Deux
Mardis du cinéma Gary Cooper (15/05/1990)
par Francesca Piolot
avec N.T. Binh, Christian Viviani, Christophe Carrière et Hélène Merrick
réalisation Josette ColinCe n’est pas tant la carrière qui est retracée dans l’ordre chronologique, qu’une tentative de description et d’analyse du jeu de l’acteur, du personnage qu’il s’était créé au cinéma.
Les interventions sont diversement appréciables : une certaine « Dominique » (?) est appelée à la rescousse vers la fin pour donner des appréciations de midinettes dont on pouvait se passer, du genre « on aimerait le voir nu », et N.B.Binh agace avec ses « euh » à répétitions et ses claquements de langue. Pourtant, malgré cela, l’émission tient la route et parvient à faire le tour du sujet, malgré sa taille imposante.
Avec
Luis Buñuel, l’imagerie catholique (29/10/1991)
par Jacques Munier
avec Jean-Claude Carrière, Michel Cazenave, Marcel Oms, Joseph Marty et Laurent Terzieff
lectures Lise Deramond et Frédéric Lassègue
réalisation Isabelle Yhuel … on peut dire que le sujet est plus complexe, et que sur le plan de l’analyse, offre aux amateurs matière à dissection sans fin.
Le sujet de la religion, catholique cela va de soi – nous sommes en Espagne –, son utilisation dans les films, les liens entre l’enfance du cinéaste et ses films, les liens avec les textes sacrés, les rites, la notion d’hérésie, l’émission n’oublie rien de tout cela.
Si l’on regrette certaines redites dans l’émission, et certaines considérations psychanalysantes de Michel Cazenave, qui a tendance à s’écouter parler, on appréciera le reste, entre autres choses les explications de Jean-Claude Carrière, qui donne le plan caché de « La voie lactée », le témoignage de Laurent Terzieff pour ce même film, et les analyses de « Simon du désert », « Viridiana » et « L’âge d’or », les principaux films abordés ici.
Les quelques extraits de films sont pertinemment choisis : dès le début il est mis en avant l’intérêt tout particulier de Buñuel pour le son, à qui il donne une importance égale à celle de l’image.
La scène du miracle de « La voie lactée » que nous entendons montre toute une dramaturgie – et un humour – qui fonctionne indépendamment de l’image. Les bêlement des chèvres sont savamment distillés dans la bande-son. Pour les films tournés en France dans les années 60/70, les acteurs étaient choisis par le cinéaste d’abord pour leur voix.
On entend un extrait de la version française de « Viridiana » où l'on découvre avec stupeur que Fernando Rey (Don Jaime) est doublé par Jean-Marie Amato (Furax, Les maîtres du mystère).
Surpris par la nuit - Après la guerre. Fragments, rumeurs : Voix du Cambodge 1/2 (17/02/2003) 2/2 (18/02/2003)par Irène Bérélowitch
avec Raoul-Marc Jennar, François Ponchaud...
réalisation François Caunac[/i]
Un portrait du Cambodge après la disparition des Khmers Rouges. Pays dévasté, où l’arrivée du libéralisme combinée aux restes de communisme, donne un mélange tristement détonnant.
La première partie est consacrée à Phnom Penh. Irène Bérélovitch va à la rencontre de plusieurs habitants. Les conversations sont traduites simultanément par un traducteur sur place – ce n’est pas ajouté sur la bande-son – qui masque un peu trop la voix de la personne qui s’exprime. Un meilleur équilibre aurait été bienvenu. Dans cette partie, les témoignages alternent avec quelques explications rapides de la société cambodgienne : le fonctionnement par clans, la corruption, la pauvreté des habitants.
A la fin de la première partie, entretien avec un groupe de prostituées qui tentent de s’organiser pour échapper aux proxénètes.
Seconde partie, la vie dans le village de Prêk Roka. Le travail dans les rizières, l’éducation des enfants, la religion… et à nouveau la corruption, qui innerve toute cette société. Même les écoliers donnent des pots-de-vin à leur maître.
Les habitants se confient peu sur eux-même, leur passé, la vie durant le régime des Khmers, et il est difficile d’avoir des témoignages précis sur ce sujet.
A la fin, rencontre avec un ressortissant français qui a fondé une famille au Cambodge. Lui aussi, ancien militaire, a du mal à se confier sur tout ce qu’il a vécu.
