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Accueil / France Culture

Répliques, Alain Finkielkraut    Page 19 sur 67

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Mitsouko 


181
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Re: Répliques, Alain Finkielkraut - Sam 07 Juil 2012, 11:36

terki a écrit:vous n'avez pas entendu Robert Redeker parler de mépris vis à vis de la France de la part des joueurs de l'équipe de France, vous n'avez pas entendu les mots sur les européens de souche, vous n'avez pas entendu le reproche de Finki sur l'absence de chant de la marseillaise de l’équipe de France.. oubliant que pas un espagnol ne chante l'hymne espagnole

effectivement vous n'avez pas "entendu" la même émission..

Et si contrebalance il y avait besoin, il y a tout le reste de l'antenne

ah donc tout le reste de l'antenne serait une réplique à "réplique"

une réplique idéologique donc ? à quelque chose , l'émission "réplique" qui serait elle même teinté idéologiquement ?

pouvez vous développez , c’est intéressant..

Si, si, j'ai entendu. So what?
La tradition veut que l'équipe de France chante "La Marseillaise". Si les joueurs d'aujourd'hui, au contraire de leurs prédécesseurs rechignent à le faire, cela doit bien signifier quelque-chose.

Je ne sais pas quelles sont les habitudes espagnoles mais la comparaison se faisait avec l'équipe italienne qui, en outre, semblerait avoir bien défendu son honneur.

Par ailleurs, Redeker a mentionné les "Européens de souche" pour opposer le public du foot à celui du cyclisme, autre public populaire et, selon ses dires, méprisé par ce qu'il a nommé l'hyper-classe. Au contraire du foot où la grossiéreté infantile de n'importe quel joueur est excusée au nom du "Ben quoi ? Et pourquoi pas ? Il a bien le droit de faire ce qu'il veut ?" Ce qui entraînerait une espèce de divorce moral entre cette hyper-classe et le public "de base" qui, lui, trouverait douteux ce type de comportement.

Bref ... Qu'on le veuille ou pas, une équipe représente une nation. Dès lors, le fait que les joueurs de cette équipe ne semblent pas vouloir jouer le jeu (sic ! ) pose tout de même problème et peut être considéré comme une symptome. Ne vous en déplaise.

Enfin, tout cela était envisagé plus globalement dans ce que le sport et les sportifs disent de l'état d'une société, de ses idéaux, de sa violence latente, etc.

terki 

terki

182
Répondre en citant  
Re: Répliques, Alain Finkielkraut - Sam 07 Juil 2012, 12:43

Je ne sais pas quelles sont les habitudes espagnoles mais la comparaison se faisait avec l'équipe italienne qui, en outre, semblerait avoir bien défendu son honneur

la comparaison peut se faire également sur l’équipe d’Espagne qui a plus que défendue son honneur , elle gagne la compétition. Pourtant aucun joueur ne chante l'hymne national. Il est vrai qu'a part deux mots il ne comporte pas de paroles.


Par ailleurs, Redeker a mentionné les "Européens de souche" pour opposer le public du foot à celui du cyclisme, autre public populaire et, selon ses dires, méprisé par ce qu'il a nommé l'hyper-classe. ]

j'ai du mal à comprendre cette bouillabaisse idéologique qui consiste à opposer un sport noble, le cyclisme , ou les supporter, du peuple et de souche, serait en opposition avec ceux du foot ball, ce sport donc de voyous , supporté par des , quoi donc? , des non européens de souche ? et dont une "hyper classe" aurait les faveurs, une "hyper classe " qui fermerait les yeux sur des comportements non noble dans sa pratique.. je ne vous suivrais pas sur ce sentier bien trop escarpé à mon gout.. le cyclisme a été depuis le début un sport prisé à la fois par la classe populaire et par les élites.. c'est même devenue un must pour les élites de venir faire son petit tour dans la caravane du tour de France..

