Elles signent des docus depuis 2005.
Mais sur France Culturre, depuis peu, elles sont les seules et uniques spécialistes du cinéma dit de « l’âge d’or hollywoodien », surtout quand sort un de leurs coffrets dévédés.
La Direction de la chaîne curturelrelle a flashé, elles SONT le cinéma hollywoodien. Et les invitations s’accumulent à chaque sortie dévédé, car il faut savoir non pas raconter l’histoire du cinéma mais vendre son coffret.
Leur credo, on le trouve sur le site du CNC :
« A travers leurs documentaires diffusés principalement sur Arte ou OCS, les Françaises Clara et Julia Kuperberg auscultent l’envers du décor hollywoodien, là où la beauté cache des blessures plus ou moins secrètes. »
Ça c’est pour l’aspect publicitaire.
Mais en réalité, elles soulèvent des lièvres qui ont déjà été soulevés, ou alors carrément elles sont capables de raccourcis, de simplifications, dans le but de mieux vendre leur came.
Mais qu’est-ce qu’il me prend encore d’affirmer cette affirmation sans aucune preuve ?
Don’t worry, elles arrivent.
Ce mamate, dans les petits mamates, où elles sont déjà viendues pour la sortie de leur précédent coffret de docus, le subject était Douglas Fairbanks Jr.
Passons sur le fait que le culte de la personnalité a atteint un tel point sur cette chaîne que la photo grand format des deux sœurs se retrouve juste après celle de Fairbanks & Chaplin. A France Culllltur les passeurs de savoir (ou en tout cas autoproclamés comme tels) ne s’effacent pas devant leur sujet, non, ils s’affichent avec, comme si finalement, l’argument de vente (car c’est de la vente, pas une émission de savoir) était avant tout photogénique et non radiophonique.
Oui, passons. Mais en nous étant un peu attardés quand même.
Le Douglas, il est présenté de manière univoque, toute simple : il a tout inventé. TOUT.
Les nuances, on n’a pas le temps. Si vous n’avez pas comprenu qu’il faut ACHETER le coffret dévédés c’est que vous avez un problème au niveau de la comprenette.
Douglas a tout inventé. En 1921, on invente. Un siècle plus tard, sur France Trutrucre, on ré-invente. Ou plutôt non, on réinvente pas, IL FAUT QU’ON RÉINVENTE, c’est-à-dire qu’on fout rien et on dit que tout va mal il faut tout reprendre, un peu comme le gars qui a décidé que les humains ils étaient devenus méchants et qu’il fallait provoquer une cata de type déluge, par exemple, pour anéantir le vivant avant de le réinventer. Mais comme tous les moulineurs de la chaîne des savoirs et du business culturel veulent être l’Élu, c’est le bazar.
J’ai dévié de ma trajectoire, disjoncté un brin ?
Qu’à cela ne tienne, reprenons, j’en étais au Douglas l’inventeur.
Les spécialistes sont présentées comme « spécialistes de la naissance du cinéma américain ». Pointu & même piquant.
Extraits :
« C'est un acteur qui vient du théâtre, on est au début du siècle, en 1902, il est déjà extrêmement physique, il aime bouger, et il étouffe au théâtre qu'il trouve trop étroit pour lui. »
Extraordinaire : beaucoup d’acteurtrisses et techniciens, et réalisateurs viennent du théâtre. On ne saisit pas bien en quoi cette information est exceptionnelle.
Mais les spécialistes de la naissance veulent frapper fort : tout est grand, génial, extraordinaire, exceptionnel, merveilleux, bref, super.
« Il est un inconnu lorsqu'il arrive à Hollywood. »
Tu m’étonnes.
« En l'espace de deux ans, il tourne près de onze films et est propulsé au sommet. »
Onze films ? Pour nous les gens du XXIème siècle, c’est énoooorme.
Mais pour les années 1910, c’est moyen.
Mary Pickford en a tourné une trentaine rien qu’en 1911. Rien d’extraordinaire pour l’époque, mais entre faire passer un savoir et faire du sensationnalisme pour vendre un coffret dévédés, France Cturture a fait son choix.
« Il invente les films de cape et d'épée, il invente Zorro à l'écran pour la première fois dans l'histoire du cinéma »
Faux et vrai. Mais caser dans la même phrase « il invente » et « pour la première fois » , c’est vachement tentant, la formule choc seule compte.
Vrai pour Zorro. Pour les films de cape et d’épée, même si ceux de Fairbanks se sont à l’époque distingués, le premier film, à priori, de cape et d’épée, qui pose les bases du genre, date de 1908, « L’assassinat du Duc de Guise », réalisé par André Calmettes et Charles Le Bargy. Et ce n'est pas un scoop.
« C'est lui qui porte D'Artagnan à l'écran, Robin des Bois. Il est extrêmement beau, il charme et le public applaudit. »
Pourquoi sous-entendre que ce serait le premier, alors que non ?
D’Artagnan et Robin des Bois, personnages extrêmement populaires, ont été portés à l’écran bien avant le Douglas, qui, doit-on le dire ?, devient une star dans les années 20, et non avant, où
- « Les trois mousquetaires » par André Calmette en 1912
- « Les trois mousquetaires » par Henri Diamant-Berger en 1921 en 12 X 1 h, entrepris et sortis en gros en même temps que la version de Fred Niblo avec le Douglas.
Pour Robin Hood, au moins 4 autres versions existent avant celle du Douglas.
