Cancoillotte(https://regardfc.1fr1.net/t545p50-un-autre-jour-est-possible#25989) a écrit:Cette semaine Tewfik Hakem reçoit Alain Corbin pour son livre sur le silence. L'entretien est un peu foutraque, part dans tous les sens, mais c'est tellement plus rafraîchissant que la matinale. Dommage que Corbin n'ait eu le temps que d'évoquer Hopper, et très brièvement, pour parler du silence dans la peinture. Espérons quelques bons passages dans les jours qui viennent.
Soit Tewfik Hakem a pris le temps de préparer son entretien, soit son équipe a sollicité Alain Corbin avec retard (ou ce dernier a-t-il dû se reposer du grand nombre d'entretiens de promotion), en tous les cas Écouter le silence 1/5 vient après plusieurs émissions avec Alain Corbin diffusées durant tout le mois de mai sur plusieurs chaînes de radio.
Un généreux et avisé contributeur (mille mercis à lui !) du très précieux groupe d'échanges ANPR signale un ensemble d'émissions avec Alain Corbin sur de nombreuses radios : RFI, France Inter, France Culture, la RTS, la RTBF, Europe 1 et même des vidéos. C'est vertigineux et cela pourrait constituer une matière à l'étude comparative de l'art de l'entretien radiophonique. Attention, en podcastant ces émissions, vous "risquez" d'augmenter le nombre de vos abonnements à la RTS et à la RTBF (Europe 1, je ne sais pas...) et de réduire encore la place donnée à France Culture dont les producteurs rivalisent de conviction pour nous dire qu'il faut les podcaster : ils sont sans aucun doute évalués en fonction du nombre de téléchargements...
Sur le silence, l'émission la plus brève (5 minutes) sur France Inter : C'est tout naturell'émission du samedi 14 mai 2016* « Le plus beau des silences : celui de la neige qui tombe »
* Ecouter le silence, c'est d'abord faire attention aux nombreux petits bruits qui le révèlent. Dans le désert, dans la forêt, ou sous la neige qui tombe, nombreux sont les écrivains à avoir tenté de mettre des mots sur le silence. L'historien Alain Corbin leur rend hommage dans son nouveau livre : Histoire du silence, de la Renaissance à nos jours (AlbinMichel).
Dans Une page d'amour, Emile Zola évoque le silence de la neige qui tombe, dans le cimetière où Mme Rambaud vient se recueillir sur la tombe de sa fille : "Les flocons se posaient un à un, sans cesse, par millions, avec tant de silence que les fleurs qui s’effeuillent font plus de bruit ; et un oubli de la terre et de la vie, une paix souveraine venait de cette multitude en mouvement."
Philaunet
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La qualité du musicologue signalée dans Denis Morrier, Brève histoire de la musique savante occidentale se confirme dans le deuxième numéro*. Denis Morrier présente les pièces musicales avec un tel talent qu'il pourrait sans peine produire une émission, à l'instar de Gilles Cantagrel ou de Stéphane Goldet, par exemple (France Musique).
Au programme, évidemment non mentionnés sur la page (travailler, c'est trop dur...) : Josquin Després, Mille regrets, une messe d'Alessandro Striggio (v. 1540-1592), un choral et un extrait de l'Orfeo de Monteverdi.
Pauvre Tewfik, il doit souffrir ! Il lâche un richeusien "C'est bôôôô !" avant que la dernière note d'une des pièces ait fini de résonner : il fallait vite en terminer avec une exclamation d'admiration factice...
* Écrit par le musicologue et non par France Culture, ça se voit : La Renaissance a mené les procédés d’écriture du Moyen-Age à son véritable apogée, permettant la création de polyphonies d’une densité et d’une richesse inégalées. Cette période vit également de profonds bouleversements techniques et esthétiques, suscités par les réformes de Luther et de Calvin, mais aussi par le développement de l’humanisme et un regain d’intérêt pour les conceptions artistiques et philosophiques de l’Antiquité, permettant la naissance de nouveaux genres, en particulier instrumentaux et théâtraux.
