Aujourd’hui, le grand art de l’entretien avec
L'invité cultureY en a pas un, y en a deux !
Le Erner Junior se retrouve avec sur les bras un commissaire d’exposition pour qu’il nous cause du critique d’art Félix Fénéon, et une critique d’art exigeante, journaliste à Paris Match.
Erner Junior, c’est le Robocop de l’interview. On lui a programmé le logiciel France Clureclutre, il balance ses questions-types, et l’invité essaie tant bien que mal de les prendre au vol en s’en dépatouillant comme il peut.
France Turture a mis en titre « La critique d’art existe-t-elle encore ? » Réponse : oui. Fin de l'émission. Au revoir.
Grosse gaffe, alors on change de titre en cata "Félix Fénéon, une personnalité hors du commun". Le titre du siècle ! C'est pas un stagiaire qui l'a trouvé, mais le stagiaire du stagiaire du stagiaire.
Les questions & relances de Erner Jr, dit Robocop, je les mets afin que chacun puisse admirer l’art de l’entretien d’un présentateur d’une station comme France Tarticule. Le commissaire, il fait ce qu’il peut avec :
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Qu’est-ce qui nous/vous pousse à (re)découvrir Fénéon ? Qu’est-ce qui nous pousse tous ensemble ? Vous imaginez la scène?
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On va prendre le temps de faire tout le tour du personnage, on va prendre le temps de le faire. Là l’invité s’insurge : non on va pas pouvoir laissez tomber. A noter que l’avantage de cette relance était de faire parler l’invité un max et de gagner ainsi du temps.
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On va peut-être prendre le temps (LOL)
de le faire ? L’invité lui répète que niet, it’s not possibeul.
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Il a pas laissé beaucoup de traces… Tactique n°2 = je relance en répétant ce que vient de dire le monsieur en faisant croire que c’est moi qui l’ai dit.
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Qu’est-ce qu’il nous dit aujourd’hui Félix ? Après, Robocop effectue un rétropédalage. Il s’est rendu compte qu’il s’est fait moucher, alors il va avouer que oui d’accord ok, on pourra pas faire le tour du personnage.
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Comment se sont séparées ces deux expositions, très rapidement ? Là d’un coup il a plus le temps Robocop.
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Est-ce que sans lui tout serait à sa place dans l’histoire de l’art ? La critique de Paris Match a bien assimilé, mieux que le commissaire, le concept de brassage de vide. En bref, Félix est contemporain, il est libre...la réponse est sans fin, la critique ne s’arrête plus. Robocop a tiré le jackpot, il va pouvoir naviguer jusqu’à la fin sans ramer.
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Est-ce que Félix était un critique polymorphe, touche-à-tout ? C’est la question que tout auditeur se pose, puisque Madame Match y a répondu avant qu'il la pose.
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C’est lui qui avec Seurat a parlé du néo-impressionnisme ? Retour au commissaire, avec une question prise sur une fiche wiki, qui ne demande que confirmation, et qui permet à Robocop de briller de toute sa culture. Question ouverte, donc.
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En partie ce devrait être ça critique d’art, poser les mots pour créer l’école ? J’ai un doute sur le point d’interrogation car Robocop utilise la phrase interro-déclarative, très en vogue chez les grands journalistes.
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En partie ce devrait être ça ? Le « en partie » du début est rajouté pour éviter de se faire moucher par l’invité au cas où il serait pas d’accord. C’est une couverture anti-baffe. Réponse du comm’ : oui. Soulagement. Mais le comm’ précise qu’il est spécialiste de l’art océanien et qu’il faut prendre tout ce qu’il dit avec précaution. Bref, un grand moment de radio. Robocop clignote, vibre, on est pas loin du bug.
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Alors parlons-en justement, Fénéon a été pionnier dans la définition des arts lointains, que l’on appelait encore les arts nègres. Ça aussi ça a été une de ses contributions majeures Phrase interro-déclarative, et salto arrière pour rattraper le coup. Réponse surprise : oui.
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Et c’est un moment aussi au carrefour entre le XIXème et du XXème où tout est en train de se réinventer, où il faut aussi remettre des mots nouveaux et mettre une critique nouvelle sur l’art Encore la bonne vieille interro-déclarative. Dans le logiciel de France Fistule, on réinvente et on remet des mots nouveaux à TOUTES les époques.
L’intervention qui suit, d’une très grande précision de frappe, montre que Robocop est bien programmé aujourd’hui, comme tous les jours d’ailleurs. Un chef d’œuvre.
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Ce sont des préoccupations qui collent à son époque et qui et qui...et qui et qui… pourraient coller à la nôtre puisqu’on est toujours en perpétuelle réinvention on va pas dire le contraireNon, il peut pas, il est pas programmé pour.
Le discours critique il doit se renouveler aussi aujourd’hui dans une mesure différente de celle dont on parle avec Félix. Mais l’art s’affranchit aujourd’hui de nombreuses frontières de toutes les limites de matières, de pas mal de contingences ? Ça nous dit quelque chose de très contemporain aussi, de très lié au moment sur la critique d’art en elle-même ? J’ai mis des points d’interrogation, dans le doute… Et je vous laisse deviner la réponse de Madame Paris Match à cette question que l’on peut qualifier sans crainte d’ouverte. La critique doit être « un regard sur des objets dont on a besoin ». Me demandez pas d’explications, commencez pas à gonfler.
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C’est pour ça que vous avez voulu faire entrer un critique d’art au musée, à cause de ce que vient de dire Madame Paris Match ? Vous pensez bien que le commissaire n’y répond pas, il est comme nous, il a rien compris à Missize Match, qui reprend le flambeau pour dire « le rôle de la critique, c’est aussi de critiquer », c’est vrai, mais dire du mal tout le temps, c’est pas gentil, alors il faudrait que le critique il nous sélectionne ce qui est bien. Là-dessus, il faudrait ressortir à la dame que les critiques d’art, ils se sont souvent plantés en beauté. On lui ressort les bouses académiques du XIXème portées au pinacle par la critique ?
Pause archive avec Jean-Philippe Domecq
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Y a une faillite de la critique ?Réponse de Match : elle sait pas, alors elle mouline, elle mouline… Alors on lance l’ultime programme de Robocop : résumé d’une tribune parue dans Libération. Madame Match acquiesce, oui elle a enfin juste à reprendre ce que vient de résumer le monsieur et à mouliner enfin à plein régime.
Ensuite, les questions sont les réponses. Exemple :
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C’est important aussi pour la scène française cette dimension là qui était dans la tribune, c’est extrêmement important.Match : Absolument, c’est essentiel c’est essentiel, évidemment.
Le commissaire : Oui euh enfin ...
Il a été pris par surprise et manifestement il n’a pas d’idée, alors il revient à Félix et aux arts premiers. Il prend plus de risque, Monsieur le Commissaire.
Pour la fin, il faut conclure, et j'irai même plus loin, il faut rendre l'antenne. Robocop a un esprit de synthèse affûté :
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Le critique d’art est partout et il a énormément de rôles dans le milieu artistique. Les invités doivent confirmer vite vite. Cette synthèse étant parfaite, y a plus qu'à. Madame Match s’emballe. Elle fait du name dropping de plein de critiques zactuels à qui elle cire bien les pompes.
Du coup pour le commissaire, y a plus de cirage, il lui reste plus qu’à se brosser.