Son ancien directeur l’a abondamment démontré : F.C. n’est plus seulement une radio, c’est du web, des blogs, du papier, de la vidéo. Les émissions elles-mêmes multiplient les interfaces pour mieux se diffuser et glaner des « likes », des « retweets », des vues, du clic. Les pages Facebook et Twitter sont devenues la norme pour un bon nombre d’entre elles. Que retrouve t-on sur ces comptes ? En général, rien de plus que sur la page Internet de l’émission, si ce n’est des annonces de sujets, d’invités (sous réserve de nuances, je n’ai pas visité toutes les pages, loin de là).
Aujourd’hui on « tease » et a fortiori avec de l’image. Longtemps restée interdite à l’auditeur, elle est aujourd’hui la porte d’entrée vers les émissions. Mais son utilisation relève du hold-up. La création de ce fil est l’occasion de dresser une typologie des images en circulation sur chaque page Internet d’émission (hors émissions d’été).
Portraits d’invités, photos d’enregistrement d’émissions (making-of), photos d’agence de presse, visuels d’œuvres, photos de studio (direct), créations artistiques pour le compte d’une émission particulière, reportage photo par les journalistes en déplacement, cartes/graphiques, image interactive (photo+sons), commentaires publiés sur réseaux sociaux compilés en diaporama, constituent le gros du corpus. Sont écartés :
- les bandeaux en arrière plan des titres d’émissions qui n’ont souvent rien à voir avec leur contenu (et peuvent être les mêmes d’une émission à une autre),
- les vignettes de podcasts (toutes différentes) et intégrées aux bandeaux,
- les premières de couverture de livres, affiches de spectacles, ou tout ce qui peut apparaître dans la section « document(s) ».
Disons d’ores et déjà que très peu d’émissions sont exemptes d’image dans leur descriptif (L’esprit public, Le rendez-vous du médiateur, Répliques, les très courts formats (type lecture), les émissions religieuses, les journaux, les Nuits, n’en ont pas ou quasi pas).
Ci-dessous, quelques émissions sont citées en exemple, et un lien est proposé pour illustrer le propos. Le choix s'est limité à la grille d'émissions ayant cours en 2015.
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Edit du 10 septembre 2015 : Des copies d'écran ont été ajoutées sous les liens. ///
1/ Pour commencer, penchons-nous sur
les portraits d’invités.
A/ De rares producteurs font appel à la bonne volonté de leurs invités (ou leur représentant : maison d’édition, galiériste) pour fournir la matière première (
À voix nue ou
La conversation scientifique) :
(copie d'écran)
1B/ D’autres producteurs (ou attachés de production) s’éclatent et prennent eux-mêmes la photo de l’invité.
Tantôt cette photo est prise
dans le studio (a) (devant le micro) : (
Continent sciences,
Le temps des libraires,
Service protestant) :
(copie d'écran)
Tantôt la pose se prend
à l’extérieur du studio (b).
Où ? On ne sait jamais vraiment. Immuablement et à tour de rôle, les invités de certaines émissions se succèdent au même endroit (
Du grain à moudre,
Les nouveaux chemins de la connaissance,
Changement de décor). On peut dire que si Philippe Ramette demandait des droits d'auteur à chaque fois que sa photo apparaît en arrière plan, il serait plein aux as (
La marche des sciences) :
(copie d'écran)
1C/ Mais on ne saurait mieux se mettre à la page qu'en demandant aux invités de se prendre eux-mêmes en photographie. L'autoportrait devient un
selfie en 2016.
La grande table d'été est dans le coup :
(montage des photos mises en ligne par l'émission, été 2016)
1D/ Vie privée et vie publique se valent si bien que le site de France Culture est devenu un
véritable album de famille :
(copie d'écran du site de l'émission
Ping Pong, 25 novembre 2016 (mise à jour du 05 décembre 2016))
2 A/ Parfois, les producteurs s’invitent sur la photo des invités (Les nouveaux chemins, Révolutions médicales). Certains ne se font même pas prier et ne demandent que ça (
Ping Pong) :
(copie d'écran)
2 B/ Le spectacle continue avec
Les nouvelles vagues : L'invité est pris en photo par le producteur avec le producteur : la boucle est bouclée et
tout le monde est content : c'est le
selfie de groupe.
