Dur, dur, les Matins de ce vendredi, le Voinche face à Frédéric Mitterrand. Ca faisait longtemps que l'animateur n'avait pas été aussi pénible : encore plus claironnant qu'à son habitude. Il n'a tiré aucun enseignement de
l'épisode Hagège, donc il persiste à beugler le nom de son invité plusieurs fois par minute, parasitant à chaque fois le début de la réponse. Voila ce qui se passe quand on prend les auditeurs pour des cons : on fout la merde dans sa propre émission. C'est qu'il faut bien identifier l'invité, hein, et même si c'est 2 ou 3 fois par minute, et même si c'est une des voix les plus caractéristiques et les plus connues du pays. C'est vrai qu'il y a là une habitude déjà bien ancienne sur FC, probablement une bonne idée, mais comme toutes les bonnes idées quand elle est appliquée systématiquement ça devient une idée stupide. On pourrait s'interroger sur la conscience que ce type a de son métier -conscience non pas morale mais technique- car rappeler ainsi à tout bout de champ le nom de son invité, au fait ça sert à quoi ? Réponse : à rien. Surtout quand les réponses et donc les rappels s'enchainent à un tel rythme, que le rappel précédent n'est pas encore refroidi dans la mémoire des auditeurs. Auditeurs que Voinchet prend pour des abrutis ? Déjà que c'est toute la rédac' qui les prend pour des veaux...
Vu d'ici, ça veut dire une chose simple : Marc Voinchet, peut-être trop occupé par le pilotage de sa matinale en direct, n'a pas le temps ou pas le souci de penser son métier, résultat il suit bêtement des consignes maison. Et à coup sûr il ne se réécoute pas sinon il aurait honte. Enfin espérons. Au fait, c'est ce qu'on avait appris de Jean Lebrun dans son entretien chez Thomas Baumgartner, l'été dernier : il faudrait se réécouter oui, disait Lebrun, pour corriger les erreurs et les scories... mais on ne le fait pas. On devine que réécouter tant de conneries et en plus devoir avaler que ce sont les siennes propres, de conneries, ça doit être assez douloureux. Pauvre Voinchet. C'est pas grave, cela dit, non. Mais c'est révélateur. Et c'est pas non plus une exclusivité-voinchet : cette absence d'auto-correction est évidente dans les 4 grands rendez-vous du direct quotidiens, qui sont de plus en plus médiocres.
Autrement pénible est ce trick de pseudo journalisme qui consiste surtout à ne pas réfléchir, à ne pas engager de conversation alors que dans nombre de cas, on pourrait rebondir sur la réponse de l'invité. Le dernier quart d'heure du débat sera comme çà : à peine reçue la réponse de l'invité, le Voinche balance la question suivante, comme s'il avait une liste à écluser absolument. Alors on enchaîne, on enchaîne, et tant pis si à l'ambiance déjà pas mal concon il ajoute le refus actif de la discussion. Il faut dire aussi que la moitié des questions sont des crasses à balancer, alors allons-y, il ne faut pas laisser perdre toute cette bonne came amoureusement préparée certes non pour dégommer l'ami qui est de l'autre côté de la table, mais pour le mettre en difficulté du fait de sa compromission avec la Droite. Je ne sais pas si c'est l'école Ferrari ou l'école Martel, ou peut-être cette grande référence journalistique qu'est Tewfik Hakem. Un peu de tout ça, sans doute. Alors on tentera de déstabiliser le décideur sur les questions budgétaires, sur ses choix et sur ses ukases : ainsi de l'affaire Py ressortie comme un dossier pourri alors que sur cette affaire c'est tout France Culture qui s'est vautré, a monter au créneau et à tenter de déclencher une révolution, avec une rhétorique de tonalité syndicaliste "nous défendrons notre camarad' ". Pas de pot pour eux, Frédéric Mitterrand n'est pas un fantoche car la décision avait ses justifications, donc il a de quoi les renvoyer dans leurs buts. On se souvient -nous oui mais Voinchet non- de la déconfiture en direct de Laure Adler sur France Inter. Ce fut un bon moment, et une belle tape sur le museau de son ex-directrice.
Et le pire, alors vraiment le pire : reprocher au ministre de la culture de ne pas faire assez son boulot, de ne pas assez promouvoir et financer la culture, alors que la chaine culturelle en fait elle-même de moins en moins, là c'est le bouquet. Il est vrai que le paradigme gestionnaire de FC se limite aux moyens (lire : des emplois et du pognon) et surement pas à la réflexion sur le contenu, sur sa nature ou sa pertinence. Alors tout en livrant aux auditeurs un contenu de plus en plus exsangue de culture et de plus en plus mal foutu, en direct on tire l'oreille du ministre 'alors mon ptit gars tu nous en fais de moins en moins' ?? Juste avant d'agiter comme un drapeau deux bourdes de Sarkozy, et là Mitterrand est gêné 'bah oui, des bourdes tout le monde en dit', oui Fredo, tout le monde, et surtout... Marc Voinchet, journaliste animateur et producteur de la chaine culturelle, qui comme tous les bavards de cette chaine, ne laisse pas passer une journée sans en balancer quelques unes qui devraient lui valoir la fessée. Alors balancer à Mitterrand sur l'air du triomphe mi-rigolard mi-inquisiteur les deux derniers cuirs du Sarko, comme si c'étaient des brevets d'inculture, mon dieu que c'est con Voinchet. Bine donc plutôt ton jardinet...
J'ai écouté le tout de plus en plus distraitement, au fur et à mesure de ce numéro minable où l'on n'apprend rien, sinon que le petit politique bien préparé cloue amicalement le bec à ses vieux poteaux qui tentent de l'allumer. Car au bout du compte, les questions idiotes de Voinchet ont plutôt bien servi l'invité. Donc il y a une justice. Quant à l'auditeur, il a intérêt à ce que la Frédouille reste au Ministère encore pendant 10 ans ou mêmes 20. Oui intérêt, et bigrement même, mais pourquoi ?
a) parce que Laure Adler briguera le poste et là, bonjour la cata !!
b) parce que s'il quitte le ministère il reviendra faire des émissions sur FC, et là (on se souvient de ses samedis affligeants) ça sera encore une autre cata !!