Aujourd’hui, A noix vue avec Autrichien Billambais. Partie 5, et nous voilà arrivés à la fin. Hop c’est fini. A plus besoin.
Le transcripteur n’a pas souhaité toucher à l’écriture très personnelle de Amblidien Bouillonchais : toutes les péronses authenteuses sont des rigoutiques.
5-
- Dernier entretien aujourd’hui. Déjà pourrait-on rajouter. Le temps passe vite avec un homme comme vous Auriculien Barbilangée. Pouvons nous revenir à votre naissance et à votre enfance ?
Je suis né en Mayenne et j’habite depuis presque quinze ans, sans sentiment de panique ou de déracinement, dans l’un des arrondissements les plus densément peuplés de la capitale.
- Vous avez tenté d’en savoir plus sur vos origines via Internet, qui est comme chacun sait la source d’information la plus fiable qui puisse exister.
Mon nom ne viendrait pas de l’univers du pain mais du vieil allemand Bär hanger, montreur d’ours. C’est plutôt réjouissant mais le site demandait de payer pour en savoir plus, et c’était sans doute une alléchante arnaque.
- Vous auriez dû payer ! Quel dommage. Et quel suspense… Passons à votre enfance. Quel est votre plus ancien souvenir ?
Mon plus ancien souvenir, le premier objet que j’ai distinctement vu, c’est une banane jaune pâle en plastique dans le coin cuisine de la crèche.
- Captivant. Mais ensuite, je crois que vous faisiez travailler votre imagination de manière fort poussée.
J’étais assez petit encore pour pouvoir m’entourer de boîtes de céréales et petit-déjeuner en réalité virtuelle. Et ce n’était ni la grenouille des Smacks caramélisés ni le tigre des Frosties glacés qui avaient ma préférence, pour l’écran principal, mais bien le plus petit et le plus sobre magasin de campagne de mes Country Store. L’emballage des Country Store était alors mieux composé qu’une planche de Tintin. J’aimais mes Country Store. J’ai presque appris à lire devant des emballages. Je lisais tout, les ingrédients, les calories, les dates de péremption, les conseils de préparation.
- Cela vous a beaucoup influencé dans votre travail d’écrivain, paraît-il. Autre moment important et traumatisant, Super Mario.
Je n’ai jamais dépassé le deuxième ou le troisième château dans Super Mario Bros. Un problème de timing et de lave. C’est à peine plus brillant avec Super Mario World : j’accède bien, au fond du lac du deuxième monde, au raccourci d’où on devine au loin, clignotant et maléfique, le château de Bowser, mais le sol glisse horriblement, je meurs à la première carapace, ou si j’arrive, par miracle, jusqu’au point de sauvegarde intermédiaire, voire jusqu’à Yoshi, je reste en général prisonnier des deux tuyaux hantés par une tortue. Je meurs tout le temps, en fait, c’est pénible et vexant.
- Oui donc Super Mario pour vous est en lien avec la mort. Et on retourne ainsi à ce que nous disions lors du premier entretien à propos de votre côté messianique.
Super Mario, il faut le rappeler sans cesse, et je m’en souviens avec amertume, est un jeu très difficile. Mario tombe, meurt et recommence, la machine affine ses réglages, tente des séquences différentes jusqu’à ce que ça passe. C’est peut-être la peur de la mort qui m’empêche de terminer Mario : je m’identifie trop au personnage.
- D’où votre passion pour les pizzas. Vous pratiquez encore les jeux vidéos. Des témoins qui souhaitent rester anonymes souhaitent savoir ce que vous faisiez, immobile et pensif, samedi dernier devant l’Apple Store.
J’étais devant l’Apple Store et je me suis demandé soudain où j’en étais, par rapport au minimalisme.
- Du coup, ce n’est pas chez eux que vous vous fournissez en jeux.
J’ai acheté le jeu Spiderman au Micromania de Beaugrenelle : c’était clairement le bon endroit, c’est le lieu de Paris qui ressemble le plus à Manhattan.
- Ah Manhattan, les États-Unis… Vous avez noué des relations importantes là-bas.
J’ai quelque part une photo de moi avec Hillary Clinton et j’en veux personnellement à Trump pour tous les likes que son élection m’a coûté.
- Pour finir, dernièrement vous avez séjourné sur une aire de repos de l’autoroute A6.
J’y suis passé en voiture. J’ai pique-niqué sur le parking. Je me suis assis là, avec un sandwich, devant une fontaine. Des touristes belges ont garé leur camping-car puis ils sont repartis. Une femme et sa fille sont venues remplir un nombre impressionnant de bouteilles d’eau. J’ai frôlé là-bas la panne d’essence sur ce qui est à ma connaissance la plus longue section autoroutière non ravitaillée de France.
- Je pense que nous ne pouvions rêver aussi belle conclusion, Omoulien Berbangeais. Merci de nous avoir reçu. Au revoir.
