Puisqu'il faut dire du bien, je dirai ici du bien de Jean Lebrun.
Sur son blog on trouve un long hommage à la Fabrica, sorte de lieu culturel Lisboète dans la lignée des clubs amstellodamois de jadis, mais je n'en dis pas plus : ci-dessous ma réponse à Jean.
<< Je ne suis pas certain d’avoir bien saisi ce que voulait nous dire Jean avec sa Fabrica. Ce lieu est-il très différent des grands clubs qu’on trouvait à Amsterdam il n’y a encore pas si longtemps, comme le Paradiso ou le Melkweg ? A Paris, 2 lieux
ont bien failli évoquer la même chose, de loin et en tout petit modèle réduit : le Lucernaire, l’Entrepôt. Le Passage du Nord-Ouest aurait pu, lui aussi, il a essayé. Ce sont là des modèles très très réduit, soit dit non pour minimiser leur valeur, mais pour signaler qu’une ruche culturelle ça ne se monte pas dans un dé à coudre : la Fabrica c’est un immense local, un chapiteau, des salles etc. Et Radio-France, c’est une ruche, aussi, non ? Mais si, mais si, alors continuons.
Quel rapport entre cette Fabrica et Radio-France, et quel rapport avec France Culture ? Je vois 2 différences majeures, et pardon d’enfourcher toujours les mêmes canassons, mais là pour le coup, je suis dans le sujet.
D’abord avec une première chose que John Le Brain n’aborde pas : cette Fabrica est-elle une initiative privée, ou bien est-ce une création de la puissance publique ? Le service public de la culture, tel qu’il est voulu par des fonctionnaires (soit dit sans esprit péjoratif), est-il capable de proposer de l’imprévisible ? Au vu de l’actuelle FC on peut en douter. Pourtant il savait bien le faire, le FC qui a été progressivement liquidé depuis 1999, remplacé par un robinet d’eau tiède à la traine de l’actu, du préchi-précha militant, et de la culture contemporaine où au prix de grands efforts on nous guide plus ou moins bien dans un imprévisible souvent exécrable (voir ce qu’on entend chez Goumarre ou dans feu Minuit-Dix). Bah oui, ça ne suffit pas, hein, l’imprévisible, faudrait peut-être penser à la qualité, celle du contenu comme celle de la forme. Ah, la qualité !! Sujet affreux et difficile puisqu’il ne suffira pas de se scotcher au gout des uns ou des autres, et pas non plus aux gouts de tout le monde chacun son tour. Alors ne parlons pas de qualité, surtout pas de qualité dans la culture, et encore moins de qualité radio. Surprenons, et osons !! Dans les 2 émissions ci-dessus citées, on a osé, hélas…
Seconde chose : qui entend-on dans cette Fabrica si chère à John Le Brain ? Des intermittents, ou bien des titulaires cramponnés au système et saturant le programme ? Oui le problème de France Culture est là, bien plus que dans son affiliation au secteur public : les toujours mêmes émissions faites par les toujours mêmes producteurs, comment voulez vous que ça nous fasse de l’imprévisible ? Quoi de plus prévisible que les sujets de Laurentin, de Bourmeau et de Kronlund ? 10 ans après le début du grand saccage organisé par Laure Adler (ah ça pour le coup, on a été surpris, oui), quelles sont les émissions encore faites par des non-titulaires ? A voix Nue, Mardi des auteurs, Sur les docks. Les deux dernières nous montrent que le principe de la diversité ne suffit pas. Quoi de plus ressassé que la vision du saucial que nous donne « sur les docks » qui s’achemine chaque semaine un peu plus vers une version radio (peut-être involontaire) de « Strip-tease », l’émission de la Télé Belge ?
Si vous voulez surprendre, Jean, soyez rassuré vous avez gagné : ceux qui vous vénéraient dans Culture Matin n’auraient jamais prévu votre mini-chapiteau itinérant, ni votre reconversion en bateleur plus fournisseur de biture que de culture, et plus occupé d’émulsion que d’émulation. Vous pourriez maintenant changer de nom et prendre un pseudo, je sais pas moi, disons Jean Brasseur (d’air, ou de bière, faut voir…).
Cordialement malgré tout (mais si…) >>