemarchand (Louise Berthier), Henri Crémieux (docteur Chauvin) et Arlette Thomas (Thérèse Leblanc)
Dramatique courte (environ une demi-heure). Pierre Blanchard s'autoparodie dans un rôle de pianiste torturé : est-il fou ou simule-t-il ? L'auteur s'est dit inspiré par la lecture d'une biographie de Schumann. Sinon, variation autour du thème mari/femme/amant, sans originalité particulière. 
Roger Régent s'excite sur les demoiselles dénudées du Grand-Guignol. Les deux drames du spectacle lui ont beaucoup plu, d'autant qu'un des deux a été déjà diffusé dans Faits divers, alors...
Les films chroniqués sont tombés dans un oubli plus que relatif.

Phare à cendre (30-04-1957) de Pham Van Ky - Interprétation Henri Guisol (le détective), Marguerite Cassan (Madame Nakamuri) et Pierre Delbon (Kakuso Sato)
Intrigue plus alambiquée. Une jeune japonaise vient se venger de l'assassinat de sa mère, commis il y a tout juste dix ans. Scène de haute tension dans un phare, et retournements de situation hautement rocambolesques, invraisemblables, et à la limite du fantastique. Dans la tradition du Grand Guignol évoqué plus haut.
Diatribe de Roger Régent contre la mode du suspense, dézingage rapide d'Otto Preminger. Mais par ailleurs, la réalisation de Gilles Grangier (Le rouge est mis) est "d'une bonne qualité technique", quoique sans personnalité. Dans l'ensemble "le metteur en scène ne mérite aucun blâme..." Ouf ! "... sinon celui d'avoir choisi ce sujet, si toutefois c'est lui qui l'a choisi". Mince ! Foutu le Grangier ! La suite est un massacre en règle du scénario. Le seul intérêt du film ? Annie Girardot. 

Le plus beau métier du monde (23-02-1954) de Jean Cosmos - avec Jean-Claude Michel, Jean-Marie Amato, Pierre Destailles
Morceau de bravoure de près de 50 mn (pas de rubriques, à la trappe, les duettistes Beaumont/Régent) autour d'un seul coup de téléphone. Un journaliste essaie de faire parler un présumé criminel en fuite. Grand numéro de Jean-Marie Amato (la voix de Furax). Un effet de réalisation inhabituel chez Pierre Billard : le procédé d’"échos" (la dernière phrase du personnage est répétée sous forme d'écho) qui permet de passer d'un bout du fil à l'autre. 
Jean Cosmos, un habitué des séries de Pierre Billard, va aussi beaucoup écrire pour la télévision, avant d'être le scénariste régulier, à partir de 1988 (La vie et rien d'autre) de Bertrand Tavernier. 

Le chinois du Quartier Latin (04-01-1955) de Louis Chavance - Avec Hubert Deschamps (Le chinois du Quartier Latin), Pierre Delbon (Marcel Ribaldi), Guy Decomble (l'inspecteur Mignonet), Annie Girardot (Arlette Masseret), Geneviève Morel (l'hôtelière Madame Morel), Jacques Duby (Pierre Lanneau), Jacques Anquetil, Pierre Olaf, Yves Duchateau et Jean Bolo
Un étudiant se retrouve accusé de différents méfaits (crime, cambriolages) par des lettres anonymes. Louis Chavance, surtout connu pour ses collaborations à de nombreux films des années 30/40 (L'Atalante, dont il assure aussi le montage, Le corbeau...), a écrit une petite fantaisie policière, autour de personnages savoureux que l'interprétation magnifie. Hubert Deschamps joue un chinois à l'accent russe, Guy Decomble un inspecteur que le nom rend parfois peu crédible. Guy Decomble, c'est l'instituteur d'Antoine Doinel dans Les quatre cents coups ("que je dégradasse les murs de la classe").
Germaine Beaumont flingue le dernier James Hadley Chase, et Roger Régent, qui en a marre des récits policiers pour cette semaine, a apprécié la dernière pièce de Peter Ustinov, l'acteur Jess Hahn, et, surtout, Magali Noël, qui lui fait bien des choses au fin fond de son système glandulaire. Ahhh... Il la verrait bien un peu plus dénudée. Il fait ouvertement appel aux producteurs de cinéma pour qu'ils œuvrent au plus vite dans ce sens.

Son meilleur rôle (03-02-1954) de Yves Jamiaque - Avec Jacques Thébault (François Bergier), Louis Arbessier (le Docteur Herbert), Jacqueline Rivière (Hélène, l'assistante du docteur), Marcel André (le commissaire Veuillard), André Wasley, Jean Chevrin, Pierre Leproux, Pierre Marteville, Geneviève Morel, Nicolas Amato, Suzanne Cely, Lisette Lemaire et Paul Enteric
Un acteur miteux se retrouve atteint de leucémie. Il va endosser le crime d'un autre pour tenter de gagner du temps et sauver sa peau. Tout ici repose sur l'interprétation et la réalisation (très sobre, quelques bruitages et aucune musique). L'intrigue, basée sur une coïncidence hautement improbable, puisque l'acteur rencontre pile comme il faut le docteur qui est sur le point de trouver un remède pour guérir sa maladie, est plutôt laborieuse. 
Germaine Beaumont étant grippée, c'est Pierre Véry qui lit son éloge de Léo Malet et de ses Rats de Montsouris. 
Roger Régent nous régale une fois de plus : il porte aux nues Marty sans nommer son réalisateur (Delbert Mann, rien à voir avec Anthony, mais alors rien). Éloge (mesuré n'exagérons pas) de Un homme est passé. "Nous sommes dans le meilleur cinéma", il y a du suspense (pourtant nous croyions qu'il détestait ça, mais nous ne sommes pas à une contradiction près), et malgré une seconde partie plus faible, "cela reste toujours du cinéma", "c'est à l'image et à l'image seule que l'on fait appel le plus souvent pour nous toucher", "c'est dans la bonne tradition du Far West et du spectacle cinématographique". 
Roger Régent s'emballe tellement qu'il ne nous dit pas le nom de ce réalisateur de génie (John Sturges !). Une magnifique définition du cinéma et de la mise en scène. Merci Roger.

