Nessie
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Philaunet a écrit:Après la lecture par Alain Finkielkraut du droit de réponse de
Smaïn Laacher (qui l' « a demandé et l'a obtenu » selon A. F. [...].
Voici ce droit ce réponse empastillé, qui mérite l'écoute car il est bien étonnant : [son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/10/s43/NET_FC_800f6fb8-e67e-4058-aee7-e62cb174d9c7.mp3" debut="00:51" fin="01:41"]
Il est permis de douter de la compétence linguistique de l'auteur. Il me semblait évident -et comme tout ce qui l'est, ça ne l'est jamais pour tous- que la mention du lait maternel était métaphorique. Je ne sais pas quel amuseur de foules tiendrait que le racisme soit un trait biologique et même biologiquement hérité. Il faut vraiment s'imaginer que tout adversaire est un raciste (nous appellerons cette déviation de l'imaginaire "le syndrôme de Terki") pour se méprendre à ce point. Et le plus inquiétant est que ce contresens passe comme une lettre à la poste, sans un commentaire de Finkielkraut, et probablement sans une seule prévention à la source : Smaïn Laacher n'a donc aucun ami doué de réflexion, ou n'a donc fait relire son droit de réponse à personne d'assez compétent pour lui dire que son droit de réponse met complètement à côté ?
Il est permis de se demander si Laacher joue ici la comédie (mais dans quel but ?) ou bien si véritablement il n'a pas compris le propos de Georges Bensoussan. Ce propos n'était pas que l'aversion pour les juifs est un trait biologiquement hérité, mais bien plutôt qu'il est reproduit avec constance dans certains milieux, en l'occurrence dans celui que Bensoussan cible sans ambiguité. Le lait maternel est ici une métaphore de l'éducation première qu'on y reçoit, et ce qu'il fallait comprendre c'est que dans ces milieux la haine du juif est à la fois endémique et transmise dès la petite enfance. Et le problème est là : que la mentalité raciste ou antisémite soit ou non un trait biologique, voila une polémique qui fleure bon la fin XIXe et on peut se montrer surpris qu'un sociologue qu'on suppose patenté puisse encore s'enliser dans un tel débat. Mais à ce titre le mal qui ronge la France, c'est à la fois la présence et la constance du racisme, et là nous ne savons toujours pas ce que Smaïn Laacher a réellement dit dans ce fameux documentaire télévisé.
Heureusement, le producteur, en as du
teasing, se charge de la question à la fin de ce numéro de Répliques, en annonçant le prochain et aussi les vacances du samedi matin pour les auditeurs qui voient avec lassitude Finkielkraut réaliser le triplé : au programme Tarek Oubrou et Daniel Sibony pour parler de l'Islam. Ca promet. Eh oui ça promet puisqu'il nous fournit cette précision : [son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/10/s43/NET_FC_800f6fb8-e67e-4058-aee7-e62cb174d9c7.mp3" debut="51:09" fin="51:37"]
Il faut sauver le soldat Philaunet qui est en train de méditer un petit massacre : forcer l'entrée du studio et estourbir la totalité des participants avec une édition reliée (en plomb massif) de "La culture pour vivre" avant de retourner l'arme contre lui et de s'assommer lui-même pour parachever cette course d'amok culturel.
Dernière édition par Nessie le Lun 26 Oct 2015, 16:21, édité 1 fois
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Eh oui, sauf que c'est devenu là le défaut et le dilemme de cette radio à toute heure ou presque : peut-on contrôler la parole quand elle est à ce point retirée à la culture et à la réflexion pour se trouver dévolue aux imbécillités de la conversation ?
J'en suis arrivé à un point où je détecte environ une ânerie à la minute non plus seulement dans le babillage prétentieux d'un Onfray mais chez la quasi totalité des poseurs qui se succèdent au micro, qu'ils soient invités pour leur travail ou qu'ils fassent partie des récurrents commentateurs ou même des producteurs : passe encore pour les invités de Laure Adler ou de Marie Richeux qui doivent se sentir tirés vers le bas par des questions stupides et qui perdent alors tout scrupule à se laisser aller au débraillé intellectuel. C'est moins acceptable en provenance des productrices citées, ou de leur consoeur Caroline Caroline Broué. Quant au simulacre d'interrogation que livrent sur un ton faussement réfléchi les Fassin, Blondiaux, Potte-Bonneville, Plihon ou encore Adèle Van Reeth, là c'est la déroute, le naufrage.