(copie d'écran du site de l'émission
Les nouvelles vagues, mise à jour du 03 octobre 2016)
3/ Les coulisses, la face cachée, les secrets de fabrication, il n’y a plus que ça qui génère du trafic. Donc, France Culture expose son processus de création via des
photos de making-of qui documentent le travail porté à l’écoute de l’auditeur (
ACR,
Fictions : Le feuilleton) :
4/ Quand le producteur ou journaliste sort du studio, il s’improvise
photo-reporter et envoie une palanquée de clichés. Dans ces cas-là, on a droit à des diaporamas de qualité très inégale (
Villes mondes,
Le magazine de la rédaction):
(copie d'écran)
6/ Les yeux se reposent enfin quand l’image choisie pour accompagner ou illustrer un sujet est l’œuvre d’un professionnel. A/ La
photo d’agence de presse donne un certain cachet aux émissions politiques ou traitant de sujets de société. Peut-être même que leur usage est gratuit compte tenu des nombreux partenariats que France Culture entretient avec la presse écrite (
Cultures monde,
Les enjeux internationaux,
Affaires étrangères):
(copie d'écran)
6B/ Plus simplement, ne se contenter que du
visuel de la création (CD, livre, BD, DVD) dans le descriptif pour s’entretenir avec un artiste ou débattre de son œuvre devrait être une voie privilégiée (
Chanson boum,
Les carnets de la création,
La dispute,
La grande table,
Mauvais genres,
Les regardeurs) :
(copie d'écran)
6C/
L’image d’archive (
Concordance des temps,
La fabrique de l’histoire) est aussi appréciable dans le rapport au « document » qu’elle offre à l’auditeur :
(copie d'écran)
7/ Plus rare, il arrive qu’un artiste mette
son talent au service d’une émission (
Des papous dans la tête par Ricardo Mosner,
Une vie, une œuvre par Delius,
L'atelier intérieur/Backstage par Amélie Bonnin,
Un autre jour est possible avec les dessinateurs de B.D. le vendredi) :
(copie d'écran)
8/ Encore plus rare, un usage de la photo intelligent qui sait dialoguer avec son sujet, sans être bêtement illustrative, ni véhiculer un objet promotionnel (l’
ACR) :
(d'autres images à la suite de celle-ci (copie d'écran))
9 A/
L'image interactive est un nouveau gadget (né en 2015). Elle consiste à combiner photographie du sujet et sons enregistrés à l'intérieur du lieu photographié (ou pas loin). Un bon exemple est visible sur la page Internet de la chronique hebdomadaire Pixel. L'internaute est invité à cliquer quatre pastilles d'écoute (interviews déposés sur le site Soundcloud) qui ouvriront un nouveau player et de nouvelles images. N'en jetez plus. (
Nos regards sur l'art contemporain publié le 2 octobre 2015) :
(copie d'écran, mise à jour faite le 9 octobre 2015)
9 B/
L'image dynamisable par "scrolling". Dans l'exemple ci-dessous (
document multimedia Rimbaud derrière l'image : six photos du poète exilé), nous pouvons parler de photographie augmentée. Soit un joujou qui tend à isoler dans l'image des détails au moyen de halos lumineux et d'y ajouter des légendes correspondantes. L'internaute "active" l'image par le biais de la molette de la souris, qui se trouve ainsi "enrichie" de différents éclairages (et légendes) successifs.