et pourtant : le foot ball est un sport bien plus populaire dans sa pratique que le cyclisme , et le cyclisme est régulièrement entaché de gros scandales concernant le dopage.. ne va t’ont pas, ça en prend le chemin, retirer, pour tricherie, les 7 victoires dans le tour de France à Amstrong ? .. la tricherie n'est t'elle pas antinomique de l'exemplarité ?

sur cette exemplarité de l’équipe de France que Finki lui même exige je vous renvois à cet excellent article de John Von Sothen

la tragi-comédie psycho-sociale de l’équipe de foot nationale française

tragi-comédie-et-football

Mitsouko 

Mitsouko

183
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Re: Répliques, Alain Finkielkraut - Sam 07 Juil 2012, 14:41

terki a écrit:

j'ai du mal à comprendre cette bouillabaisse idéologique qui consiste à opposer un sport noble, le cyclisme , ou les supporter, du peuple et de souche, serait en opposition avec ceux du foot ball, ce sport donc de voyous , supporté par des , quoi donc? , des non européens de souche ? et dont une "hyper classe" aurait les faveurs, une "hyper classe " qui fermerait les yeux sur des comportements non noble dans sa pratique.. je ne vous suivrais pas sur ce sentier bien trop escarpé à mon gout.. le cyclisme a été depuis le début un sport prisé à la fois par la classe populaire et par les élites.. c'est même devenue un must pour les élites de venir faire son petit tour dans la caravane du tour de France..

Personne ne vous demande de suivre quiconque ! Sinon, oui, la question posée par cette émission est la suivante : si l'équipe de France est supposée remplir une fonction de représentation du collectif, pourquoi le fait-elle si mal ? Y a-t-il ou pas de la part de ses joueurs un refus de se reconnaître (ou de faire semblant d'ailleurs, ça suffirait) dans la nation qu'ils sont censés représenter.
Cette question s'entend d'ailleurs en écho du fameux "black, blanc, beur" qui, du coup, semble battu en brêche et ne plus remplir sa fonction de fiction " rassembleuse."

J'ignore pourquoi cette question vous embête à ce point, d'ailleurs. Somme toute, il est légitime de soulever des questions.

Pour le reste, il a été question du dopage, des performances, blablabla ... Et en matière de comportement vulgaire et idiot, des exemples autres que ceux des joueurs de foot ont été donnés. Il s'agissait de tennismen dont j'ai oublié les noms.

terki 

terki

184
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Re: Répliques, Alain Finkielkraut - Sam 07 Juil 2012, 16:54

si l'équipe de France est supposée remplir une fonction de représentation du collectif

sur cette hystérie de " ce que devrait représenter cette équipe de France "je ne ferais pas mieux que l'article de John Von Sothen ,que je cite plus haut.


J'ignore pourquoi cette question vous embête à ce point, d'ailleurs. Somme toute, il est légitime de soulever des questions.

aucune question, mais vraiment aucune , ni ne m’embête , ni me pose problème.

ce qui peut être sujet à débat c'est : quant quelqu'un , Finki, pose à une fréquence relativement élevé toujours la même question du problème que poserait selon lui la diversité, la perte d'une identité française etc..

sommes nous encore dans une émission qui débat de divers problèmes culturels , philosophiques, societaux ou somme nous dans une obsession de Finki via à vis de cette question ? qu'il amène cette question sur la table , rien à redire, ça ne me gène pas, tous les sujets de la terre sont matière à débat et le débat est toujours mieux que le non dit.

mais quant la question revient continuellement , comme une litanie est devient quasiment la marque de fabrique de cette émission, on a peut être le droit de se poser de savoir si c'est encore une émission de débat ou une tribune.

Alors de "réplique" le titre ne devrait il pas changer en " du problème de la diversité" ou bien " la France perd t'elle son identité"?

est ce que cette question vous pose problème ?