Philaunet 

Philaunet
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185
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Une dramatique radiophonique il y a 65 ans : un régal - Mer 07 Aoû 2019, 15:00

Curly(https://regardfc.1fr1.net/t852p180-le-programme-de-nuit-ilot-de-culture-ii#33591) a écrit:Faits divers - une émission de Pierre Véry et Maurice Renault - Réalisations de Pierre Billard - Bruitages Gabriel de Rivage - Assistant Jean Garretto
Cf plus haut pour Les maîtres du mystère et ses déclinaisons.
L'émission est constituée d'une dramatique, et de différentes rubriques qui vont disparaître au fil des ans.
(...)
Le plus beau métier du monde (23-02-1954) de Jean Cosmos - avec Jean-Claude Michel, Jean-Marie Amato, Pierre Destailles
Morceau de bravoure de près de 50 mn (pas de rubriques, à la trappe, les duettistes Beaumont/Régent) autour d'un seul coup de téléphone. Un journaliste essaie de faire parler un présumé criminel en fuite. Grand numéro de Jean-Marie Amato (la voix de Furax). Un effet de réalisation inhabituel chez Pierre Billard : le procédé d’"échos" (la dernière phrase du personnage est répétée sous forme d'écho) qui permet de passer d'un bout du fil à l'autre.
Jean Cosmos, un habitué des séries de Pierre Billard, va aussi beaucoup écrire pour la télévision, avant d'être le scénariste régulier, à partir de 1988 (La vie et rien d'autre) de Bertrand Tavernier.(...)
Oui, un "morceau de bravoure" d'Amato, le John Smith traqué. Il faut accepter la mise en place de l'action pour se laisser prendre par un dialogue qui devient de plus en plus prenant jusqu'à une fin que l'on écoute captivé. Il y a aussi une critique en filigrane de l'activité du journalisme à sensation aux États-Unis dont le grand prêtre va lui-même être une victime. Ou cette fin est-elle la plus cynique qui soit ? Cette dramatique de 1954 mérite une écoute attentive au coin de la TSF... Et montre toute la différence entre la mise en scène d'une pièce radiophonique et un spectacle public branché de 2019 présenté comme de la radio.

Philaunet 

Philaunet
Admin

186
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Le Premier France Culture (1963-1999), île de culture - Jeu 08 Aoû 2019, 14:08

Actuellement en proposition d'écoute, l'émission signalée ci-dessous
Curly(https://regardfc.1fr1.net/t852p180-le-programme-de-nuit-ilot-de-culture-ii#33539) a écrit: (...) Les après-midis de France Culture,
Autour de l'île (17/01/1981) par Luis Mizon, réalisation Michel Abgrall, déjà apprécié par Fañch.
Trois parties : d'abord la faune, la flore, la littérature, les mythes et l'utopie, souvent associée à l'île. Avec Jean Larivière, Claude Couffon et Jean-Marie Goulemot. Histoire des cactus, des tortues des Galapagos, la découverte du dragon de Komodo. Le tout agrémenté de lectures, surtout de Sindbad le marin, mais aussi Daniel Defoe, Darwin, Saint John Perse, Rétif de La Bretonne, qui s'intègrent parfaitement aux discours des écrivains et historiens.
Ensuite mysticisme et cérémonies religieuses parfois extrêmes, à Cuba, Bali et Ceylan, avec Severo Sarduy.
Enfin, à l'île d'Yeu, croyances, superstitions, apparitions et légendes, puis le folklore, et très belle fin avec un berger, incapable de définir avec des mots ce qu'il apprécie dans la nature.
Durant l'écoute de la première demi-heure (des 2h30), on nage en plein ravissement intellectuel et esthétique.

À la 5e minute : l'utopie [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13915-25.07.2019-ITEMA_22115134-3.mp3" debut="04:50" fin="07:40"]

À la 20e minute : les oiseaux, les fleurs, la fragilité ; la vitalité des êtres de cette planète, les oiseaux, la naissance des végétaux : [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13915-25.07.2019-ITEMA_22115134-3.mp3" debut="19:45" fin="22:17"]

Le second voyage de Sindbad le marin, sa rencontre avec l'oiseau Roc : [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13915-25.07.2019-ITEMA_22115134-3.mp3" debut="22:18" fin="26:32"]

Curly 

Curly

187
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Le message du 14 août : deux pièces de J-B dit Momo, Germaine Beaumont, equecétéra - Mer 14 Aoû 2019, 12:40

Deux pièces de Molière
Le théâtre où l'on s'amuse, une émission de Philippe Soupault - Georges Dandin (14-11-1953) avec Jean Richard, Jean-Marc Thibault, Roger Pierre, Maurice Biraud, José Artur, Solange Certain, Jacqueline Porel et Jean-Claude Michel - Réalisation Jean Chouquet
La série utilisait des interprètes issus du cabaret, pour exploiter au maximum leur force comique dans des pièces (souvent) classiques.
Pour Georges Dandin, la pièce est ramenée à une seule dimension, celle de la farce. Jean Richard nous ressort son accent paysan, ce qui n’est une mauvaise idée en soi puisque la différence de classe sociale entre Dandin et sa belle-famille n’en est que plus appuyée. Pour le reste, la pièce est réduite, au propre et au figuré, à un sketch où Georges Dandin essaie par trois fois de prouver sans succès l’infidélité de sa femme. Par conséquent, la dernière réplique de la pièce est d’autant plus surprenante que Jean Richard n’a donné à son personnage aucune épaisseur particulièrement tragique.
Pour accentuer le côté farcesque, à noter que Roger Pierre et Jean-Marc Thibault jouent tout en finesse le couple des beaux-parents.
En introduction, défilé de citations d'auteurs illustres nous livrant leurs pensées sur la pièce. Le illustres sont interprétés par les acteurs de la pièce. Le grotesque et la caricature de leur jeu gênent l'écoute. Cela ne fonctionne pas.
Dans un autre message consacré en partie à un autre "Théâtre où l'on s'amuse" il avait déjà été évoqué le problème de cette série, qui veut fabriquer du rire à tout prix en jouant la surenchère, au risque de fatiguer l'oreille de l'auditeur plus que de l'amuser.
Dans le courrier des auditeurs, on souhaite vivement une retransmission télévisée des pièces présentées. Les attraits de la téloche à l’époque étaient si grands que les auditeurs en ont progressivement oublié ceux de la radio. Certains responsables aux responsabilités les ont beaucoup aidés à bien oublier.

