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Le programme de nuit, îlot de culture (II)    Page 29 sur 54

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Curly 


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L'espace maternel - La Corée - 1984...Dallas - Dim 01 Nov 2020, 12:38

Trois émissions de grande qualité diffusées très récemment dans les nuits. Comme toutes n’ont pas eu l’honneur d’avoir une page dédiée sur le site, les liens renvoient parfois à une diffusion antérieure.

Nuits magnétiques – L’espace maternel (23, 24 & 25-02-1981)  par Laurent Danon-Boileau, réalisation Bruno Sourcis
Une série de 5 émissions qui proposent d’écouter des témoignages sur la maternité. La succession de récits vécus pourrait rappeler « Les pieds sur terre », seulement ici pas de sensationnalisme, pas d’enrobages musicaux mielleux.
1- Hommage, liens charnels, nourriture, toucher
La relation mère/enfant, vue du point de vue de la progéniture.
2- Naissance de la mère et de l'enfant. ''Comment nos héros décident de se séparer au moment de l'accouchement pour se trouver face à face''.
Renversement de point de vue :  celui de la mère.
Certains témoignages sont irrésistibles, plein de spontanéité, comme celui de la mère qui raconte la naissance de ses jumeaux.
[son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13915-29.08.2018-ITEMA_21787344-2.mp3" debut="42:02" fin="46:10"]
3- Paroles, silences, mensonges (plus de lien)
Les relations, parfois conflictuelles, entre parents et enfants.

Il y a eu remontage serré. Chacune de ces Nuits magnétiques était suivie d’un compte rendu du Festival international du film de Berlin. Leur coupe est compréhensible et donne plus d’unité à l’ensemble.
Mais il manque deux parties, ce qui est beaucoup plus dommageable. La série a été coupée très brutalement sur le récit d’un jeune homme qui raconte le moment où il a parlé de son homosexualité avec sa mère.
Non diffusées :
4- La haine
5- L’amour

Dommage...

La matinée des autres – La Corée, le matin calme
(pas de lien)
par Patrice de Méritens, réalisation Jacques Taroni
avec  Maurice Coyaud, maître de recherche au CNRS, Alexandre Guillemoz, chercheur au CNRS et Jean Ranchin, professeur à l'Université des langues étrangères de Séoul. Lectures par Catherine Laborde, Michel Derville, Pierre Olivier, Marin de Charette.
L’émission raconte les croyances religieuses, les mythes fondateurs. Et les traditions sexuelles, essentiellement ancillaires.
Dire que l’émission est bien construite est un euphémisme. Explications et lectures s’enchaînent avec beaucoup de naturel. L’absence de direct, le montage de l’ensemble est une condition essentielle à la réussite d’une telle émission.

Atelier de Création Radiophonique – 1984...Dallas (26-06-1983)
par Luc Bongrand et Kaye Mortley
réalisation Yvette Tuchband
avec  Robert Kramer, Robert Castel, Philippe Sollers et Jean Thibaudeau
et les voix de Michèle Cohen, Denise Luccioni, Christian Rist et Eric Sarner 

Nous restons dans l’art du montage, élevé à son plus haut.
Un ACR qui se déplace à Dallas pour faire le lien entre : les 20 ans de l’assassinat de Kennedy, le succès de la série Dallas, l’économie et la société américaine de 1983, et l’arrivée prochaine de l’année orwellienne.
Télescopages de sons hétérogènes : une vraie « poétique de la radio », une ambition qui aujourd’hui peut paraître démesurée. De la radio envisagée comme une œuvre à part entière.
Aucune annonce du nom des voix que nous entendons au fil de l’émission si ce n’est aux génériques (début/fin). Même si nous en reconnaissons certaines, c’est une invite à nous laisser porter par le contenu de l’émission, par les propos eux-mêmes.



Dernière édition par Curly le Dim 01 Nov 2020, 14:12, édité 1 fois

Philaunet 

Philaunet
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282
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La matinée des autres – La Corée, le matin calme (1980) - Dim 01 Nov 2020, 13:15

En souvenir d'un numéro de grande qualité de La matinée des autres, un ajout de Nessie (2016) à cette contribution :
Curly(https://regardfc.1fr1.net/t852p270-le-programme-de-nuit-ilot-de-culture-ii#36283) a écrit:Trois émissions de grande qualité diffusées très récemment dans les nuits. Comme toutes n’ont pas eu l’honneur d’avoir une page dédiée sur le site, les liens renvoient parfois à une diffusion antérieure.

La matinée des autres – La Corée, le matin calme
(pas de lien)
par Patrice de Méritens, réalisation Jacques Taroni
avec  Maurice Coyaud, maître de recherche au CNRS, Alexandre Guillemoz, chercheur au CNRS et Jean Ranchin, professeur à l'Université des langues étrangères de Séoul. Lectures par Catherine Laborde, Michel Derville, Pierre Olivier, Marin de Charette.
L’émission raconte les croyances religieuses, les mythes fondateurs. Et les traditions sexuelles, essentiellement ancillaires.
Dire que l’émission est bien construite est un euphémisme. Explications et lectures s’enchaînent avec beaucoup de naturel. L’absence de direct, le montage de l’ensemble est une condition essentielle à la réussite d’une telle émission. (...)
Nessie(https://regardfc.1fr1.net/t565p20-la-matinee-des-autres#25229) a écrit:(...) C'était donc ce week-end : d'abord dans une nuit spéciale consacrée à la Corée, un numéro puisé dans l'année 1980 et donc dans le stock de ce qui est encore la première mouture de l'émission celle de Claude Mettra dans sa durée de 100 minutes. Produit par Patrice de Meritens et réalisé par Jacques Taroni. Avec la participation de Maurice Coyaud, Alexandre Guillemoz, Jean Ranchin, ainsi que des ambassadeurs et du personnel du centre culturel de Séoul. (...)
On trouvera l'émission en podcast facilement. Pour l'écoute en ligne sur le site de France Culture c'est une autre paire de manches, car ce merdier poussif préfère envoyer chez Plumeau l'auditeur qui passe par le menu interne. Cette fois encore on ira  plus vite avec Google ou en suivant directement ce lien : http://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/la-matinee-des-autres-la-coree-le-matin-calme-1ere-diffusion (...)
Le lien ci-dessus, obsolète, à remplacer par celui-ci La matinée des autres - La Corée, le Matin calme (1ère diffusion : 15/04/1980) qui ne contient aucun détail contrairement aux descriptifs de Curly et Nessie, qui chacun laissent une mémoire des émissions sur ce forum (via l'INA ou pas).

Curly 

Curly

283
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Paul Verlaine - Paul Grimault - Jean Giono - L'univers sonore - Dim 08 Nov 2020, 13:08

Analyse spectrale de l’Occident – Paul Verlaine (14-05-1966) par Pierre Sipriot - Avec Henri Lemaître, Claude Cuénot, Jacques-Henry Bornecque, Henri Guillemin, Marie-Jeanne Durry. Lectures Daniel Ivernel, Jean Négroni et Nelly Borgeaud
Un panorama de toute l’œuvre de Verlaine en cinq temps, chacun des intervenants s’intéressant à une période en particulier. Les explications s’écoutent comme des petites conférences, qui servent d’introduction érudite et passionnante à l’œuvre.


Entretiens avec Paul Grimault, par Jean-Pierre Pagliano (1985) – pas de liens -
1- De La Bergère et le Ramoneur au Roi et l’Oiseau (05/09)
2- L’enfance de l’art (12/09/1985)
3- La fin et les moyens (19-09)
4- Galerie de portraits (26-09)
5- Un maître d’école buissonnière (03-10)
Après un premier entretien un peu décevant sur l’élaboration du long métrage « Le roi et l’oiseau », Paul Grimault, un peu cabotin, et un peu immodeste, se fait un peu prier pour raconter toute sa jeunesse, mais au second entretien, après avoir dit un « nous reviendrons peut-être là-dessus plus tard », Jean-Pierre Pagliano le coupe pour l’inviter à en parler maintenant. Et alors l’entretien décolle pour de bon. Grimault est à l’aise, il est dans son studio. Et même s’il a une tendance à ne pas terminer ses phrases, l’homme est loquace une fois qu’il est bien lancé.


Tous les plaisirs du jour sont dans la matinée par José Pivin, avec Jean Giono (1961) – pas de liens -
Jean Giono et la nature (23-09) – extraits de « Naissance de l’Odyssée », « Jean le bleu » & « L’eau vive » interprétés par Jean Topart, Michel Bouquet, François Darbon, Yves Peneau & Geneviève Bucchini
Jean Giono et les personnages (30-09) - extraits du « Serpent d’étoiles », « Noé » & « Le grand troupeau » interprétés par Jean Topart, Michel Bouquet, François Darbon & Jacqueline Frot
Entretien admirablement monté, et les coupes sont parfaitement audibles, ce qui permet d’apprécier la manière de resserrer un entretien afin de le rendre plus dense, en évitant certaines scories de la conversation orale, qui peuvent parfois agacer l’auditeur.
De toute façon, Giono est un conteur hors pair.
Les deux parties se réfèrent à la division en deux périodes dans l’œuvre de Giono, que l’auteur explique lui-même dans la seconde partie.
En fait, dans la première partie Giono raconte son enfance et ses études. Dans la seconde, sa carrière d’employé de banque et ses débuts littéraires. Il explique aussi sa manière de travailler.