(copie d'écran, mise à jour faite le 4 novembre 2015)
10/
L'image de commentaires prélevés sur les réseaux sociaux réunis en diaporama est encore une aberration apparue en 2015 (cet exemple s'appuie sur la même page Internet que citée en /9). Plutôt que de déposer son commentaire en bas de page d'émission, l'auditeur est invité à témoigner sur les comptes Facebook ou Twitter de la station. Touchant probablement un public étendu, le producteur choisit ensuite une grosse poignée de contributions pour les réunir dans un diaporama. Oui, un diaporama de texte... Les 62
slides proposés ici laissent dubitatif (qui feuillettera ce diaporama dans son entièreté ?) :
(copie d'écran, exemple d'un commentaire Facebook, mise faite à jour le 9 octobre 2015)
(copie d'écran, exemple d'un commentaire Twitter, mise à jour faite le 9 octobre 2015)
***
11/
Cas particuliers :
-
la photo mal dimensionnée : il faut un écran de télévision pour voir cette photo pleine page (
Le billet politique de Stéphane Robert)
(copie d'écran, exemple relevé par Philaunet le 22 octobre 2015, post 43 de ce fil (page 5))
-
la photo mal redimensionnée (
L'atelier fiction) :
(copie d'écran)
-
la photo qui pixelise (
On ne parle pas la bouche pleine) :
(copie d'écran)
-
la photo floue, où même se familiariser avec la mise au point automatique relève de l'impossible (
Les nouvelles vagues) :
(mise à jour du 29 octobre 2015, sur une remarque de Philaunet)
-
la photo de jeune (avec ajout de filtre, effet polaroid ou vintage) (La suite dans les idées,
Les nouvelles vagues) :
(copie d'écran)
-
la photo dégueulasse (de portable/appareil photo numérique, généralement surexposée ou floue) :
(
La grande table (copie d'écran)
N.B. :
(la palme revient à Hors-champs )(copie d'écran)
-
la photo de pure mise en scène (attention les yeux) (
Les bonnes feuilles,
Continent musiques) :
(copie d'écran)
-
la photo de traviole (à la recherche d'une esthétique nouvelle, entre formats portrait et paysage) :
(Ici, un montage de Virginie Mourthé, dans ses oeuvres pour
Les nuits rêvées, mise à jour du 17 août 2016)
-
la photo de groupe en studio (tout le monde souriiiit) (
L’atelier du pouvoir, (
L'économie en questions) :
(copie d'écran)
-
la photo d'invité rebelle, où présentement, l'invité autorise un geste (la photo n'est pas volée) qu'il entend simultanément refuser (en se dissimulant avec les moyens du bord) :
(
Hors-champs, mise à jour du 29 octobre 2015, (copie d'écran)
-
la photo à contre-jour(
Les nouvelles vagues, sur une idée de Philaunet le 18 septembre 2015, voir post 20 de ce fil, (copie d'écran)
-
la photo plongeante qui tente une variante à l'image cadrée poitrine ou taille. Ne pas savoir mettre en valeur son invité est un savoir-faire propre aux producteurs de F.C. (
Les nouvelles vagues) :
(M. Richeux à la prise de vue ?, mise à jour faite le 9 octobre 2015, sur une remarque de Philaunet, post 36 de ce fil, (copie d'écran))
- A compléter, qui sait...
L’amateurisme a priori choquant de la plupart des photos mises en ligne tient à la qualité de l’image, généralement pleine de « bruit », (appréciez les photos de F. Martel sur Instagram :
https://instagram.com/martelfrederic/ ) mais également à l’incompétence technique des équipes chargées de la publier sur la page Internet de l’émission. Dans l’ensemble, il n’y a pas d’uniformité dans les moyens photographiques employés, ni dans les dimensionnements de l’image téléchargée. Composer une page n’est pas si simple, mais la structure du site n’est peut-être plus adaptée aux besoins du moment (Terre à terre) :
http://www.franceculture.fr/emission-terre-a-terre-territoires-sans-menagement-5-toxic-tour-en-seine-saint-denis-2014-11-22(copie d'écran)
L’exemple inverse d'une page qui se tient (Sur la route) :
http://www.franceculture.fr/emission-sur-la-route-14-15-sur-la-route-de-l-hyper-ruralite-en-auvergne-2015-08-08(texte et photos forment un seul bloc (copie d'écran)
L’auditeur qui cumule des milliers de photos numériques dans la mémoire de son ordi ne voit probablement pas où est le problème. D'aucuns trouveront du charme à ces portraits-souvenirs. Mais les prétentions ne sont pas à la hauteur des résultats. Combien d'images inutiles qui peuplent le site et ne servent qu'à alimenter le flux ? Allez, à quand les « selfies » de producteurs avec leurs invités ?
NB : Les seules photos correctes d’invités (un point de vue, un cadrage, une mise au point, on en demande peu) trouvées sur le site sont celles de R. Huet (Science publique) :
http://www.franceculture.fr/emission-science-publique-les-physiciens-peuvent-ils-reinventer-la-ville-2015-05-08(copie d'écran)