Théâtre et université - L'Avare (27-07-1950 Chaîne Nationale)
Mise en scène Jean Meyer - Avec Jean Meyer (Maître Jacques), Robert Manuel (La Flèche), Jean Le Goff (Le commissaire), Jacques Clancy (Cléante), Teddy Bilis (Brindavoine), Denis d'Inès (Harpagon), Paul-Emile Deiber (Valère), Yvonne Gaudeau (Élise) et Gisèle Casadesus et non Jeanne Moreau (Marianne), Raoul Henry (Anselme), Marco Béhar (Maître Simon), Henri Marchand (La Merluche), Béatrice Bretty (Frosine), Nicole Chaulet (Dame Claude).
Une captation en public cette fois-ci, et de la plus belle eau. L’interprétation de Denis D’Inès insiste avant tout sur l’amour qui lie Harpagon à l’argent, plus qu’au caractère inquiétant, dangereux, de sa radinerie.  A la fin, lorsqu’il a à choisir entre Marianne et sa cassette, c’est amoureusement qu’il choisit ce que l’on sait.

A suivre … Trois « Faits divers » dans le prochain message.


Et aussi, nouvelles diffusions avec plein de cf
Agnès de Rien (01/01/1946) de Germaine Beaumont - Adaptation Pierre Barillet - Musique originale Marcel Landowski - Réalisation Ange Gilles
Avec pas que Odette Joyeux (Agnès), et donc Germaine Montero, Berthe Bovy, Mady Berry, et Marcel Herrand (Carlos)
Une vieille maison isolée dans la campagne pleine d’histoires de familles, une jeune femme fraîchement mariée, un mari au comportement étrange qui va fortement s’intéresser à cette jeune fille…
Une dramatique à l’ambiance inquiétante. Là aussi, interprétation brillante.
Pierre Billon adaptera le même roman au cinéma en 1950 avec Danièle Delorme dans le rôle d'Agnès et Paul Meurisse dans celui de Carlos. La musique sera moins originale, puisque ce sera celle de M. Landowski composée pour la radio.

Nuit du jeudi 15 au vendredi 16 août
Les Possédés : Enregistrement au théâtre Antoine, Paris (08/03/1959)
d'après Dostoïevski - Adaptation Albert Camus - Mise en scène Albert Camus - Interprétation Michel Maurette, Pierre Blanchar, Tania Balachova, Paul Gay, Jean Martin, Marc Eyraud, Georges Berger, Georges Sellier, Géo Wallery, Pierre Vaneck, Charlotte Clasis, Nadine Basile, Alain Mottet, Janine Patrick, André Oumansky, Catherine Sellers, Charles Denner, Michel Bouquet, Edmond Tamiz, François Marie, Jean Muselli, Roger Blin et Nicole Kessel - Réalisation Max Joly
Cf plus haut


Nuit du samedi 17 au dimanche 18 août, Alexandre Dumas
Kean (1949 Chaîne Nationale)
Interprétation Maria Casares (Anna), Louise Conte (La comtesse de Koefeld), Marcel André (Le comte de Koefeld), Daniel Lecourtois (Le prince de Galles), Jean Temerson (Salomon), Marcelle Monthil (Amy), Lily Siou (Ketty), René Hiéronimus (Pistole), Charles Lavialle (Peterpat), Jean Clarens (Lord Mewill), Edmond Beauchamp (John), Jean Topart (Darius), Roger Bontemps (Bardoche) et Pierre Brasseur (Kean) - Réalisation Léon Ruth

Ascanio (06/01/1962 France 3 nationale)
Adaptation Patrice Galbeau - Interprétation Claude Genia, Roland Bourdin, Jean Davy, Renaud Mary, Henri Nassiet, Robert Chandeau, Patrice Galbeau, Claude Piéplu, Jean Péméja, Pierre Garin, Janine Patrick, Madeleine Silvain, Odile Mallet, Inès Nazaris et Claudine Dalmas - Réalisation Henri Soubeyran

Cf aussi par ici pour Kean et par pour Ascanio

Nuit du mardi 20 au mercredi 21 août
Les Nouvelles du crime - Le Discours de la méthode, de Jean-Patrick Manchette (30/08/1985)
Par Francis Lacassin - Lectures Robert Party et Henri Poirier - Réalisation Jacques Béraud
cf ici pour "Les nouvelles du crime"

Nuit du jeudi 22  au vendredi 23 août
Connaître le jazz - Le répertoire de Duke Ellington ( 04/12/1965)
Par Lucien Malson - Avec André Hodeir,  déjà évoqué dans un précedent message



Dernière édition par Curly le Sam 17 Aoû 2019, 13:32, édité 1 fois

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Trois ''Faits divers'' - Deux pièces de Molière - Cinq bonnes nouvelles pour de grands comédiens - Sam 17 Aoû 2019, 13:31

Trois Faits divers - une émission de Pierre Véry et Maurice Renault - Réalisations de Pierre Billard - Bruitages Gabriel de Rivage
Cf plus haut pour Les maîtres du mystère et ses déclinaisons.
& Cf ici pour la première partie.

