Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Philaunet dans le message de ce nouveau fil nous propose :

Poursuivons la tradition du forum, l'observation des "nouveaux" programmes

2022/23, R.A.S. La grille est identique, les changements sont infimes, et l'on remarque seulement que le week-end s'est enrichi en rediffusions.

Le meilleur commentaire qui puisse exister émane de la direction elle-même, aidée sans doute de sa nouvelle ''conseillère à la marque'' France Cu. L'objectif est clair : tous les moyens sont bons pour gratter des points d'audimat.
Traduction :
''L’ambition de l’année qui vient sera d’être plus créatif encore pour développer davantage notre audience et conquérir de nouveaux publics.''

Et c'est repartu pour un nouveau tour de roue dans la grille à France Cu, la grille qui tourne en rond sur elle-même.

La direction s'est donnée 100 comté pour nous offrir cette splendide nouvelle ancienne grille : encore plus de rien, encore moins de tout. Débats d'actu et promo : les maîtres mots de la Ligne Gé.
La direction se donne même dans "A voix nue", où elle accomplit la tache ô combien difficile de "Autre".

                                                                                                

Trêve de congratulations. Passons aux compliments.
Connaissez-vous la nouvelle émission à filo ? Elle est trop cool... Vous prenez une question piquée dans un Annabac, comme par exemple « Suffit-il au pouvoir d’être légal pour être légitime ? »
Vous foutez de l’actu du jour dans la réponse et vous discutez du tout avec deux socios-popos. Et voilà c'est bon pour la filo.

Connaissez vous « Sanze ozé le 2mandé », l'ancienne nouvelle émission de culture gé ?
Vous savez, la culture gé, la culture de ceux qu'aiment pas la culture, que ça gonfle tellement qu'ils se disent : « Boudiou, c'est quoi les 2-3 trucs à savoirs pour briller en société ? Et pis surtout ça s'rait bien qu'on m'explique rapidos parce que la tuture, j'ai aut' choze à fout' ! »

Cette année, l'ancien nouveau a été remis à 9. La preuve, y'a Didine aux commandes. Et Didine, la culture gé, c'est trop son truc. Normal, c'est pour ça qu'elle est là, pour s'adresser aux gens comme nous qu'ont pas d'culture et qu'en veulent une vite fait, mais surtout vite parce qu'on n'a pas qu'ça à fout'.

L'année dernière, « 100 ozé le 2mandé », c'était ça :

                                                                                


7 année c'est deviendu ça :

                                                                                


La différence est d'importance. Dans la roue des émissions qui tournent en rond de France Cu il y a des différences, ne vous y trompez pas. Dès le titre nous apprenons qqchoze. Et ça c'est déjà signe que c'est super méga plus mieux que l'année dernière. C'est ce que les spécialistes de la tuture appellent « l'effet Didine ».
Oui, nous apprenons que personne n'a fini « Ulysse ». Personne. C'est marqué dans la question merde, apprenez à lire ! Quoi ? La question elle a pas de point d'interrogation alors que c'est une question en style direct ? Mais vous êtes cons ou quoi ? Un point d'interrogation, c'est quoi ? C'est rien, presque rien, un machin minuscule qui serpente de haut en bas et qui se termine par un point que moi franchement quand je mets pas mes lunettes je le vois même pas. Alors on va pas tergiverser trois ans sur un point, d'interrogation ou pas.
Donc « Ulysse », personne l'a fini ce gros pavé chiant. Personne. Même son traducteur, il l'a pas fini. C'est sûr, puisque Didine elle le marque dans sa question. La parole à Didine, l'as de pique de la culture gé, vous voulez la remettre en question ? Et non seulement vous voulez la remettre en question, mais en plus vous voulez foutre un point avec une interrogation dessus ? Malheureux ! Mais la parole à Didine, c'est de l'or en barre, c'est plus fiable que n'importe quel article de dico, alors fermez-la bande de moustiques !
Et boivez la bonne parole, apprenez enfin avec « Sanzozé ledemandez » pourquoi vous ne finirez jamais « Ulysse ». Pourquoi ? Parce que personne l'a fini ! C'est marqué dans le titre.

En rond, toujours en rond. Multiplier les mêmes émissions sur les mêmes sujets, avec les mêmes invités, certainement l'axe majeur de la Ligne Générale de France Cu.
Je vais donner encore un exemple, pris dans cette superbe nouvelle émission filozofik.
Il semble qu'il n'y ait aucun contrôle, personne pour dire stop à ce foutage de gueule : l'argent est jeté par les fenêtres pour faire toujours pareil, que ce soit dans la grille d'été comme dans celle de rentrée.
Aucune création, aucune idée, rien, le vide. La chaîne a choisi aussi de suivre l'actu (et de gonfler son audimat à tout prix en se foutant comme de l'an 40 de la qualité des programmes) : ainsi, comme l'actu par définition suit essentiellement tout ce qui dérape dans notre mooooonde, nous ne sommes jamais étonnés par le choix des sujets. En plus, France Cu se targue de devenir un Think Tank. Elle assène (ça change de ''martèle'') la bonne parole nous assurant qu'on va tous crever sauf si l'on milite tous dans le même sens.

Achevons avec l'exemple filozofik.

La filo du 30/08/22 :

                                                                                        



La filo du 8/11/21 & du 10/11/21 :

                                                                                        
                                                            
                                                                                        
                                                                                        

Doublonner, le meilleur moyen de donner à la tutelle l'idée d'une fusion (avec France Musique par ex., et hop une seule radio culturelle). Il ne faudra pas se plaindre, car la direction actuelle de Franc Cu aura amené cette belle idée sur un plateau d'argent.

