Philippe Garbit parti, plus de grands feuilletons d'aventures. Finis les Mystérieux docteur Cornélius, Mystère de la chambre jaune, Comte de Monte-Cristo, feuilletons puisés dans les programmes des années 70/80, période où la fiction sur France Cu, riche, variée, avait les moyens de ses ambitions.
Retour à l'Histoire, à la politique, avec pour l'été 2022 un grand feuilleton politico-historique une fois de plus présenté comme s'il était tout frais de cette année. Mensonge par omission comme d'habitude. Le feuilleton, de quand date-t-il ? En l'absence de date, la direction peut semer le doute, mais, et c'est le plus probable, peut ne pas en semer du tout dans l'esprit de nombreux auditeurs qui vont tout simplement penser que ça va de soi, c'est du tout frais pondu pour cet été.
Les vraies nouveautés de cet été sur le plan fiction, ce sont encore, une nouvelle fois, les fameuses lectures sinistres et en public du festiv' d'Av'.
Entre les "Textes nus" de Claude Santelli des années 80 et ça, quel grand écart, calamitas... calamitas... Faut avoir du courage, ou alors être inconscient, ou alors encore penser que la fiction radio est forcément chiante, forcément politique, souvent mal jouée, et forcément à partir de textes qui doivent tous dire quelque chose de notre aujourd'hui qu'ils prennent à bras le corps. Parce que c'est la Ligne Générale.
Le texte écrit par la direction et la cheffe de ce qui reste du département fiction, surtout par la première dont on retrouve ici le style inimitable, pour présenter cet ensemble de huit lectures est une fois de plus pompeux à souhait, balançant à la volée les formules les plus prétentieuses pour masquer la misère, et éviter que les éventuels lecteurs de ce bidule se rendent comptent qu'ils se font enfumer.
"ambition de toucher tous les publics...
Notre monde a plus que jamais besoin de récits…
Et le sens que nous entendons leur donner est une nécessité pour lutter contre tous les bouleversements qui fragilisent nos sociétés : guerres, catastrophes climatiques, pauvreté, exils.
Les poètes, écrivains, dramaturges, mais aussi les acteurs et les musiciens (...) Ce qui les relie, c’est leur extrême attention au monde qui est le nôtre. Ils et elles témoignent du désir de justice et d’humanité, et nous rappellent à la vie. C’est pourquoi nous aimons convoquer chaque soir de juillet un public nombreux, imaginant pour chacun d’entre vous des alliances et des rencontres inattendues, des promesses d’émotions et de partage »
Il manque à ce texte un accompagnement musical. Le final de la neuvième ? La Marseillaise ? Ou, pourquoi pas, L'Internationale ?
Pour les noms qui ont l'honneur de figurer dans cette programmation, nous reconnaîtrons toujours les mêmes, comme si l'esprit d'ouverture interdisait tout autre nom que ceux qui tournent déjà en rond toute l'année sur la même radio, comme si en dehors d'eux il n'existait personne d'autre.
Donc, Svetlana Alexexievitch, Erri de Luca, Keren Ann (qui vadrouille comme chez elle sur tout le Radio France Group), Denis Lavant (La poésie sauvera le monde, rien que ça), Sofiane Zermani au jeu si puissant - tout le parc à huîtres de la baie de Cancale en est violemment jaloux - qu'il revient chaque année (c'est un rappeur, donc il attirerait des jeunes), Anne Sibran (deux feuilletons ces dernières années, dont un diffusé deux fois), Daniel Auteuil, acteur connu, qui peut faire n'importe quoi n'importe comment because c'est Daniel Auteuil, et Philippe Sands, qui vient pré-vendre avec sa lecture son livre à paraître en septembre. Oui, parce qu'il vient en lire quelques extraits choisis. Opération promo...
Le partenariat avec les Inrockuptibles vient couronner l'ensemble de l’œuvre.
Comme une grosse partie de la presse écrite pointe son nez partenarial dans l'une ou l'autre émission de France Cu, le service après-vente est garanti, l'article promo de quelques lignes mais élogieux sera au rendez-vous, peu importe la qualité radiophonique des zémissions.
Retour au feuilleton d'été, qui est donc un feuilleton politico-historique datant de 2001, adaptation en 60 épisodes de 20 mn de « Vie et destin » de Vassili Grossman.
Vassili Grossman est un tube de France Cu : 20 émissions tout ou partie sur cet auteur entre 2020 et 2022, et pas moins de 40 entre 2010 et 2019.
Il est donc logique qu'un esprit fermé continue à faire tourner dans la grille Vassili Grossman, même l'été.
Le feuilleton date de 2001. A cette date, le budget fiction de la chaîne avait déjà fortement fondu au soleil de l'actu. Ce « Vie et destin » est constitué d'une lecture de passages choisis (un lecteur pour la narration + dialogues joués par des acteurs). Mais ce n'est pas ainsi que cela va nous être présenté : sur le site on nous parle d'adaptation et non de morceaux choisis (si l'on écoute le générique de fin, il est bien question de passages choisis et non d'adaptation).
Pour assurer la cohérence des 60 épisodes, plusieurs acteurs vont se relayer pour assurer la voix du narrateur : Denis Lavant (surprise !), Anne Alvaro, Andrej Seweryn, Christiane Cohendy, Pierre Santini...
Des voix dites de prestige pour vendre le tout, pour qu'on oublie le manque d'ambition de l'ensemble, pour masquer l'absence d'adaptation. Parce que dans le récit du narrateur de nombreuses scènes auraient pu se prêter facilement à une adaptation radio, que le manque de moyens a totalement empêchée.
