Philaunet a écrit: Nessie a écrit: (...) la radio s'alimente dans les journaux, et Mediapart est un très bon fournisseur de la Rédac', qui en mal d'infos a tendance à piocher dans le vaste bourbier Plenelien, tout en le citant avec chaleur ce qui lui fait au passage une pub gratuite.(...)
France Culture ne diffuse pas de "l'information" toute la journée, toutes les heures.. France Culture, ce n'est pas "La rédaction". C'est lui faire bien de l'honneur de la mettre en avant en la critiquant. Car ce que cherche tout journaliste ou tout média, c'est de faire parler de soi, en bien ou en mal, peu importe. Plenel se régale sans doute d'être au coeur de polémiques, ça lui assure la visibilité nécessaire à la poursuite de son activité. D'ailleurs, comme la tendance est à employer ceux qui dérangent (le fameux poil à gratter censé attirer l'auditeur las), le fait de les critiquer sert paradoxalement leurs intérêts.
D'accord néanmoins sur les problèmes déontologiques à France Culture. Vous avez écrit au CSA pour signaler cette connivence ? RegFC pourrait peut-être envisager de le faire via une lettre ouverte.
Ecrire au CSA qui ne répond pas serait aussi utile que de brancher une sortie haut-parleur sur un violon définitivement euthanasié après que notre ami Fontaine l'aurait transformé en raidi mède. Autant écrire au Bon Dieu pour se plaindre de la Puissance des ténèbres.
Un proverbe qui n'est pas monténégrin dit "Plutôt que de fulminer contre les ténèbres, allume donc une bougie". Il se trouve que ce forum fait les deux : il fulmine quelque peu, mais il est aussi un lumignon critique : à ce titre, c'est tout ce site, qui est une lettre ouverte au CSA. Dans l'état actuel où il est rendu, après bientôt 5 années de remarques et réflexions, il n'y manque qu'une page de synthèse, directement accessible, pour résumer le procès que nous faisons à cette chaîne qui piétine à la fois sa mission, ses auditeurs, son esprit et son passé en se vendant aussi ouvertement et avec une telle impudeur à un des deux camps politiques.
[12h15 - 16h15]
Allons, je vois que le temps passe, et simultanément je vous répond dans un autre fil, sur le sujet François Cheng. Mais quand j'ai ouvert ma réponse, il était 12h15 et j'hésitais devant la tentation d'éteindre ma radio. Il était question de Médiapart, figurez-vous, et c'est la raison qui m'a fait revenir à ce fil et à notre précédent échange, car il confirme mon propos : dans "Une fois pour toutes", Dominique Souchier qui est certes une caricature du journalisme, caricature vivante et respirante (difficilement), se place avec fierté comme défenseur de la doctrine Mediapart. Une heure plus tard, c'est l'un des fondateurs-actionnaires de Mediapart qui livrera son émission de la semaine : Sylvain Bourmeau. Demain à la même heure viendra le tour d'Antoine Perraud, membre de la rédaction à Médiapart..