La Galerie des automates (21/05/1957 Chaîne Parisienne) de Roger de Lafforest - Interprétation Pierre Olivier (Arthur), Evelyne Ker (Edith), Roger Crouzet, Jean Bolo, André Wasley, Georges Chamarat (Sir Réginald), Henri Crémieux (docteur Mortimer Quadogann)
Cette histoire de testament au dénouement alambiqué, d’un réalisme douteux, d’un sadisme apte à réjouir l’auditeur habitué de l’émission, est basé sur un fait divers réel, dont la lecture au début ne peut rien dévoiler de l’histoire puisque elle n’a aucun rapport, si ce n’est l’existence d’un testament saugrenu. Une grande maison vide, un homme désabusé et menacé qui vit seul et isolé avec sa fille, qui reçoit son fiancé en cachette, et un majordome à la jambe grinçante car artificielle, tel est le point de départ de l’histoire.
Au début, rubrique de type « A travers la presse déchaînée » du Canard, recueil de bévues journalistiques, à la différence près que l’on se gausse d’un article sur un homme qui massacre sa famille à coups de hache.
Roger Régent dresse le bilan du dixième festival de Cannes, et vous allez voir qu’au pays des Marronniers, les journalistes sont rois. Les cinéastes sont marqués par leur époque, une dure époque pleine de bruits et de fureur, et la tragédie leur va mieux que le rire. « C’est le règne et le triomphe du fait divers», regrette-t-il, donnant un coup de pied comme ça mine de rien à l’émission où il est en train de passer présentement alors.
Roger Régent a beaucoup aimé un des films les plus oubliés et obscurs de ce festival, « Commando sur le Yang-Tsé » de Michael Anderson.
Second film qui a retenu son attention, « Les nuits de Cabiria ». Fellini, qui avait la côte auprès de la critique, se retrouve loué, mais à la Régent. Il refuse de comparer le film à « La strada », mais que croyez-vous qu’il fait juste après avoir énoncé ces belles paroles ? Devinez.
Les meilleurs moments :
« La strada » = « du néoréalisme de moulin à café, du néoréalisme moulu tour après tour comme une poudre qui tombe à rythme régulier dans le tiroir du moulin.»
Dans « Les nuits de Cabiria » le personnage de Giuletta Masina, Cabiria donc, prend de l’épaisseur, de la consistance au fur et à mesure, et Roger Régent a coupé dans le lard en coupant le film en deux parties comme ça, comme un boucher : « la première partie est la plus faible et la plus irritante », « Giuletta Masina joue avec tous ses trucs de cabotine, est agaçante au plus haut point » mais tout à coup au bout d’une demi-heure, soudain, elle devient excellente ! Et « parfois admirable » ! Parfois seulement ! M. Régent est vraiment sans pitié.

Capital décès (08/01/1957) de Philippe Hébert - Interprétation Gaétan Jor (l'inspecteur Leblanc), Jean-Pierre Lituac, Geneviève Morel, Pierre Marteville, Henri Virlojeux, Yves Duchateau, André Wasley, Jacqueline Rivière (Colette Salvin), Jean Brochard (monsieur Rivière) et Jean-Marie Amato (le commissaire Grosset)
Pierre Véry refuse de lire avant la dramatique le fait divers qui a servi de point de départ. Il a été modifié en profondeur, mais il permet à l’auditeur de ne pas être « aiguillé sur une fausse piste ». Par rapport au fait divers, l’auteur a heureusement complexifié l’histoire, afin de ménager retournements de situations et suspense. Mais d’un autre côté, il l’a aussi rendu plus moral, et conforme à la bienséance.
Un homme tombe dans la cour de son immeuble. Comment en est-il arrivé là ? Suicide ? Poussé par sa femme ? Le commissaire qui mène l’enquête, encore un commissaire plus ou moins calqué sur le personnage de Maigret, a la voix, ici chaude et rassurante, de Jean-Marie Amato.
Germaine Beaumont démontre que « les femmes sont douées pour écrire de bons romans policiers ».
Le Roger Régent Chronicle :
Expédition en quatrième vitesse de « Bébé Doll », qui a subi une semi traduction en français et qui est excellent. Le réalisateur, aux oubliettes, et passons à autre chose, c’est à dire… à Denys de La Patellière et son « Salaire du péché », « qui est loin d’être sans intérêt ». Il est nettement plus inspiré, Roger. Bon, « on nous r’fait le coup des Diaboliques », mais bon ça va, ça tient la rampe. Dommage que la fin soit totalement élucubratoire.
Grand final sur « Mitsou » de Jacqueline Audry. Bon, le film a l’air mauvais, mais heureusement que Roger peut admirer toute la splendeur du jeu de Danielle Delorme.

