J'aime bien votre réponse en fil BBC, elle redonne tout son sens au mot "Forum" devenu, au fil du temps, blog (ou bi/tri-blog comme le faisait remarquer un administrateur).
J'en profite pour lancer un nouvel appel à participation avant les dix ans d'existence de cette plateforme d'expression critique au mois d'août. Y aura-t-il une onzième année ? A priori oui, mais avec la seule petite musique répétitive des rares contributeurs ? L'avenir le dira.
Curly(https://regardfc.1fr1.net/t13p430-bbc-radio-3-radio-4#33454) a écrit:Une réponse lapidaire concernant le
compte-rendu lapidaire du concert de percussion
Percussion explorations.
"Lapidaire" : les archives de ce forum regorgent de longues contributions. Les temps ont changé et le forum aussi. Les contributions sur FC, si elles existent, sont constituées d'une ou deux lignes sur Twitter ou facebook. Il semble qu'au-delà de quelques mots la lecture devienne laborieuse.
Je réponds aux citations tirés des deux posts précédents.
Concernant Mallet Quartet de Joseph Pereira :
La vidéo n'a rien de particulier.
"Donnent-ils un spectacle ou font-ils de la musique, ou les deux ? "
Les deux : c'est un concert.
Il y a concert et concert. J'ai dans l'idée que les spectateurs se souviendront davantage du chef Colin Currie que de la musique entendue. Pour des gens assis, voir une personne faire un numéro de mime vigoureux peut être énergisant. Il n'est pas impossible que quand on se sait filmé et que la vidéo va être une promotion de son travail on en fasse un maximum (de gestes). Cela ne me dérange pas, on est en 2019. Après, il faut savoir si la musique contemporaine est faite pour être écoutée dans les mêmes conditions matérielles qu'au XIXe siècle, à savoir dans une salle, assis, devant des musiciens derrière leurs pupitres et dirigés par un chef. J'ai des doutes. Glenn Gould en quittant la représentation publique et en considérant que la musique devait être uniquement écoutée sur disque a fait des réflexions que je n'ai pas vues développées depuis. Suis preneur de tout texte sur le sujet.
"Mi-sérieusement, je dirai qu’elle permet de se réconcilier avec le bruit fait lors du rangement d’assiettes en faïence dans un placard et avec le transport de bouteilles vides vers un conteneur de recyclage. Les « performances » sonores contemporaines ont cela de positif qu’elles vous font découvrir le monde sonore qui vous entoure."
Retour du cliché n°1, sur la musique du XXème siècle (oui car même les œuvres Stravinsky sont du bruit pour pas mal de monde...)
Il faudrait ne pas être lapidaire pour lever le malentendu, mais ce forum n'est pas ou plus le lieu d'écrire longuement. Il n'est pas question de bruit, mais de sons. C'est bien la force de l'expérimentation sonore contemporaine que de nous faire entendre certains sons du quotidien comme pouvant faire l'objet d'une appréciation esthétique. Et en retour de nous faire apprécier une mise en forme pensée de sons qui dépasse le seul hasard d'entrechoquements par exemple.
"Mortel ennui."Ou musique minimaliste, cela dépend de l'écoute que l'on en fait.
Piano & string quartet de Morton Feldman est à mon humble avis magnifique, mais il ne s'y passe pas grand chose. Et c'est dans ce "pas grand chose" qu'il faut se laisser embarquer.
Il n'y avait pas de Feldman dans le concert, mais un certain Kevin Volans auquel s'appliquait le jugement lapidaire (que je maintiens).
Merci pour la référence du "Piano and String Quartet · Kronos Quartet" (1998), je vais l'écouter. Puis-je me permettre de recommander chaudement le double CD (enregistrements de 1973 à 1978)
Feldman: Piano and Orchestra; Flute and Orchestra; Oboe and Orchestra; Cello and Orchestra, le CD
Morton Feldman, Marianne Schroeder – Works For Piano (1990, ça ne nous rajeunit pas...) et
Morton Feldman: Trio, c'est tout ce que je possède et sur quoi je m'appuie pour l'appréciation de ce compositeur (en plus d'entretiens radiophoniques).
On continue, cliché n°2, Stockhausen, le compositeur qui arrache les tympans.
"Stockhausen a la chance de s’appeler Stockhausen, c’est probablement pour le son de son nom (chtokaozen) qu’on se rappelle ses productions."
Étrangement, sa musique est toujours jouée.
Retour à Stravinsky : du bruit. Mais avec du bruit, on peut faire de la musique.
Stockhausen arrache les tympans ? Je l'ignorais. En tous cas, pas dans le concert en question. Stockhausen, fait partie du
name-dropping de l'ignorant en musique contemporaine (pas vous visiblement). Tout le monde (même à France Culture, je parie) peut citer Stockhausen. Son nom est une merveille mnémotechnique. Quant à citer le nom d'une seule de ses œuvres, là c'est plus difficile.
La musique de nombreux compositeurs est jouée, est-ce garant d'une qualité ? Il existe des modes, des anniversaires, des chefs influents, etc. Le milieu de la musique contemporaine est... spécial. Voyez "Présences" à Paris et "Musica" à Strasbourg.
Steve Reich
"La pièce de Reich (...) est elle aussi d’un ennui à mourir. Redonnez-nous « Different trains » "
Drumming est une pièce majeure de Reich. Mais on passe d'une musique minimaliste à une musique répétitive que je trouve agressive. Le principe du déphasage est la seule idée de toute l'œuvre de ce compositeur. Elle passe néanmoins mieux sur ses œuvres percussives. "Different Trains", c'est de l'art pompier : l'écriture pour cordes, académique, est d'une grande pauvreté.
J'aime bien "Different trains" pour la narration d'une histoire, pour les voix également. Steve Reich est largement surestimé. N'importe quelle interprétation de pièces traditionnelles au gamelan est à cent coudées au-dessus de ses percussions.
Et pour finir,
"L’idée est surtout de faire connaître ou d’imposer un répertoire contemporain à un public qui n’en est pas friand. Les liens entre répertoire classique occidental et contemporain (les 30 dernières années) sont souvent ténus."
Cela reste de la musique écrite occidentale. Et suivant les compositeurs, les liens ne sont pas toujours aussi ténus. Le programme d'un concert n'est pas un mélange de n'importe quoi. Et le public peu friand, c'est celui qui ne supporte pas Stravinsky, voire Debussy. Le public de concert classique est essentiellement conservateur.
Et ce n'est pas France Musique qui supprime les émissions de musique contemporaine (sauf
L'Expérimentale qui bénéficie du partenariat avec le GRM) qui va aider à la promotion de cette dernière...
Voir plus haut : la musique contemporaine est-elle à sa place devant un public assis dans une salle (en des endroits très divers, dans des acoustiques variées) ? L'expérimentation sonore peut-elle ou doit-elle être une expérience collective (avec applaudissements à tout rompre) ? "Le public de concert classique" n'a-t-il pas raison d'aimer la musique qui a été créée pour être écoutée dans un lieu public (quel que soit le nombre de personnes composant ce public).
Après il existe des programmations entièrement "contemporaines".
La création de "Déserts" de Varèse avait fait scandale car l'essentiel des spectateurs était venu voir/écouter la 1ère symphonie de Tchaïkovsky. C'est dire le malentendu.
Après, cela reste l'avis d'un pauvre petit amateur de musique.
Vous être trop modeste.
Rappel : ouverts aux commentaires dans le sous-forum France Musique,
« Tapage nocturne » de Bruno Letort &
« L'Expérimentale » par François Bonnet &
La contemporaine.