Dix ans de création dans les lettres et les arts - L'univers sonore, dix ans de réalisation radiophonique
(28/01/1967)
par Georges Godebert et Arlette Dave, réalisation André Mathieu - avec Paul Castan, Guy Delaunay, René Jentet, Jean Chouquet, Albert Laracine, Jacques Chardonnier, Armand Salacrou, Robert Arnaut, Jacques-Adrien Blondeau, Albert Vidalie, Jean-Wilfrid Garrett, Stanislas Fumet, Michel Butor, Driss Chraïbi, Michel Bouquet, Maurice Ohana, Madeleine Attal et Marcelle Michel.
Déjà évoqué ailleurs.

Une première partie présente plusieurs extraits d’émissions brièvement commentées soit par Arlette Dave, soit par leurs auteurs (Armand Salacrou, Robert Arnaut et Jacques-Adrien Blondeau).
La seconde est un montage de propos de réalisateurs, d’auteurs, d’acteurs, de techniciens qui expliquent ce que la radio peut apporter de plus par rapport à la télévision ou au cinéma, voire à la littérature. Une comparaison discutable, chacun ses spécificités...
Mais, en 2020, il est bon de mesurer le gouffre qui s’est creusé depuis 67 entre une radio envisagée comme un art, et une radio envisagée comme un fond sonore d’actu, une enfilade de tables rondes bafouillantes.
A noter aussi que pour les intervenants, l’écoute radiophonique est forcément une écoute attentive, l'auditeur est bien installé dans un fauteuil, ou allongé sur un lit, les yeux grands fermés.

Quelques extraits.
« Robert Arnaut, qui a commencé au Club d’Essai en 1953 - Ce que m’a apporté la radio pour moi, c’est tout. (…) La radio pour moi, lorsque je suis entré au Club d’Essai, c’était une manière d’écrire et puis je me suis aperçu au fond que c’était véritablement un langage. (…) Écrire une œuvre radiophonique c’est écrire une œuvre qui ne pourrait absolument pas être représentée sur un théâtre, ou à la télévision ou au cinéma. (…) On travaille pour l’oreille. Au fond, travailler pour la radio c’est travailler pour les aveugles. (…) C’est une définition très vaste, très large mais à l’intérieur de cette définition on peut trouver ce monde sonore justement pour lequel on a travaillé et pour lequel je dois le dire on ne travaille plus beaucoup et je le déplore. 
Stanislas Fumet – Oui mais je crois que tout de même on est arrivé à ce que nous pourrions appeler un art radiophonique. Et alors, cet art devient celui de la suggestion.
Robert Arnaut – Exactement.
Stanislas Fumet – Et ça nous ne l’avons pas même à la télévision, nous ne l’avons pas au théâtre, où tout de même les choses, et surtout les êtres, sont représentés avec une figure spéciale qui quelquefois peut nous gêner.
Robert Arnaut – Bien sûr. Le cinéma et la télévision imposent une image alors que la radio la suggère et par là même l’auditeur peut aller beaucoup plus loin dans le rêve, dans l’imagination. Je crois finalement que le cinéma et le théâtre  ne peuvent pas pénétrer aussi loin que la radio dans le domaine du rêve. »

Les réalisateurs - non nommés :

« L’art radiophonique c’est la libération de l’imagination, pour l’auditeur. Et je pense également que plus on fait d’exégèses sur un art, plus on limite l’audience à un nombre restreint d’auditeurs, et à ce moment c’est le triomphe de l’idiotie, et les plus bêtes visant au dessous de la ceinture vont ramasser 80 % des auditeurs »
« Mais il y a des problèmes de communication, de diffusion convenable, qui permet à des œuvres qu’on aurait pu croire au premier abord des œuvres très difficiles, qui n’intéresseront qu’un tout petit nombre de personnes, qui permet à ces œuvres de rencontrer un public rapidement immense. Il y a toujours une question de progression (…) il y a des choses qu’on ne peut pas atteindre tout de suite. Il faut se mettre ça dans la tête, que les œuvres d’art mettent du temps à se faire comprendre, pour une raison bien simple, c’est que c’est l’œuvre d’art qui seule nous apprend comment il faut la lire. Par conséquent il faut que les programmes prennent des risques (approbation générale dans le studio). Et c’est en prenant des risques qu’on atteint le vrai public, qu’on atteint le public dans son intelligence.
Il ne peut y avoir une recherche radiophonique, une avance de l’art radiophonique que liée à une politique de programmation dans le même sens. »

Michel Butor : « J’attends beaucoup de la radio. (…) La radio nous permet une expérience de la cécité. Et le fait que lorsque nous écoutons la radio nous devenons un aveugle, qu’au fond nous nous souvenons du monde visible, que les objets que nous voyons, que nous pouvons voir dans la chambre où nous sommes, nous n’y prêtons plus attention. Ce que nous entendons est détaché de cela, fait que ce que nous entendons – un texte radiophonique c’est presque comme si déjà nous nous en souvenions – ce détachement par rapport au spectacle qui est devant nos yeux fait que la radio va avoir une liaison à la mémoire très importante, c’est pourquoi c’est un instrument de propagande d’une puissance extraordinaire. (…) Il y a une liaison particulière de la radio par rapport à l’espace. (...) Ce n’est pas forcément un art intérieur. La radio peut être utilisée aussi pour nous décrire des paysages, des paysages tout à fait extérieurs, sonores. Mais il y a pour un aveugle des paysages extérieurs. Mais évidemment, le passage, les liaisons entre les deux sont beaucoup plus souples que lorsque les yeux sont occupés d’une façon précise. Alors au fond si je suis venu à la radio, c’est à cause d’une réflexion sur la littérature. J’avais fait des livres où peu à peu les éléments visuels (…) devenaient de plus en plus importants. La façon dont le livre était fait, et étant donné que je réfléchissais sur ce qu’il y avait de visuel dans la lecture d’un livre il était pour moi passionnant de trouver un endroit où on pouvait expérimenter des textes sans que cet élément visuel de la lecture intervînt du tout. Et il y a là énormément de recherches à faire et l’art radiophonique en est à ses premiers balbutiements. (…)
La radio nous donne quelque chose de très important comme expérimentation de la lecture. Il y a des écrivains qui sont difficiles à lire dans des livres. Lorsque nous les entendons lus à la radio, eh bien tout d’un coup nous nous disons ‘’au fond comme c’est simple’’. (…) L’acteur qui (…) lit a été obligé de faire (une) certaine analyse grammaticale, donc il nous fait entendre la forme de la phrase. »

Michel Bouquet :
« Ce qui est très intéressant dans la radio je crois c’est la confrontation profonde qu’il y a entre le texte que l’on a à dire et soi-même. C’est la résonance qu’il y a entre l’auteur, le poète ou le grand prosateur et la sensibilité de l’interprète. Ça c’est une chose magique, absolument étonnante que permet la radio. Et je trouve (…) que plus on fera d’émissions culturelles, plus on fera  d’émissions poétiques, plus on fera d’émissions sur de grands textes à la radio, plus on permettra à des acteurs de se révéler à eux-même et de révéler le monde intérieur qu’ils portent en eux. Et ça c’est un des miracles de la radio. (…)
Quand j’écoute la radio (…) je suis très profondément saisi par ce qui se passe. (…) C’est-à-dire qu’une chose de radio me reste très profondément présente, bien longtemps après, parce qu’il se produit là quelque chose (de) très mystérieux et qui est une forme de connaissance de soi-même et des mondes de la sensibilité (…) que seul le micro permet de révéler. »

Philaunet 

Philaunet
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284
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Clérambard, de Marcel Aymé - par Maurice Bertrand - Mer 11 Nov 2020, 21:43

Numéro d'acteur impressionnant de Jacques Dumesnil interprétant le comte Hector dans ‘Clérambard’ de Marcel Aymé 30/03/1961 rediffusé le 09-07-2018 et en proposition d’écoute actuellement.

Le programme de nuit, îlot de culture (II) - Page 29 Scre1557

Cette puissance de la voix rappelle Alain Cuny ou encore Jean Gabin (récemment réentendu dans le cadre de l'émission sur Louis de Funès).  Aparté : peut-on encore entendre ce genre de voix aujourd'hui  ?  Quels sont les facteurs artistiques, sociaux, techniques, anatomiques qui donnent désormais à entendre des voix masculines bien différentes ?