Nessie 

Nessie

185
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Re: Répliques, Alain Finkielkraut - Sam 07 Juil 2012, 17:20

Terki, ne vous viendrait pas à l'esprit, à aucun moment de la journée ni de l'année, que le slogan de la diversité est une chausse-trappe conceptuelle ? Comme d'ailleurs la plupart des mots clés qui constituent le paradigme idéologique de France Culture : identité, égalité, mémoire, justice sauciale, etc.

Pourtant ce Finkielkraut qui vous donne des allergies, et dont la voix est minoritaire à France Culture (car c'est plutôt Répliques qu'il faudrait renforcer, l'émission étant un bien faible contrepoids aux obsessions idéologiques de la chaine) , excusez moi de vous rappeler cela, il est issu de la diversité.

Seulement dans la diversité à la Finkielkraut, on respecte le pays d'accueil, et on l'alimente symbiotiquement avec son propre talent, sa propre énergie, dans le même temps qu'on en est soi-même bénéficiaire. Bref tout le contraire de ce que nous voyons dans ce qui suscite sa colère : des 'diversitaires' qui refusent de jouer le jeu social. Vous ne voulez pas voir que dans les aversions qu'éprouve Finkielkraut, les questions de couleurs et d'origine sont secondaires, et que ce sont des comportements et des conduites, qui suscitent sa colère. En ce sens, Finkielkraut est moins préoccupé d'origines génétiques, que ceux qui le taxent de racisme (je sais que là n'est pas votre cas) ou même de racisme social.

Ne vous en déplaise, quand vous demandez ce que cherche Finkielkraut, à quoi rime son combat, vous semblez ne pas voir qu'il tente désespérément d'oeuvrer à la cohésion sociale, là où sous couvert d'identité et de diversité, toute la chaine donne une bénédiction aux discours de haine. Evidemment, vous vous imaginez qu'il désigne des fautifs ? Mais que font ceux qui lancent contre lui cabale sur cabale, sinon chercher un bouc émissaire ? Par pitié, ouvrez les yeux !

Gomez 

Gomez

186
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Re: Répliques, Alain Finkielkraut - Mar 10 Juil 2012, 14:15

Au risque de me répéter : si Finkielkraut est si inquiet du devenir de la culture et de l’identité française, pourquoi ne fait-il pas des émissions consacrées à la mondialisation culturelle, aux effets des mass medias, à la défiguration des campagnes par les quartiers pavillonnaires, à l’hégémonie du discours managérial dans le monde de l’éducation et de la culture, aux comportements consuméristes du bon peuple qu’il aime tant, aux « malls » à l’américaine et à leurs enseignes que l’on retrouve sur tous les territoires ? Au tourisme de masse ? Aux vulgarités de nos élites (certaines de nos élites récentes) ? Pourquoi, pour être plus clair, face au comportement de l’ex-président Sarkozy, attaquer ceux qui le déplorent, au lieu de fustiger celui qui l’adopte, et qui devrait montrer l’exemple ? Pourquoi ne jamais introduire la moindre once d’économie ? La moindre allusion aux grands groupes de l’industrie culturelle? Pourquoi être toujours « du côté du manche » ? Peut-être parce que cela le placerait du côté de ceux qu’il déteste le plus : les gauchistes, les bobos, et qu’il raisonne sur le mode « les ennemis de mes ennemis sont mes amis ».

Sinon, pourquoi toujours ramener, parfois par des détours, parfois de manière directe, la menace à l’immigration et à l’islam ? Est-il allé se promener en dehors de Paris ? A-t-il visité le Grand Ouest, les campagnes alsaciennes, le Massif central ? Croit-il vraiment sérieusement que dans les métropoles régionales, les villes moyennes, les villages, les hameaux français, la principale menace pour la cohésion sociale soit la population d’origine immigrée ? Croit-il que l’incivisme et la bêtise n’existent que dans les quartiers où se concentre la pauvreté ?