Les textes de liaison sont bien écrits, et la bande-son est riche. La productrice a eu la bonne idée de laisser de longs moments de sons d’ambiance riches en images.
Ce documentaire a été déjà diffusé en 2014, et la diffusion de 2022 reprend la présentation de Christine Goémé. Personne n’a eu l’idée – alors que nous sommes sur une radio qui s’auto-proclame « radio des idées » - d’ajouter à cette nouvelle diffusion les deux parties manquantes à cette série.
La partie trois (19-02-2003) « propose une analyse du fonctionnement de l'aide humanitaire et internationale au Cambodge depuis la fin du régime des khmers rouges. »
Le sujet de la quatrième partie (20-02-2003) est « la mémoire du génocide perpétré par les Khmers Rouges à travers les témoignages et les souvenirs d'habitants, du cinéaste Rithy Panh, d'un historien et de membres de l'administration cambodgienne » (Source INAthèque)
200e anniversaire de la naissance de Hölderlin 1/2 : Hölderlin et la poésie d'aujourd'hui (25/06/1970)2/2 : Problèmes posés par la folie de Hölderlin (28/05/1970) par Georges Charbonnier
avec Jean Laplanche et Pierre Bertaux
lectures Danielle Volle, Jean Topart, Philippe Moreau, Maria Laborit
réalisation Georges Peyrou Là aussi, reprise d’anciennes Nuits, et inversion des numéros parce que confusion des dates. La seconde partie est en fait la première, et inversement.
Si l’on écoute les présentations de Georges Charbonnier, cela devient encore plus évident.
La partie sur la poésie est dominée par la lecture intégrale du poème « Patmos » par Jean Topart.
Le dialogue entre Georges Charbonnier et Pierre Bertaux, directeur de l'Institut d'Etudes Germaniques d'Asnières,
est des plus décourageants pour l’auditeur non germanophone. Non pas parce qu’il est difficile à suivre, mais parce que l’angle d’attaque de P. Bertaux est biaisé d’entrée de jeu. Dès les premières minutes, après une première lecture par Jean Topart, il affirme que Hölderlin est intraduisible, que toute traduction est une hérésie, que dans ce cas, entendre la lecture d’un texte en français est pour lui une douleur.
Georges Charbonnier demande des explications, et nous les aurons bien plus tard dans l’émission. Ces explications tiennent la route de toute façon, mais de là à s’arracher les cheveux et crier à l’hérésie…
Pierre Bertaux sépare complètement le fond de la forme – dans un souci de justice, car le fond a été trop mis en avant d'après lui – et consacre la quasi-totalité de son intervention à l’étude formelle des poèmes de Hölderlin, sans tenir compte du contenu. Même Georges Charbonnier est perplexe.
Il tient à arracher les lecteurs de cette image de romantique qui écrirait un torrent de vers sans soucis de construction, en allant dans le sens inverse. Mais à fond. Il va compter les vers, les syllabes, parler de cathédrale au sujet des poèmes, ce qu’on veut bien admettre, mais il va faire comme s’il parlait de formes vides.
Le choix des textes, du fait de P. Bertaux, donne à entendre un petit récital de poésie fort bien construit.
La seconde - = la première - partie analyse la folie de Hölderlin en compagnie du psychiatre Jean Laplanche. L’essentiel des lectures provient de la correspondance de l’auteur, de ses textes philosophiques, et du roman « Hyperion ».
Même problème que pour la série sur le Cambodge : il manque deux parties à cette série, en fait les vraies deux premières, produites par André Alter et signalées par G. Charbonnier dans sa présentation, qui n’ont pas eu l’heur de donner d’idée de programmation nouvelle.
Extrait de la présentation donnée dans l’INAthèque :
1- Hölderlin et son temps -1 (23-04-1970). « la vie de Hölderlin. Son attachement aux pays natal, son attirance pour la Grèce. Sa santé fragile. L'avarice de sa mère. Sa rencontre avec Suzette Gontard, leur amour, leur correspondance. Ses différents postes de précepteur, ses voyages. Le mysticisme de ses écrits. Les premiers signes de démence. La mort de Suzette Gontard. La folie de Hölderlin. Ses dernières œuvres. »
2- Hölderlin et son temps -2 (05-05-1970)
« L'influence de La révolution française sur la vie et l’œuvre de Hölderlin, la démarche religieuse de Hölderlin »