Déjà dans
Bravo Amaury Chardeau, je saluais la qualité de l'émission "Juke-Box" du samedi soir à 19h avec le somptueux numéro
‘A tire-d’aile’. Voici que deux autres numéros viennent confirmer professionnalisme, intelligence de la narration historique, choix des pièces ("bande-son de l'Histoire") et voix (prosodie renouvelée, rythme, timbre).
Un numéro exemplaire, patrimonial :
L’Arménie, des montagnes de chagrin [14-03-2020], mêlant musiques variées et pertinentes, archives parlées, le tout lié par un récit historique clair, précis, sans pathos et sans jugement. Du travail d'expert, soutenu par une petite équipe et ici des conseillers avisés, mentionnés avec courtoisie en fin d'émission.
Le descriptif ? Résumé, photos et références complètes (aucune faute) :
Voyage en Arménie, ancien royaume florissant et premier Etat officiellement chrétien, changé au cours des siècles en une petite république montagneuse enclavée au sud du Caucase, au gré des conquêtes et des appétits de ses voisins byzantins, perses, ottomans, russes, soviétiques puis azéris. (...) Pays de forte tradition musicale - depuis le répertoire ancien exhumé au début du XXème siècle par le prêtre et musicologue Komitas jusqu’au jazz ou aux échos pop de ses exilés - avide l’Arménie déroule ses passions, ses fiertés, et ses rêves brisés.
Même niveau de qualité de la composition pour
Lisbonne, Salazar, et le Fado [06-06-2020]. Curieux de savoir combien de temps requiert la mise en place d'une telle émission. Du travail qui fait jeu égal avec des émissions étrangères de toute première bourre, voire les surpasse.
Le début de ce numéro surprend, excite l'intérêt (l'acheteuse en pharmacie) et c'est parti pour une histoire politique et culturelle du Portugal sous Salazar.
De 1932 à 1974, le Portugal est soumis à la dictature salazariste de l'Estado novo : travail, famille, culte du chef et empire colonial. Ce sont aussi les années où se diffuse le fado, cette musique triste des quartiers populaires de Lisbonne, que le pouvoir autoritaire tente d'orchestrer... (...) Lorsqu'António Salazar s'empare du pouvoir en 1932, le fado était depuis longtemps, la musique des bas-fonds de Lisbonne : marins, dockers, marchands ambulants, prostituées, canailles en tous genres s’époumonaient, le soir tombé, sur les drames de leur destinée : la misère, l'amour envolé, la mort, entre colère et saudade, cette nostalgie intraduisible (...)
"Juke-Box" : avez-vous vu le nom de cette émission à la Une du site franceculture.com ? Moi, non. L'émission d'Amaury Chardeau bénéficie-t-elle d'une promotion sur Twitter ? Non.
C'est quand même curieux (en fait, non). La meilleure émission de la station, soigneusement montée et réfléchie, est ignorée. Elle risquerait peut-être de faire de l'ombre au reste (= à l'ensemble) de la production de jour...
Juke-Box "Un événement du passé mis en récit par un texte original, des archives et des musiques inspirées par son sujet."