Donc la pièce de théâtre radiophonique démarre sur les chapeaux de roue et poursuit son train d'enfer jusqu'à la scène finale. Prévoir de temps en temps de baisser le son... (petit changement de qualité sonore autour de la 60e minute). C'est drôle de bout en bout de l'heure et demie de diffusion. Mention spéciale à Dora Doll (1922-2015) qui joue "La langouste".
1961 |Clérambard est misogyne, gueulard, mauvais bougre, mais sa vie est transformée le jour où Saint François d'Assise lui apparaît... Une pièce de Marcel Aymé, par le Théâtre populaire de juin 44, diffusée pour la première fois le 30 mars 1961 sur France II Régionale.
Farnce II Régionale ? Quand la radio culturelle n'existait pas encore selon les termes de l'actuelle directrice qui l'a littéralement inventée à sa nomination en 2015... et l'on voit ce que ça donne (Esprit d'ouverture sur toujours pareil)!
Drôle de bonhomme que ce Clérambard, comte désargenté et tyran domestique qui oblige toute sa famille à tricoter des pulls pour survivre. Misogyne, gueulard, mauvais bougre, sa vie et celle de ses proches est transformée le jour où Saint François d'Assise lui apparaît... C'est l'argument loufoque de la deuxième pièce de théâtre écrite par Marcel Aymé, après Lucienne et le boucher. (...)
Avec Jacques Dumesnil, Jacques Duby, Jean Topart, Jacques Thierry, Georges Cusin, Huguette Duflos, Dora Doll, Andrée Gire, Sylvine Delannoy, Marcelle Hainia, Laure Diana, Georges Adet, Gisèle Touret et Olga Nilza
• Clérambard de Marcel Aymé - Par Maurice Bertrand
• Réalisation Roger Dathys
• par Le Théâtre populaire de juin 44
• 1ère diffusion : 30/03/1961 France II Régionale
• Archive Ina-Radio France

Curly 

Curly

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Edouard Manet – Dario Argento – Marlon Brando - Les techniques au service de la pensée – George Sand - Bonjour masque ! Carnaval de Venise 1980 - Dim 15 Nov 2020, 13:05

Ce billet a été écrit dans un calme relatif, à l'écoute de



Nuits magnétiques - Édouard Manet 1832-1883 (08-06-1983)
par Jean Daive,  réalisation Pamela Doussaud
avec Philippe Lacoue-Labarthe (critique, philosophe, écrivain), Dominique Fourcade (écrivain), Marcelin Pleynet (écrivain, critique d'art), Jean-Pierre Bertrand (artiste peintre), Joerg Ortner (graveur, peintre), Jean-Michel Alberola (artiste), Constantin Byzantios (peintre), Isabelle Monod-Fontaine (conservatrice au musée Georges Pompidou) et Françoise Cachin (conservatrice au musée d'Orsay) - Lectures Jean Daive
Une introduction par Jean Daive qui laisse craindre les pires platitudes : modernité de Manet + chaque intervenant va parler de son rapport à. La crainte que chacun parle de soi plutôt que de Manet.
Or, à quelques exceptions près, qui sont suffisamment courtes pour être négligeables, chacun va s’efforcer à décrire certains tableaux de Manet, et en donner une lecture personnelle.
Jean Daive tente à chaque fois de placer « La femme au perroquet », mais les intervenants ne le suivent que moyennement.

Ciné club - Dario Argento (09-12-1998) 
par Jean-Baptiste Thoret - réalisation Judith d'Astier
avec Nicolas Saada (critique aux "Cahiers du Cinéma"), Serena Gentilshomme, professeur d'histoire du cinéma italien à l'Université de Besançon et Gilles Menegaldo (maître de conférences à l'Université de Poitiers)
Thoret et Argento, c’est une promesse de bonheur radiophonique. C’est quand même une déception.
« Ciné-club » est, à la fin des années 90, une dernière tentative de faire survivre l’esprit des « Mardis du cinéma », puisque dans la forme l’émission est identique. Entretiens croisés et montés, reliés par quelques extraits de films.
Déception parce que le fil rouge, un entretien avec le cinéaste, manque de consistance. Argento, de toute façon, l’avoue rapidement : il n’est pas vraiment capable d’expliquer son art, étant dans la sensation, la spontanéité, et non dans la réflexion.  
Jean-Baptiste Thoret mène l’émission, mais intervient peu, laissant la place à Nicolas Saada, qui jargonne des choses simples, pas toujours inintéressantes, un usant d’un vocabulaire souvent précieux, enrobant le tout de superlatifs.
Serena Gentilshomme tient des propos plus pondérés, mais hélas, elle ne tient pas le premier rôle dans l’émission.
La scène de meurtre de « Suspiria » (1977) passe extraordinairement bien à la radio, l’utilisation de la musique de Verdi, coupée abruptement - le meurtre est d’abord sonore – permet facilement d’imaginer la scène. Bien sûr, les dialogues pourraient sortir d’une série Z. [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13915-11.11.2020-ITEMA_22480560-2019C3372E0745.mp3 " debut="35:51" fin="40:10"]

Argento, au moment de l’émission, vient de terminer sa version du « Fantôme de l’opéra ».
Jean-Baptiste Thoret a depuis écrit un ouvrage où il a donné le meilleur de lui-même dans l’analyse de l’œuvre d’Argento, et vient de sortir un film entièrement consacré à ce réalisateur dont il est le Grand thuriféraire.
Le programme de nuit, îlot de culture (II) - Page 29 1149Le programme de nuit, îlot de culture (II) - Page 29 2102

Aussi, Dario Argento dans un numéro de « Mauvais genre » du 09-02-1999, entretien portant surtout sur ce qui était alors son dernier film, « Le fantôme de l’opéra ».

Mardis du cinéma – Marlon Brando : Une étoile nommée désir
(04-03-1986) - pas de lien
par Jacques Munier - réalisation Claude Giovannetti 
avec François Guerif (critique et biographe du cinéma), Gathleen  Leslie (professeur de "Actors studio"), Edgar Morin (sociologue) et  Juliette Gréco (chanteuse) - Avec en archives, la voix de Bernardo Bertolucci
L’émission retrace presque tout le parcours de l’acteur tant imité et jamais égalé, et pour lequel l’adjectif « génial », utilisé souvent à tort et à travers, a parfaitement sa place ici.
Parmi les intervenants, François Guérif surnage sans peine au dessus des platitudes de Morin sur les stars, et les impressions personnelles de Juliette Gréco, qui à la fin, ne sachant pas quoi dire, raconte un peu n’importe quoi. Coup de chance, c’est François Guérif à qui la parole est laissée le plus longuement.
Surnage aussi la lecture d’extraits du texte de Truman Capote sur Brando, « Un duc en son domaine ».
L’émission s’arrête sur « Le dernier tango à Paris » (1972), dont pour une fois tout le côté sexuel est mis de côté afin de s’intéresser aux tirades improvisées, et autobiographiques, de l’acteur génial.

Analyse spectrale de l’Occident - Les techniques au service de la pensée (10-06-1967)
par François Le Lionnais  - réalisation Annie Cœurdevey
avec Charles Ford (écrivain, historien du cinéma, journaliste,  producteur de radio et de télévision), Paul Gandin (ingénieur à la radio  technique), Robert Champeix (directeur technique à la Compagnie  générale de télégraphie sans fil-CSF) et Maurice Daumas (chimiste, historien, conservateur du Musée des Arts et Métiers)
Sous cet intitulé se cachent quatre entretiens qui retracent l’histoire de découvertes du XIXème siècle qui ont pris leur envol le siècle suivant.
Les entretiens se présentent sous forme de petites conférences, avec quelques relances de François Le Lionnais, qui prend parfois le relai en fin connaisseur.
- Le cinéma avec Charles Ford
- Le téléphone avec Pierre Gandin, ingénieur peu familiarisé au micro et qui a minutieusement préparé son exposé.
- La TSF avec Robert Champeix. Il est possible de compléter cette partie avec « Un homme, une ville » sur Marconi  et avec Si la Tour m’était contée - 50 ans de radiophonie
- Thomas Edison avec Maurice Daumas

Césarine Dietrich de George Sand (05-09-1959)
adaptation Jacques Dapoigny 
réalisation : Ange Gilles
interprétation : Yvonne Gaudeau, Anne-Marie Rochand, Andrée Lafayette, Mireille Gauch, Emilienne Laffont, Régine Serva, André Burgère, Dominique Buckardt, Jean-Charles Thibault, Jacques Anquetil, René Alie, Julien Lacroix, Henry Prestat, Jean Loisel, Pierre Naugier, Harry Krimer et la Compagnie André Delferrière.
Une dramatique présentée par la petite-fille de George Sand, Aurore Sand, pour qui Césarine Dietrich est la seule héroïne maléfique de toute l’œuvre de Sand.
Césarine décide de séduire et d’épouser le seul homme qui n’est pas tombé sous son charme, quitte à détruire son ménage.
L’histoire est racontée du point de vue de la tante du jeune homme tombé dans les filets de Césarine.
Yvonne Gaudeau, que l’on connaît surtout pour ses rôles de grandes bourgeoises (cf par ex. sa Mme Jourdain dans Le bourgeois gentilhomme version Jean Le Poulain) s’amuse beaucoup à donner à son personnage un aspect diabolique, cruel. Le reste de l’interprétation est tout aussi bonne. Anita Soler, productrice de la dramatique, à la voix un peu vieillie, se réserve le rôle de la tante.

