On invente beaucoup à France Culture : le fil à couper le beurre, l'eau chaude, etc.
Dans la série "Surfer sur les thèmes porteurs", après le silence en voie d'extinction, voici "la crise de l'attention" par Caroline Broué dans une
Grande table du 06.06.2016 pas du tout inintéressante,
Notre attention est-elle une ressource limitée ? *
On y entend un Matthew B. Crawford (bien traduit en simultané), calme et réfléchi répondre au trio Broué, Mercier, Potte-Bonneville, qui n'ont pas tous compris qu'une question doit être compréhensible pour un étranger, et aussi pour un Français.
C'est aussi un joli moment d'interaction culturelle où l'on voit l'idéologie française (ou celle d'Antoine Mercier de France Culture ?) confrontée au pragmatisme américain.
Caroline Broué ouvre le bal en se régalant de la double casquette de son invité : philosophe et réparateur de moto (ou inversement). Et comme chacun le sait un atelier de réparation de moto est un lieu de silence... [son mp3="http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/12360-06.06.2016-ITEMA_21002845-1.mp3" debut="02:21" fin="03:09"]
Pour ce qui concerne les tics à France Culture (
on tique aux tics...), voici le fatigant et final "mais pas seulement.", variante de "mais pas que." Antoine Mercier nous le fournit gracieusement [son mp3="http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/12360-06.06.2016-ITEMA_21002845-1.mp3" debut="04:50" fin="06:48"]
En matière d'expression qui tue et qui laisse généralement l'interlocuteur interdit durant deux secondes, nous avons aussi "nous perdons notre singularité", dont Antoine Mercier vient de nous donner un bel exemple.
Enfin, chose promise chose due, voici un joli passage dans lequel Antoine Mercier appelle discrètement à monter sur les barricades et faire la révolution contre le système, à quoi le philosophe-mécanicien lui répond tranquillement "small is beautiful" avant d'essayer d'avoir un peu d'empathie avec l'indigné de salon [son mp3="http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/12360-06.06.2016-ITEMA_21002845-1.mp3" debut="25:48" fin="28:49"]
Antoine Mercier : "
Sur le plan politique, on se demande pourquoi vous n'êtes pas plus dur, pourquoi vous ne dénoncez pas davantage tout ce système qui est à l'origine de la captation (...) Qu'est-ce qui fait que le système actuel organise précisément cette captation, car il y a forcément à l’œuvre quelque chose de puissant pour que tout se mette dans ce sens-là"
Matthew B. Crawford : "
J'ai un espoir. Rien qu'en signalant que tout ça est ignoble (...) j'espère que l'on pourra susciter une prise de conscience [to raise awareness], et peut-être changer les décisions (...) c'est infime certes, mais ce serait un pas en avant dans l'amélioration du tissu de notre vie quotidienne"
Antoine Mercier, déçu, coupant sèchement : "
ça dépend de chacun donc"...
Caricatural, mais très éclairant !
On suivra avec quelque intérêt
Mathieu Potte-Bonneville : philosophe, responsable du pôle Idées et savoirs à l'Institut français citant Hannah Arendt, Merleau Ponty et, Nietzsche avant de poser ses questions.
*
Surnommé le philosophe-mécanicien depuis le succès de son premier essai paru en 2010, « Éloge du carburateur » – un éloge du travail manuel – Matthew B. Crawford nous invite aujourd’hui à prendre conscience de la "crise de l’attention"