Nessie a écrit:Hélas je l'ai écoutée d'une oreille distraite et sans guère y trouver pitance, aurai-je le courage de m'y recoller ? Rien n'est moins sûr. Pourtant, je vous trouve plutôt injustes, en ce que vous négligez ou méprisez le schème qu'on en peut extraire et qui peut être appliqué à bien des aspects du mode de vie contemporain, or c'est là le sujet central de Finkie, non. Et quel est ce schème ? C'est le refus de l'hystérie, le refus de l'hubris ou si vous préférez, le refus de l'excès comme mode de vie, et l'apologie de la modération. (...)
Je ne l'ai justement pas écoutée, cette émission, d'une oreille distraite et y ai trouvé plus que pitance : l'illustration d'une réaction (dans plusieurs sens du termes) manichéenne à ce que vous appelez plus loin, dans votre contribution très stimulante, le romantisme de la vie intense.
Rien de plus normal, ai-je envie de dire. Mais j'aurais bien aimé que cela fût (Perraud oblige), fût développé avec moins de banalité et, comment dire... d'unilatéralité ? La pensée, c'est quand même une certaine aptitude à la nuance et à reconnaître partiellement la validité, sinon la légitimité, de la thèse opposée à la sienne. Or, on a ici trois compères (le mot inclut-il la commère au sens du Roman de Renard/t ou de La Fontaine ?), trois personnes qui sont quasiment d'accord sur une conception de la relation conjugale qui est dans l'air du temps, quoi que vous en pensiez : papa et maman cigogne. Je n'ai rien contre, mais il ne faudrait pas ériger sa vision en seule conception valide. Et là, je trouve que Claude Habib (sorte d'antithèse de Marcela Iacub) souffre très paradoxalement, vu ce qu'elle écrit et prône, de ce que vous reprochez à certains : une radicalité et une volonté d'en découdre violemmment avec qui ne partage pas sa thèse (ce qui n'est pas pour déplaire à AF et ceux qui aiment la castagne tout en prônant la modération, c'est un des traits « pervers » d'AF).
J'avais acheté le livre de Claude Habib Galanterie française en 2006 après l'émission où elle était invitée avec Mona Ozouf par AF. C'était un numéro de Répliques du 28 octobre 2006, vous en souvient-il ? la galanterie française. J'ai découvert à cette occasion qu'on peut être dix-huitièmiste et ne pas pouvoir écrire une page lisible. Mais passons sur le livre et revenons à la radio, voire à la radiogénie, c'est ce qui nous occupe. Écoutez voir cette émission que vous devez avoir dans vos archives et vous verrez que très vite les choses se sont envenimées en raison du ton pète-sec et de la position "moi, j'ai toujours raison" de CH. Tout cela pour défendre la modération dans les relations. Ben tiens !
Pour ce qui est de la modération, on ne croit pas non plus qu'Alain Finkielkraut soit exemplaire dans sa manière de poser ses arguments et d'envisager les relations avec ses invités (avec un seul invité, c'est nettement mieux, avec deux le catch commence et l'arbitre prend parti).
Quant à Pascal Bruckner, est-ce un penseur ? Sa prose, au contraire de celle de Claude Habib, se lit très facilement, mais on n'y trouve pas grand-chose de plus que dans les dossiers des magazines féminins sur l'amour.
La case du samedi matin est populaire parce qu'elle permet d'entendre des opinions tranchées et pour l'auditeur de prendre parti. Est-ce une case où des intellectuels réfléchissent ensemble, s'écoutent et soupèsent leurs mutuels arguments ? Hum... Je vais écouter la fin de l'émission d'une oreille toujours non distraite pour voir si c'est le cas.
La suite de votre réflexion donne envie d'y revenir, mais sur le couple, j'ai plutôt envie de réécouter la fin de l'extrait que j'ai mis en pastille dans l'émission Hors-Champs où j'ai trouvé touchante la réponse de Monique Pinçon-Charlot à la caricaturale Laure Adler. Une réponse que les trois, non râleurs, mais indignés (AF l'est certainement plus, indigné, dans le mauvais sens du terme, qu'un Stéphane Hessel qui rendait merveilleusement hommage à son épouse et récitait par coeur de la poésie en trois langues à 90 ans - je préfère ceux qui donnent l'exemple à ceux qui font la morale, que voulez-vous !), une réponse que les trois indignés, donc, trouveront sans doute, pour paraphraser le furieux de la modération, ad-mi-râââ-ble.