Sur l'intervieweuse politique des
Matins en été et des
Grandes tables du midi le reste de l'année,
Yann Sancatorze(https://regardfc.1fr1.net/t19p640-les-matins-de-france-culture#30818) a écrit: (...) Quelquefois, on trouve une émission, un entretien qui synthétise admirablement tout ce qui ne va pas chez un producteur, un véritable concentré de défauts où tout est joué cartes sur tables. Olivia Gesbert représente le paradigme directorial avec une précision redoutable : langue floue, causes à défendre sans même montrer un quelconque effort de neutralité, obsessions thématiques, vernis sociologique, voix mélodieuse... (...)
La voix de Mme Gesbert : il semblerait que certains auditeurs, sur ce forum et au courrier de Radio France, la trouvent envoûtante, au point qu'on a lu des déclarations d'auditeurs énamourés fleurir ici et là.
En associant dans une même liste, qui s'annonce comme un répertoire de défauts, quatre éléments négatifs et un élément habituellement considéré comme positif ("voix mélodieuse"), vous illustrez, comme munstead, le trouble, voire la confusion que cette voix provoque chez l'auditeur (uniquement masculin ?).
À l'écoute d'Olivia Gesbert avec Michel Winock invité hier matin, plusieurs caractéristiques émergent qui ne sont pas à l'avantage de la présentatrice : affectation appuyée, absence de relief et débit qui rappelle une basse obstinée.
Sur l'affectation : on est dans le paradigme vocal de Raphaël Enthoven qui se mirait (= s'admirait) dans son micro. Mme Gesbert mouille volontairement certaines consonnes et fait vibrer sa voix, ce qui lui donne une langueur caractéristique appréciée de plusieurs auditeurs. Mais le type d'émission qui lui incombe est-il le lieu pour jouer la carte de la "sensualité" vocale ?
L'absence de relief : le passage de la voix au sonogramme ne laisse pas apparaître de dynamique particulière, ni montée dans les aigus, ni descente dans les basses, variations qui habituellement permettent de susciter l'attention de l'auditeur. On se trouve en présence d'une voix monocorde qui rappelle le type adopté par les lectrices de Marguerite Duras ou encore celui de voix artificielles.
Ce qui crée la gêne et l'irritation, c'est cette "neutralité" vocale volontaire associée contradictoirement à une dynamique idéologique qui sous-tend en permanence les paroles de la "questionneuse". La voix sans aspérités, vaguement sensuelle, est comme un bouclier derrière lequel la présentatrice s'abrite pour énoncer ses sous-entendus politiques. Qui critiquera Mme Gesbert se verra répondre : comment pouvez-vous accuser de partialité une femme à la voix si "douce" ?
"Douce" ? Est-ce la qualité attendue dans l'exercice de l'entretien politique ? La résonance continue, le murmure lancinant y sont-ils appropriés ? Si l'"ostinato" sied à l'entretien nocturne, poétique ou psychanalytique, par exemple à la Veinstein de "Du jour au lendemain", il est employé à contre-emploi pour des sujets d'actualité brûlante. L'ancienne productrice de France Culture Francesca Isidori avait cette voix murmurante , mais celle-ci était mise au service d'entretiens littéraires.
L'engagement et la conviction sont associés à une certaine éloquence. En prenant un ton artificiellement neutre, grave et murmurant, tout en étant par sa fonction en position de supériorité symbolique, Olivia Gesbert se met en scène comme l'actrice principale de la pièce et condamne ses interlocuteurs à faire de la figuration. Une posture somme toute très hiérarchique dans la communication interpersonnelle.
Enfin, par ce ton caractéristique, l'intervieweuse pense pouvoir désamorcer les critiques que son engagement suscite. On voit dans ce forum qu'elle a tort.
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Le post précédent,
L'extension du registre grave des voix féminines, était lié à la problématique abordée ci-dessus.