Nuit du samedi 24 au dimanche 25 août
Prix Goncourt (25/05/1954) de Claude Gével - Interprétation Josette Vardier (Claire Meuzier), Pierre Trabaud (Fred Meuzier), Jean Topart (Gilles Espalin), Christiane Barry, Becky Rosanes, Lucienne Letondal, Pierre Olivier, Jacques Sarthou, Yves Duchateau, Jean-Pierre Lituac, Pierre Marteville, André Wasley et Jean Mauvais
Le fait divers (de la vie littéraire) qui inspire cette dramatique est le Prix Goncourt. Claude Gével brosse le portrait d’un gagnant minable, arriviste, et au talent discutable. Il a donc beaucoup inventé... Pas d’inquiétude, mort et enquête il y a, et pour rassurer l’auditeur, Pierre Véry nous le clame en introduction.
Le titre du Goncourt : « Le vol des canards ». Le titre de son roman suivant : « Le vol des vautours ».
Après la dramatique, lecture de quelques faits divers envoyés par les fidèles zauditeurs.
Germaine Beaumont a lu le dernier Simenon, « Maigret à l’école », et elle ne l’a pas beaucoup aimé. Le roman est « lent », les personnages, à part Maigret, ne sont pas sympathiques : ils sont sordides. Germaine est de bien mauvaise humeur car la lenteur et le sordide, c’est la marque de fabrique de Simenon.
Le cinéma de Roger : aujourd’hui, Bernard Borderie, « La môme vert-de-gris ». Roger nous dit bien à plusieurs reprises que la barre n’est pas bien haute, mais il peine à cacher qu’il s’est régalé de tout son saoul. « La réussite est complète » ! Le but que s’est fixé le réalisateur est comme une bonne tarte normande, il est tatin. Certes, ce but n’est pas « honorable », mais baste, Roger a pris son pied.
La mise en scène de Borderie est saluée dans toute sa longueur, sa largeur et sa hauteur. Un honneur que n’ont eu ni Fellini, ni même Elia Kazan (celui de Bébé Doll). Et tant qu’on y est, festival Borderie avec « Les femmes s’en balancent », autre chef d’oeuvre du Maître : ça fracasse partout, ça bécote des pépées à droite à gauche, ça picole du whisky à fond de cale. Le nirvana cinématographique de Roger Régent.
Le dernier chef d’oeuvre de la semaine, le court métrage qui passe avec « Pain, amour et fantaisie » (une comédie « délicieuse »), « L’étranger ne laisse pas de carte » « dans la plus pure tradition anglaise ». La réalisation de Norman Coy (?) est portée au pinacle. L’enthousiasme est à son comble. On en aura « le souffle coupé ».


Deux pièces de Molière

Le bourgeois gentilhomme (22/11/1951 Chaîne Nationale) - Musique Jean-Baptiste Lully - Mise en scène Jean Meyer - Chef d'orchestre André Jolivet - Orchestre de la Comedie Française - Interprétation Teddy Bilis (un garçon tailleur), Béatrice Bretty (Nicole), Georges Chamarat (le maître de philosophie), Andrée de  Chauveron (madame Jourdain), Bernard Demigny (chant), Maurice Escande (Dorante), Michel Galabru (le maître d'arme), Yvonne Gaudeau (Lucile), Robert Hirsch (le maître de musique), Jean-Pierre Jorris, Robert Manuel (le maître tailleur), Jean Meyer (Covielle), Jean Piat (Cléonte), Marie Sabouret (Dorimène), Louis Seigner (monsieur Jourdain) et Jacques Charon (le maître à danser)
Il y a quelques années les Nuits avaient diffusé un enregistrement de 1953, avec la même distribution. La version 1951 est plus complète. Louis Seigner est magistral. 


Nuit du vendredi 23 août au samedi 24 août
Le Malade imaginaire (22/12/1974) - Par la Société des Comédiens Français - D’après la mise en scène de Jean-Laurent Cochet - Interprétation Jacques Charon, Jacques Toja, Jacques Eyser, François Beaulieu, Alain Feydeau, Marcel Tristani, Jean-Paul Moulinot, Jean-Noël Sissia, Philippe Rondest, Françoise Seigner, Bérengère Dautun et Catherine Salviat - Réalisation Jacques Reynier
Encore une interprétation de choix.
Il en existe une version pour la télévision. Il semblerait que ce soit, comme pour Le Tartuffe diffusé précédemment, une version enregistrée en studio. 



Cinq "Bonnes nouvelles, grands comédiens"
 par Patrice Galbeau
Cinq récits fantastiques.
Nuit du lundi 19 au mardi 20 août
Jean Le Poulain dit un texte de René Barjavel : Les mains d'Anicette (24/07/1970)

Nuit du mardi 20 au mercredi 21 août
Raymond Gérôme dit un texte de Ray Bradbury : L'enfant invisible ( 23/09/1970)

Nuit du mercredi 21 au jeudi 22 août
Simone Renant dit un texte de Maurice Renard : L'Image au fond des yeux  (28/12/1971)
Réalisations Arlette Dave

Nuit du jeudi 22 au vendredi 23 août
Jean Weber dit un texte de H.G. Wells : La Mystérieuse visite,
Réalisation Guy Delaunay (13/01/1971)

Nuit du vendredi 23 au samedi 24 août
Maria Casarès dit un texte de Michel de Ghelderode : Brouillard
Réalisation Bronislaw Horowicz (16/03/1971)

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Les indiens guayakis - Jeux de hasard, jeux d'argent - Dim 01 Sep 2019, 12:47

Atelier de Création Radiophonique - Qu’est-ce que c’est que ces chefs sans pouvoir ? (18/02/1975)
Par Andrew Orr et Jean-Jacques Lebel - Avec François Bott, Félix Guattari, Marcel Gauchet et Pierre Clastres - Textes "Chronique des indiens guayaki, La société contre l’Etat, le grand parler, mythes et chants sacrés des indiens guaranis" (ouvrages de Pierre Clastres) et "Histoires indiennes d’amour "(Jacques Lizot), "L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat "(Friedrich Engels) - Lectures Roger Blin, Dominique Lacarrière, Pierre Santini - Réalisation Anne-Marie Abou, Janine Antoine et Viviane Van den Broek

Un ACR consacré aux indiens guayakis et guaranis, racontés par l'ethnologue libertaire Pierre Clastres seul, puis questionné par d'autres (cf générique), qui demeurent perplexes face à certaines idées de Clastres.
D'abord à propos  de l'apparition de cette émission dans les Nuits : La présentation été confiée à une nouvelle voix qui nous annonce que "nous allons écouter cette émission de 1975", étrangement privée de son générique de début.  
On peut comprendre le choix de cet ACR, il recoupe toutes les obsessions "à priori" du France Culture actuel. Il est à craindre que dans l'avenir seul ce domaine (socio-popo) soit balayé par les nouveaux producteurs des Nuits, l'esprit de fermeture diurne envahissant progressivement la nuit.
Or, France Culture en 1975 pouvait faire preuve de plus de créativité.
Les récits, d'une grande précision, des mœurs des indiens, leurs mythes et légendes, sont passionnants.  Clastres raconte ce qu'il a observé lorsqu'il a séjourné dans ces tribus en 1963/64.
Surtout, l'émission est montée, pas de bafouilles, pas de temps morts, quelques lectures avec Pierre Santini, Dominique Lacarrière et Blin, et une réalisation (A. Orr, A-M.Abou,J. Antoine, V. van den Broek) parfois très inventive, notamment dans la superposition de plusieurs couches sonores différentes (la dernière partie consacrée à la disparition des indiens). Cela peut paraître banal, or non : l'absence de bavardages creux et du direct sont devenus rares. Sur le plan du contenu, l'émission gagne considérablement en densité.