Que celles signées Niblo/Fairbanks soient plus mieux, c’est une chose, et jeter dans le vide le reste sous prétexte qu’il faut vendre le coffret dévédés en est une autre, et cet autre est ce que choisissent nos spécialistes éclairées de la naissance.
Quand la spécialiste ajoute que « c’est vraiment lui le pionnier », il aurait fallu nuancer, mais nous sommes dans une stratégie marketing et non de « savoirs et de connaissances » (LOL).
Le producteur franceculturé ajoute qu’il a incarné le « premier super héros » de « blockbusters », pour que l’aujourd’hui se raccroche à l'hier, afin que la Ligne Générale soit bien tracée. Le moindre évènement depuis le big bang dit quelque chose de l’aujourd’hui et du maintenant. Il faut caser ce petit clin d’œil de 15 tonnes aux hypothétiques jeunes - que l'on prend pour des demeurés - qui écoutent le petit mamate.
Après, pour les films, laissez tomber. Sous couvert de sociétal, l’émission fonce dans le clash & buzz des années 20 : strass et paillettes, académie des Oscars…
Si vous vous intéressez vraiment aux films, recouchez-vous.
Eh ! Le Douglas il est « même derrière l’idée de la création des Oscars ». Génial ! C’est Douglas qui a l’idée des Oscars !
C’est « assez dingue » (je cite) ! « Il est au commencement de tout » (je recite) !!
C’est lui qui « designe la statue des Oscars, avec le designeur de l’époque » (je re-re-cite la spécialiste) !!!
Bon, on se calme. On freine sur les points d’exclamation, on se ressaisit.
1- Les Oscars sont créés à l’initiative de Louis B. Mayer. La première cérémonie, en 1929, est présentée par Douglas.
2- La statuette a été conçue par Cedric Gibbons, même pas nommé par la spécialiste, alors que Gibbons n’est pas n’importe qui. Il supervise la production de la MGM entre les années 20 et 50. Une bagatelle. Le style MGM, c’est du Gibbons. Pour la spécialiste, il n’est plus que « le designeur de l’époque de la statuette ».
Sous couvert de faire de la pub pour Fairbanks pour vendre un coffret, nous nous retrouvons devant ce que de mauvaises langues pourraient nommer du révisionnisme culturel, mais nous n’irons pas jusque là. C’est juste de la médiocrité et de l’à-peu-près sur la chaîne d'à-peu-près tous les savoars.
Je reviens à du costaud, donc à nos spécialistes éclairées à la bougie : « C’est fou parce que quand on regarde les Oscars tous les ans on s’dit...personne...tout le monde a oublié qu’c’est Douglas Fairbanks qui l’a inventée (je mets au féminin parce que je suppose qu’il s’agit de la cérénomie et non des Oscars) cent ans auparavant quoi. »
Après, comme l’entretien a déjà été suffisamment dense, le franceculturé nous passe Singin’in the Rain version Gene Kelly afin que nous nous reprenions.
Transition tout en douceur, parce que ce sont les petits mamates, et que trois minutes de chanson ultra connue, ça fait tout autant réveil matin que transition. Et que cela permet de rappeler pour la ixième fois en une dizaine de minutes les titres des invités et la came à vendre.
La transition : au parlant, il a pas tenu la rampe le Douglas. Pourquoi donc cela se peut-il donc ?
Eh bien la réponse est dans le film « Singin’ in the Rain ». Le parlant pour Douglas, ça a pas marché. Pourquoi exactement ? Eh bien parce que.
Le temps tourne, on a passé une belle chanson ça suffit comme ça me fatiguez pas.
Et juste après, le gars qui présente remouline la référence du produit en vente alors alors que juste deux minutes se sont écoulées depuis qu’il ne l’avait point rappelée.
Les questions sont tellement géniales qu’elles mériteraient d’être immortalisées. Si seulement on pouvait s'en souvenir...
Elles n’ont qu’un but : servir de tremplin à une énième couche de cirage.
« Aujourd’hui est-ce qu’on prend le même plaisir à voir les films de Douglas Fairbanks ? »
Je vous propose deux réponses. Laquelle des deux est la bonne ?
Réponse A : Oui oui achetez le coffret des films y’a notre docu dedans c’est génial. On prend le même plaisir qu’il y a cent ans, même si il y a cent ans je n’étais pas là pour prendre du plaisir avec Douglas. Les enfants de l’aujourd’hui ils adorent, et c’est super étonnant, incroyable ! Il invente le blockbuster, qui est le cinéma moderne de l'aujourd’hui !
Réponse B : Non on s’emmerde dedans les films de Douglas, c’est une vraie purge, surtout n’achetez pas le coffret dévédés.
Puis, après cette grosse minute de réponse, il est temps pour le chef de gare de rappeler pour la troisième fois en quatre minutes (entre la 17ème et 21ème mn pour être précis) les références de tout le coffret dévédés.
Il reste près de deux minutes. Générique, et, c’est géant !, l’info de la p’tite mamate en bonus : « vous êtes de plus en plus nombreux à vous réveiller avec nous. »
Un grand moment de lucidité : oui, France Culture n’est plus une radio, mais un réveil matin.
D’ailleurs, juste après, Guillaume-l’horloge-hurlante-Erner prend pile le relais pour vous tenir au courant du temps qui passe, que vous n'arriviez pas en retard au boulot quoi.
Ah au fait, pour info