Dire que la station ne fait pas de l'info toute la journée, c'est bien sous-estimer le recul de la culture dans le programme, et la place qu'y prend l'esprit militant : les émissions de dénonciation, ou de revendication pour la justice sociale, sont au contraire la note dominante sur France Culture. Non seulement ça n'a qu'un lointain rapport avec la raison d'être de la chaîne, mais encore leur version de la justice sociale est tout au plus une caricature des revendications marxistes, or là-dessus on pourrait discuter longtemps. Mais quand on est armé de la norme et des préjugés qui vont avec, on ne discute pas : on assène, on juge, on condamne. Et là il faut entendre les questions de Dominique Souchier, aussi bourrées de préjugés que les diatribes d'Edwy Plenel et justement : pour coincer son invité -car Dominique Souchier n'invite que pour les coincer des gens qui valent bien mieux que lui- justement le voila qui balance un extrait d'Edwy Plenel. Et il le fait avec à la fois le rire sadique de celui qui a le pouvoir, et l'immense naïveté de croire que les arguments creux du procureur Plenel pourraient impressionner Soulez. Non mais écoutez-moi ce dialogue ! Ecoutons les questions-peaux-de-banane du producteur, et écoutons les réponses du juriste. Et en matière de Droit comme sujet radio, quel regret que l'émission du jeudi soit confiée à un magistrat qui se conduit en militant. Mais c'est dans la logique des choses, car Soulez-Larivière n'est pas un chasseur en meute comme Souchier, ni comme Garapon un magistrat qui fait du droit l'alpha et l'oméga de la sagesse au service de l'égalitarisme à la mode. Il faut donc déjà s'estimer heureux de le voir invité dans les studios, et encore, c'est face à un requin qui ne cherche qu'à lui faire la peau. Enfin le requin est un débris édenté donc c'est pas trop grave. Plutôt que de se sentir agressé, Soulez doit être apitoyé devant la décrépitude de cette radio.
Mais revenons au sujet : eh bien encore heureux que l'imprégnation Mediapart ne soit pas perceptible 24h sur 24. Elle l'est déjà beaucoup trop, trop lourdement imposée à l'auditeur. La Rédaction en est imprégnée, or la rédaction ne cesse de s'inviter dans la matinale de Voinchet et à la Grande table de Caroline Broué. L'esprit Médiapart est au contraire de ce que vous dites, un des éléments qui gangrènent cette chaine.
En ce qui concerne les provocateurs comme Plenel, ils misent sur les deux couleurs et donc jouent gagnant en tant qu'ils ont un pied sur deux tableaux : Pile on perd / Face ils gagnent. A chacun de réagir selon la voie qui lui semble juste. Mais la problématique "en parler ou pas", c'est tout au plus un piège dialectique, que d'ailleurs nous tendent ces redoutables piégeurs que sont les provocateurs : si l'on considère que le provocateur, comme le troll, prospère soit sur l'impunité, soit sur la publicité qu'on lui ferait, alors on tombe dans le piège. Moi je refuse cette clé au bras qui, comme l'intimidation morale, vise à faire taire les voix de la contestation. Je dis bien contestation car il ne faut pas s'y tromper : dans le pays, la norme du monde intellectuel c'est l'idéologie Plenel/Hessel/Chomsky/Badiou/Zjizek je m'arrête là mais je pourrais en aligner encore beaucoup, de ces modèles et références qui tissent le paradigme idéologique de France Culture. Et en face, il y a une minorité où l'on trouve des Finkielkraut, ou encore ce Paul Thibaud qui justement déplorait le terrorisme idéologique. C'était
il y a une quinzaine de jours au micro de Laure Adler qui tentait violemment de le culpabiliser. En face de cette harpie, l'ancien directeur d'Esprit déplorait l'étouffement du débat sous la norme idéologique et morale. La discussion a été tellement violente que la productrice a éprouvé le besoin de doubler la durée de l'échange et ainsi d'enregistrer 2 émissions, ce qui n'était pas prévu. Oui, Plenel représente quelque chose : une norme idéologique dont il n'est certes pas le propriétaire, mais qu'il partage avec ses semblables et qu'il renforce dans des cohortes de suiveurs médiocres comme Laure Adler et les 2/3 des producteurs de FC. Plenel sans en être l'exclusif détenteur, est un des plus solides soutiens de ce pouvoir idéologique. Ce pouvoir plonge trop d'esprits dans la confusion et dans les ténèbres. Allumer une bougie contre ces ténèbres n'a rien à voir de loin ou de près avec un quelconque honneur qu'on ferait aux enfumeurs. C'est un acte de salubrité, rien de plus rien de moins. Vouloir le censurer sous le prétexte qu'il y a mieux à faire ou au motif que la fumée en serait plus épaisse, c'est capituler devant un pouvoir quasi sans partage. Je n'en suis pas là : j'allume la bougie, périodiquement.