Alors personne n'a encore rien posté sur cette nouvelle mouture du Grain à moudre?
Où Hervé Gardette a remplacé depuis la rentrée le couple Couturier/femme de gauche.
Peut-être sa faute si personne n'a encore posté sur ce sujet : Gardette a donné au Grain une tournure encore plus journalistique actu/info/média qu'il ne l'avait déjà, dans le même temps qu'il l'a vidé de toute substance idéologique - on avait avant une neutralité obtenue par opposition des contraires, on l'a maintenant naturellement -, vidage qui a ses avantages d'ailleurs.
Si je rouvre ces pages, c'est pour évoquer l'émission d'hier (celle du 3 octobre, pour quand aujourd'hui ne sera plus le 4) ; c'était bien d'actualité qu'il était question, mais d'actualité scientifique. Autant le lâcher tout de suite : c'est la première émission de la série qui m'ait vraiment accroché, et pour tout dire, franchement plu.
L'actualité, c'était l'expérience OPERA. Vous savez, celle qui a mis au jours ces fameux neutrinos - de saveur muonique en l'occurrence - qui aurait eu l'audace de se déplacer plus vite que la lumière, sur les 730 km de l'expérience (ce en quoi certains ne s'empêchent pas de voir une remontée dans le temps, et déjà les blagues fleurissent... Un exemple ?
"Le barman dit : 'Les neutrinos en excès de vitesse ne sont pas admis dans l'établissement'.
Un neutrino entre dans le bar" )
Si le titre de l'émission, E ≠ mc² : la science a-t-elle besoin de ruptures pour avancer ? se rendait coupable d'une accroche sensationnaliste et fausse, ce Grain à moudre fut très bon. Les invités : Françoise Balibar (physicienne), Dominique Lecourt (philosophe) et Pierre-Henri Gouyon (biologiste), ont été exemplaires de justesse, de clarté et de finesse.
Pourtant, l'auditoire visé par l'émission est très généraliste, et sa brièveté imposait un exercice difficile de mini-vulgarisation à vitesse grand V, en tout cas de poser quelques repères fondamentaux pour l'auditeur non initié, et tout ça a été très bien fait.
Hervé Gardette n'a pas été en reste, car malgré son goût des formules et du ton très journalistique qui est le sien, ses questions de candide (probablement pas complètement) étaient très bien formulées, pas du tout à côté de la plaque, et suffisamment subtiles pour que l'émissions produise autre chose qu'un ronron ressassant les lieux communs et banalités qu'on pouvait craindre.
Comme d'autres producteurs de France Culture (je pense à Vincent Lemerre), je crois que le ton de Hervé Gardette dessert une subtilité qui semble pourtant bien présente.
Allez, j'ajoute de ce pas l'émission aux suggestions pour la proposition d'écoute pour la peine :
https://regardfc.1fr1.net/t409-la-proposition-d-ecoute#10198