J'ai entendu aussi plus d'une énormité dans les conversations entre Philippe Garbit et ses invités pendant la nuit du samedi (par délicatesse je ne relève plus les sommets d'absurdité entendus au micro de Christine Goémé où visiblement la bétise et la vanité se font grandement contagieuses). En tous cas, le moindre numéro du Panorama, même un numéro bordélique avec prises de bec improvisées était plus riche en idées, en réflexion et en hauteur de vues que ne l'est cette comédie de la culture qui nous est maintenant offerte par France Culture.
Mais peut-être nous sommes-nous fourvoyés en jugeant que France Culture s'était simplement laissé aller à la médiocrité. C'est peut-être la plus grande partie de l'intelligentsia qui est maintenant peuplée de mauvais faiseurs (Philaunet supportera-t-il d'apprendre qu'un Bronner est membre de l'Institut ??). Bref le mal est maintenant généralisé.
Où sont les exceptions ? Pour ma part je n'en vois que très peu à France Culture : chez Etienne Klein, chez Jean-Noël Jeanneney on échappe habituellement au désastre. Avec Philippe Meyer ou François Angelier, le producteur est là pour tenir la barre et limiter les dégâts. Hors de ceux-là, on ne sait pas si c'est la bétise qui peut fondre à tout moment et glacer l'auditeur médusé ou si c'est au contraire l'auditeur qui guette l'inévitable sottise, tapi derrière son transistor et armé de son escopette critique. Dans le second cas, il n'attend jamais bien longtemps avant d'avoir dans son viseur une bonne raison pour presser la détente.
Dernière édition par Nessie le Mar 27 Oct 2015, 17:37, édité 1 fois
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Jean-Luuc a écrit:[...]venons-en aux mots mêmes de S. Laacher, tels qu'ils ont été prononcés dans le documentaire édifiant de G. Benayoun intitulé :
Profs en territoires perdus de la République ?, diffusé le 22 octobre 2015 sur Fr. 3.
Chacun mesurera ainsi directement la distance prise par G. Bensoussan avec la parole effective de S. Laacher :
56’41’’ :
Cet antisémitisme, il est déjà déposé dans l’espace domestique. Il est dans l’espace domestique. Et il est quasi naturellement déposé sur la langue. Déposé dans la langue. Une des insultes des parents à leurs enfants, quand ils veulent les réprimander, il suffit de les traiter de juifs. Mais ça, toutes les familles arabes le savent. C’est une hypocrisie monumentale que de ne pas voir que cet antisémitisme est d’abord domestique, et bien évidemment, il est sans aucun doute renforcé, durci, légitimé, quasi naturalisé au travers d’un certain nombre de distinctions à l’extérieur. Il le trouvera chez lui, et puis, il n’y aura pas de discontinuité radicale entre chez lui et l’environnement extérieur, parce que l’environnement extérieur, en réalité, le plus souvent, dans ce que l’on appelle les ghettos, il [l'environnement extérieur] est là, il est comme dans l’air que l’on respire, il n’est pas du tout étranger. Il est même difficile d’y échapper, en particulier, quand on se retrouve entre soi. Ce sont les mêmes mots qui circulent. Ce sont souvent les mêmes visions du monde qui circulent, fondées sur des mêmes oppositions, et en particulier, cette première opposition qui est l'opposition : eux et nous. Puis après, sur cette grande opposition, sur cette grande bipolarité, se construisent une multiplicité d'oppositions entre les nationalités, entre les ethnies, et cetera.
Eh bien merci Jean-Luuc
La stratégie de réponse de Laacher est vraiment obscure. Il fallait donc absolument soutenir ceux qui rentrent dans le lard de Bensoussan, quitte à tartiner une palinodie, alors que le verdict d'un haine endémique du juif est ici confirmé. Il y bien là de quoi nous faire un sacré feuilleton et pas seulement un feuilleton de radio ou de forum.
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