Les concerts-fictions, les 2 en 1 économiques de France Cu. La musique : de la bande-son de dessin animé.
La fiction : réduite au minimum, parce que y'a la musique de dessins animés, parce que c'est aussi un concert figurez-vous.
A l'arrivée, il faut vendre la chose. Une seule adresse : Téléramuche.
Article publié le 1er mai, comme quoi, y'a pas d'repos pour les braves. Au boulot !
L'article en soi ne présente aucun intérêt, mais il permet de montrer que l'article n'en présente pas plus que la fiction magnifiée, parce que bien sûr, elle est magnifique cette fiction, elle est bêêêêlle, elle est fraîche. Et je pèse mes mots, je vous fais les deux kilos pour le prix d'un, c'est mon jour.
L'écriture d'un article téléramé consiste à emboîter quelques formules toutes faites, et c'est dans la boîte.
« Sur France Culture, “Pinocchio” retrouve toute sa noirceur »Oui, parce que la noirceur avait foutu le camp, et que la voili retrouvu, et que toute œuvre a droit au respect que si elle contient son pesant de noirceur. Je vous fais les deux kilos de noirceur pour le prix d'un, c'est la fête.
On se demande quand elle l’avait perdue, cette noirceur. La version Disney peut-être, mais nous sommes un peu perdus parce qu’en écoutant le concert avec des acteurs et des bruitages, nous avons l’impression d’entendre la bande-son d’un dessin animé de type Disney, la musique en est proche. C’est un peu les livres-disques d’antan, à part que la prise de son est freelance because le concert en public, et qu'il est dur d’affiner le tout. C’est l’un des aspects économiques de la chose, et ceux qui morflent, ce sont les auditeurs. La souffrance est amortie par la méthode Coué, dite aussi « méthode Télérama ».
La version télévisée de Luigi Comencini avec Nino Manfredi, malgré certains défauts (les effets spéciaux n’étaient pas la première préoccupation du réalisateur) ne manque pas de noirceur. Certains épisodes du film ne se trouvent d’ailleurs pas dans le livre de Collodi, parce qu'adapter, c'est aussi créer... mais revenons à la radio.
« Il est aussi naïf que roublard. Revenant à la version originale de 1881 du conte italien, le réalisateur Cédric Aussir en signe une adaptation à la fois inquiétante et élégante. »Les adjectifs ressemblent à des paires de chaussettes dépareillées :
« naïf & roublard / une adaptation à la fois inquiétante et élégante ».En réalité, seuls les quinze premiers chapitres datent de 1881. Les vingt et un suivants ont été écrits en 1882 et 83. Même le site de France Cu en cause. Mais baste.
Un article de Télérami, c’est comme un meuble Ikéa, vous avez toujours les mêmes éléments, il ne reste plus qu’à suivre le schéma de montage.
Dans cet articulet vous avez les éléments de « critique » suivants :
« Incarné avec subtilité / une musique à la fois inquiétante et élégante (la même paire d’adjectifs a servi deux fois) / (l’acteur qui joue Pinocchio a une)
voix insolente / Rythmée, sombre et fascinante / la fiction réussit parfaitement à rendre la roublardise mêlée de naïveté du garçonnet. »Roublardise et naïveté : nous terminons avec une reprise du début, car en l’absence d’idée nous tournons en rond.
Durée de la fiction d’après Téléramou : 120mn. En fait non (1h18), mais la fiction couplée avec Pinocchio,
« La foire aux chansons » de Yann Apperry et Tanja Siren, rediffusion de 2012 non signalée comme telle sur le site comme bien souvent, ne mérite aucune attention, elle s’est désintégrée dans le Pinocchio.
L’article insignifiant ressemble à un travail d’influenceur et non de critique. Mais grâce à Téléramiaou, nous pouvons démontrer grâce à l’écoute d’un extrait que quelles que soient les compétences de l’équipe technique, il est impossible de faire des miracles en des conditions aussi bas de gamme : acteurs pestant dans un micro sur scène, musique lénifiante, bruitages qui tombent à plat, car les auditeurs imaginent, non pas l’histoire, mais la scène sur laquelle les acteurs jouent les bruiteurs bruitent et les musiciens musiquent. Tout est séparé, notre cerveau ne peut lier les éléments pour imaginer l’histoire. Nous sommes juste au studio 104, pas en Italie, pas sur les routes avec Pinocchio.
Pour les acteurs, revenonzy. Nous pouvons distinguer deux catégories : ceux qui savent jouer mais qui surjouent que c’en est pénible, et ceux qui font ce qu'ils peuvent.