Philaunet
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Dans l'entretien L'invité culturel : Pascal Bonifacepour son livre Léo Ferré toujours vivant aux éditions La Découverte., on entend un Tewfik Hakem imitant le rugissement du lion après avoir découvert le sens d'une réplique de "Jolie môme".
Un moment d'anthologie de la bêtise radiophonique, comme il y en a eu beaucoup cette semaine. J'espère que "des changements sont annoncés" aussi pour le 6h00-6h30...
Attendez la fin... [son mp3="http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/11971-23.06.2016-ITEMA_21017272-0.mp3" debut="19:30" fin="20:41"]
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Ce n'est pas un numéro des Chemins de la Connaissance des années 1990, non, c'est en avril 2016, une brève sur Jean-jacques Audubon que pas plus le libraire chez Onodibio que le dessinateur de la BD ne connaissaient. Il paraît que le fameux ornithologue et dessinateur est inconnu en France (tous le disent et le répètent sur France Culture en tous les cas...).
Donc Jérémie Royer, dessinateur de la BD, Sur les ailes du monde, Audubon, aux éditions Dargaud, nous dit quelques mots de la genèse de son album (on cherche la passion qui l'habite) : [son mp3="http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/11971-15.04.2016-ITEMA_20962127-0.mp3" debut="22:15" fin="23:15"]
Fiction ou réalité ? Que penser des planches ? [son mp3="http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/11971-15.04.2016-ITEMA_20962127-0.mp3" debut="23:31" fin="25:31"]
Ok. Deux sources pour en apprendre sur la BD et sur l'homme et son œuvre : l'excellent résumé du site Boulevard de la BD ici Sur les ailes du monde, AUDUBON et la fin de l'entretien précédant la séquence BD, avec l'ornithologue Philippe Dubois : [son mp3="http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/11971-15.04.2016-ITEMA_20962127-0.mp3" debut="15:51" fin="18:00"] On pourra aussi lire l'introduction de Jean Dorst au Livre des oiseaux, PML éditions.
À quand un numéro de Une vie une œuvre consacré à l'ornithologue, sa vie rocambolesque en une période mouvementée de l'histoire de France et des États-Unis, et son œuvre CONNUE dans le monde entier ?
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Benjamin Lacombe, auteur et illustrateur, pour Carmen de Prosper Mérimée, aux éditions Soleil, collection Métamorphose.
Carmen est une nouvelle de Prosper Mérimée écrite en 1845 et dont a été tiré l’opéra homonyme sur une musique de Georges Bizet et un livret de Henri Meilhac et Ludovic Halévy (1875). En Espagne, à Séville, arrêtée à la suite d’une querelle, Carmen bohémienne au tempérament de feu, séduit le brigadier Don José et lui promet son amour s’il favorise son évasion...
Benjamin Lacombe s’est attaché à mettre à l’honneur l’aura de cette femme fatale à travers ses particularités physiques, avec l’envie de la rendre surnaturelle, envoûtante, quasi satanique. Il a utilisé des huiles et des gouaches pour les images en couleurs et de l’encre de chine pour les cabochons. (résumé de l'éditeur)
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Vous voulez entendre une savante attachante, au langage clair et soigné ? Écoutez Geneviève Lacambre* (qui ne passe pas tous les jours à France Culture...). C'était dans la séquence Le Réveil culturel avec l'enrhumé chronique, pour une exposition qu'il présente comme "À lobe du japonisme" (prononcer "à l'aube" à l'aube, c'est trop dur...).
Extrait du descriptif : "Geneviève Lacambre retrace ces relations franco-japonaises tissées au 19ème siècle notamment à l'occasion de l'Exposition universelle de 1867 à Paris pour laquelle le Japon envoya une large participation et qui suscita une grande fascination du public pour ses objets et ses pavillons (...)"