En milieu de mamate et en milieu d’aprèm', pour changer des débats d’actu et des promos, il est de coutume sur France Cu de balancer des émissions culturelles. « Culturelles » en tout cas dans leurs prétentions, car en réalité, on retourne bien vite autour de l’actu et de l’entretien promo.

L’émission de 15h était au départ une émission littéraire, « La compagnie des auteurs ». Son producteur faisait défiler mollement les auteurs dans nos oreilles, prenant bien soin de suivre la fiche Wikipédia qui lui servait de conducteur. C’était déjà exaltant.

Puis il y eut « La compagnie des œuvres », car la littérature ça commençait à bien faire, le tour superficiel était fait, toute la fiche Wiki avait été vue. Le sujet était épuisé. L’auditeur aussi, depuis belle lurette (approximativement depuis le début).
Les œuvres, c’était pratique, ça permettait d’aborder pour la ixième fois des artis’ méconnus comme Gainsbourg, ou, afin de respecter la bonne et droite Ligne Générale, des artiss’ politiquement engagés bien comme il faut, et puis des artiss’ choisis parce qu’ils offraient l’opportunité d’une promo (en gros, tous).

Puis, les œuvres, ça commençait à bien faire, le tour était fait, impossible de faire deux séries à la file sur les mêmes artiss’.
Arriva donc « Sans oser le demander », où l’on pouvait éviter sans problème la littérature, l’art en général, pour replonger dans la sociologie, (une discipline qui était hélas méconnue de France Cu de 15h à 16h) ou tout autre domaine que l’art, parce que l’art ça va cinq minutes, après on commence à s’emmerder.
Donc, il faut passer aux questions de culture gé, dont on ne répétera pas assez qu’elle est la culture de ceux que gonfle la culture.
L’essentiel demeurait, puisque le plus souvent, l’actu et la promo étaient au rendez-vous.
Les questions que nous n’osons pas poser parce qu’on a honte pauvre de nous, étaient d’un niveau troposphérique :  Le charisme est-il dangereux ? Comment le capitalisme est-il né ? Marilyn, une poétesse ignorée ? Pourquoi Prince est-il une icône ? Que s’est il passé à Alésia ? Truffaut : un écrivain, au fond ? Connaissez-vous vraiment la musique du rappeur Jul ?
Mais c’était encore trop élitiste.  Il fallut donc aller plus loin. Changement de producteur. Il était temps car celui qui officiait était bien usé. Pour tout dire, usé depuis le début.

Arriva donc aux commandes de « Sans oser le demander » quelqu’un d’inusable : Didine. Elle pourrait recommencer à poser les mêmes questions chaque année pendant cinquante ans en restant toujours aussi pimpante, prête à l’attaque.
Le niveau de l’émission qui était déjà stratosphérique va cette année toucher le sol lunaire.
Cette première semaine fut éblouissante :
- lundi : lit & rature.
Reprise d’une émission sur « Ulysse » de Joyce », vu cette fois-ci sous le prisme de l’ignorance puisque de la déjà tartignole « Comment lire Ulysse de Joyce ? » nous passons à « Pourquoi personne n’arrive à finir « Ulysse » de Joyce ? »
- mardi : Développement personnel.
« Comment être encore insouciant ? » Développement personnel, oui, mais aussi commentaire d’actualité.
Vous savez, le discours du président qui a été commenté partout, eh bien faut pas mollir, faut continuer à sanzozé ledemandé.
- mercredi : musique.
« C’est quoi le problème avec l’auto-tune ? »
Avec son complément touitteur indispensable :

                                                                                                

- Jeudi :  Marronnier. La rentrée des zenfants.
« Pourquoi la rentrée est-elle en septembre ? »
Cette question a été traitée le 31 août, c’est-à-dire la veille, sur la même antenne, par Gérard Noiriel, mais formulée ainsi : « Pourquoi la rentrée a-t-elle lieu au début du mois de septembre ? »
Attention, l'année prochaine il ne faudra pas oublier de se reposer la même question. Ce serait bête de passer à côté.
- Vendredi : Surprise ! Sociologie !
« Qu’est-ce que l’intersectionnalité ? » Quelle surprise !
Une notion qui divise nous dit Didine.
En invitant une sociologue - surprise ! - dont le dernier ouvrage en promo s'intitule « Pour l’intersectionnalité » - surprise ! -,  nous avons compris que Didine tient à nous rassembler. La division, y'en a plus.

L’émission de filo du mamate a subi la même transformation. Encore plus près de l’actu, toujours plus loin de la philo alors que là aussi, le niveau atteint ces dernières années était déjà mésosphérique.

Heureusement que pour redescendre un peu sur Terre il reste les podcasts nattes & tifs, toujours aussi créa’tifs, et toujours prêts pour un passage en flux.
La promo du mois : bain de sang aux J.O. de Munich en 1972

                                                                                    

Une histoire trop méconnue, qui a donné à trop peu d’émissions sur le sujet, y compris sur France Culture (une rediff’ d’une « Fabrique de l’Histoire » de 2001 sur le sujet aurait été trop onéreux, on le comprend.)
France Cu est vraiment à la pointe de l’avant-garde radiophonique, même France Inter l’a plagiée par anticipation. C’est d’un niveau exosphérique.