Concernant George Sand, il existe une adaptation - disponible actuellement nulle part – en 55 épisodes de 30mn de « Consuelo comtesse de Rudolstadt » (1979-80, réalisation de Jean-Jacques Vierne). Une dizaine d’épisodes, les premiers, se déroulent à Venise au XVIIIème siècle. L’héroïne est une jeune cantatrice (Dominique Arden en rôle parlé, Micaëla Etcheverry en rôle chanté) qui va apprendre son art avec le maître Porpora (François Périer). La musique, et il y en a beaucoup, est assurée par l’orchestre et la maîtrise de Radio France. Ensuite Consuelo va parcourir l'Europe, rencontrant notamment le jeune Joseph Haydn...


Atelier de Création Radiophonique - Bonjour masque ! Carnaval de Venise 1980
(01-03-1981)
par Jacqueline Harpet et Giovanna Minelli - réalisation Monique Burguière
avec Arnaldo Momo (metteur en scène), Giulia Mafai (maquilleuse), Giorgio Clanetti et Daniele Carrer (créateurs de masques), Donato Sartori (créateur de masques, laboratoire d'ambiance), Paolo Cossato (musicologue), Michela Brugnera (chanteuse), Madame Zandverdiani (costumière), Oscar Gabanotto (fabricant de marionnettes) et Alberto Semi (psychanalyste) - Nombreux extraits de spectacles enregistrés à Venise pendant le Carnaval aux Théâtres de l'Avogaria, del Mondo, Il Ridotto, La Fenice et Malibran
Une balade radiophonique dans le Venise carnavalesque : voyage dans l’espace, puisque nous parcourons le Venise de 1980, et dans le temps, à travers les récits des intervenants, et les lectures (« Mémoires » de Casanova).
Une fresque sonore, où les voix sont aussi importantes que les sons.
Le surtitrage des spectacles, notamment celui des Zanni est réussi. D’abord parce que tout n’est pas surtitré pour laisser l’auditeur apprécier les voix délirantes des acteurs déchaînés, et que les surtitrages sont aussi joués par des acteurs, et non platement lus comme c’est la cas habituellement. Le placement de ces surtitrages sur la bande-son du spectacle est fait avec art : l’acteur français (le toujours excellent Guy Piérauld) semble parfois répondre aux italiens, converser avec eux, la réalisation plaçant la voix française de telle manière qu’elle ne masque pas le spectacle.
Petite anecdote : Jacqueline Harpet, productrice à la radio depuis les années 40, n’est autre que Mme Alain Trutat, le créateur de l’Atelier de Création Radiophonique.

Curly 

Curly

286
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José Pivin - Jeu 19 Nov 2020, 18:05

José Pivin (1913-1977)

Rappel :
Extrait d'un billet du 24-11-2018
Retour sur José Pivin grâce à la diffusion de "Paysage rythmé : La Camargue". Après un générique bref et sec, les paysages vont se dérouler, et nous allons, parfois en un mouvement de va-et-vient passer d'un paysage à l'autre : les flamants roses, la culture du riz, les manades, les moustiques, les cigales, le mistral, la récolte du sel, pour finir avec une famille de gitans.
On entend ici le passage entre plusieurs "paysages" : aucune fioriture, une voix neutre assure la transition très sèche entre dressage de chevaux, le sel, manade et retour au sel, puis au dresseur, le tout en moins de quatre minutes : [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13915-24.11.2018-ITEMA_21901489-5.mp3" debut="34:46" fin="38:22"]
Les sons, les bruits sont aussi importants que les voix : [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13915-24.11.2018-ITEMA_21901489-5.mp3" debut="08:58" fin="13:01"]
C'est la troisième et dernière émission des "Paysages rythmés" (la seconde, "Chaleur", se passait dans les vignobles de la vallée du Rhône, à Gigondas il me semble, et m'avait un peu moins convaincu).
Petit complèment : José Pivin a aussi écrit de nombreux contes pour enfants, et l'hiver dernier, les "Nuits" avaient diffusé un "Noël des animaux"*.

Extrait d'un autre billet daté du même jour
Pour José Pivin toujours : (...) Il travaille régulièrement avec le compositeur Georges Aperghis (voir "Le chat botté").
(...) [l'INA a consacré à J Pivin un coffret de 4CD, ''Afrique''.] Il s'agissait d'un volume 1, et au vu du succès de l'ouvrage, il n'y aura visiblement pas de 2. Ce coffret contient notamment "L'opéra du Cameroun", et "Le transcamrounais", deux pièces majeures de l'œuvre de Pivin.
Autre gros morceau, hélas payant et toujours sur le site de l'INA, son feuilleton consacré à Lancelot, "Lancelot ou le chevalier à la Charrette", d'après Chrétien de Troyes, et où se superposent de manière magistrale plusieurs couches narratives : le récit de Claude Duneton, le récit en ancien français, les dialogues, interprétés par des acteurs, et une partie documentaire.

Le programme de nuit, îlot de culture (II) - Page 29 9931_t10
(Photo extraite de "José Pivin, vol.1, Afrique" (éd.INA)

Extrait d'un billet du 13-10-2019
..."Le château aux mille couloirs" de José Pivin, un conte de près de deux heures, diffusé pour les fêtes de fin d’année 1966.
Le début et la fin (très belle) suivent le schéma traditionnel du conte : un sabotier, dont la femme a disparu mystérieusement, vit avec sa fille Frédérique (Edith Scob) qui va être entraînée dans un château merveilleux par un jeune homme, Louvier (Pierre Vassiliu) qui souhaite retrouver la châtelaine. Il affirme qu'elle est sa mère, mais ce n'est pas sûr.
Alors que l’on pense que Frédérique va partir à la recherche de sa mère, l’on va se retrouver dans un château, à la recherche d’une châtelaine.
A la fin, José Pivin ne choisit pas la facilité : la châtelaine et la mère disparues ne sont pas la même personne. C’est mieux encore...
Dans le château à géométrie variable, plusieurs épisodes se succèdent, le plus important étant celui du fantôme noir (Roger Blin) qui crée ses fantômes en les gonflant comme des ballons.
On peut ajouter à cela un grillon colérique, une fantôme couturière, des draps magiques, de la confiture de cassis, une petite cuillère…
Pour la musique, José Pivin fait appel à un compositeur de choix, Georges Aperghis, avec qui il a plusieurs fois œuvré.
José Pivin a beaucoup écrit de contes dans les années 40, qu’il a réutilisés plus tard dans ses émissions pour France Culture, notamment dans la série « Fermez vos cahiers* ». Peut-être que ce Château aux mille couloirs est un mélange de plusieurs d’entre eux.

Le château aux mille couloirs (29/12/1966) de José Pivin
Interprétation Jean Topart (le narrateur), Edith Scob, Pierre Vassiliu, Marc Eyraud, Rosine Favey, Bernard Callais, Philippe Chauveau, Marie-Thérèse Arène, Sylvie Pelayo, Catherine George, Roger Blin, Jean Glénat et Nelly Borgeaud
Musique composée et interprétée par Georges Aperghis
Réalisation José Pivin
* Plus de lien vers le Noël des animaux. Le site a supprimé la page. Disponible encore sur PodCloud.

L’œuvre de José Pivin - celle qui est restée en tout cas, car les réalisations pour Radio Alger (années 40/50) semblent avoir disparu - est liée à l'histoire de France Culture. Il participe aux Ateliers de Création Radiophonique, dès 1969.
Sur les années à Radio Alger, quelques informations sont données dans l’article d’André Limoges et Jacqueline Blanc « La troupe de langue française de Radio Alger ».
Il existe aussi un blog où le même André Limoges raconte plus précisément ces émissions.

