Il est possible que la direction confonde les "conservateurs de musée" avec les "penseurs conservateurs". Sandrine Treiner a annoncé qu'elle souhaitait lutter contre tous les conservatismes, alors c'est peut-être pour cela qu'on ne parle presque jamais des musées à France Culture. "Des conservateurs ? Nous qui sommes si ouverts sur le monde ? Pas question !"
C'est un regret que beaucoup d'auditeurs entretiennent depuis 1999 parce que c'est là un champ formidable et... inexploité. Il n'est acceptable de parler des musées à France Culture que dans des cadres très restreints et précis :
- Les guerres de succession entre conservateurs (licenciements, remplacements, etc.). C'est croustillant, c'est people.
- Les expositions temporaires qui alimentent les prédications politiques du moment (dominations, mixité, oppressions diverses, etc.)
- Chez Laurentin, qui fait d'excellentes visites d'exposition sur de nombreux sujets, et il est à espérer que la direction n'ait pas vent de ces tranches scandaleusement culturelles et pas toujours récupérables culturellement. Quel âge a-t-il, Laurentin? Ah, c'est trop tôt pour le virer?
La direction est très peu au fait du paysage culturel français, et son aveuglement politique la conduit à voir les choses de façon manichéenne. Le patrimoine, les bibliothèques et les musées, c'est de droite, réac, conservateur, élitiste, discriminant, vertical. Ce n'est acceptable que lorsqu'on y organise des happenings contemporains, joyeux, diversitaires et moralisants. L'autre pan du paysage culturel est beaucoup plus acceptable : c'est le spectacle vivant, tous ces comédiens qui viennent nous susurrer qu'ils font un métier merveilleux et qu'ils pensent tout à fait bien. Il y a la littérature aussi, mais il faut surtout qu'elle soit très contemporaine, sociologique, récupérable politiquement, et peut-être un peu sulfureuse pour faire le buzz.
Il y aurait pourtant des choses extraordinaires à faire avec nos musées et notre patrimoine. Il se trouve par ailleurs (et la direction de France Culture ne le sait pas) que ces lieux sont la principale interface des Français avec le monde de la culture. Les Journées du Patrimoine remportent des succès exponentiels, d'année en année, et France Culture ne les mentionne quasiment pas. Que pourrait-on faire avec ces domaines culturels ignorés par France Culture? De l'exploration de collections, évoquer le métier de médiation, de conservateur, parler des méthodes de modernisation des galeries, des tensions entre conservateurs et administrateurs, des nouvelles technologies au service du patrimoine, redonner à l'archéologie ses lettres de noblesse à France Culture. C'est véritablement sans fin. La BBC avait lancé il y a quelques années son "History of the world in 100 objects". Immense succès. A France Culture, c'est désormais impossible : il faut de la conscience, de la lutte, de l'indignation, de la récrimination, du cynisme. L'élévation et la connaissance sont à la mode. Le paradoxe, c'est que ce sont les passeurs qui y sont les plus subversifs, les plus insoumis. Voilà pourquoi il est urgent que l'actuelle direction soit remplacée et que la station soit revue de fond en comble.
C'est un regret que beaucoup d'auditeurs entretiennent depuis 1999 parce que c'est là un champ formidable et... inexploité. Il n'est acceptable de parler des musées à France Culture que dans des cadres très restreints et précis :
- Les guerres de succession entre conservateurs (licenciements, remplacements, etc.). C'est croustillant, c'est people.
- Les expositions temporaires qui alimentent les prédications politiques du moment (dominations, mixité, oppressions diverses, etc.)
- Chez Laurentin, qui fait d'excellentes visites d'exposition sur de nombreux sujets, et il est à espérer que la direction n'ait pas vent de ces tranches scandaleusement culturelles et pas toujours récupérables culturellement. Quel âge a-t-il, Laurentin? Ah, c'est trop tôt pour le virer?
La direction est très peu au fait du paysage culturel français, et son aveuglement politique la conduit à voir les choses de façon manichéenne. Le patrimoine, les bibliothèques et les musées, c'est de droite, réac, conservateur, élitiste, discriminant, vertical. Ce n'est acceptable que lorsqu'on y organise des happenings contemporains, joyeux, diversitaires et moralisants. L'autre pan du paysage culturel est beaucoup plus acceptable : c'est le spectacle vivant, tous ces comédiens qui viennent nous susurrer qu'ils font un métier merveilleux et qu'ils pensent tout à fait bien. Il y a la littérature aussi, mais il faut surtout qu'elle soit très contemporaine, sociologique, récupérable politiquement, et peut-être un peu sulfureuse pour faire le buzz.
Il y aurait pourtant des choses extraordinaires à faire avec nos musées et notre patrimoine. Il se trouve par ailleurs (et la direction de France Culture ne le sait pas) que ces lieux sont la principale interface des Français avec le monde de la culture. Les Journées du Patrimoine remportent des succès exponentiels, d'année en année, et France Culture ne les mentionne quasiment pas. Que pourrait-on faire avec ces domaines culturels ignorés par France Culture? De l'exploration de collections, évoquer le métier de médiation, de conservateur, parler des méthodes de modernisation des galeries, des tensions entre conservateurs et administrateurs, des nouvelles technologies au service du patrimoine, redonner à l'archéologie ses lettres de noblesse à France Culture. C'est véritablement sans fin. La BBC avait lancé il y a quelques années son "History of the world in 100 objects". Immense succès. A France Culture, c'est désormais impossible : il faut de la conscience, de la lutte, de l'indignation, de la récrimination, du cynisme. L'élévation et la connaissance sont à la mode. Le paradoxe, c'est que ce sont les passeurs qui y sont les plus subversifs, les plus insoumis. Voilà pourquoi il est urgent que l'actuelle direction soit remplacée et que la station soit revue de fond en comble.