antonia a écrit:Cette émission sur Patrick Leigh Fermor de Françoise Estèbe est magnifique, vraiment d'une qualité inusitée.Merci de l'avoir relevée.
Ses deux livres "Entre fleuve et forêt" et "Le temps des offrandes", auxquels s'ajoute l'édition d'un manuscrit retrouvé, devraient réconcilier les européens avec eux-mêmes. Ce sont des invitations au bonheur, à la connaissance.
Je m'interroge et j'interroge les forumers: est-ce la première émission sur cet auteur à FC? ce serait curieux, tout de même.
Il y a , sur le site de l'émission, un commentaire que je trouve inapproprié: "un jeune plein de talent, mais tête brûlée": comment un jeune homme peut-il être plein de talent(quel talent?) et comment peut-on traiter de tête brûlée cet homme témoignant d'une telle constance dans sa quête de connaissance de l'Europe de 1933?
Oui, cet emploi de « tête brûlée » est pour le moins étrange. Le terme qui me vient à l'esprit est "Taugenichts" dans le sens du récit éponyme de Joseph von Eichendorff (« bon à rien », « doux rêveur »). Entre 1933 et 1935, Fermor a parcouru l'Europe un peu comme Nicolas Bouvier dans les Balkans (les deux voyageurs étaient des hommes très cultivés) : en se laissant guider par les rencontres de hasard, mais aussi en suivant un itinéraire tracé à l'avance.
L'émission est bonne, voire très bonne. Cependant, elle s'appelle « Une vie, une oeuvre ». Ce qui ne signifie pas automatiquement que « la vie » et « l'oeuvre » doivent se voir dédier un temps équivalent. Reste que Françoise Estèbe ne donne à l'oeuvre que 5 minutes d'attention (à partir de la 49e minute) sur les 60 minutes, soit moins de 10% de l'émission. C'est un signe : pas de critique littéraire à la Lionel Richard ou comme au feu Panorama ou chez Pascale Casanova, non, de l'anecdote, du récit de vie, du témoignage.
Un signe de notre époque que l'on retrouve aussi beaucoup dans les articles ci-dessous (normal pour les nécrologies), sauf dans le premier qui a quelque chose à dire sur l'art littéraire.
Les auditeurs et lecteurs sont intéressés par les belles (ou laides) histoires. Ou on leur prête ce trait ou encore ce trait est-il celui des auditeurs « non fidèles » de FC qui écoutent d'une oreille flottante pour se distraire et non pour se nourrir de quelque érudition ou d'une réflexion critique (c'est d'ailleurs ce public que recherche la direction de France Culture au détriment de l'autre). Aussi, l'émission
Une vie, une oeuvre interroge-t-elle des témoins, de la famille, un/e biographe et ne fait pas intervenir un critique littéraire digne de ce nom (ou un critique artistique ou autre selon la spécialité du personnage traité) .
The Inspired Voyage of Patrick Leigh Fermor Daniel Mendelsohn y formule très adroitement un certain nombre de critiques sur le style de l'auteur.
The Broken Road: From the Iron Gates to Mount Athos by Patrick Leigh Fermor Un article du Guardian s'intéressant à l'oeuvre
Patrick Leigh Fermor (1915–2011) par Colin Thubron, grand voyageur et écrivain de récit de voyages, ami et « exécuteur littéraire » de l'écrivain anglo-irlandais.
Mort de l'écrivain voyageur Patrick Leigh Fermor, carnet du Monde par Jean Soublin où l'on apprend, entre autres, que Fermor « a participé à la réalisation du film
Les Racines du ciel, tiré du roman éponyme de Romain Gary ».