Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

On se rappelle cette belle phrase de Thomas Cluzel, il y a quelques mois en parlant d'un débat parlementaire :
« Dans ce contexte législatif, où Il ne reste plus que la routine pour garder l’illusion de la démocratie ».
Il récidive à sa manière aujourd'hui dans le journal de 12 h 30. Sa technique est de jeter un élément de langage de la gauche radicale, un petit ou un gros mensonge, dans un flot de paroles débité sur son ton désabusé, dégoûté, habituel.

Nouvel exemple ce matin. Il parle de la défaite du gouvernement et de la majorité sur l'article 2 de la loi sur les retraites. Il la présente ainsi : "Les députés ont tous, ou presque, voté contre…". Dans les faits le résultat était de 256 voix contre et 203 voix pour. On le voit, presque tous les députés ont voté contre…

En revanche, l'auditeur distrait aura compris que le gouvernement avait fait une quasi unanimité contre lui. C'était le but de Thomas Cluzel, journaliste du Service public.

Ce matin à partir de 7h40 entretien légèrement surréaliste (au début) entre Erner et un ancien facteur qui vient d'écrire ses "mémoires".
Nous avons droit à un récit larmoyant du travail de postier, dur mais utile, avec tellement de chaleur humaine, tout cela bouleversé par les réorganisations successives de La Poste où on devrait bientôt "facturer le sourire du facteur".

Erner compatit, patelin, relance la machine, oriente son invité vers les suicides à… France Telecom. Bon, ce n'est pas à la Poste mais ce sont des suicides quand même, hein ! Je me suis demandé au début pourquoi un livre de ce genre avait droit à 20' à une heure de grande écoute et d'information d'une radio publique…Le facteur s'enhardit  peu à peu et dévoile enfin son jeu : critique de l'économie libérale, des patrons, des ministres, de l'État. Bref du classique sur FC.

De 2017 à 2022 le nombre de lettres est passé de 20 milliards à 7 milliards… Le chiffre est donné, mais en passant, comme sans conséquence et le facteur espère que "les gens" continueront à "écrire des lettres et des cartes-postales."
On retrouvera après 8 h le facteur accouplé à un historien. Passons…

Duthu, maintenant chargée de la revue de la presse internationale (pas vraiment une promotion) a réussi ce matin à battre ses records de vitesse d'élocution et de reprise de souffle. Une seule explication à cette cataracte inutile, elle est payée au mot. Duthu ne pense pas une seconde aux auditeurs, ce qui un peu gênant pour une journaliste de radio.

Son sujet est aussi passionnant et original : la vente des armes aux USA. Elle nous donne des extraits de mères éplorées, mais oublie de citer le dernier discours de Joe Biden. Bref, un malheureux marronnier sans grand  intérêt alors que l'on aurait peut-être préféré, sur le même sujet, savoir comment la presse serbe a traité les deux massacres qui ont endeuillé le pays. Mais les USA, on connait mieux à FC, on appuie sur un bouton et hop c'est parti.

Ensuite Erner reçoit Bruno Lemaire sur son dernier livre. Il ne peut s'empêcher de vouloir attirer l'auteur vers le domaine du sexe, de l'érotisme, assez présents, paraît-il, dans le roman. Il y revient à plusieurs reprises. Mentalité de bas-bleu, de chaisière.
BLM s'en est bien sorti, il est brillant, et ce d'autant mieux qu'il n'avait pas devant lui un critique littéraire (il n'y en a plus à FC?) mais un présentateur avide de nano-scandales (dans sa tête).

Vous faire perdre deux heures, et ceci chaque jour, c’est le challenge de la Mamate à Guillaume-l’horloger-des-Mamates (fonctionne uniquement de 7 à 9, après on débranche).
Que ces deux heures soient consacrées à l’actu du jour, que ces deux heures remâchent ce que vous savez déjà, ce que vous avez déjà entendu dans les infos la veille, soit, admettons. Voyez comme aujourd’hui je suis très conciliant.
Maintenant, regardons la problématique du jour.
« Signes religieux, associations, droit de manifester… Menaces sur les libertés publiques ? »
La peur est au rendez-vous, comme d’habitude, mais soit, pourquoi pas.
Le point d’interrogation est de trop, une petite coquetterie pour faire croire à une vague neutralité dans les débats, pourquoi pas, c’est une technique comme une autre pour attirer les badauds.
Vous avez vu, je ne suis pas difficile.

Maintenant, passés le titre et l’écoute des cinq premières minutes (cinq minutes, c’est généreux), vous pouvez éteindre la radio, fini, terminus, c’était la Mamate-express.

