Antoine Arnoux a écrit: (...)
« Il faut mener une existence dans lequel (…) dans lequel (…) dans lequel il y a l'imaginaire qui peut être présent. »
Outre la (triple) faute que vous signalez justement et sur laquelle je vais me permettre d'insister, cette phrase contient un pléonasme (qui renforce l'expression du truisme).
L'emploi abusif de « lequel » se généralise de façon frappante. Voici un autre exemple. M. Antoine Garapon, alors invité par Mme Broué, avait exactement tenu ce langage : « Alors, nous, le pari, c'est que, aujourd'hui, une société, c'est une société d'adultes à qui on peut leur [sic] demander de se comporter en adultes (...) et c'qu'il nous faut passer, nous tous, tous ensemble, y compris les citoyens, c'est de rentrer dans une démocratie plus horizontale, plus dialoguée [resic], plus négociée [reresic], dans lequel, eh bien, on n'a, on n'aura pas tout c'qu'on cherche (…). » Le pronom « lequel » tend en effet à devenir épicène (tout particulièrement à France (in)Culture). A moins que l'on n'entérinât cet usage fautif et que, par voie de conséquence, l'on ne substituât radicalement « lequel » à « laquelle », l'on pourrait simplement employer « où » au lieu des pronoms relatifs composés « dans le(s)quel(les)/laquelle » ; les fautes d'accord ne seraient plus commises et serait évitée la redondance fréquente de la préposition « dans » (« dans une démocratie (…) dans lequel »). Cette proposition toutefois ne concerne que « dans lequel » ; subsisteraient les expressions aberrantes telles que « la démocratie auquel/avec lequel/par lequel/etc. », auxquelles seul un léger effort de réflexion obvierait.
http://www.franceculture.fr/emission-la-grande-table-2eme-partie-antoine-garapon-2014-01-21
Votre démonstration aussi pertinente que plaisante illustre un relâchement qu'on avait remarqué chez Antoine Garapon qui a tendance à hésiter, chercher ses mots, se reprendre, bref faire moderne, en donnant l'impression de produire de la pensée tout en accouchant d'une souris. L'influence de Caroline Broué n'est peut-être pas pour rien ici, elle qui goémise à mort ("l'évôlution du prôcureur") et qui euheuhtise de concert avec son invité.
Antoine Garapon illustre votre observation ( « Le pronom « lequel » tend en effet à devenir épicène (tout particulièrement à France (in)Culture). ») également ici (en avalant la syllabe -ce qu'il fait pour la moitié des mots- comme Voinchet ou Poivre d'Arvor, ce qui rend le terme partiellement inaudible) :
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On note également, entre autres, "un tiers ont", "une majorité de Français sont", "comme le sont tout le monde" .
La phrase que vous signalez est encore plus pénible à écouter qu'à lire et montre en gros plan la parole laborieuse et emberlificotée de l'ami du garde des Sceaux :
[son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2014/01/s04/NET_FC_dea06290-e66a-42b2-bbbe-2404cadc653f.mp3" debut="33:30" fin="33:50"]
Il faut conseiller à AG de respirer et de penser avant d'aligner des mots, l'émission Le Bien commun en tirerait profit.