Qui est cette correspondante francophone dans les Cyclades, qui commente l'actualité de la Grèce dans la tradition du café du commerce, cette madame "ouais... ouais ... " qui décode l'état du pays à partir des Mercedès des méchants riches et de leurs piscines remplies de lingots. Cette prof de français dont le niveau de langue a de quoi faire sangloter de désespoir les parents d'élèves qui avaient choisi de donner des cours de français à leurs mômes après avoir entendu Senghor à la radio ? Elle réussit à balancer une idée reçue ou une connerie environ toutes les 30 secondes même quand elle parle de son pays la Suisse. Il faut dire qu'elle se marre toute seule, quasi sans interruption même quand elle ne dit rien d'humoristique c'est à dire tout le temps : 8 heures du matin et déjà une ambiance d'apéro ? Finalement c'est bien du journalisme de bistrot, par la principale pensionnaire du bistrot local. A 8h elle a combien d'anisettes dans le cornet ?
Pour le France Culture de 2012, la nouvelle doctrine de l'info à l'international c'est donc de prendre comme correspondant local un poivrot installé sur place, à condition qu'il manie correctement les clichés qui composent le credo de la rédac' : décoder toute l'actu à partir de 4 ou 5 données qui sont : le mécontentement populaire (lire : les manifs), les mouvements sociaux (lire : les grèves), le niveau des salaires, la sécu et enfin l'emploi non pas en tant que rouage de l'économie mais vu comme un tuyau qui amène à la maison les billets que l'état n'a qu'à imprimer, car à la rédac' de France Culture en gros c'est ainsi qu'on voit la vie économique. De là cette pseudo-connaissance vulgaire qui permet au français moyen et à Voinchet de commenter une actualité à laquelle visiblement il ne comprend rien. Et d'autant plus vulgaire que pour palier cette incompétence, Voinchet ajoute des effets de manche mais comme il ignore le sens des expressions qu'il emploie pour faire genre (par exemple ce matin : 'à bâtons rompus') le résultat est encore plus déplorable.
Résumons cette conception de l'actu qui a remplacé la culture à France Culture : du sensationnel-social, de la joie de mauvaise nouvelle, des clichés du militantisme basique, une lorgnette qui vise presque aussi loin que la bosse du nez, et un style verbal qui voudrait se la jouer Achille-Talon mais comme n'est pas Antoine Perraud qui veut, ça plafonne au niveau d'un Thénardier qui aurait suivi des cours de perfectionnement chez Joseph Prudhomme. Par le même qui se moque ouvertement des cuirs du Sarkomane, alors là bravo !
Question : pourquoi cet excellent homme qu'est Voinchet se trouve amené à piloter une matinale d'Actu ? A l'évidence il n'a aucune formation ni de journalisme (remarquez, quand on voit Cluzel ou Gardette, on se dit que la formation n'est pas un antidote), ni de ce qui pourrait palier, par exemple une initiation fort respectable en sciences sociales -plutôt que sauciales façon Kronlund- qui a plutôt bien réussi à Lebrun, ou Couturier. Ou même à Slama justement, qui ce matin à 7h20, balance à son excellent ami Voinchet : "Marc votre inculture économique me stupéfie". Et nous elle nous désespère.
A part ça elle n'avait pas si mal commencé cette matinale, puisque d'entrée de jeu on a pu y entendre l'invitée qui expédie à la poubelle les clichés et les images usées que 20 minutes plus tôt Thomas Cluzel a exploités pour commenter l'actualité en Roumanie. On se dit qu'on va dont peut-être échapper aux banalités d'usage et aux manipes habituelles. Peut-être même, puisque le sujet c'est la Roumanie, que ce matin pour la première fois depuis longtemps on en va pas nous glisser en loucedé de la consigne de vote pour le mois d'Avril ? Et puis il y a un autre invité, présent en duplex dans un studio Toulousain. Il parle d'un ton posé, comme un spécialiste sérieux. Deux invités pour le prix d'un, elle est très bien d'ailleurs cette habitude qui s'installe aux matins, car la tartine-maison à l'unilatérale, on en a marre. Mais alors, pourquoi y avoir ajouté la pocharde des Cyclades ? Mystère. Ou copinage ? Ou bien tout simplement le n'importe quoi auquel nous habitue de plus en plus France Culture, comme si n'importe quelle idée qui passe par la tête d'un responsable d'émission était saisie et appliquée immédiatement, sans même se demander si c'est bien pertinent, ou intéressant, ou valable, ou instructif, ou .... (on complètera).
Le bouquet : l'émission se conclut par un coup de chapeau à Sonia Kronlund justement, présente à la table, hilare et euphorique pour fêter les bientôt 10 ans des Pieds sur terre. Elle dit : nous ne voulons pas faire de la sociologie, je ne cherche pas à refaire "La misère du monde". Ca tombe bien car "La misère du monde" car c'est pas non plus de la sociologie. Cette petite séquence 'café du commerce' est en phase avec le témoignage téléphonique de madame "ouais-ouais", qui ferait un excellent sujet pour les chroniques de la misère telle que l'exploite Kronlund.
Dernière édition par Nessie le Ven 24 Fév 2012, 11:00, édité 1 fois