Pourquoi ? Mais pour ne pas vous faire perdre deux heures de votre vie. Vous avez tellement mieux à faire, tellement mieux à écouter, Guillaume & His Mamate Orchestra a pensé à vous, en concevant avec amour une émission faite pour ne pas être écoutée.
Pourquoi alors la concevoir ? Chouette question, non ?
Pourquoi ? Parce qu’en la concevant, elle vous donne la satisfaction de ne pas l’écouter, satisfaction que vous n’auriez pas si la Mamate n’existait pas.
« Signes religieux, associations, droit de manifester… Menaces sur les libertés publiques ? »
Oui, nous sommes d’accord, la mamate va prendre toutes les polémiques pour les fondre en une seule, et mélanger hidjab, écolos & tutti quanti, synthétisé par l'admirable point de suspension. Pas de nuance, ça fait perdre du temps et surtout ça empêche de clamer haut et fort que y’a menace sur les libertés publiques et faites moi péter ce point d’interrogation qu’on en finisse.

Cette discussion équilibrée met en scène trois invités qui représentent des points de vue différents sur cette question qui n’en est pas une.
Invité 1 : une avocate spécialisée à fond dans les discriminations, qui pige aussi bien chez Mediapart qu’à L’Huma.
Invité 2 : une des avocates des Soulèvements-ho-hisse de la Terre
Invité 3 : un prof de droit public, mais aussi, ce que la fiche bio du site ne nous dit pas, mais heureusement que Guillaume-le-pondéré nous le précise, « membre du conseil d’administration de l’association Anticor ».
Une fois ceci posé, soit vous faites un karaoké avec la Mamate, parce que vous savez d’avance ce que chacun va dire, et puis c’est rigolo, soit vous éteignez votre radio afin de respecter la volonté de la Mamate à tuture sans culture.

Les programmes de France Cu, et plus particulièrement les Mamates à Guillaume-l'horloge-parlante-6h30-9h ne soulèvent aucun enthousiasme, aucune passion : le robinet à info coule dans l'indifférence générale, que ce soit une radio culturelle ou une chaîne info n'a plus aucune importance. Les auditeurs auditent passiv'ment, c'est un bruit d'fond qui remplit très bien son rôle de bruit d'fond. La direction recherche avant tout à engranger un max d'oreilles pour faire exploser le compteur médiamétrique, et final'ment, autant enrichir une mamate à actu que plonger dans la radio culturelle, ce serait trop chiant.

La Mamate durerait toute la journée que ce s'rait l'pied, le méga pied. Mais faute d'mieux, la grille collection 23/24 proposera une mamate enrichie d'une demi-heure d'plus d'mamate. Dans l'enthousiasme général.

Un article pour la présenter, dans Le point du 10 juillet.
Le relais sur touitteur est tout à fait significatif de l'emballement général qui a suivi cette annonce extraordinaire.

                                                                    

Tout l'monde s'en cogne, sauf une personne.

                                                                                

Ah tiens, une citation. Y'aurait-il une s'conde personne intéressée par cette riche annonce ?

                                                                                

Ah non, c'était la même.
Un enthousiasme intéressé, forcément intéressé, parce que le monde de France Cu est un monde très ouvert sur l'entre-soi.
Extrait de l'article du Point :
                                            

Les mamates enrichies  ont sorti donc le porte-monnaie. Elle rémunèrera des personnes qui étaient jusqu'à présent soit des poly-multi-invités de France Cu, soit des poly-multi-invités d'ailleurs qui trépignaient pour en avoir encore plus (la glaciologue comptabilise 73 invitations dans les médias depuis 2020, de TF1 à France 5 en passant par France 2 ou France Inter, source INAthèque).

Et l'auditeur dans tout ça ? Mais l'auditeur, comme d'hab', aura toujours son robinet qui coule en bruit d'fond, et il pourra toujours se réjouir que sur France Cu, ça gueule moins que sur Inter, et pis surtout, y'a moins d'pub. Ahhhhh, trop bon !

Les Mamates d’été, comme ceux des autres saisons, sont au bout du rouleau. La particularité de ceux d’été est que les titulaires sont en vacances, et qu’ils sont remplacés par des clones qui moulinent des chroniques essentielles qui rentrent par une oreille pour foutre le camp vite fait par l’autre. Tout pareil que les titulaires.
Être au bout du rouleau est une raison d’être, et depuis le temps que nous y sommes, personne n’en a vu la fin du bout. Le bout du rouleau, un sacerdoce qui est la fierté de France Cu.
Les Mamates au 17 sont en ce sens, comme tous les autres, exceptionnels.
Nous sentons bien le rouleau, son bout plus précisément, c’est un vrai plaisir.
L’actu du jour, l’actu essentielle, c’est le décès d’une « icône française ». Ce sera aussi l’actu culturelle du jour. La culture dans les Mamates d’été possède un espace réservé à cet effet, un espace de 10mn avant la fin.
Mais comme c’est l’été, l’actu tuturelle est un peu plus couverte, et quelques chroniquettes minuscules surnagent çà et là dans une actu en vacances, parce que comme chacun sait, l’actu tourne au ralenti entre mi-juillet et mi-août pour le bien-être des journalistes en vacances. D’ailleurs, Poutine et Zelenski l’ont décidé d’un commun accord : pendant les vacances de la rédac’ à Radio France, on fait pouce, on se détend et on va boire un mojito au bar de la plage.