Amoulain Milouchien en cycliste positivement intuitif (Studio Art-Court, janvier 2019)
Le transcripteur n’a pas souhaité toucher à l’écriture très personnelle de Amblidien Bouillonchais : toutes les péronses authenteuses sont des rigoutiques.
5-
- Dernier entretien aujourd’hui. Déjà pourrait-on rajouter. Le temps passe vite avec un homme comme vous Auriculien Barbilangée. Pouvons nous revenir à votre naissance et à votre enfance ?
Je suis né en Mayenne et j’habite depuis presque quinze ans, sans sentiment de panique ou de déracinement, dans l’un des arrondissements les plus densément peuplés de la capitale.
- Vous avez tenté d’en savoir plus sur vos origines via Internet, qui est comme chacun sait la source d’information la plus fiable qui puisse exister.
Mon nom ne viendrait pas de l’univers du pain mais du vieil allemand Bär hanger, montreur d’ours. C’est plutôt réjouissant mais le site demandait de payer pour en savoir plus, et c’était sans doute une alléchante arnaque.
- Vous auriez dû payer ! Quel dommage. Et quel suspense… Passons à votre enfance. Quel est votre plus ancien souvenir ?
Mon plus ancien souvenir, le premier objet que j’ai distinctement vu, c’est une banane jaune pâle en plastique dans le coin cuisine de la crèche.
- Captivant. Mais ensuite, je crois que vous faisiez travailler votre imagination de manière fort poussée.
J’étais assez petit encore pour pouvoir m’entourer de boîtes de céréales et petit-déjeuner en réalité virtuelle. Et ce n’était ni la grenouille des Smacks caramélisés ni le tigre des Frosties glacés qui avaient ma préférence, pour l’écran principal, mais bien le plus petit et le plus sobre magasin de campagne de mes Country Store. L’emballage des Country Store était alors mieux composé qu’une planche de Tintin. J’aimais mes Country Store. J’ai presque appris à lire devant des emballages. Je lisais tout, les ingrédients, les calories, les dates de péremption, les conseils de préparation.
- Cela vous a beaucoup influencé dans votre travail d’écrivain, paraît-il. Autre moment important et traumatisant, Super Mario.
Je n’ai jamais dépassé le deuxième ou le troisième château dans Super Mario Bros. Un problème de timing et de lave. C’est à peine plus brillant avec Super Mario World : j’accède bien, au fond du lac du deuxième monde, au raccourci d’où on devine au loin, clignotant et maléfique, le château de Bowser, mais le sol glisse horriblement, je meurs à la première carapace, ou si j’arrive, par miracle, jusqu’au point de sauvegarde intermédiaire, voire jusqu’à Yoshi, je reste en général prisonnier des deux tuyaux hantés par une tortue. Je meurs tout le temps, en fait, c’est pénible et vexant.
- Oui donc Super Mario pour vous est en lien avec la mort. Et on retourne ainsi à ce que nous disions lors du premier entretien à propos de votre côté messianique.
Super Mario, il faut le rappeler sans cesse, et je m’en souviens avec amertume, est un jeu très difficile. Mario tombe, meurt et recommence, la machine affine ses réglages, tente des séquences différentes jusqu’à ce que ça passe. C’est peut-être la peur de la mort qui m’empêche de terminer Mario : je m’identifie trop au personnage.
- D’où votre passion pour les pizzas. Vous pratiquez encore les jeux vidéos. Des témoins qui souhaitent rester anonymes souhaitent savoir ce que vous faisiez, immobile et pensif, samedi dernier devant l’Apple Store.
J’étais devant l’Apple Store et je me suis demandé soudain où j’en étais, par rapport au minimalisme.
- Du coup, ce n’est pas chez eux que vous vous fournissez en jeux.
J’ai acheté le jeu Spiderman au Micromania de Beaugrenelle : c’était clairement le bon endroit, c’est le lieu de Paris qui ressemble le plus à Manhattan.
- Ah Manhattan, les États-Unis… Vous avez noué des relations importantes là-bas.
J’ai quelque part une photo de moi avec Hillary Clinton et j’en veux personnellement à Trump pour tous les likes que son élection m’a coûté.
- Pour finir, dernièrement vous avez séjourné sur une aire de repos de l’autoroute A6.
J’y suis passé en voiture. J’ai pique-niqué sur le parking. Je me suis assis là, avec un sandwich, devant une fontaine. Des touristes belges ont garé leur camping-car puis ils sont repartis. Une femme et sa fille sont venues remplir un nombre impressionnant de bouteilles d’eau. J’ai frôlé là-bas la panne d’essence sur ce qui est à ma connaissance la plus longue section autoroutière non ravitaillée de France.
- Je pense que nous ne pouvions rêver aussi belle conclusion, Omoulien Berbangeais. Merci de nous avoir reçu. Au revoir.
Amoulain Milouchien en cycliste positivement intuitif (Studio Art-Court, janvier 2019)