Le titre "Qu'est-ce que c'est que ces chefs sans pouvoir ?", a certainement induit le petit nouveau des nuits en erreur, le contenu est plus attrayant que le titre ne le laissait supposer. Il n'y a pas de chefs dans ces tribus qui n'existaient déjà plus en 75, date de l'émission. Le titre est quelque peu mensonger.
Ces tribus sans chef donc sans État sont comparées aux sociétés étatiques et c'est sur ce point que Clastres est ouvertement critiqué. Il en est de même au sujet de l'aliénation au travail, qui n'existe pas dans ces tribus (cf Engels). Or les observations de Clastres montrent que c'est un peu plus compliqué que cela, et là dessus il n'est pas sans contradiction. Par exemple la répartition des taches est on ne peut plus inégale.
Autre explication de l'ethnologue concernant la disparition de ces tribus : les indiens n'ont pas pu s'intégrer dans une société étatique, refusant toute forme d'autorité. Ils meurent au contact de notre civilisation. Ce qui explique pourquoi les espagnols dès le XVème siècle ont fait venir des esclaves d'Afrique au lieu de prendre les indiens.
Une facilité, faire jouer de l'Antonin Artaud par Roger Blin en toute fin d'émission. Il le fait brillamment mais combien de fois ne le lui a-t-on pas fait faire...


Jeux de hasard, jeux d'argent (13-12-1975) par Catherine Bourdet et Brigitte Carot, réalisation Henri Soubeyran
Un documentaire  sur les casinos, avec des récits des dirigeants, des employés et des joueurs, et quelques lectures, brèves, de Zweig, Dostoïevki et Guitry. Le jeu est comme une drogue, le joueur est d'entrée perdant, et il en est conscient. Les confrontations entre point de vue du joueur et celui des dirigeants, c'est un peu le chat et la souris, avec cette différence que la souris perd toujours.
Récits aussi de joueurs "professionnels", fanatiques de martingales, et qui expliquent bien leur méthode pour gagner. Méthode qui est rapidement démontée par un mathématicien dans la foulée.
Explications psychanalytiques finales, où l'on constate que le psy est capable de réexpliquer ce que les joueurs ont déjà raconté, mais avec leur jargon jargonnant. C'est l'invention du fil à couper le beurre, mais avec les mots techniques habituels.

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Fritz Lang - Francis Ponge - François Caradec- Décraqués - Racine - Nuits magnétiques - Dim 15 Sep 2019, 11:36

Mardis du cinéma - Métropolis ou la ville mère de Fritz Lang (18/12/1984)
Par Roger Dadoun - Avec Gérard Legrand, Michel Ciment et Noël Simsolo
En 1984, la Métropolis de Lang se retrouve massacrée par Giorgio Moroder, alors qu’une copie de 2h30 avait été retrouvée en Australie.
L’émission alterne lectures de critiques, dont celle de Buñuel , qui permettent d’avoir un panorama des différentes lectures d’un film à sa sortie très contesté, et qui demeure sur certains points discutable. Les propos reviennent sur l’histoire du film, mais aussi sur Fritz Lang, l’évolution de son style, ainsi que sur son passé de sculpteur.
Même si, depuis, l’ouvrage de Bernard Eisenchitz a apporté de nombreuses précisions sur l’œuvre de Lang, ce Mardi du cinéma n’en demeure pas moins agréable à l’écoute. Apparemment l’émission est une simple table ronde, les invités se répondant parfois directement, mais avec moult coupes. La réalisation les isole les uns des autres alors qu’ils semblent être autour de la même table.
Inutile de préciser une énième fois que l’émission gagne ainsi en densité. Sans compter que les critiques réunis sont d’un autre gabarit que les fleurs de nave sans saveur qui déglutissent maladroitement, sans les avoir même mâchés, les cours de fac qu’ils sont fiers d’avoir compris, que l’on rencontre dans des tablinettes et des plans cinoche très moyens moyens.

Deux « Bons plaisirs » réunis par le hasard de la programmation.
Un poète « prestigieux », et un auteur dont l’œuvre se résume à des exercices de style, l’édition d’anthologies et des biographies.
Francis Ponge (06/07/1985)
Par Jean Daive - Avec Jacques Derrida, André Du Bouchet et Jacques Dupin - Réalisation Pamela Doussaud
Francis Ponge, non seulement n’a pas grand-chose à dire (sa description d’un tableau de Picasso est terne), mais ses problèmes respiratoires rendent sa parole parfois laborieuse. Là aussi, énormément de coupes, mais pas pour les mêmes raisons.
Le récit de certains événements de sa vie, ses relations avec Picasso, Braque, se limitent à des anecdotes bien légères. Le plus consistant, ce sont les propos qui reviennent sur le contenu même de ses textes (« Parti pris des choses », « Pour Malherbe », « La fabrique du Pré »)
Moment non coupé à la fin, un passage assez conséquent où Ponge nous raconte qu’il a refusé d’être le secrétaire de Marcel Proust car il ne voulait pas passer pour un homo. Ses propos sont étayés par une argumentation qui peut laisser perplexe. Oui, ces minutes, ainsi que toutes celles consacrées à l’argent (on apprend qu’il aime en gagner, passionnant, parce que cela lui permet de vivre, passionnant toujours) font descendre le poète de son piédestal. Ce sont les préjugés d’un homme né à la toute fin du XIXème siècle. (A ne pas généraliser toutefois.)
Des propos bien oiseux, même pour 1985.