Être au bout du rouleau consiste à cumuler un max les marronniers avec des invités qu’on réinvite à chaque fois parce que y’a pas l’temps, y’a pas d’idée, et puis de toute façon faut surtout pas en avoir, faut être tout le temps au bout de ce rouleau, sans faiblir. Et puis parler de ce dont on parle partout ailleurs, c’est une ligne éditoriale : regarder ce qui passe ailleurs, faire pareil, et par ici l’audimat des chaînes info.

Le 17, ce sera donc, comme les précédentes années, un point sur l’état d’urgence qu’il y a aux urgences, avec le même invité, toujours le même, faut pas mollir, celui qui pointe aussi sur Inter pour faire la même chose à peu près au même moment.
Les Mamates d’été, 17 août 21, « La santé publique à l’épreuve du politique »
Les Mamates du 24 mai 22, « Urgences en état critique »
Sans compter Inter avec pareil :
Le 13//14 du 7 juin 22, « Faut-il attendre l’été pour sauver l’hôpital »
L’invité, le même, est un habitué du comptoir Radio France : il vient tout juste de pointer à « L’heure bleue » d’Inter le 15 juin, chez « A voix nue » début juin sur Tuture, et je laisse de côté les interventions multiples dans : les journaux du Radio France Group, « Le téléphone sonne », et même sur RMC, toujours pour les mêmes raisons, celles comprises dans la problématique de nos Mamates du 17. D'où sa présence indispensable dans des mamates tuturels.

Pour la tuture maintenant, car il en faut autant que sur Inter :
- une chronique sur les musées. Les accroches : « blockbuster », « immersif », « porteuses de sens ».
- une chronique-promo « Au jour le jour », où un journaliste vient sous couvert de présenter un ou plusieurs articles de son journal, pour en faire la promo. C’est donc une chronique-promo.
- Un machin sur le Festiv’ d’Av' de 4mn, présenté par une voix d’élève de 3ème passant son oral de brevet (et qui pointe pourtant toute l’année dans les Affaires cultureuses du Big Mamamouchi !) et qui demande à un spectateur pourquoi qu’il vient et revient au Festiv’, c’est pas un peu lassant à la longue, et pourquoi d’Av’ et pas d’ailleurs. Du « je » et des « pour moi » et des anecdotes pleines de némotions. Chaque année, le zig revient parce qu’il rencontre des némotions. Alors il continue. Et nous arrivons déjà au bout des 4mn. Fin des némotions.
- Une super chronique filozofi, « Le vrai métier des filozofes ». Aujourd’hui la filozofe est Dominique « il faut » Méda, qui devait absolument s’insérer dans cette chronique, comme dans chaque émission de France Cu dans lesquelles elle n’est pas encore allée. Je précise qu’en plus d’être poly-multi-invitée, la filozofe est aussi productrice sur cette même chaîne d’une chroniquette dans laquelle elle a l’occasion de marteler un p’tit coup de plus sa bonne parole.
- Et enfin les 10mn d’espace tuturel, hommage à l’icône avec deux invités en distanciel, deux habitués des micros de France Cu, en studio comme en distanciel. L’un d’eux fait partie des recordmen des invitations : W. Mouawad. Coup d’bol, les deux ont travaillé un tout petit chouille avec l’icône. Du pain béni. Les carnets d’adresse à Radio France, ils sont rikikis, mais inépuisables.
Sur les 9’46’’ : une minute pour dérouler le c.v. des invités, une autre pour un extrait de spectacle. Le reste : les relations émeuvantes entre l’icône et les invités. Les hommages de rigueur, avec les formules habituelles, tels que les médias les déroulent depuis 24 heures.
Le premier invité s’exprime 2mn, puis on écoute un nouvel extrait, cette fois-ci d'un entretien issu des archives, puis, pour finir les minutes, le second invité, qui susurre d’un air pénétré dans le micro du distanciel : « rapport au texte », « profonde intelligence du cœur et de l’esprit », « humilité », « puissante », « porter le mot avec le plus de justesse possible », & une p’tite anecdote, un café, l’addition et salut la compagnie, bonne journée.
Mission accomplie pour les Mamates ! Toujours au bout du rouleau, jamais ailleurs ! Bravo !

*** L'équipe des matins d'été fait un travail rigoureux, par exemple pour le 13 juillet division et présentation des séquences séparées en autant de podcasts. C'est sans doute unique dans l'espace radiophonique, en tous les cas il n'existe rien d'équivalent dans huit radios étrangères que je connais.