POINT DE VUE par Michel Wieviorka, sociologue. Ouest-France 18 05 2019.
Extraits. Intégralité à retrouver sur le site qui vaut bien une visite.
Et pourtant France Culture invite tous les jours des personnes qui martèlent ce message. FrCult aurait-elle des idées "simplistes", appâterait-elle son audience avec de "la titraille tapageuse" ?
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Demain, la guerre en Europe ?
« Le succès des nationalismes et populismes pourrait aboutir à mettre fin à l'Union européenne, elle-même née, précisément, pour prémunir l'Europe de la guerre et rendre impossible son retour. »
Karl Marx ouvre son analyse du 18 Brumaire de Louis Bonaparte en notant qu'« Hegel fait quelque part cette remarque que tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois. Il a oublié d’ajouter : la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce ».
Si l’histoire se répète, même si c’est sur le mode de la farce, alors les comparaisons historiques dont notre époque est particulièrement friande sont légitimes. Que n’a-t-on dit, par exemple, des Gilets jaunes, les uns évoquant le mouvement de Pierre Poujade, entre 1953 et 1958, d’autres les Bonnets rouges dans la Bretagne de 2013, d’autres encore la violente manifestation antiparlementaire de 1934, quand ce n’est pas 1789, et d’autres épisodes insurrectionnels, ou bien encore Mai-68 !
Une comparaison appelle réflexion plus que d’autres : celle, fréquente, qui met en regard la poussée contemporaine des nationalismes et des populismes en Europe, avec les années 1930, l’essor des fascismes et du nazisme et leur aboutissement tragique, la Seconde Guerre mondiale, le génocide des Juifs. Les temps présents préparent-ils de telles horreurs, les annoncent-ils ?
Un argument au moins plaide pour qu’on n’aille pas dans ce sens : (...)
"Mais se réclamer de l’expérience des années 1930 pour dire que nous allons sans transition vers une nouvelle conflagration mondiale du fait des nationalismes et des populismes européens ne repose sur aucune donnée sérieuse et est trop simpliste".L’histoire n’est jamais écrite d’avance. Mais se réclamer de l’expérience des années 1930 pour dire que nous allons sans transition vers une nouvelle conflagration mondiale du fait des nationalismes et des populismes européens ne repose sur aucune donnée sérieuse et est trop simpliste. Ce qui est vrai, par compte, est que leur succès pourrait aboutir à mettre fin à l’Union européenne, elle-même née, précisément, pour prémunir l’Europe de la guerre et rendre impossible son retour. »
Et pourtant France Culture invite tous les jours des personnes qui martèlent ce message. FrCult aurait-elle des idées "simplistes", appâterait-elle son audience avec de "la titraille tapageuse" ?