N.B. : Si quelque contributeur souhaitait attirer notre attention sur un détail du portail sans en avoir les moyens techniques (captures d'écran, hébergement image), qu'il n'hésite pas à déposer dans ce fil un commentaire renvoyant vers la source observée. Nous veillerons à la compléter par l'image.
Titres ou citations empruntant au champ lexical du sexe, illustrations exposant des corps alanguis (le plus souvent féminins), la page d’accueil du site de France Culture n’a pas ménagé ses efforts en ce mois de la saint Valentin pour attirer le clic et s’asseoir un peu plus sur sa mission culturelle. Comme chacun a pu s’en rendre compte depuis la nouvelle version du site mise en ligne en janvier 2016, la prolifération d’images à caractère érotique accompagnées des mots « plaisir », « émotion », « porno », ou « clitoris » (« pénis » passe moins bien) devient monnaie courante. La méthode est simple pour entretenir ce vivier de cases attrapes-clics : l’article « chaud » migre progressivement du haut en bas de la page d’accueil passant de la colonne principale (ou secondaire « les plus consultés ») à la section « Conférences », avant d’être remplacé par un nouveau « sujet ».
A l’impression désagréable laissée par ce racolage passif, opposons un comptage de ses occurrences pour savoir à quoi s’en tenir (tout ce qui a trait à l’amour proprement dit a été écarté). Concernant le mois de février 2018, la tâche s’est avérée délicate : une journée intitulée « sexe(s) et pouvoirs » a donné lieu à une recrudescence d’articles en lien. J’ai décidé de n’en retenir qu’un dans le montage de copies d’écran à dérouler ci-dessous. D’un point de vue plus général, si les mots ne laissent guère de doute quant à leur ambition, les images ne peuvent être toutes rangées dans la même catégorie. Il y a les artistiques et les autres. Autrement dit, des œuvres « autonomes » auxquelles des significations étrangères peuvent être prêtées. Et des images de commande qui correspondent à des mots-clés. Néanmoins, deux emplois d’œuvres s’opposent par exemple ci-dessous : d’un côté Bettina Rheims (09 février 2018), de l’autre Marià Fortuny (16 février 2018).
La photographie mise en avant de l’artiste Rheims devant ses propres photographies accrochées est clairement instrumentalisée : 1/ elle date de 2005 à l’occasion d'une autre exposition. 2/ Elle est déconnectée de l’actuelle tenue au château de Vincennes intitulée Détenues pour laquelle l'artiste a été invitée (livre préfacé par Robert Badinter). Dans cette dernière série (non vue sur place), les photographies semblent allier pudeur et délicatesse. Tout l’inverse des corps exhibés dans la vignette putàclic choisie pour le portail. A l’opposé, L’odalisque de Marià Fortuny au dessus du titre : « Le jardin parfumé : le manuel érotique arabe » représentant une femme couchée nue ne peut être suspectée d’être détournée. Mieux, son usage frôle l’honnêteté dans la mesure où l’image n’est pas tronquée ou mise en scène, et qu’elle offre la distance de la peinture, en somme que le spectateur peut l’appréhender comme telle sans avoir besoin de lecture.
Du 29 janvier au 28 février 2018, coiffées des oripeaux du savoir, ce sont 16 occurrences de sujets flirtant, jouant (Marie Curie, amoureuse vibrante, vraiment ?) ou assumant des titres et images explicites que les équipes du site de France Culture ont publiées pour stimuler l’activité de son trafic. Soit une moyenne d’une sortie tous les deux jours. Si ces mêmes équipes mettaient autant d’énergie à valoriser les nuits de France Culture, ou tout programme de l’actuelle grille qui vaille la peine d’être écouté, la page d’accueil de France Culture aurait vraiment fière allure. Quelqu’un a t-il par exemple entendu parler de la nuit spéciale Chantal Akerman diffusée le 11 février 2018 ? Non, au lieu de cela, une semaine passée à : Ecrire l'amour, dans la série documentaire (19 au 22 février 2018) elle-même précédée d'une autre consacrée au : Sexe comme objet (12-15 février 2018).
Fort heureusement, sur ce forum, Philaunet et Yann Sancatorze se démènent pour isoler des perles radiophoniques. Dernièrement, une Matinée des autres ou encore un Mardi du cinéma. Je n'oublie pas non plus les formidables comptes rendus du contributeur Fred de Rouen, décédé le mois dernier, qui méritent lecture ou relecture.
Avant de jeter un oeil aux tristes images qui suivent et si vous aimez remonter le temps, ne vous privez pas de l’écoute de cette fiction intitulée La montre magique de Jean-Paul Le Chanois (27 juin 1949).
Dernière édition par Jean-Luuc le Ven 20 Juil 2018, 23:30, édité 3 fois