La fiction du samedi soir/samedi noir.
France Culture a diffusé les 23 et 30 mars ainsi que le 6 avril derniers une version en trois parties du Moine de Matthew G. Lewis.
Il faut descendre en bas de la page pour découvrir que la réalisation est de Jean-Jacques Vierne. En 2019 ?
L'écoute des présentations par Hélène Frappat et Blandine Masson, pleines de euh, de de de... , et de bafouillis made in 2019, nous apprend qu'il s'agit d'une rediffusion, réalisée par Jean-Jacques Vierne, "qui nous a quittés il y a déjà quelques années." (2003, pour info)
"Plusieurs intrigues entremêlées...", c'est un bien grand mot. Disons qu'il y a plusieurs personnages. Ce qui peut paraître complexe pour l'auditeur tel que se l'imagine Franceuh Cultureuh en 2018 euh non 19.
Magnifique phrase que celle-ci, qui se trouve sur la page de la première partie :
"Avant d'écouter «Le moine", vous pouvez approcher, la fiction en écoutant Hélène Frappat, écrivaine, traductrice, critique de cinéma, elle est au micro de Blandine Masson."
Autre chose, le site met en avant "la critique de l'hypocrisie du monde religieux"etc etc ... Tout le texte est un copier-coller de Wikipédia !
Mais la fiction en elle-même ?
Ajoutons d'abord quelques précisions, car heureusement que l'Inathèque est plus précise :
Première partie (27/10/1997)Deuxième partie (29/10/1997)et
Troisième partie (31/10/1997)Puis la distribution, qui elle se trouve bien sur le site : Daniel Mesguish (Ambrosio), Sylvie Ferro (Mathilde), Valérie Allain (Antonia), Corine Juresco (Agnès), Christophe Allwright (Lucifer), Bernard Brieux (Lorenzo), Véronique Silver (Elvire)...
Équipe de réalisation : Jean-Michel Despré, Noémie Louis Marie
Assistante à la réalisation : Brigitte Mazire
Bruitage : Louis Amiel
Jean-Jacques Vierne signe aussi l'adaptation.
Le générique est particulièrement tonitruant (Lutoslawski semblerait-il).
L'ensemble dure en tout 2h25. Ce qui permet de soigner la progression de l'histoire, qui prend au fur et à mesure un aspect diabolique. Certaines scènes sont parfois longues, sans être ennuyeuses, ce qui est tout simplement inimaginable dans une fiction de 2019. Ce qui n'empêche le déchaînement de violences en tous genres et les révélations atroces de la dernière partie.
La totalité de l'interprétation est sans reproche, même Daniel Mesguish qui est capable de surjouer quelque peu en d'autres circonstances. Son débit a toujours tendance à être rapide, mais l'excellence de son articulation rattrape tout.
C'est surtout la cruauté des situations et les horreurs commises par Ambrosio qui font tout le sel de l'histoire. Car des moines qui couchent avec des femmes, ou des sœurs travesties en hommes qui couchent avec des hommes, on en trouve dans de nombreux récits du Moyen-Âge. Le Décaméron présente de nombreuses variations autour de ces situations.
Bref, une surprise de taille dans la grille des programmes diurnes de France Culture. Mais qui cachait en réalité une rediffusion d'une fiction de plus de vingt ans.