Belle page illustrée du descriptif avec citations de Geneviève Lacambre et lien utile**, sans doute grâce à "la collaboration de : A. Ysebaer". Bravo ! Une émission qui s'écoute deux, voire trois fois de suite sans une seconde d'ennui (si l'on passe les interventions de T. Hakem et le choix musical).
"Le bac sous la neige", Vers 1823-1826, Non signé. Attribué à Katsushika Taito II, Lavis de couleur et encre sur papier japonais, BnF, département des Manuscrits• Crédits : Droits Bibliothèque nationale de France
* Geneviève Lacambre est conservateur général honoraire du patrimoine. Conservateur au département des peintures du musée du Louvre de 1965 à 1979, puis au musée d’Orsay jusqu’en 2002, elle a, en outre, dirigé le musée Gustave Moreau de 1985 à 2002. Ayant abordé le symbolisme dans des expositions internationales dès 1972, elle a participé à de nombreuses expositions sur Gustave Moreau et organisé en 1998, à l’occasion du centenaire de sa mort, l’exposition Gustave Moreau 1826-1898 à Paris, Chicago et New-York. Elle a publié Gustave Moreau maître sorcier (collection Gallimard découvertes).
* La Maison de la culture du Japon à Paris fête ses vingt ans et à cette occasion elle réaffirme et donne à voir l’importance des liens et des échanges culturels franco-japonais au 19ème siècle à travers une riche exposition présentant des kimonos, peintures, estampes, meubles, livres illustrés, maquettes de maisons traditionnelles, photographies, porcelaines et autres objet d’art décoratif, des objets qui étaient en France mais souvent dans les réserves, soigneusement conservés.
Philaunet
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Le précédent post dans ce fil remonte au 20 décembre 2017, il y a plus de huit mois. Il faut dire que suivre le contenu des émissions de Tewfik Hakem relève du pensum.
Par le hasard d'un clic (imprudent ?) hier sur Les petits matins, me voici après avoir regardé les trois vidéos d'1'36 chacune de Marina Ferretti, co-commissaire de l’exposition « Peindre le bonheur », de Henri-Edmond Cross, au Musée des Impressionnismes, à Giverny, à écouter l'entretien avec le renifleur en chef. Ça fait plus de cinq ans que le présentateur est au micro et personne ne semble lui avoir dit d'arrêter de haleter et de renifler dans le micro pendant que son interlocuteur (h/f) parle. C'est comme ça, mais ne nous énervons pas.
Il faut donc écouter Marina Ferretti présenter la vie et l’œuvre d'Henri-Edmond Cross à l'occasion de cette exposition (pour T.H. tout est "expo", "sition" étant sans doute trop difficile à prononcer). Si possible, il faut regarder avant les vidéos décrivant trois tableaux pour mieux digérer l'audio. Marina Ferretti est ce que l'on appelle une érudite et une pédagogue, quelqu'un donc qui ne sera jamais productrice à France Culture. Il y a deux décennies, il aurait été possible de lui confier la direction d'une série sur la peinture par exemple, les producteurs tournants n'ayant pas encore été abolis. Ceux-ci existent encore sur des radios comme la BBC et SWR, affreuses stations passéistes !
La programmation musicale en rapport avec l'époque néo-impressionniste, ce n'est pas une mélodie de Reynaldo Hahn, non, vous n'y pensez pas ! C'est Jane Birkin, ''Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve''. Vous êtes bien sur France Culture...
Au fait, savez-vous faire la différence entre "phone", "foehn" et "faune" ? Parce que Tewfik Hakem, lui, ne la sait pas : [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/18723-04.09.2018-ITEMA_21795991-0.mp3" debut="23:26" fin="23:45"]
M. F. : "Faune" T. H. "Ouais"
Tout est dit.
Philaunet
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Puis il y a une parole claire, intelligente, séduisante. Par un hasard d'écoute, je découvre que le jour où son collègue Philippe Lançon a reçu une balle dans le visage au journal Charlie Hebdo (voir le fil Répliques), elle était en retard pour la réunion de rédaction qui a abouti à un carnage auquel elle a ainsi échappé.