Je peux partager certaines (beaucoup des) craintes de Finkielkraut quant au risque d’une « défaite de la pensée », je partage la plupart de ses goûts littéraires, mais je ne vois qu’idéologie dans son traitement parfaitement partial et partiel de la question culturelle, qui vise toujours les mêmes cibles. S’il s’attaque bien à des comportements et non à des groupes, force est de constater qu’il a l’indignation extrêmement sélective.

Enfin : l’argument selon lequel il faudrait soutenir Finkielkraut, ou le comprendre, parce qu’il est en contradiction avec le discours niaiseux (je vous l’accorde sans difficulté) d’une certaine gauche et d’une certaine partie de FC, me paraît assez pauvre, et infantile (M'sieur, les autres y font pareil!). Il ne saurait justifier le traitement pour le moins biaisé, voire malhonnête, de certaines questions.

PS : @Mitsouko : chanter l’hymne national n’a rien d’une tradition en équipe de France. pour un arrière-plan historique fouillé, et surprenant, et si vous pouvez supporter de lire (je ne dis pas d’être d’accord avec) une certaine sociologie, je vous conseille le l’ouvrage de Stéphane Beaud, Traîtres à la nation, au sujet de l’équipe de France 2010.
Par ailleurs, il semble que Redecker ait une connaissance assez superficielle, comme pas mal d’intellectuels, de ce qu’il appelle « le peuple ». J’ai assisté à plusieurs étapes du Tour dans mon jeune âge, et je peux vous dire que les comportements n’étaient pas particulièrement vertueux, c’est le moins que l’on puisse dire. Du côté des cyclistes, c’est assez évident, et du côté du public aussi, n’en déplaise aux gens comme Finkielkraut qui rêvent un « peuple décent », avatar du « bon sauvage » des temps anciens.

Yann Sancatorze 

Yann Sancatorze

187
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Re: Répliques, Alain Finkielkraut - Mar 10 Juil 2012, 15:35

je lis votre premier paragraphe : vous êtes vraiment certain que cela le placerait du côté de "gauchistes bobos"? Y a-t-il une frontière aussi facile à tracer entre "droite" (il ne s'en revendique pas, d'ailleurs) = vulgarité, industrie culturelle de masse etc. et "gauche" = goût et culture? J'observe quelquefois à droite un appétit culturel plutôt sain, et parfois à gauche une grande vulgarité abêtissante et culturellement discriminante. L'écoute de France Culture, radio qui est devenue un genre de grand documentaire involontaire sur une certaine gauche culturelle parisienne, me prouve tous les jours que la culture est un banal outil politique à utiliser en vue d'accroître un nombre d'électeurs, (c'est quelquefois aussi bête que ça), justifier une action gouvernementale, décrypter l'actualité du moment pour créer un grand récit politique, marteler un comportement pré-établi, faire preuve d'un opportunisme scandaleux (prendre en otage une antenne à des fins personnelles) pour promouvoir une carrière, nier les universels et tribaliser le débat. Face à Finkie, nous avons une petite bande de clônes, vous les connaissez, on les voit partout : la trentaine, barbichette adolescente, sous-pull noir moulant, lunettes branchouilles, écouteurs, peu cultivé, ne lit pas grand chose mais parfaitement au fait de l'actualité des réseaux sociaux, prêts à vous expliquer le comportement de ses contemporains, et, oui, ce petit animal neutre, sans personnalité, oubliable, il vote à gauche et n'oublie pas de nous le dire, à chaque programme. Il n'hésite pas à vous dire que la littérature classique, la peinture etc., c'est élitiste, c'est le fruit d'une longue sélection sociale visant à exclure les classes populaires (ah, ces salauds d'écrivains, avec leur langue difficile et excluante!), et qu'il faut dépoussiérer tout ça. Tout ça pour vous dire que votre dichotomie du premier paragraphe me fait sursauter. Alors entre ces clônes sans profondeur, sans passé et sans personnalité, et les inquiétudes nourries de littérature que nous propose Finkie, je sais quel modèle je préfère écouter.