Quelques généreux extraits :
L’enfantine est née de l’imagination du couple José Pivin et Polène.
José Pivin (1913-1977) entre en 1942 à la Radio d’Alger qui porte le nom de Radio France jusqu’en 1945. Il assume la responsabilité du service littéraire de la station tout en collaborant à la revue littéraire « Fontaine » de Max-Pol Fouchet.
Il crée lui-même une revue littéraire « Soleil » en compagnie de Jean Sénac, Emmanuel Roblès et Jean Grenier publiant des auteurs algériens.
Après plus de quinze années passées à Radio Alger, rentré en France en 1958 José Pivin poursuit sa tâche de réalisateur à Radio France – Une de ses dernières grandes réalisations :

                                                                    Le programme de nuit, îlot de culture (II) - Page 29 Opera698

L’émission enfantine est diffusée le jeudi matin – jour de congé hebdomadaire des enfants – de 11 h à 12 heures après une répétition  de 9 heures à 11 heures.
Elle se compose d’un feuilleton en plusieurs épisodes, et d’une partie animation faite de jeux, concours et d’une illustration musicale.
Le feuilleton diffusé sur plusieurs semaines est écrit par José Pivin qui adapte les grandes légendes telles que « Le Roi Midas », ou « Le joueur de flûte » de Hamelin.
Ces mini dramatiques sont interprétées, en direct, par une dizaine d’enfants et d’adolescents que Polène forme au fil des années – Et que viennent renforcer des comédiens  adultes de la Troupe dramatique de la station.
Certains de ces comédiens s’adaptent tellement bien au jeu des enfants, qu’ils deviennent des « titulaires » de l’émission : Charles Amler, Jean Glénat, Catherine George ou André Lesage. Pour les séries comportant plus de personnages, des comédiens extérieurs à la troupe de Radio Alger les rejoignent : Michel Aumont (Comédie Française), Pierre Bonzans, Marcel Lemarchand (ex-Comédie Française ) France Noelle (ex- Comédie Française) etc…

Cette partie de l’émission est répétée par les comédiens, grands et plus jeunes sous la direction du  réalisateur et avec le concours du technicien. En effet musiques d’ambiance et bruitages ont une grande importance, dans l’accompagnement du texte, pour arriver à l’effet souhaité de magie, de vagues, de vent, ou tout simplement de mystère.
Certaine adolescente, invitée pour la première fois de l’émission, découvre avec étonnement et peut être un peu de déception, que le grincement sinistre qui l’effrayait tellement dans un feuilleton, n’est autre que la manipulation du pupitre du piano habilement actionné par le bruiteur.
Le conte constitue à peu près le tiers du temps de l’émission.
La partie animation est l’affaire de Polène seule, qui jette quelques uns des thèmes principaux sur un papier distribué au dernier moment aux adolescents habitués de l’émission, et déjà rompus aux risques du direct.
Mais cette partie n’est quasiment pas répétée et le temps presse… Il y a donc lieu de craindre le pire, qui, miraculeusement ne se produit pas, même si tout à coup Polène rajoute une dernière page oubliée, ou en supprime une parce que l’on est trop long ce jour-là.
(...) L’émission se déroule dans les studios du 10 de la rue Hoche, et le jeudi matin la petite cour du bâtiment Radio semble devenir une cour de récréation.
Pour mettre un peu d’ordre dans le déroulement des différentes séquences la présence d’un réalisateur, inquiet à l’idée de ce qu’il découvrira à la dernière minute, n’est pas superflue : José Pivin réalise lui-même l’émission pendant plusieurs années, relayé ensuite par André Lesage, Jean Schetting et André Limoges.

Les contes écrits par José Pivin pour cette émission seront remaniés pour la série "Fermez vos cahiers" sur France Culture en 1964-65. Les 54 épisodes ont été conservés par l'INA.

Durant les années 60, José Pivin va progressivement abandonner le micro, et les entretiens de « Tous les plaisirs du jour sont dans la matinée » (1959-63) et « Au cours de ces instants » (1963-68) pour devenir un auteur qui a marqué, jusqu’à sa disparition en 1977, les ondes de France Culture.
Il fait partie des quelques auteurs de radio qui ont pu explorer l’art radiophonique. Aujourd’hui, cet art est revenu à un état larvaire. Peu d’émissions surnagent. Le tour de passe-passe de la direction actuelle consiste à faire avaler des commentaires d’actualité et des promotions de nouveautés culturelles - non radiophoniques évidemment - pour de la culture. A cet égard, et à titre d’exemple, le récent touitte d’Arnaud Laporte montrant la photo de trois livres qu’il promeut, à l’occasion de la vaseuse journée du livre, comme s’il s’agissait de trois patates dans un étal de fruits et légumes, est particulièrement significatif, et pathétique. Sur France Culturre, on vend des produits culturels par kilos.

Quelques réalisations de José Pivin. Les informations viennent de l’Inathèque.
- Jean-Loup La Pipe, feuilleton en 17 épisodes de 30mn, 1971. Avec Suzanne Pivin, Jean Topart, Serge Martel, Douta Seck, Catherine Sellers.
Le descriptif laisse rêveur : «  histoire de Jean-Loup et de sa pipe en forme de tête. Mais il ne s'agit nullement d'un objet sculpté. La pipe de Jean-Loup est une racine de bruyère extraite telle quelle du terreau d'une forêt du Nord. Toujours est-il que cette histoire d'un homme et d'une pipe quasiment humaine entraîne l'auditeur sur des îles désertes, lui fait rencontrer des phoques blancs et lui tend des clefs mystérieuses.
Au premier plan, les enfants de Boulogne sur Mer et d'Etaples jouent l'aventure en chambre, sans autre décor sonore que leur accent du Nord et leur sincérité. Au second plan, Jean-Loup la Pipe chuchote parfois à l'oreille des enfants. Mais il lui arrive de participer hardiment à l'action. Ou de se faire conteur, en prenant ses distances.
Il y a aussi le plan de la réalité telle quelle : un cap-hornier avec ses bruits et ceux qui viennent de la mer.
Enfin, un quatrième plan est tissé de chansons sur la brume, les vagues, la marée, les îles, les canards sauvages...
"Le tout, dit José Pivin, voudrait toucher une imagination sans images (...), le son gardant son indépendance malgré le support des mots, pour susciter un monde qui ne bute pas contre des formes". »

- A la poursuite des maillots noirs, 50 épisodes d’une vingtaine de minutes
Descriptif, qui laisse pantois : « un insolite périple africain.
Ce feuilleton innove par sa forme, alternant les séquences de fiction, des extraits de récit de voyage de José Pivin, lu par Suzanne Pivin et des reportages enregistrés entre janvier et mars 1973 en Afrique de l'ouest qui sont autant de témoignages ethnographiques avec des images sonores du Sénégal, Mali, Niger et du Bénin.
La partie fiction met en scène un groupe de bandits (les Maillots Noirs) qui ont volé un bâton magique de bambou vert lors d'une course de relais et d'autres personnages qui vont se lancer à leur poursuite pour le récupérer.
Cette enquête va conduire l'auditeur à voyager dans des contrées souvent reculées d'Afrique de l'ouest, de découvrir des pratiques et modes de vie traditionnels et d'aller à la rencontre de figures emblématiques de la culture africaine.
Les épisodes 8, 21 et 44 sont entièrement dédiés à la fiction. Aussi, les épisodes 9, 25 et 26 ne comportent que du reportage.
A noter aussi la présence dans les épisodes 1, 3 et 8, d'interviews du jeune écrivain congolais Sony Labou Tansi, âgé de 26 ans, qui nous livre ses impressions sur son voyage de l'Afrique vers la France et sur les différences culturelles qu'il a pu constater. Ses témoignages sont ses premières interventions à la radio.
Les improvisations musicales de Jean Wiener sont faites à partir de textes et de lignes mélodiques écrites par José Pivin.
Les personnages principaux :
Le jeune Sandar : personnage central, qui part à la recherche du bâton magique
Monsieur et Madame Terril : les parents adoptifs de Sandar
Les Maillots Noirs : Poil de chat, Cercle de Lune et Laragne
Bobolino, le joueur de tam-tam
Katitigaga, la joyeuse sorcière »

- Aquarium, 20 épisodes de 10mn, 1977.
« Séries de 20 émissions enregistrées de 1975 à 1977, consacrées à l'étude de la stéréophonie en tant que moyen d'expression. Recherches radiophoniques faites à partir de sons et de textes traités comme une partition musicale. Les textes sont lus par de grand(e)s comédien(ne)s (Michaël Lonsdale, Alain Cuny, Suzel Goffre...). »

- Le Phar…, poème dramatique radiophonique, 3h50, 1972.
Musique originale Georges Aperghis - Interprétation Roger Blin, Daniel Colas, Edith Scob, Madeleine Marion, Hélène Dieudonné, Roland Dubillard, Suzanne Pivin, Jean Martin, Marie-Claire Achard, Lucien Frégis, Tania Balachova, Gabrielle Centanini, Carole Grove, Jean Péméja, Henri Gilabert, Sylvain Solustri et Michael Lonsdale

Pour cette dernière œuvre, aucune information n’est disponible pour le moment.
A suivre donc, car les Nuits ont eu l’heureuse idée de proposer « Le Phar... » dans la nuit du 14 au 15 décembre prochain…

Curly 

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Pierre Dac & Francis Blanche - George Sand - Viollet-le-Duc - La Commune - La Russie au XIXème siècle - Philip K.Dick - Dim 22 Nov 2020, 15:05