François Caradec (22/05/1999)
Par Simone Douek - Avec François Caradec, Patrick Besnier, Hélène Delavault, Jacques Roubaud et Alain Weill - Réalisation Judith d'Astier
L’ambiance est totalement différente, moins solennelle, empesée. Accompagné d’Alain Weill, on enchaîne les considérations sur le vin, les chanteurs de caf’ conc’, l’eau minérale, les rues de Paris (Jean Tiberi est plusieurs fois remercié), Raymond Roussel (beaucoup), Raymond Queneau, les secrets de l’Oulipo, les différents prix créés dans le but avant tout de se pinter au resto entre amis. Emission festive, et qui glorifie tout ce qui paraît superflu aux yeux des universitaires spécialistes de plein de spécialités. Il ne cache pas que l'Oulipo pour lui est un édifice qui s'est construit contre les universitaires de tous pays.

Nuits magnétiques - ? 1/2 Aulnay-sous-Quoi (28/05/1991) Dehors, dedans & 2/2 Et nos visages mon cœur, fugaces comme des photos (28/05)
Par Michel Maire - Avec John Berger (écrivain), Pierre Castarède, Khader, Marie-Paule Leroy, Marc Pataud, Catherine Régnier et les élèves de la classe de seconde 11 du lycée Voillaume d'Aulnay-sous-Bois - Réalisation Isabelle Jeanneret
Documentaire qui souhaite mettre en avant le malaise des banlieues, avec ses adolescents perdus et en décrochage pas seulement scolaire, alors qu’ils ne servent qu’à mettre en avant
- un écrivain
- l’approche (brillante, forcément) d’une équipe pédagogique
- les travaux d’un photographe en résidence dans le lycée, et qui de sa tour d’ivoire accueille les élèves (sur rendez-vous…) surtout pour les prendre en photo afin de constituer sa prochaine expo. D’ailleurs, la nouvelle diffusion de ces Nuits magnétiques coïncide avec la reprise de cette expo.
Bien sûr, pourquoi pas, mais les élèves dans tout ça ?
Le bref entretien avec le CPE et le proviseur, quelques captations de cours d’histoire-géographie donnent un aperçu de la réalité. En classe, il y a du bruit. L’écrivain, il me semble que c’est lui, trouve que l’enregistrement accentue les bruits et qu’en réalité, c’était plus calme. Il n’y faisait pas attention, c’est tout. Un enregistrement audio, c’est d’une fidélité sans pitié.
L’enseignante a du mal à capter l’attention, les élèves ne s’empêchent pas de livrer comme ça leur vient sarcasmes et commentaires. Pour ne pas les perdre, elle en vient à poser des questions comme « Alors être pauvre, est-ce que c’est ne pas avoir d’argent ? ». Ce qui n’empêche que les élèves, dans cette classe « aménagée », sont semble-t-il plutôt bien lotis.
Or, la parole qui domine, c’est celle d’élèves qui se savent enregistrés et qui dans les entretiens sortent exactement ce que le producteur radio veut entendre (ils ne sont pas bêtes), celle des artistes et de l’enseignante.  
Après le documentaire, qui vient en studio pour donner ses impressions d’écoute ? Le photographe (1ère partie) et le professeur (la seconde). Pas les élèves.

Jean Racine 1/2
Matinée classique - Bérénice (12/10/1950 Chaîne Nationale)
Avec Jacqueline Morane, Serge Reggiani et Jean Chevrier - Réalisation Jacques Reynier
France Culture a diffusé en 2017 une version de la pièce par la Comédie Française. La Comédie Française aujourd’hui = ennui. La mode est à l « underplaying », les acteurs sous-jouent leur personnage. Ce sous-jeu se veut naturel, mais les alexandrins s’enchaînent de manière monotone. Et entre le jeu faux et l’underplay, la frontière est souvent abolie.  
En 1950, c’est exactement l’inverse, tous les sentiments sont exaltés, avec tout le ridicule que parfois cela peut entraîner. L’interprétation est du coup très inégale : des passages déclamatoires font aujourd’hui sourire, à moins de jouer le jeu à fond et de l’accepter comme une convention.
Dans cette version de Bérénice, pas de bruitages ou de musique. A cette époque, à la radio, les tragédies ne contenaient aucun artifice de mise en onde.
La musique ici, ce sont les vers de Racine.


Les Décraqués - Version libre : Phèdre (22/09/1989)
Par Bertrand Jérôme - Avec Vassilis Alexakis et Gébé, et aussi Francois Caradec - Réalisation Monique Bailly
Un Décraqués de la belle époque. Deux réécritures du célèbre monologue de Phèdre (l’aveu à Oenone de son amour pour Thésée). La version très réaliste de Vassilis Alexakis est anthologique.
Auparavant le texte de Racine est lu avec conviction par François Caradec. Brève apparition de J.C. Averty.


Matinée classique - Les Plaideurs (07/12/1949 Chaîne Nationale)
De Jean Racine - Interprétation Maurice Escande, Jean Weber, Jean Meyer, Jacques Charon, Georges Chamarat, Georges Poulot, Denise Gence et Jeanne Moreau - Réalisation Jacques Reynier
Pièce mineure de Racine, mais à l’interprétation impeccable, malgré la faible qualité sonore. Impeccable aussi la présentation, qui situe la pièce dans l’œuvre de Racine et la compare, défavorablement, aux comédies de Molière, et même de Corneille.
Sur le site de France Truc, très bel intitulé de type racoleur, « "Les Plaideurs" de Racine avec Denise Gence et Jeanne Moreau à ses débuts ». Ces deux actrices ont à peu près le même âge, Gence est moins glamour (elle n’est pas une icône de France Tuture), on la vieillit d’entrée, mais elle aussi débute…
Et puis c’est une pièce avant tout masculine. Les deux actrices, vous pouvez les entendre quelques minutes.

