Est-il nécessaire d’avoir lu
la première partie pour comprendre la seconde ?
Non, et la tablinette est ainsi conçue : vous pouvez prendre l’écoute à n’importe quel moment, vous comprenez tout, parce qu’il n’y a rien à comprendre.
Nous reprenons avec une question précise, magnifiquement posée, qui souligne, comme vous l’avez compris à la lecture de la première partie, l’extrême densité de cette déambulation tablinatoire.
Han han...Quel que soit l’genre que vous détournez vous restez fidèle Jean Echenoz à la forme romanesque, vous l’évoquiez en ouverture sur la question des vies euh entre celles euh de de de Ravel euh de la trilogie han que vous avez écrite et celle aujourd’hui euh de Fulmard euh euh jusque dans vos récits de vies de personnages euh ayant euh existé. Pourquoi la la fiction autoriseuh beaucoup plus euh que euh la la biographie que la description simpleuh deuh du réel tel que on peut le documenter pour vous ?L’invité rame parce qu’il en a déjà vaguement parlé tout à l’heure, que ça avance pas, qu’il se passe rien, qu’on tourne en rond. Conséquence : les questions sont cinq fois plus longues que les réponses.
Mmm… Sans en dire plus euh il finira d’ailleurs comme il a commencé euh Gérard Fulmard. Des personnages qui ne se distinguent ni par leur héroïsme ni par leur grandeur ou la grandeur de leur chute euh en tout cas euh et pourtant est-ce que vous diriez que vous écrivez avec euh un sens du tragique ? Est-ce que vous cherchez sss à être guidé par ce sens-là, cet instinct-là ?Mmm… Quel est pour vous la la le plus grand maître de la tragédie euh en littérature ?Réponse rapide qu’on en finisse : Racine, et la tablineuse est très déçue, elle pensait tenir cinq minutes avec ça, alors…
Oh vous êtes pas obligé euh…Si si faites pas chier, Racine et pis c’est tout.
Vous pouvez en trouver d’autreuh ! Hein ?Vous ne cessez de réveiller l’espoireuh d’un rebondissement euh dans dans ce livre, ça fait partie peut-être aussi euh euh de des ressoreuh de de du tragique euh d’un rebondissement ou d’une prise en main par lui-même par ce personnageuh Gérard Fulmard. (Lecture de quelques fins de chapitres) Vous êtes un peu passé maître aussi du cliffhanger comme on dit hein euh. Est-ce que euh sur ce ces retournements d’fin d’chapitres espérer, cet espoir que vous suscitez chez votre lecteureuh là encore vous vous êtes euh inspiré plutôt euh d’un Hergé dans dans Tintin ou euh des scénaristes euh américains euh de séries qui sont passés maîtres en la matièreuh ?Réponse un peu à côté, forcément.
Vouuuuuuus avez déjà dit que vous n’souhaitiez pas euh réaliser euh tourner euh parce que là ça impliquerait un travail d’équipe et vous êtes vous un un solitaire euh l’écrivain Jean Echenoz donc le cinéma c’est toujours pas pour demain pour vous ?Non.
Mais c’qui était intéressant dans cette exposition euh qui vous était consacréeuh par le Centre Georges Pompidoueuh la Bpi du Centre Pompidoueuh Roman, rotor, stator on voyait bien cette dimension visuelle euh de votre écriture mais surtout de votre fabrique du du roman de la construction du récit avec des sortes de story-boards où où où où où vous montriez le les chemins de fer hein de de votre pensée heu narrative. Vous avez aussi travaillé comme ça euh pour Vie de Gérard Fulmareuh. Il y a avait euh au moment où vous avez commencé l’écriture déjà un début et une fin ?Silence hésitation oui, non, mais finalement non, il a plus besoin.
Mmm mmm ça veut dire que vous avez dû apprendre quand même ?Et aujourd’hui vous avez travaillé comment pour celui-ci ?Il en a déjà parlé, avec en plus certains lieux qui font penser à des personnages.
On y r’vient à cette géographie parisienne euh Jean Echenozeuh, vous êtes l’auteur de Ravel on l’disait dans lequel vous retraciez les les dix dernières années d’la vie du compositeur, les petits travers euh, les les manies de cet homme. On va proviter (sick) de votr’présence pour euh rendre au maître du Boléro un peu d’sa grandeur avec ce presto de son concerto pour piano en sol majeur, et il est dans l’actualité.
Musique : pendant ce temps, les rameurs posent leur rame.
Le doigté agile et virtuose du pianiste espagnol Javier Perianes avec à la direction euh Josep Pons de l’Orchestre de Paris extrait d’un disque qui vient de paraître chez Harmonia Mundi consacré donc au français Ravel. Boléro le refrain du monde c’est aussi un documentaire que j’vous invite euh par ailleurs à revoir sur Arte, un documentaire consacré à ce tube de la musique classique multi repris et détourné partout dans le monde. Il a été diffusé là tout début janvier et il est donc visible en VOD. Ravel qui disait Jean Echenoz euh avec ce Boléro j’ai commencé tout petit euuuh on commence tout petit pour finir énorme. Sur cette question de la proportion, ça marche bien avec ce morceau…Jean Echenoz essaie d’en placer une quelques secondes par dessus la voix qui brasse du vide en pilotage automatiqueuh : Il confirme et ajoute que Ravel détestait ce morceau...
Mais qui a fini par faire sa renommée…Ouais… Ça ça vous embêterait d’avoir le le plus grand dédain pour un d’vos livres et qu’ce soit lui qui qui finisse pareuh faire votre notoriété. Ça pas été l’cas avec le celui qui vous a valu un Goncoureuh…Je vous passe la réponse, il y a plus de souffle embarrassé dans le micro qu’autre chose. Alors histoire de dire un machin, il va dire que non, il a tendance a pas trop relire ses précédents livres.
C’est d’la vraie ou d’la fausse humilité ça ?On part euh marcher dans les pas euh d’un d’vos camarades euh écrivain, Patrick Modiano. C’est Paris pour lui aussi son Paris imaginaire et intemporel. Extrait où Modiano confirme que Paris gnagna imaginaire gnagna intemporel.
Est-ce que vous diriez pareil de votre Paris euh Jean Echenoz ?
Les lieux produisent de la fiction ils ne sont pas de simples décoreuh pour vous euh Jean Echenoz. Ça a été l’cas avec cette rue Erlanger qu’on retrouve dans dans Vie de Gérard Fulmareuh il y a eu deux faits divers hein qui s’y sont euh situés. C’est ça qui ont donné euh à à cetteuh rue ce ces possibles ficti...fictionnels pour vous ?Oui
Vous ressentez pareil dans ce studio dans la Maison d’la Radio ? Vous pensez qu’c’est un lieu qui peut produire du fait divers aussi ?Pourquoi pas enfin boh faut voir
Ah ah ah (La réponse était tordante parce que c’était la dernière et qu’il faut montrer qu’on s’est bien fendu la gueule pendant
6 heures 3 heures 1 heure 1/2 heure)
merci beaucoup à vous Jean Echenoz d’être passé sur de cette grande table. Vie de Gérard Fulmard votre nouveau roman vient de paraître aux éditions de Mini Minuit, merci beaucoup.