Faites chauffer la colle (06/11/1949 Chaîne Parisienne) 
par Pierre Dac et Francis Blanche - réalisation Pierre-Arnaud de Chassy–Poulay 
avec aussi  Denise Alberti, Jean-Marie Amato (alias Tagliatelli), Jacques Benetin, François Chevais, Edith Fontaine et Jean Fontaine.
Il ne reste que trois émissions de ce « Faites chauffer la colle » hebdomadaire, dont une incomplète. En voici une.
La parodie des journaux et reportages de l’époque, ainsi que des annonces et autres publicités est la base de ces émissions. Il y eut au départ en 1946 «L’œuf à la coque »  de Blanche et Pierre Cour, puis, avec Pierre Dac, « Le parti d’en rire », « Faites chauffer la colle », « Studio 22 », et la première aventure de Furax, « Malheur aux barbus » (1951-52).
Ce « Faites chauffer la colle » ne provoque pourtant pas beaucoup d’éclats de rires. Il est difficile de juger une série dont seules quelques miettes ont subsisté. Le reportage sur la ville de Presque est un décalque de celui sur les mines de Rien (« L’œuf à la coque »), le reportage sur les pêcheurs de lames rappelle celui sur la pêche à la quenelle…
Les jeux de mots sont ici assommants, débités par tonnes.
Deux éléments demeurent amusants : le saucissonnage des chansons de Charles Trenet (Blanche avait au début des années 40 écrit pour lui une étude comparative sur le débit de l’eau et le débit de lait), dont les chansons sont passées à la moulinette de manière systématique, et la rubrique « chantages » qui préfigure un sketch du Monty Python's Flying Circus reposant exactement sur la même idée.
Il existe dans d’autres émissions de Dac et Blanche de bien meilleurs moments, comme la Chanson de Roland adaptée en film hollywoodien « Mister Roland Blows His Horn »)...

Si Peau d’Âne m'était conté par Géraldine Gérard - La petite Fadette (07/07/1961 Chaîne Parisienne)
d’après George Sand - réalisation : René Jentet
avec Pierre Constant, Henri Poirier, Eve Griliquez et Edith Loria.
Invité : Raphaël Sorin
Dans le court entretien avec le très jeune écrivain Raphaël Sorin, Géraldine Gérard est pleine de condescendance. On se demande bien l’utilité de cette introduction, puisque l’intérêt principal est la dramatique qui suit. Le choix de « La petite Fadette » est présenté comme celui de l’invité. Ce choix, est, on le comprend facilement, en réalité imposé par la productrice.
La dramatique reprend trois scènes du roman de George Sand et résume le reste afin de former un tout cohérent.
« Si Peau d’Âne m’était conté » deviendra en 1962 « A l’enseigne du merveilleux » - l’invité va disparaître – et en 1965 passera de 30mn à 55mn. La série s’arrêtera en 1968. Il est intéressant, en écoutant les quelques émissions proposées par les nuits, de constater comment au fil du temps le réalisateur René Jentet va gagner en audace. Les différents épisodes disponibles ont déjà été signalés dans un autre billet.

Les contes de George Sand :
- une belle adaptation de « La véritable histoire de Gribouille » par Maurice Toesca, réalisée par Georges Gravier en 1976, et disponible actuellement nulle part, cf un précédent billet,
- deux CD reprenant quatre « Histoires du Pince-Oreille ». Trois « Contes d’une grand-mère » adaptés par Catherine de La Clergerie en 1994 : Le nuage rose, Le chêne parlant et Les ailes du courage (en deux parties).

                                                        Le programme de nuit, îlot de culture (II) - Page 29 Sand10

Une promenade en Berry avec George Sand (04/11/1961 Chaîne Parisienne)
par Jean Cosmos - Interprétation : Jacqueline Maillan, José Artur, Maurice Biraud et Henri Virlojeux
réalisation : Claude Dupont
George Sand ressuscite momentanément, car il lui est impossible de refuser une invitation de José Artur, même post-mortem.
L’auteur de l’entretien est Jean Cosmos, auteur de nombreux « Maîtres du mystère » et de plusieurs scénarios pour Bertrand Tavernier.
Évocation de quelques coutumes berrichonnes, et de sa vie, avec de brusques accélérations parce que le temps tourne...
Alternances entre l’entretien, quelques scénettes en compagnie des deux vieillards du village qui ne vieillissent jamais malgré le passage du temps, et des chansons (Trenet, les Frères Jacques…).

Les samedis de France Culture - Viollet-le-Duc, le bâtisseur (14/06/1980)
par Pierre Sipriot
avec : Jules Roy (écrivain), le père Hugues Delautre (franciscain, vicaire à la paroisse de Vézelay de 1966 à 1981), Giulio Carlo Argan (historien d'art, maire de Rome de 1977 à 1979), Alain Erlande-Brandenburg (historien d'art), Charles Bourely (architecte), René Nelli (écrivain, petit-fils d'un ouvrier de Viollet-le-Duc à Carcassonne), Martine Bailleux (conservatrice au musée Louis-Philippe du château d'Eu) et Jean-Jacques Aillagon (sous-directeur de l'École Nationale des Beaux-Arts) - lectures : François Chaumette et Jean Negroni
réalisation : Marie Vouilloux
Si la biographie de l’architecte n’est pas absente, ce sont plutôt quelques unes de ses œuvres qui constituent l’armature de ce « Samedi de France Culture ».
Les restaurations :
- La basilique de Vézelay
- Carcassonne
- Notre-Dame de Paris
- Le château d’Eu
Et enfin, avec Jean-Jacques Aillagon, les archives de Viollet-le-Duc.
Une émission extrêmement bien construite, et très vivante. Ce qui n'est pas toujours le cas dans

« Analyse spectrale de l'Occident »
La Commune de Paris (12/06/1965)
par Pierre Sipriot
avec : Henri Guillemin (critique littéraire, historien, conférencier, polémiste, homme de radio et de télévision), Emmanuel Berl (journaliste, historien, essayiste), Adrien Dansette (historien, juriste), Pierre Descaves (écrivain, chroniqueur, homme de radio), Jacques Rougerie (historien spécialiste de la Commune de Paris), Philippe Vigier (historien contemporanéiste spécialiste de la Deuxième République), Henri Lefebvre (philosophe) et Georges Lefranc (historien spécialiste du socialisme et du syndicalisme)
lectures : Jean-Paul Moulinot, Robert Party et François Périer

& Les transformations de la Russie au XIXe siècle (20/05/1967)
par Stanislas Fumet
avec : Zinaïda Schakovskoy (écrivain, historienne, critique littéraire, journaliste), Nikita Struve (éditeur, auteur, traducteur), Roger Portal (historien, directeur de l'Institut d’études slaves), François-Xavier Coquin (historien, spécialiste de l'histoire de la Russie contemporaine), René Girault (historien des relations internationales) et Alain Besançon (historien de la Russie et de l'Union soviétique)
lectures : Pierre Delbon
L’émission sur La Commune de Paris est dense : rappels historiques, puis débats vifs entre historiens, qui sont parfois abruptement coupés en plein élan.
Celle sur la Russie est plus terne, et le mot est faible. La lecture de Pierre Delbon d’un texte de Tolstoï vient seule réveiller l’auditeur. Non pas que les intervenants soient inintéressants, mais ils se contentent de déchiffrer le texte qu’ils ont écrit pour l’occasion. Certaines voix adoptent un ton d’un autre temps, il est difficile de ne pas sourire parfois…
En plus, pour un auditeur non familiarisé avec la société russe du XIXème siècle, il est difficile de suivre certaines notions, des termes étant utilisés sans aucune explication. C’est comme si nous lisions des études sans aucune note en bas de pages.
L’ensemble balaie beaucoup de domaines, car le sujet est immense.
Dans une émission de deux heures sur la Commune, il est plus facile de traiter l’ensemble de l’évènement, ses tenants et aboutissants. C’est beaucoup plus compliqué quand le sujet choisi est bien plus vaste.

Philip K.Dick
Un  petit mot concernant la mamate à Guillaume-tic-tac-tic-tac-driiiiiing-il-est-sept-heures-Erner consacrée à Philip K.Dick, mais surtout à une promo pour Gallim’ & pour un auteur dont le sujet d’étude unique est son propre nombril (re-couche de promo pour le dernier ouvrage clash & buzz + réédition prochaine de sa biographie de K.Dick), quitte à passer par le truchement de K.Dick ou d’un autre… et qui fut quand même il y eut un temps un peu moins ego-centré dans ses écrits (par ex. lorsqu’il fut critique cinéma dans la revue Positif au tournant des années 70/80).
Mais quand même, une affirmation sacrément gonflée sur la page des mamates : « Emmanuel Carrère (…) a fait connaître Philip K. Dick au grand public français ». En 1993, pensez donc, il existait déjà pléthore d’éditions de poche des romans et nouvelles, et même la radio lui avait consacré des émissions, et pas des moindres.
Tiens, une nuit Philip K.Dick de 2012, et en plus toujours disponible à l'écoute.
Son contenu : trois émissions dont deux d’avant 1993.
Le fil rouge : un entretien avec Philippe Hupp, créateur du fameux Festival de Science-Fiction de Metz.
Et puis :
Une dramatique d’exception, l’adaptation en 1976 par Catherine Bourdet (qui a adapté pour France Culture entre 1976 et 1987 près de vingt textes de science-fiction, de Michael Crichton à  Asimov, en passant par Gérard Klein, André Ruellan ou Stefan Wul) du « Maître du Haut-Château », suivie d’un « Surpris par la nuit » de 2004, «Coulez mes larmes, dit le musicien », et d'« Une vie, une œuvre » de 1991.
Entre la mamate spéciale promo à Guillaume-co-co-ricooooo ! et les nuits, y’a pas à hésiter une seule seconde, pas même un tic-tac.