Gomez 

Gomez

188
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Re: Répliques, Alain Finkielkraut - Mar 10 Juil 2012, 16:40

Mon premier paragraphe n'avait pas pour but de tracer une frontière entre droite = bête et vulgaire d'un côté et gauche = cultivée de l'autre, cela va de soi.
Je voulais simplement remarquer que ce cher Finkielkraut évite soigneusement de poser certaines questions sur les origines et les manifestations d'une crise de la culture, et qui ont partie liée avec le capitalisme libéral, la société de consommation, le rôle joué par l'élite économique. Mon hypothèse (mais ce n'est qu'une hypothèse) est qu'il craint alors de se retrouver du même côté de la barrière que des gens qu'il exècre. Je ne parlais pas ici de la gauche culturelle parisienne (quoiqu'on en retrouverait une bonne partie dénonçant - sur le mode détestable du mépris, cependant - les dérives dont je fais la liste). Je pensais plutôt à gauche militante: Front de gauche, écolos...
La complaisance dont il fait parfois preuve concernant certains personnages (comme Sarkozy donc), l'ombre dans laquelle il laisse les grandes entreprises (y a-t-il déjà eu une émission sur TF1??), tranchent singulièrement avec la sévérité dont il est capable avec d'autres groupes (les jeunes de banlieues). Ceci dit j'espère que vous aurez compris que je n'ai pas la moindre sympathie - c'est peu dire - pour les djeun's producteurs que vous évoquez, ou pour la vulgarité de certains autres djeun's - de banlieue ou pas.

Yann Sancatorze 

Yann Sancatorze

189
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Re: Répliques, Alain Finkielkraut - Mar 10 Juil 2012, 20:28

Là encore, je ne sais pas s'il faut séparer aussi nettement une gauche culturelle parisienne avec le front de gauche et les écolos (du moins est-ce là la conclusion que l'ont peut tirer à l'écoute de FC). Après avoir consulté le programme de politique culturelle du front de gauche, je ne vois pas beaucoup de points qui pourraient attirer Finkie de leur côté : interventionnisme massif de l'Etat, transformation sociale, diversité à tout crin, construire un autre monde (lequel?), lutte contre le capitalisme financier comme enjeu principal, "s'épanouir dans le vivre ensemble", pas sûr qu'ils aient la même politique de l'école etc. Le seul point d'intersection concernerait la crainte de voir se développer des cultures de groupes, de jouer avec les minorités et d'attendre d'elles un comportement stéréotypé. Le coeur du problème ne réside pas pour lui dans l'influence de grands groupes et dans l'entertainment de masse (je crois qu'il est amateur de foot, n'utilise pas internet mais regarde beaucoup la télé, c'est un genre de baromètre), avec la critique préfabriquée de l'argent-roi, mais plutôt à l'école, et dans la responsabilité individuelle. L'école est un sanctuaire qui peut vacciner les élèves contre les comportements de consommation de masse, et les appétits qui devraient y être suscités (en principe) préparent le citoyen à s'enrichir l'esprit, et notamment par la littérature (c'est ce qui sauve). Cette réflexion ne le place pas "du côté du manche", comme vous le dites, mais bien de l'autre côté. Lorsqu'il parle de jeunes de banlieues, il s'inquiète de voir un modèle se développer, celui de l'ignorance militante, être fier de ne rien savoir par esprit de rébellion, s'inventer un sabir qui ne sert qu'à s'exclure, refuser de lire parce que c'est une pratique "dominante". Etre cool au lieu d'être intelligent. Etre agressivement ignorant pour des raisons revendicatives. Il y a de quoi être un peu inquiet, non? Je ne sais pas si c'est la faute de TF1...

