./...
Eh bien ça démarre fort. Passons brièvement sur l'usage du point d'exclamation qui est au journaliste ce que le viagra est aux impuissants. Passons un peu moins brièvement sur l'image absurde du "retour" de l'enfant prodigue, comme si ça légitimait un choix de casting, surtout 40 ans après c'est plus l'enfant prodigue c'est le cacochyme qui revient d'Amérique et quelle Amérique : Inter, puis Europe, puis Direct 8, hou que voila du recrutement culturel ! De toutes façons France Culture en 2012 ou même en 1995 a fort peu à voir avec celui des 70's. Bref, que Souchier ait fait ses débuts sur Culture en des temps définitivement autres avec une émission au concept Vincent-Lemerrien, eh bien en fin de compte ça n'a strictement aucun intérêt. Information zéro. Alors à quoi bon nous bassiner avec ça ? Soit le rédacteur meuble et babille, soit il vous embobine, soit -pire que tout- il y croit, malgré la faiblissime pertinence. L'amateurisme finit par devenir une marque d'authenticité : plus c'est creux, plus c'est fidèle au style de France Culture. A moins qu'on évite de nous dire, tout simplement, que Souchier est un type à recaser parce que son émission est éjectée de Direct8 en même temps que Trierweiler. Alors passons, oui, car il y a d'autres raisons de trembler, ou de renâcler, ou de se gausser. Pour ma part j'en trouve deux :
1) Le principe de l'émission, tel qu'il est affiché ici, est un pur gadget : s'engager à ne recevoir l'invité qu'une fois. L'invité, transformé en cartouche à existence unique dans le lance-roquettes maison, qu'est-ce que ça apporte ? Autant que l'idée brillante de "Hors-champs" : inviter ceux dont on ne parle pas, entendez non pas des inconnus ça c'est pour le populisme Kronlundien, non : "Hors-champs" c'est inviter les gens connus mais qui ne sont pas aux premiers rangs de l'actu. Ah ouiche ! On a vite vu que Laure Adler ne tenait pas ce contrat, d'ailleurs sans véritable intérêt. Et que ça n'a pas rendu son émission meilleure ni moins bonne ni moins pro ni plus niaise mais était-ce possible au fait ? Bref : effet d'annonce, gadget. Rien de plus. Ajoutons que pour être fidèle à son principe, Souchier devrait ne pas démarrer avec son compteur à zéro, mais exclure d'avance hors de son programme, tous ceux qu'il a déjà interviewés. Alors, le fera ? Le fera pas ? On parie ?
2) Autrement inquiétant : l'inventaire prévisionnel des invités, et le désaccord récent entre Souchier et son employeur. Dans les deux cas, voila qui annonce un renforcement de la focalisation politique à France Culture, et peut-être aussi de son orientation idéologique. D'avance on peut douter de la neutralité du bonhomme : animer une émission avec Valérie Trierweiler, c'est soit être en phase avec elle, soit se trouver en complément idéologique, pour raison de pluralisme ? En fait, je n'en sais rien, mais connaissant l'orientation idéologique de Poivre Jeune et son absence à-peu-près complète d'honnêteté en la matière, je redoute qu'on n'ait là une Nième recrue pour le bourrage de crâne au service de la gauche moyenne, qui est la norme idéologique de la classe moyenne cultivée. L'avenir dira si j'anticipe dans le mauvais sens, mais d'avance je redoute un double effet 'paté d'alouette' : a) que la part des invités non-politiques soit la portion congrue, et : b) que parmi les invités politiques la part de ceux qui n'émargent pas au
paradigme idéologique de la maison soit tout aussi congrue.