De manière fort intéressante, Catherine Meurisse parcourt le même chemin de réflexion que Philippe Lançon sur la traversée d'épreuves traumatisantes qui désamorce le réflexe de malveillance et fait fleurir l'attitude bienveillante vis-à-vis du monde et des êtres.
Sur la mort des animaux et des hommes, sur la légèreté [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/18723-21.09.2018-ITEMA_21819254-0.mp3" debut="22:20" fin="23:08"]
De la littérature et des plantes et un rire réjouissant : [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/18723-21.09.2018-ITEMA_21819254-0.mp3" debut="06:56" fin="07:59"]
* Vendredi-BD avec l'auteur, dessinatrice Catherine Meurisse, qui compose, avec Les Grands Espaces (éditions Dargaud), une ode à la campagne, à la force créatrice de la nature, à l'art, et rend hommage à l'émouvante légèreté. En arrivant au Louvre, j'ai eu l'impression que j'arrivais dans une seconde maison. J'étais attirée par tout ce qui représentait la verdure, la campagne. Je cite beaucoup Proust qui m'accompagne partout, Loti, je voyage à travers le regard des artistes ... Zola n'était pas un jardinier, il était romancier ; la littérature, c'est des mélanges, et je fais les transformations qui me chantent.
Dans "Les Grands Espaces", je raconte cet attrait pour le Romantisme, parce que c'est la conscience de soi dans la nature.
Après La Légèreté, mon avant-dernier album sur l'attentat Charlie-Hebdo - qui posait la question de l'identité - Qui suis-je ? Suis-je toujours vivante ? - j'aborde ces sujets avec plus de douceur.
J'ai changé d'outil, j'ai tout dessiné au crayon, l'outil qu'il fallait pour dessiner l'enfance, la nature. C'est un dessin que j'ai fait plus lentement. J'avais très envie de ce changement. Cette sanguine de Fragonard... J'ai toujours aimé les peintres de cette époque qui ont beaucoup dessiné la nature. J'avais envie de voyager dans ce dessin, et me dessiner dedans. Il y a mille choses à contempler dans Fragonard, mais aussi dans Corot, Poussin...
Pour qu'il y ait ce recul, pour que la campagne me manque, il me fallait dessiner à Paris : en ville.
Programmation musicale : Barbara, Mon enfance (1968)
Et non sur la page de l'émission, mais sur celle, récapitulative, des Petits matins, on trouve plusieurs mentions d'émissions passées avec Catherine Meurisse dont une Backstage Numéro 37. La légèreté retrouvée de Catherine Meurisse, que Jean-Luuc avait signalée en ces termes il y a deux ans :
Jean-Luuc(https://regardfc.1fr1.net/t662p240-alain-veinstein-emissions-en-reecoute-avant-disparition#25735) a écrit: (...) Backstage. Dans cette dernière émission intitulée : Numéro 37 : La légèreté retrouvée de Catherine Meurisse (09.05.2016), il n'y a absolument rien. L'auteurE et ex-dessinatrice à Charlie Hebdo vient de publier une bande-dessinée, et jamais il n'est question du travail présenté. Aurélie Charron tourne autour, interroge la vie privée de Catherine Meurisse, et enrobe le tout dans un brouillard musical d'une heure en arrière-plan des voix. (...)
Fred Hidalgo* a l'art de conter et fait un récit touchant des trois années de Jacques Brel aux Marquises. Le présentateur ne l'interrompt pas et ne lui sert pas son nom dans chacune de ses reprises, ouf ! (cf. Hakem marteau-piqueur).
Oui à écouter, aussi pour les deux extraits de chanson. La chanson "Les Marquises" y est interprétée par l'auteur, contrairement au lien Youtube de la page descriptive qui renvoie vers un illustre inconnu ("Les Marquises by Jacques Brel"), alors que le titre est bel et bien disponible : Les Marquises (Brel [1977])
Dans l'émission, cette chanson est coupée juste avant "Il faut que je te dise / Gémir n'est pas de mise (aux Marquises)". Entendre cela aurait pu choquer certaines oreilles sensibles...