Nessie 

Nessie

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Re: Répliques, Alain Finkielkraut - Mer 11 Juil 2012, 06:48

@ Gomez : je ne sais pas pourquoi Finkielkraut ne traite pas des thèmes que vous listez, mais je suis bien certain que ça vaut mieux comme ça. Ce sont des sujets à la fois complexes, insuffisamment posés, et proprement sociologiques, alors voyant son absence de bases théoriques et méthodologiques (ou alors elles sont bien recouvertes par les années), je préfère qu'il ne s'aventure pas dans de telles eaux. Je préfèrerais aussi qu'il apprenne à lire mieux la société, et déconnecte un peu cette trouille qui fait de lui à la fois un des alarmistes les plus délirants en même temps que certainement un des plus honnêtes, intellectuellement et idéologiquement parlant. Mais s'il se met à décliner le sujet de ses inquiétudes dans tous les domaines de la vie sociale, alors on n'a plus qu'à faire une croix sur Répliques.

Je veux bien imaginer que sa position est biaisée par son désir de ne pas se trouver amalgamé aux incultes contemporains. Résultat : il combat des cohortes de Tartuffes, quasi clônés, haineux, tous pratiquant l'indignation mode ; de là peut-être en oublierait-il qu'à certains de ces tartuffes avec toutes leurs mauvaises raisons et leur hypocrisie, il arrive parfois de dire le vrai. Face à ceux qui disent le vrai pour de mauvaises raisons ou avec une conduite morale fausse, la tentation est de réagir en opposition et de sous-estimer la part de vérité qui pourrait se loger logée dans leur parole. Ce piège est tendu à tout citoyen honnête et soucieux de son indépendance d'esprit, et je veux bien croire qu'il n'est pas le seul à y tomber. Pour autant, je ne vois pas ce qu'il y aurait de spécialement infantile dans le fait d'accorder un handicap positif à celui qui à ses risques et périls -et on a vu qu'ils ne sont pas nuls- se place en butte aux réactions de l'intolérance, surtout quand cette intolérance vient du camp du bien, sacrée contradiction. Un camp par ailleurs fort bien armé, compact et cohérent, tellement bien protégé par les cautions morales qui soutiennent son harmonie. Par contre ou plutôt en revanche, les couplets systématiques contre Sarkozy et les multinationales, ben moi je trouve que ça sonne un peu comme des slogans de lycéens ou de débutants qui s'aventurent dans l'économie politique avec les chaussons du manichéisme.

Mais surtout, je ne vous rejoins pas sur vos constats ni sur vos préconisations : dans votre premier paragraphe, vous voudriez que Finkielkraut embraye à la suite de l'éconophobie ambiante. Mais si elle est déjà majoritaire dans l'intelligentsia qui tient le micro, et chez les essayistes qui dominent l'espace des médias, alors que voudriez-vous donc qu'il y apportât ? Par ailleurs, les sujets que vous listez offrent matière à de sérieux débats dont vous semblez vous exonérer : la mondialisation libérale qui déglinguerait la culture, les dérives managériales qui disloqueraient l'éducation, la toxicité sociale de l'élite économique (je reformule, excusez-moi - je ne crois pas trahir vos propos), bref chacun de ces raccourcis dont vous semblez faire des points de départ, on en ferait aisément la matière de longues discussions en forum, quand bien même la messe semble dite depuis longtemps du côté de la classe moyenne cultivée qui vient de suivre la consigne de vote de FC/Télérama et d'élire Hollande. Mais comme précisément ces pétitions de principe constituent le paradigme idéologique de cette radio, je suis surpris qu'on reproche à un de ses producteurs de ne pas y adhérer ou parfois même de s'inscrire en faux contre le discours ambiant qui domine sur la fréquence.