Philaunet 

Philaunet
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''Naissance de la mère, naissance de l’enfant'' (1981) - Mer 02 Déc 2020, 19:42

Alors qu'une bonne partie de la population est nourrie quotidiennement de chiffres de décès, que certains passent leur temps à étudier les statistiques de mortalité données dans les médias (FranceCulture2020 n'étant pas en reste), il est revigorant d'écouter une émission sur la naissance, surtout un numéro des "Nuits Magnétiques" datant de 1981, rediffusé en 2018 dans le programme des Nuits : Naissance de la mère, naissance de l’enfant par Laurent Danon-Boileau - Réalisation Bruno Sourcis.

Narrations croisées qui rappellent la structure en vogue des romans de l'époque (on pense à La Vie mode d'emploi de G. Perec, 1978) émaillées de quelques chansons complètes (B. Lapointe, "La maman des poissons", p.ex.), les récits sont tous captivants, drôles la plupart du temps. On ne sent jamais cette sensiblerie omniprésente de nos jours avec option narcissisme et psychanalyse à la petite semaine.

Des paroles de femmes (et celle d'un seul homme, photographe) qui pour certaines marquent la mémoire.

Aussi, merci pour ce conseil d'écoute proposé en en-tête du forum ces trois derniers jours :

Le programme de nuit, îlot de culture (II) - Page 29 Scre1583

Curly 

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Femmes de Sardaigne - Deux Nuits magnétiques sur la danse - Paris 1900 - Tolstoï - Dostoïevski - Ven 04 Déc 2020, 20:09

La matinée des autres - Femmes de Sardaigne (07/02/1984) 
par Maria Manca et Diane Secci - réalisation Arlette Dave
Un documentaire sur les conditions de vie des femmes de Sardaigne, qui une fois mariées se retrouvaient (se retrouvent encore ?) femmes au foyer à gérer les affaires de la famille, surtout lorsque leur mari, berger, était absent pour raison professionnelle, ce qui arrivait souvent.
Laissons les accroches simplistes que l’on trouve sur la page de présentation du site comme « On découvrait des femmes fortes pour qui, "les femmes avaient le dessus sur les hommes, patrons ou pas…". »
Il manque une précision. Si l’on connaît l’Italie quelque peu, cela paraît surprenant. En effet, il manque la suite : il est précisé ensuite que si les femmes ont cette impression de supériorité, c’est que leur mari les laissait seules au foyer pour gérer les affaires. Mais lorsque celui-ci rentrait, c’était lui le maître. L’émission revient sur cette société, alors là, pour le coup, bien patriarcale.
Si les ouvrières s’amusaient à humilier les hommes trop entreprenants, elles n’avaient pas la même place que les hommes dans cette société.
L’émission présente des témoignages de femmes - mais on y entend aussi un homme - qui ne sont heureusement pas traduits en simultanée, et une analyse plus distanciée, le tout agrémenté de lectures d’extraits d’un ouvrage de Maria Jacob qui rapporte des anecdotes sur la vie en Sardaigne durant la première moitié du XXème siècle.

Deux Nuits magnétiques sur la danse
Isadora Duncan, la danseuse aux pieds nus (14/04/1987) 
par Francesca Isidori - avec Madeleine Lytton (danseuse, chorégraphe, élève de Lisa Duncan), Rhodia Dufet-Bourdelle et Maurice Lever (historien de la littérature) - réalisation Hélène Pommier
Une heure qui retrace la vie de la danseuse de son enfance à sa mort tragique, vue comme une sorte de suicide par beaucoup de proches de l’artiste.
L’émission est bien construite : sa carrière, sa vie privée mouvementée, ses apports dans le domaine de la danse.

Pina Bausch et le Tanztheater de Wuppertal (08/04/1985) 
par Chantal Aubry - avec Dominique Mercy (danseur), Jean-Laurent Sasportes (danseur), Jean-François Duroure (danseur, chorégraphe), Anne Martin (danseuse, chorégraphe, chanteuse), Lutz Förster (danseur), Jacques Patarozzi (danseur, chorégraphe, moine zen)… et Pina Bausch (danseuse, chorégraphe) - réalisation Jean Couturier
Ce qui était fait durant une heure dans l’émission sur Isadora Duncan l’est fait ici très rapidement, soit le style particulier de la chorégraphe et les nouveautés qu’elle a apportées dans cet art.
Pour le reste : témoignages de danseurs qui sont plus enclins à parler d’eux même, à faire des catalogues de spectacles auxquels ils ont participé, ou auxquels ils n’ont pas participé…
Et l’on comprend que la parole de Pina Baush - que l’on entend un peu au début, mais surtout à la fin - soit rare, car elle n’a manifestement pas grand-chose à dire, si ce ne sont des banalités, des généralités.

Trois Analyses spectrales de l'Occident
Paris 1900 (03/06/1967)
par Pierre Sipriot - Avec Emmanuel Berl (journaliste, historien, essayiste), Maurice Genevoix (écrivain), Jacques Chastenet (historien, diplomate, journaliste et académicien), Georges Cattaui (écrivain) et Madame Simone (comédienne, femme de lettres) -Textes de Jules Renard, d'Emmanuel Berl et de Marcel Proust, lus par Henri Crémieux
Ce ne sont que quelques aspects de ce Paris en 1900, avec quelques débordements dans les décennies suivantes, mais peu importe.
La politique est vite évacuée.
D’abord l’Exposition Universelle, puis bien plus longuement, le théâtre, avec un bel entretien entre Madame Simone, actrice vedette du début du siècle, et Véra Feyder.
Ensuite les Jeux Olympiques, et le début des clubs sportifs.
En fin d’émission un long débat coupé en plein vol sur la biographie de Marcel Proust écrite par George Painter. Une fois l’ouvrage présenté par Pierre Sipriot, Georges Cattaui et Emmanuel Berl, qui a bien connu Proust, s’empressent de le laminer.
Painter offre dans son ouvrage une description par le menu de toute la société de l’époque, non sans quelques erreurs qui sont signalées avec empressement. Berl et Cattaui reprennent les propos de Proust lorsqu'ils soulignent avec justesse que l’œuvre en dit plus que la biographie.

Tolstoï (13/03/1965) - pas de lien -
par Pierre Sipriot  - Avec Maurice Genevoix (écrivain), et les Académiciens Henri Troyat  (écrivain, académicien), Jean Guéhenno (écrivain, critique littéraire)  et André Maurois (romancier, biographe, conteur, essayiste) - Lectures  Alain Cuny, Fernand Ledoux et Silvia Monfort 
Le meilleur de l’émission, ce sont les lectures, qui ne sont finalement pas si nombreuses.
Les thèmes choisis sont ébouriffants : l’amour (lecture d’extraits d’Anna Karenine par Sylvia Montfort et La sonate à Kreutzer par Alain Cuny) et la mort avec le résumé de La mort d’Ivan Illitch dont quelques extraits sont lus par Fernand Ledoux.
Les intervenants ne disent rien de bien original sur Tolstoï, ce sont des résumés et des exercices d’admiration un peu vains.

Dostoïevski (02/04/1966) 
par Stanislas Fumet - avec Nina Gourfinkel (écrivain, Docteur ès Lettres), Dominique Arban (journaliste, critique littéraire, femme de lettres), Konstantin Andronikof (diplomate, écrivain, interprète de Présidents de la République français), Boris de Schlœzer (écrivain, musicologue, traducteur), Paul Evdokimov  (professeur de théologie orthodoxe à l'Institut Saint-Serge à Paris,  observateur invité au concile Vatican II) et Olivier Clément (écrivain,  poète, théologien orthodoxe, professeur à l'Institut théologique  orthodoxe de Saint Serge à Paris) - lectures Renaud Mary 
Dostoïevski est mieux servi. Plusieurs essais sont lus par leurs auteurs.
Sa vie, les différents courants de pensées de l’époque, la psychologie dans l’œuvre de Dostoïevski…
Boris de Schlœzer, qui a traduit plusieurs grands romans russes, insiste sur l’importance et la grande richesse des dialogues et des monologues.
Si le thème de l'amour est encore abordé ici, c'est la partie religieuse qui retient plus les oreilles, avec l’histoire des starets qui vont inspirer le Zosime des Frères Karamazov. Olivier Clément, qui lit son propre essai, a une voix d’un autre temps, mais qui ne fait pas sourire longtemps : il s’emballe, s’emporte, est pris dans son texte, nous emportant avec lui.
Pour finir, la lecture d’un extrait de la partie « Les noces de Cana » des Frères Karamazov.