Je passe le relais pour la suite de ce fil.
*********************
* Entretien avec Fred Hidalgo, éditeur, fondateur du mensuel Paroles et Musiques, de la revue Chorus, et auteur d'un récit sur Jacques Brel, une enquête qu'il a menée et qui retrace les dernières années de la vie du chanteur, né en 1929, mort en 1978 : Jacques Brel, Le voyage au bout de la vie", publié aux éditions l’Archipel.
À noter que la page renvoie à une Nuit de France Culture du 29 06 2018 au cours de laquelle ont été rediffusés trois entretiens de 1967 (Brel, cette voix d'or qui chantait si bien les hommes). Philippe Garbit et son équipe ont mis les petits plats dans les grands avec une page de présentation très développée.
Philaunet
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Durant ces 5 minutes, dans In our time, on aurait déjà parlé d'aspects concrets, créé la dynamique de conversation, etc. Mais ici l'étirement de l'introduction rappelle la barbe à papa. Bon, il est vrai que répéter n fois "les historiennes et les historiens" prend un certain temps.
Les sœurs Kuperberg, Clara & Julia, ont monté un business qui consiste à monter des docus sur l’histoire du cinéma américain. Elles signent des docus depuis 2005. Mais sur France Culturre, depuis peu, elles sont les seules et uniques spécialistes du cinéma dit de « l’âge d’or hollywoodien », surtout quand sort un de leurs coffrets dévédés.
La Direction de la chaîne curturelrelle a flashé, elles SONT le cinéma hollywoodien. Et les invitations s’accumulent à chaque sortie dévédé, car il faut savoir non pas raconter l’histoire du cinéma mais vendre son coffret. Leur credo, on le trouve sur le site du CNC : « A travers leurs documentaires diffusés principalement sur Arte ou OCS, les Françaises Clara et Julia Kuperberg auscultent l’envers du décor hollywoodien, là où la beauté cache des blessures plus ou moins secrètes. »
Ça c’est pour l’aspect publicitaire. Mais en réalité, elles soulèvent des lièvres qui ont déjà été soulevés, ou alors carrément elles sont capables de raccourcis, de simplifications, dans le but de mieux vendre leur came.
Mais qu’est-ce qu’il me prend encore d’affirmer cette affirmation sans aucune preuve ? Don’t worry, elles arrivent.
Ce mamate, dans les petits mamates, où elles sont déjà viendues pour la sortie de leur précédent coffret de docus, le subject était Douglas Fairbanks Jr. Passons sur le fait que le culte de la personnalité a atteint un tel point sur cette chaîne que la photo grand format des deux sœurs se retrouve juste après celle de Fairbanks & Chaplin. A France Culllltur les passeurs de savoir (ou en tout cas autoproclamés comme tels) ne s’effacent pas devant leur sujet, non, ils s’affichent avec, comme si finalement, l’argument de vente (car c’est de la vente, pas une émission de savoir) était avant tout photogénique et non radiophonique. Oui, passons. Mais en nous étant un peu attardés quand même.
Le Douglas, il est présenté de manière univoque, toute simple : il a tout inventé. TOUT. Les nuances, on n’a pas le temps. Si vous n’avez pas comprenu qu’il faut ACHETER le coffret dévédés c’est que vous avez un problème au niveau de la comprenette. Douglas a tout inventé. En 1921, on invente. Un siècle plus tard, sur France Trutrucre, on ré-invente. Ou plutôt non, on réinvente pas, IL FAUT QU’ON RÉINVENTE, c’est-à-dire qu’on fout rien et on dit que tout va mal il faut tout reprendre, un peu comme le gars qui a décidé que les humains ils étaient devenus méchants et qu’il fallait provoquer une cata de type déluge, par exemple, pour anéantir le vivant avant de le réinventer. Mais comme tous les moulineurs de la chaîne des savoirs et du business culturel veulent être l’Élu, c’est le bazar.
