Ce matin, Edouard Louis, l'espoir de la gauche radicale intellectuelle et médiatique. Fils de prolétaires très pauvres, comme il nous l'a raconté dans un livre inspiré d'Eribon, il nous entretient cette année de son viol… par un Arabe. Magnifiques sujets : violence, racisme, exploitation, honte, compréhension, police, famille. Traités par un bourdieusien, c'est du nanan. Edouard Louis est accompagné par sa maman médiatique, Aude Ancelin, de l'Obs. Elle avait déjà tenu ce rôle de poisson-pilote maternel dans un longuissime entretien sur Arrêt sur image et, la semaine dernière, a consacré un long papier à son jeune protégé dans l'Obs. Louis s'enferre et ferait presque pitié tant son discours est pauvret et répétitif : la violence de la société, il faut être contre la violence, parce que la violence c'est pas bien, parce que Bourdieu l'a dit, lui qui était toujours en colère contre la violence, les violents sont des victimes de la violence, voilà à peu près tout son raisonnement. Il cite son grand copain/compère, Lagasnerie (qui a son tour cite Louis dans chacun de ses interviews) parmi les intellectuels qui prennent la relève de Bourdieu, Foucault, Derrida; fait quand même la fine bouche sur Badiou et ne connaît pas Rosanvallon. Sa réponse à une intervention de Marine Le Pen prenant la défense des femmes (ce qui ne manque pas de sel), à la suite des événements de Cologne, se résume à des insultes ("abjectes"). Il refuse de donner son opinion sur les primaires à gauche (là, on le comprend), mais, phrase suivante, défend un réengagement des intellectuels dans le jeu politique. Ancelin bondit à son secours à plusieurs reprises, tant le jeune intellectuel bafouille, se répète, se contredit. Interrogé par Brice Couturier sur son scandaleux appel au boycott d'une conférence de Marcel Gauchet à Blois (bel exemple de violence), Louis a cette superbe réponse : "On ne peut pas comparer un petit article de presse d'une page aux livres que j'écris", niant le boycott, même quand Couturier lui cite la pétition lancée dans le Monde et l'Obs par Louis et Lagasnerie. Erner se tient à l'écart quand Ancelin affirme, déniant toute réalité, que la gauche radicale ne peut pas s'exprimer dans les médias ("sauf ici", glisse Couturier): il se contente de sortir des notes biographiques quand un nom d'intellectuel est cité, coupant le rythme du débat. Pitoyable échange donc, sur un livre puissamment soutenu par la plupart des médias, sur un auteur extraordinairement faible, porté à bout de bras par quelques journalistes. Un parfait exemple de la déliquescence d'une gauche qui se veut de proposition mais se contente de dire, comme Louis: ' il faut poser autrement les questions' sans jamais apporter de réponse dans une chronologie acceptable par une société qui souffre aujourd'hui et maintenant.
Dernière édition par munstead le Jeu 14 Jan 2016, 14:01, édité 1 fois