Je vois aussi que vous semblez faire vôtre ce reproche implicite qu'exprime la formule de l' "indignation sélective". Mais j'aimerais bien savoir quelle indignation ne l'est pas, sélective ? Ce tour rhétorique est finalement synonyme d'un reproche fait à ceux qui ne réagissent pas comme nous (je rappelle au passage que quelqu'un qui réagit est un réagissant et non un réactionnaire). Mais après tout Stephane Hessel qui vient de mettre l'indignation à la mode, a lui-même l'indignation fort sélective puisqu'il qualifie de positive et bienveillante l'occupation de la France par l'Allemagne tandis qu'il classe celle de la Palestine par Israël comme crime contre l'humanité. Laissons donc de côté de telles scies argumentaires. Vous me direz que c'est là une clause de style, mais justement dans nombre des reproches faits à Finkielkraut, des clauses de style j'en trouve. Et pas qu'un peu.

Mais surtout je m'étonne que vous reprochiez à un essayiste de délaisser un sujet et même plusieurs. On devrait plutôt leur faire à presque tous le reproche inverse : celui de parler à tort et à travers de ce qu'ils ne connaissent pas, de ce qu'ils analysent insuffisamment ; et ce faisant, de rejoindre un concert bruyant de commentateurs qui n'ajoutent guère de valeur au domaine des idées. Finkielkraut a montré qu'il maitrisait la langue, qu'il connaissait les littératures, et qu'après sa brillante agrèg' en la matière, il pouvait tenir une place dans le débat des idées philosophiques. Mais je pense (et j'en dirais autant d'un Raphaël Enthoven) qu'on ferait erreur en cherchant dans ce brillant manieur d'abstraction une boussole pour se repérer dans le social. Il est tout aussi aimanté de travers que ceux qu'il déteste (de Bourdieu à Plenel) à ceci près que chez lui la polarité est inversée. Je déplore qu'il se soit laissé intoxiquer par l'alarmisme contemporain, alarmisme que France Culture nourrit d'ailleurs à sa manière c'est à dire de façon permanente et en catalyseur d'effets pervers.

Le problème de Répliques est peut-être que depuis sa fondation les choses ont changé, et qu'on ne peut plus donner ce genre d'émission à des gens ayant le profil de Finkielkraut. Contrairement à Terki, je trouve très bien que cet homme ait sa tribune. Qu'il la garde ! Et qu'il y réduise la proportion consacrée aux sujets de ses frousses. S'il veut s'indigner sélectivement, je l'y encouragerais : mais qu'il se limite à des sujets qui sont du domaine de sa compétence et qu'il pourrait traiter sans recours à la technicité du raisonnement sociologique (il me semble que l'Ecole en fait partie) ; et puis qu'il se comporte en philosophe moraliste pour fustiger le moutonnisme courant dans l'intelligentsia, eh bien je trouve la chose utile et saine. Mais tout ça devrait lui donner de quoi faire même pas une émission par mois. Et qu'il rende les sujets de société à ceux qui savent faire des émissions là-dessus. Je ne suis pas adversaire de l'intervention de non-spécialistes dans les débats sociologiques, mais on a déjà vu et fait remarquer ici-même que lui se trouve presque toujours à côté de la plaque, et déjà sur le plan du raisonnement. Je ne doute pas un instant que le raisonnement sociologique soit à la portée de son intelligence, mais je crains que cette exigence ne l'effleure pas un instant. Berné par l'illusion philosophique qui veut que cette discipline soit la voie royale des idées (ce en quoi il serait bien proche d'un Enthoven), il ne semble pas effleuré par le souci de technicité que demande l'exercice. Et c'est là ce qui explique à mon sens la trop fréquente mauvaise qualité de Répliques, plutôt que ce qui fait la matière des procès en sorcellerie qu'il est devenu commode et courant de faire à Finkielkraut.

terki 

terki

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Re: Répliques, Alain Finkielkraut - Mer 11 Juil 2012, 11:38

Contrairement à Terki, je trouve très bien que cet homme ait sa tribune. Qu'il la garde !

ce petit message , juste pour dire que je n'ai jamais demandé que l'on supprime l’émission de Finkelkraut .

je suis assez d'accord avec la réponse de Gomez plus haut.

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Re: Répliques, Alain Finkielkraut -

Répliques, Alain Finkielkraut     Page 19 sur 67

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