J’ai dévié de ma trajectoire, disjoncté un brin ? Qu’à cela ne tienne, reprenons, j’en étais au Douglas l’inventeur. Les spécialistes sont présentées comme « spécialistes de la naissance du cinéma américain ». Pointu & même piquant.
Extraits : « C'est un acteur qui vient du théâtre, on est au début du siècle, en 1902, il est déjà extrêmement physique, il aime bouger, et il étouffe au théâtre qu'il trouve trop étroit pour lui. » Extraordinaire : beaucoup d’acteurtrisses et techniciens, et réalisateurs viennent du théâtre. On ne saisit pas bien en quoi cette information est exceptionnelle. Mais les spécialistes de la naissance veulent frapper fort : tout est grand, génial, extraordinaire, exceptionnel, merveilleux, bref, super.
« Il est un inconnu lorsqu'il arrive à Hollywood. » Tu m’étonnes.
« En l'espace de deux ans, il tourne près de onze films et est propulsé au sommet. » Onze films ? Pour nous les gens du XXIème siècle, c’est énoooorme. Mais pour les années 1910, c’est moyen. Mary Pickford en a tourné une trentaine rien qu’en 1911. Rien d’extraordinaire pour l’époque, mais entre faire passer un savoir et faire du sensationnalisme pour vendre un coffret dévédés, France Cturture a fait son choix. « Il invente les films de cape et d'épée, il invente Zorro à l'écran pour la première fois dans l'histoire du cinéma » Faux et vrai. Mais caser dans la même phrase « il invente » et « pour la première fois » , c’est vachement tentant, la formule choc seule compte. Vrai pour Zorro. Pour les films de cape et d’épée, même si ceux de Fairbanks se sont à l’époque distingués, le premier film, à priori, de cape et d’épée, qui pose les bases du genre, date de 1908, « L’assassinat du Duc de Guise », réalisé par André Calmettes et Charles Le Bargy. Et ce n'est pas un scoop.
« C'est lui qui porte D'Artagnan à l'écran, Robin des Bois. Il est extrêmement beau, il charme et le public applaudit. » Pourquoi sous-entendre que ce serait le premier, alors que non ? D’Artagnan et Robin des Bois, personnages extrêmement populaires, ont été portés à l’écran bien avant le Douglas, qui, doit-on le dire ?, devient une star dans les années 20, et non avant, où - « Les trois mousquetaires » par André Calmette en 1912 - « Les trois mousquetaires » par Henri Diamant-Berger en 1921 en 12 X 1 h, entrepris et sortis en gros en même temps que la version de Fred Niblo avec le Douglas.
Pour Robin Hood, au moins 4 autres versions existent avant celle du Douglas. Que celles signées Niblo/Fairbanks soient plus mieux, c’est une chose, et jeter dans le vide le reste sous prétexte qu’il faut vendre le coffret dévédés en est une autre, et cet autre est ce que choisissent nos spécialistes éclairées de la naissance.
Quand la spécialiste ajoute que « c’est vraiment lui le pionnier », il aurait fallu nuancer, mais nous sommes dans une stratégie marketing et non de « savoirs et de connaissances » (LOL).
Le producteur franceculturé ajoute qu’il a incarné le « premier super héros » de « blockbusters », pour que l’aujourd’hui se raccroche à l'hier, afin que la Ligne Générale soit bien tracée. Le moindre évènement depuis le big bang dit quelque chose de l’aujourd’hui et du maintenant. Il faut caser ce petit clin d’œil de 15 tonnes aux hypothétiques jeunes - que l'on prend pour des demeurés - qui écoutent le petit mamate.
Après, pour les films, laissez tomber. Sous couvert de sociétal, l’émission fonce dans le clash & buzz des années 20 : strass et paillettes, académie des Oscars… Si vous vous intéressez vraiment aux films, recouchez-vous. Eh ! Le Douglas il est « même derrière l’idée de la création des Oscars ». Génial ! C’est Douglas qui a l’idée des Oscars ! C’est « assez dingue » (je cite) ! « Il est au commencement de tout » (je recite) !! C’est lui qui « designe la statue des Oscars, avec le designeur de l’époque » (je re-re-cite la spécialiste) !!!