"Echos du grand siècle" Tendre Racine (28/01-1963) de Georges Sonnier, avec Jean Leuvrais (dans le rôle de Racine), Silvia Monfort (dans le rôle de "La Champmeslé"), Jean Topart, Marcel André, Pascal Mazzotti, Yvonne Farvel, Jacques Bretonnière, Lily Siou et Jacques Fayet. Réalisation : Bronislaw Horowicz
Biographie sous forme de fiction radiophonique. Les présentateurs (L. Siou et J. Fayet) évoquent Racine, et tout l’aspect pédagogique est laborieux, même si l’interprétation n’est pas sans qualité. Silvia Monfort interpréte quelques vers connus de Racine : là on évite le ton déclamatoire.

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Racine, la suite - René Caillié - Michelet par René Jentet - Jacques le Fataliste - Dim 22 Sep 2019, 12:15

Jean Racine 2/2
Lectures a une voix - Britannicus (13/09/1956 Chaîne Nationale)
Par Michel Polac - Lecture Jean Marchat (Sociétaire de la Comédie Française) - Réalisation Guy Maxence

Phèdre (14/07/1947 France III Nationale)
Par la Compagnie Marie Bell - Mise en scène de théâtre Jean-Louis Barrault - Interprétation Jacques Dacqmine (Hippolyte fils de Thésée), Jean Chevrier (Théramène), Louise Conte (Oenone), Marie Bell (Phèdre), Denise Noël (Aricie), Josette Harmina (Ismène), Nadine Marziano (Oenone) et Maurice Escande (Thésée) - Réalisation Jean Serge
Il existe une autre version en studio (16/07/1953) avec une distribution quasi identique, dans une réalisation de Jacques Reynier. (Diffusée dans les Nuits mais plus disponible à l'écoute.)

Deux petites merveilles : l'interprétation est passionnée, les acteurs ont du coffre,  à l'exception de Denise Noël (Aricie) qui chevrote de manière un peu ridicule.
Britannicus : Jean Marchat, selon le principe de l'émission, joue tous les rôles, et comme souvent dans cette série, l'acteur maîtrise parfaitement son texte. L'acteur est progressivement pris par le texte, la machine s'emballe et c'est de la haute voltige.
Pour "Phèdre", il s'agit d'une version enregistrée en studio (à Montevideo ?). Au moment de la diffusion en France de la pièce, le 14 juillet, la troupe est censée la jouer à Montevideo. Avec le décalage horaire cela paraît peu évident.
La présentation de Jean Cassou, qui enfile les perles, est insupportable.
Mais les acteurs n'ont pas peur d'y aller franchement dans le bruit et la fureur.

Terre des merveilles - Le voyage à Tombouctou 1ère partie (10/04/1984), 2ème partie (17/04), 3ème partie (24/04) & 4ème partie (08/05)
Par Marie-Hélène Fraïssé - Avec Alain Kerjean - Texte "Voyage à Tombouctou", de René Caillié - Lecture Jacques Frantz - Réalisation Eliane Milhaud
Jacques Frantz lit quelques passages du journal de René Caillé, tandis qu'Alain Kerjean, qui a refait le voyage, ajoute quelques commentaires. Une belle lecture certes, mais qui laisse sur sa faim : tout est très fragmenté, enrobé d'une nappe musicale continuelle, et pas toujours pertinente (les synthés…)

Deux autres merveilles :
Anniversaire Michelet - Les dossiers de l'histoire, un homme devant l'histoire (19/06/1967)
Par Denise Centore - Avec Alain Cuny, Patrice Galbeau, Jean Negroni, Jean-Roger Caussimon, Sylvie Artel, Edith Loria et Jean Topart - Réalisation René Jentet
Une émission qui, sur le plan de la réalisation et de l'interprétation est d'une grande virtuosité. Le premier quart d'heure qui balaie les deux premiers volumes de l'Histoire de France est un voyage dans le temps et dans l'espace. Un extrait : [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13915-13.09.2019-ITEMA_22147969-2.mp3" debut="06:08" fin="12:02"]
On dépasse de beaucoup l'ambition originelle, l'évocation de la vie et de l'œuvre de Michelet, à travers ses textes, ses méthodes de travail, et les souvenirs de Chateaubriand.
Les soldats du roi Pharamond (Les Martyrs, Chateaubriand) par Jean Topart : [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13915-13.09.2019-ITEMA_22147969-2.mp3" debut="47:19" fin="50:35"]


Le (vrai) feuilleton de cette quinzaine, dont il a déjà été question ailleurs.
Jacques le Fataliste et son maître 1/10 (11/11/1963 RTF Promotion)
De Denis Diderot - Adaptation Roger Pillaudin - Bruitage Robert Maufras - Interprétation Jean-Pierre Cassel (Jacques), Jean-Roger Caussimon (son maître), Judith Magre, Maurice Nasil, Jacques Morel, Yves Peneau, Jean Péméja, Pierre Peyrou et Jacques Dumesnil (Diderot) - Réalisation Henri Soubeyran
En dix épisodes de durées variables, le récit de Diderot, à la radio, n'a presque pas besoin d'être vraiment adapté, seulement coupé par ci par là. Les longs dialogues entre Jacques et son maître, les récits interrompus, tout passe comme sur des roulettes. L'équipe s'est même permis d'en rajouter un peu, puisque Jean-Roger Caussimon dans les trois derniers épisodes est remplacé par un autre acteur, qui interprétait déjà un personnage secondaire dans le feuilleton.
L'ensemble est enlevé, dynamique, c'est-à-dire le contraire du feuilleton de la semaine, "Les anneaux de Bicêtre", où France Culture a réussi une véritable gageure : rendre Simenon soporifique. Bravo !

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