Les remaniements à France Télévisions chamboulent France Culture
Bruno Patino quitterait la radio pour l'équipe de Rémy Pflimlin, PDG des chaines publiques
A quelques jours de la rentrée des chaînes de télévision et des radios, les transferts continuent. Selon nos informations, Bruno Patino, 45 ans, directeur de France Culture depuis 2008, s'apprêterait à quitter la station pour rejoindre France Télévisions.
Rémy Pflimlin, nouveau PDG du groupe public nommé en juin par Nicolas Sarkozy, a proposé à M. Patino de s'occuper de la gestion du numérique du groupe public. S'il n'a pas encore donné sa réponse définitive, M. Patino se dit intéressé par le poste. Il devrait finaliser l'accord d'ici la fin de la semaine.
Journaliste et manager, actuel directeur de l'Ecole de journalisme de Sciences Po, M. Patino a effectué une grande partie de sa carrière au sein du groupe Le Monde où il fut, entre autres, dirigeant du Monde interactif de 2000 à 2008.
A la direction de Radio France, son départ semble acté : la présidence de la radio publique a proposé la direction de France Culture à Olivier Poivre d'Arvor, 52 ans, qui a accepté la proposition.
Frère du journaliste Patrick Poivre d'Arvor avec qui il a écrit de nombreux essais et romans, il dirige actuellement Culturesfrance, une association du ministère des affaires étrangères chargée du rayonnement de la culture française à l'étranger.
M. Pflimlin, qui n'a pas encore terminé la constitution de son premier cercle de collaborateurs, a par ailleurs décidé de supprimer le poste de numéro 2 du groupe France Télévisions.
Ce poste était jusque-là occupé par Patrice Duhamel qui, en qualité de directeur général de l'ensemble des chaînes publiques (France 2, France 3, France 4, France 5 et France O), avait compétence sur les programmes et l'information. Pour le moment, il ne devrait pas y avoir de changement à la direction de l'information de France 2, dirigée par Arlette Chabot.
Lundi 23 août, jour de la passation de pouvoir avec Patrick de Carolis, M. Pflimlin sera toutefois accompagné de deux hommes qui occuperont des postes clés dans le nouvel organigramme de France Télévisions.
Patrice Papet, ex-directeur général adjoint chargé du dialogue social et des ressources humaines de Radio France, a répondu favorablement à M. Pflimlin pour rejoindre le groupe audiovisuel en tant que directeur des relations humaines et responsable de l'organisation de France Télévisions. Les deux hommes se connaissent très bien. Ils ont travaillé ensemble à France 3 lorsque M. Pflimlin dirigeait la chaîne entre 1999 et 2006.
Pour s'occuper des finances du groupe, M. Pflimlin a fait appel à Martin Ajdari, qui était depuis mars 2009 directeur adjoint de l'Opéra de Paris. Il a également passé cinq ans à Radio France où il fut directeur général délégué à la gestion et à la production sous la présidence de Jean-Paul Cluzel.
Fin connaisseur de la maison, le nouveau PDG de France Télévisions a choisi de ne pas bousculer tout l'organigramme des chaînes publiques. Les responsables des chaînes et des différentes unités de programmes devraient rester en place pour le moment. Malgré de nombreuses pressions en provenance de l'Elysée, le journaliste Pierre Sled, ex-journaliste sportif sur France 2 et proche du président de la République, ne devrait pas faire son retour à France Télévisions à un poste stratégique.
Daniel Psenny
© Le Monde
Olivier Poivre d'Arvor, le " petit frère " passe à la radio
OLIVIER Poivre d'Arvor sera toujours le petit frère de Patrick, le journaliste. Né en 1958, il est pressenti pour prendre la direction de France Culture et devrait succéder à Bruno Patino.
Directeur de Culturesfrance depuis 1999, quand cet organisme chargé du rayonnement de la culture française à l'étranger s'appelait encore l'association française d'action artistique (AFAA), M. Poivre d'Arvor a été l'un des acteurs majeurs d'une impossible réforme de la diplomatie culturelle. Face à la domination américaine, notamment dans les arts plastiques, il n'a guère su ni pu endiguer le manque de visibilité de l'Hexagone dans ce domaine.
Sans réfuter pour autant les discours catastrophistes sur la faiblesse des moyens affectés à la culture par le Quai d'Orsay, il avouait lui-même : " Aujourd'hui notre action dans le monde est illisible " (Le Monde du 14 février 2009). La commission des finances du Sénat et la Cour des comptes avaient sévèrement critiqué l'absence patente d'évaluation des opérations de cet organisme.
Dans une satire de l'AFAA, l'écrivain et artiste Alain Fleischer avait, dans son roman Les Ambitions désavouées (Le Seuil, 2003), décrit l'improbable organisation d'une exposition de posters sur les arbres dans la jungle amazonienne...
Le décalage entre les choix de la diplomatie culturelle et la réalité de la création contemporaine lui ont été reprochés. Pourtant, Olivier Poivre d'Arvor avait dirigé avec brio plusieurs instituts français à l'étranger. Celui d'Alexandrie (Egypte) d'abord, puis de Prague et de Londres où il était resté jusqu'en 1998.
Auteur de nombreux romans, il avait aussi défrayé la chronique culturelle comme candidat déçu de la Villa Médicis. Il considérait, en mars 2008, qu'il avait toutes les qualités pour remplacer le scénographe Richard Peduzzi dans la Ville éternelle. A la suite d'une rocambolesque polémique, Georges-Marc Benamou, le conseiller de Nicolas Sarkozy, lui avait été préféré ; avant qu'un second tour ne soit organisé et que Frédéric Mitterrand ne le coiffe finalement au poteau.
Nicole Vulser
© Le Monde