Bon, on se calme. On freine sur les points d’exclamation, on se ressaisit. 1- Les Oscars sont créés à l’initiative de Louis B. Mayer. La première cérémonie, en 1929, est présentée par Douglas. 2- La statuette a été conçue par Cedric Gibbons, même pas nommé par la spécialiste, alors que Gibbons n’est pas n’importe qui. Il supervise la production de la MGM entre les années 20 et 50. Une bagatelle. Le style MGM, c’est du Gibbons. Pour la spécialiste, il n’est plus que « le designeur de l’époque de la statuette ».
Sous couvert de faire de la pub pour Fairbanks pour vendre un coffret, nous nous retrouvons devant ce que de mauvaises langues pourraient nommer du révisionnisme culturel, mais nous n’irons pas jusque là. C’est juste de la médiocrité et de l’à-peu-près sur la chaîne d'à-peu-près tous les savoars.
Je reviens à du costaud, donc à nos spécialistes éclairées à la bougie : « C’est fou parce que quand on regarde les Oscars tous les ans on s’dit...personne...tout le monde a oublié qu’c’est Douglas Fairbanks qui l’a inventée (je mets au féminin parce que je suppose qu’il s’agit de la cérénomie et non des Oscars) cent ans auparavant quoi. »
Après, comme l’entretien a déjà été suffisamment dense, le franceculturé nous passe Singin’in the Rain version Gene Kelly afin que nous nous reprenions. Transition tout en douceur, parce que ce sont les petits mamates, et que trois minutes de chanson ultra connue, ça fait tout autant réveil matin que transition. Et que cela permet de rappeler pour la ixième fois en une dizaine de minutes les titres des invités et la came à vendre. La transition : au parlant, il a pas tenu la rampe le Douglas. Pourquoi donc cela se peut-il donc ? Eh bien la réponse est dans le film « Singin’ in the Rain ». Le parlant pour Douglas, ça a pas marché. Pourquoi exactement ? Eh bien parce que. Le temps tourne, on a passé une belle chanson ça suffit comme ça me fatiguez pas. Et juste après, le gars qui présente remouline la référence du produit en vente alors alors que juste deux minutes se sont écoulées depuis qu’il ne l’avait point rappelée.
Les questions sont tellement géniales qu’elles mériteraient d’être immortalisées. Si seulement on pouvait s'en souvenir... Elles n’ont qu’un but : servir de tremplin à une énième couche de cirage. « Aujourd’hui est-ce qu’on prend le même plaisir à voir les films de Douglas Fairbanks ? »
Je vous propose deux réponses. Laquelle des deux est la bonne ? Réponse A : Oui oui achetez le coffret des films y’a notre docu dedans c’est génial. On prend le même plaisir qu’il y a cent ans, même si il y a cent ans je n’étais pas là pour prendre du plaisir avec Douglas. Les enfants de l’aujourd’hui ils adorent, et c’est super étonnant, incroyable ! Il invente le blockbuster, qui est le cinéma moderne de l'aujourd’hui ! Réponse B : Non on s’emmerde dedans les films de Douglas, c’est une vraie purge, surtout n’achetez pas le coffret dévédés.
Puis, après cette grosse minute de réponse, il est temps pour le chef de gare de rappeler pour la troisième fois en quatre minutes (entre la 17ème et 21ème mn pour être précis) les références de tout le coffret dévédés.
Il reste près de deux minutes. Générique, et, c’est géant !, l’info de la p’tite mamate en bonus : « vous êtes de plus en plus nombreux à vous réveiller avec nous. »
Un grand moment de lucidité : oui, France Culture n’est plus une radio, mais un réveil matin. D’ailleurs, juste après, Guillaume-l’horloge-hurlante-Erner prend pile le relais pour vous tenir au courant du temps qui passe, que vous n'arriviez pas en retard au boulot quoi.