Et ajoutons, eh oui ce n’est pas fini nom de Dieu, que le choix de Pinocchio n’est pas très heureux puisqu’en 2007 France Culture avait, dans la série « Enfantines » adapté Pinocchio en 4 épisodes d’une demi-heure. Et, le saviez-vous, cette adaptation se vantait elle-aussi de revenir au Pinocchio d’origine contrôlée.
Extrait de la présentation d’époque :
« la traduction choisie pour cette adaptation nous permet d'avoir accès à l'histoire réelle de Pinocchio. Il s'agit en effet d'une traduction intégrale, extrêmement fidèle au texte original, et où la vivacité et la simplicité du verbe de Collodi ainsi que la richesse de la langue sont restituées dans toute leur étendue. »Fortiche, non ?
La fidélité au texte de cette version 2022 ? Nous sommes tellement dans le grotesque, que parler de fidélité est bien difficile.
La fidélité au texte de Collodi voudrait que la pendaison de Pinocchio soit inquiétante. Or, traitée comme si c’était un dessin animé bas de gamme, elle est plus ridicule que tragique.
On pourrait dire que cette histoire de fidélité n’a aucune importance, mais en ce cas pourquoi clamer haut et fort sa fidélité au texte ?
C’est juste un argument publicitaire s’adressant à ceux qui n’ont pas lu le texte de Collodi.
Un extrait pour heurter nos oreilles à la dure réalité, avec la fin de la séquence de la pendaison suivie de l'arrivée de la fée. [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/21813-01.05.2022-ITEMA_23012290-2022C11356E0001-21.mp3" debut="43:19" fin="49:58"]
[Au départ, la pendaison terminait l’histoire de Pinocchio. L’auteur, poussé par le succès de son héros, a ressuscité sa créature pour de nouvelles aventures.]
Entre le jeu approximatif des acteurs et la musique boursouflée, nous sommes coincés. Nous sommes eus. Que dis-je, nous sommes super eus.
La fiction de 2012 qui suit,
« La foire aux chansons », a au moins la chance d’avoir une musique plutôt bien fichue. Cette fiction s’adresse vraiment aux tout-petits. Ce qui explique sa programmation à l’antenne le dimanche soir à 21h20. Logique.
Les créneaux pour les enfants sont pris par les moulinés de socio-popo, d’actu et de promo. Business is business.
Quand les socio-popos s'en vont au dodo vient l'heure des enfants.
«
La foire aux chansons » (première diffusion le 09-12-2012)
Musique Originale : Régis Huby
Réalisation : Laure Egoroff
Avec : Maria-Laura Baccarini (La Fille aux trop grandes mains), Yann Apperry (Nikolaï), Claudia Solal (Nine), Olivier Hussenet (le Barde Baldao), Stephy Haik (Skylar)
Et les voix de Sylvie Amato, Manon Leroy, Sophie Bezard, Clément Bernot, Sidney Ali Mehelleb, Teddy Melis, Philippe Mambon et Nicolas Fantoli.
Contrebasse : Marc Buronfosse
Percussions : François Merville
Guitare : Pierrick Hardy
Violon : Régis Huby
Equipe de Réalisation : Olivier Dupré, Allison Ascrizzi
Assistante à la réalisation : Louise Loubrieu. Hommage à Michel VinaverPuisque nous sommes en pleine fiction, les archives de France Culture contiennent une pièce de Michel Vinaver qui n'est même pas signalée dans le pitchounet hommage rendu par la chaîne qui ne connaît qu'un seul format : l'entretien, si possible avec C. Broué ou L. Adler (le top du top), le reste étant radiophoniquement négligeable.
Dissident, il va sans dire, dans le
Nouveau répertoire dramatique de Lucien Attoun du 07-07-1977
réalisation Jean-Pierre Colas
bruitages Jonathan Liebling
avec Dominique Chautemps (Hélène, la mère) et Robert Bensimon (Philippe, le fils)«
Le dissident, c'est Philippe, 17 ans ; il est au chômage et commence à dériver vers la délinquance ; il vit avec sa mère, employée de bureau qui va perdre son emploi ; ils vivent ensemble et le père est parti.
De son propre aveu, Michel Vinaver a écrit une pièce courte, contrairement à son habitude, d'abord par "souci économique", et aussi pour tenter de s'approcher du "côté le plus élémentaire de l'écriture dramatique" et "privilégier l'écoute par rapport au visuel" ; selon lui, chacun des personnage évoque tout un environnement ; il qualifie Philippe de "dissident passif". »