A noter, pour finir pour de bon, sur le site de la BNF, un article de Marion Chénetier-Alev, illustré de nombreux extraits sonores, sur le théâtre à la radio : les captations scéniques et les enregistrements en studio, le Club d'Essai, l'Atelier de Création Radiophonique et le Nouveau Répertoire Dramatique de Lucien Attoun.

Curly 

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Mexico dans ''Les nuits magnétiques'' - Henri Storck par Philippe Esnault - Dim 06 Déc 2020, 13:07

Nuits Magnétiques - Du Zocalo au Salon Colonia, retour à Mexico (28/01/1998) 
par Colette Fellous - avec Georges Lavaudant, Joani Hocquenghem et René Solis - réalisation Jacques Taroni
Promenade dans Mexico, durant laquelle Colette Fellous entremêle trois entretiens avec des connaisseurs francophones :
- le metteur en scène Georges Lavaudant, au bar de l’Opéra puis sur le site de Tehotihuacan.
- l’écrivain Joani Hocquenghem dans le quartier de Zocalo raconte les liens entre police, armée et pouvoir, en passant par les mouvements révolutionnaires (Zapata, Chiapas).
Au Mexique, on a accueilli (nous sommes à la fin des années 90) l’équivalent des « Guignols de l’info », émission satirique à base de marionnettes qui eut en France son heure de gloire, mais la satire ici a des limites sacrées, qui sont : la vierge de Guadalupe, le président en place, et l’armée. Est-il possible d’encore parler de liberté d'expression ?
- le traducteur et journaliste René Solis raconte le tremblement de terre de 1985.
Il est, bien sûr, aussi, souligné l’extrême contraste entre le côté festif et joyeux du pays et sa violence.

Cette émission est la troisième d’une série intitulée « Mexique, dernier soleil »
Le reste :
1- La ville impossible
2- Oaxaca ou la guerre des mots
4- Dans le parc de Chapultepec
5- Le Chiapas et la figure de Marcos


Surprises de vues
par Philippe Esnault
Philippe Esnault, dès les années 50, a enregistré les témoignages des pionniers du cinéma, souhaitant conserver les voix de ceux, du réalisateur au technicien, qui ont fait l’histoire du cinéma. Il a couvert ainsi tout le cinéma français jusqu'aux années 90.
L’idée est ambitieuse, et Philippe Esnault a l’idée de rencontrer des personnalités moins connues, ou pas connues du tout, qui peuvent avoir un discours moins policé que les grands noms rompus à l’exercice de l’entretien.
Le fond qu’il a créé, « Les archives sonores du cinéma français », a donné lieu notamment à une série de dix émissions diffusées durant l’été 1982, « Cinéromans », dont il a été trop peu question ici-même (cf ici, où pour un extrait avec le bruiteur Joé Noël). « Cinéromans » racontait l’histoire du cinéma français jusqu’en 1939.
L’été suivant, nouvelle série, cette fois-ci sur le cinéma documentaire francophone.
Il conviendra de revenir sur deux autres parties (Pierre Perrault et Georges Franju).
Pour cette série, en dix parties à nouveau, Philippe Esnault va rencontrer, outre quelques documentaristes connus, plusieurs opérateurs d’actualités, et des explorateurs qui ont filmé ou fait filmer leurs expéditions (Cousteau, Tazieff, Casteret...)

3 & 4 - Henri Storck, Le plat pays qui est le sien (17 & 18/08/1983) – pas de liens -
Il fallait bien deux parties pour que le documentariste belge raconte, en ponctuant de moult « bon » et « ékcétéra », son enfance à Ostende, ses débuts dans le cinéma, ses premiers documentaires, ses tentatives dans le film de fiction, et son intérêt pour le travail des ouvriers et des paysans ainsi que pour la peinture, de Paul Delvaux à Rubens, en passant par Félix Labisse dont il fut un proche et avec qui il travailla.
Il va réaliser un film surréaliste « Idylle à la plage », qui va faire scandale suite à un énorme malentendu. Alors que Fritz Lang, venu en personne pour une avant-première en Belgique, a fini de présenter son film « M le maudit », les organisateurs envoient la projection du film de Henri Storck prévu en première partie, provoquant la fureur de nombreux spectateurs.
Henri Storck porte un regard particulièrement lucide sur son œuvre, son engagement politique, ainsi que sur l’esthétique du documentaire, où la caméra tend à se faire oublier un maximum.
S’il a cru au mouvement communiste, il a déchanté dès le début des années 30, même s’il est resté très à gauche.
Son film, « Borinage », co-réalisé avec Joris Ivens, reprend tous les poncifs du film de propagande communiste. Henri Storck l’admet, et reconnaît que cet engagement est celui d’Ivens, lui s’intéressant plus à dresser un portrait de la souffrance ouvrière.
Après s’être détourné de la fiction, Henri Storck va travailler essentiellement sur commande.
Concernant les documentaires, il regrette que l’on n’ait pas fait suffisamment confiance aux images seules, et que les producteurs ou les commanditaires aient toujours exigé un nappage envahissant de musique ainsi qu’un commentaire omniprésent et redondant.
Autre chose évidente : il rappelle qu'un documentaire est forcément subjectif, et ceci dès que l’opérateur choisit un angle de prise de vue plutôt qu’un autre. Sans parler du montage...

Curly 

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Pierre Perrault & Georges Franju - Lun 07 Déc 2020, 21:37

Surprises de vues par Philippe Esnault - suite du début)
Les deux premiers numéros de la série donnent la parole à deux forts caractères.

1 - Les vacances de Pierre Perrault (15/08/1983)
C’est en enregistrant des voix qu’il a, à un moment donné, éprouvé le besoin de passer par l’image, car, selon ses dires, sans cela on ne savait pas qui parlait.
Pierre Perrault, homme de radio donc, a produit de nombreuses émissions pour Radio Canada, près de 700 entre 1955 et 1966.
Cela explique aussi l’aisance, la volubilité dont il fait preuve durant l'entretien.
Pour la radio, il a parcouru le Québec avec son magnétophone, avant de passer à la caméra.
Il est aussi poète. Nous pouvons en entendre un durant l’émission.
Pour compléter :
- Son bon plaisir sur France Culture en 1995, par Marie-Hélène Fraissé, avec Pierre Perrault, Guy Gauthier, Michel Serres, Claude Guisard, Jacques Douai, Gaston Miron, Claude Duneton et Claude Guizard - réalisation Rosemary Courcelle
- Ses films, disponibles gratuitement sur le site de l’Office National de Film du Canada.
La série de films « Au pays de Neufve-France » (13 X 30mn, 1960) est au départ une émission de radio (1956-57, Radio Canada). Heureusement que l’ONF offre pour chaque film une petite présentation de quelques lignes, bien utile pour les spectateurs peu familiers avec le monde québecois.
- Un documentaire radiophonique en deux parties : 1) Le cinéaste et le poète  2) L’homme de radio et l’homme engagé (Radio Canada, 2016).
Avec : Joël LeBigot (présentateur), Marie-Ève Soutière (narratrice), Jean-Philippe Pleau (collaborateur), Mathieu Beauchamp et Charles Plourde (réalisateurs)

Explication du titre : Pierre Perrault ne se considère en vacances que lorsqu'il prépare un film.

2 – Les vertiges de Georges Franju (16/08/1983)
L’entretien avec Georges Franju est un montage d’un entretien plus long dans lequel Philippe Esnault a gardé la partie consacrée aux documentaires.
L’Ina signale deux entretiens de plus de trois heures chacun enregistrés le 11 et 12 octobre 1982.
En introduction, Georges Franju attaque Méliès et ses rêves qu’il impose au spectateur.
Il l’a pourtant connu, et lui a même consacré un court métrage.
Franju, c’est toujours un spectacle radiophonique. Les propos sont bruts de décoffrage, et, comme souvent avec le réalisateur, les images qu’il emploie dans son discours, les histoires qu’il raconte, sont plus fortes que celles de bien de ses films. La manière qu’il a de décrire les décors des films muets ou de raconter des scènes de ses films qui ont été coupées ou non tournées, titille plus l’imagination de l’auditeur que les films eux-mêmes.
Encore que ses deux premiers courts métrages, « Le sang des bêtes » et « Hôtel des Invalides », soient particulièrement marquants. La partie de l’entretien qui porte sur ces deux films est la plus haute en couleurs, et, heureusement, la plus longue.

Franju s’amuse beaucoup durant cet entretien. Le morbide l'attire, l'humour noir aussi. C’est un vrai numéro d’acteur.
Plusieurs moments délectables, notamment celui où il raconte que « Le sang des bêtes » a été projeté par erreur à un public enfantin, qui a ri pendant toute la projection. Philippe Esnault demande si les parents n’ont pas réagi. Bien sûr que non, répond Franju, puisque ça faisait marrer les enfants !

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