Gomez a écrit:Certaines "belles" voix me sont insupportables: au premier rang, l'onctueux Enthoven, qui m'a éloigné plusieurs années des "nouveau chemins". Non pas parce que les sujets ou les propos étaient inintéressants, mais parce que sa voix enrobait la moindre proposition dans tant de velours qu'elle lui faisait immanquablement perdre toute sa puissance.
Très juste dans la majorité des cas, mais pas toujours.
Souvenir des "Nouveaux Chemins" : une voix abîmée, rauque, véhiculant le savoir impeccable d'un grand savant (spécialiste de Diderot et de Rousseau) : Raymond Trousson. Là, le fond emporte le moyen (on peut jouir d'un beau paysage assis au volant d'une vieille guimbarde...)
Gomez a écrit:Grandes voix (souvent regrettées): Chaslin, Bydlowski et l'équipe des panoramas des années 90 (même quand elles étaient horripilantes): Koster, Dadoun, Richard, Salgasse...
Oui, oui, et oui. La voix de Michel Bydlowski résonnera toujours en notre mémoire. Les autres que vous mentionnez : des passionnés de leur sujet. Mais je ne qualifierais pas Roger Dadoun comme porteur d'une "grande voix"
Votre typologie des voix est vraiment intéressante. On a envie de tout approuver, surtout cela : "
Voix de courtisan suave et creux: Martel, Colombani"
Gomez a écrit:Question: peut-on vraiment séparer la forme du fond, en l'occurrence?
Difficile de changer le timbre naturel d'une voix ou de réparer des cordes vocales cassées, mais là n'est peut-être pas la question que vous posez. Voir Trousson plus haut ou Abraham Moles dont il a été question récemment dans un autre fil. Moles a une voix impossible, mais on a envie de le suivre durant des heures. Une voix à la Claude Piéplu qui traite des sujets les plus sérieux, ce peut être un contraste qui retient l'attention et donne du plaisir comme une musique dissonante.
Ce qui est insupportable, c'est la mignardise à la Richeux ou la bouffissure vocale à la Colombani, pour ne citer que ces deux-là.
Au bout du compte, ce n'est pas la nature de la voix qui doit être jugée pertinente pour sa diffusion, mais la manière "m'as-tu-vu" ou non avec laquelle elle est utilisée. Vient ensuite la parole : clarté de la syntaxe, non hésitation (vraie ou fausse, la dernière pour faire naïvement croire qu'on fait de l'oral spontané alors qu'on lit un texte, cf les chroniques), non arrêt en milieu de phrase, non bégaiement, non ricanement niais en ponctuation de son propre discours, débit adapté, etc. Il est rare que le fond d'un propos soit solide sans ces caractéristiques essentielles