Mais ne croyez rien à ce que je viens d'écrire, ne vous fiez pas à vos oreilles mal embouchées. La direction nous certifie que la fiction n'a jamais été aussi flamboyante que depuis que la direction actuelle directionne. Et si elle nous le certifie, c'est que c'est vrai. Discutez pas. Admirez.
Retour à l'Histoire, à la politique, avec pour l'été 2022 un grand feuilleton politico-historique une fois de plus présenté comme s'il était tout frais de cette année. Mensonge par omission comme d'habitude. Le feuilleton, de quand date-t-il ? En l'absence de date, la direction peut semer le doute, mais, et c'est le plus probable, peut ne pas en semer du tout dans l'esprit de nombreux auditeurs qui vont tout simplement penser que ça va de soi, c'est du tout frais pondu pour cet été.
Les vraies nouveautés de cet été sur le plan fiction, ce sont encore, une nouvelle fois, les fameuses lectures sinistres et en public du festiv' d'Av'.
Entre les "Textes nus" de Claude Santelli des années 80 et ça, quel grand écart, calamitas... calamitas... Faut avoir du courage, ou alors être inconscient, ou alors encore penser que la fiction radio est forcément chiante, forcément politique, souvent mal jouée, et forcément à partir de textes qui doivent tous dire quelque chose de notre aujourd'hui qu'ils prennent à bras le corps. Parce que c'est la Ligne Générale.
Le texte écrit par la direction et la cheffe de ce qui reste du département fiction, surtout par la première dont on retrouve ici le style inimitable, pour présenter cet ensemble de huit lectures est une fois de plus pompeux à souhait, balançant à la volée les formules les plus prétentieuses pour masquer la misère, et éviter que les éventuels lecteurs de ce bidule se rendent comptent qu'ils se font enfumer.
"ambition de toucher tous les publics...
Notre monde a plus que jamais besoin de récits…
Et le sens que nous entendons leur donner est une nécessité pour lutter contre tous les bouleversements qui fragilisent nos sociétés : guerres, catastrophes climatiques, pauvreté, exils.
Les poètes, écrivains, dramaturges, mais aussi les acteurs et les musiciens (...) Ce qui les relie, c’est leur extrême attention au monde qui est le nôtre. Ils et elles témoignent du désir de justice et d’humanité, et nous rappellent à la vie. C’est pourquoi nous aimons convoquer chaque soir de juillet un public nombreux, imaginant pour chacun d’entre vous des alliances et des rencontres inattendues, des promesses d’émotions et de partage »
Il manque à ce texte un accompagnement musical. Le final de la neuvième ? La Marseillaise ? Ou, pourquoi pas, L'Internationale ?
Pour les noms qui ont l'honneur de figurer dans cette programmation, nous reconnaîtrons toujours les mêmes, comme si l'esprit d'ouverture interdisait tout autre nom que ceux qui tournent déjà en rond toute l'année sur la même radio, comme si en dehors d'eux il n'existait personne d'autre.
Donc, Svetlana Alexexievitch, Erri de Luca, Keren Ann (qui vadrouille comme chez elle sur tout le Radio France Group), Denis Lavant (La poésie sauvera le monde, rien que ça), Sofiane Zermani au jeu si puissant - tout le parc à huîtres de la baie de Cancale en est violemment jaloux - qu'il revient chaque année (c'est un rappeur, donc il attirerait des jeunes), Anne Sibran (deux feuilletons ces dernières années, dont un diffusé deux fois), Daniel Auteuil, acteur connu, qui peut faire n'importe quoi n'importe comment because c'est Daniel Auteuil, et Philippe Sands, qui vient pré-vendre avec sa lecture son livre à paraître en septembre. Oui, parce qu'il vient en lire quelques extraits choisis. Opération promo...
Le partenariat avec les Inrockuptibles vient couronner l'ensemble de l’œuvre.
Comme une grosse partie de la presse écrite pointe son nez partenarial dans l'une ou l'autre émission de France Cu, le service après-vente est garanti, l'article promo de quelques lignes mais élogieux sera au rendez-vous, peu importe la qualité radiophonique des zémissions.
Retour au feuilleton d'été, qui est donc un feuilleton politico-historique datant de 2001, adaptation en 60 épisodes de 20 mn de « Vie et destin » de Vassili Grossman.
Vassili Grossman est un tube de France Cu : 20 émissions tout ou partie sur cet auteur entre 2020 et 2022, et pas moins de 40 entre 2010 et 2019.
Il est donc logique qu'un esprit fermé continue à faire tourner dans la grille Vassili Grossman, même l'été.
Le feuilleton date de 2001. A cette date, le budget fiction de la chaîne avait déjà fortement fondu au soleil de l'actu. Ce « Vie et destin » est constitué d'une lecture de passages choisis (un lecteur pour la narration + dialogues joués par des acteurs). Mais ce n'est pas ainsi que cela va nous être présenté : sur le site on nous parle d'adaptation et non de morceaux choisis (si l'on écoute le générique de fin, il est bien question de passages choisis et non d'adaptation).
Pour assurer la cohérence des 60 épisodes, plusieurs acteurs vont se relayer pour assurer la voix du narrateur : Denis Lavant (surprise !), Anne Alvaro, Andrej Seweryn, Christiane Cohendy, Pierre Santini...
Des voix dites de prestige pour vendre le tout, pour qu'on oublie le manque d'ambition de l'ensemble, pour masquer l'absence d'adaptation. Parce que dans le récit du narrateur de nombreuses scènes auraient pu se prêter facilement à une adaptation radio, que le manque de moyens a totalement empêchée.
Mais ne croyez rien à ce que je viens d'écrire, ne vous fiez pas à vos oreilles mal embouchées. La direction nous certifie que la fiction n'a jamais été aussi flamboyante que depuis que la direction actuelle directionne. Et si elle nous le certifie, c'est que c'est vrai. Discutez pas. Admirez.