Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Philaunet a écrit:Quand même, dix minutes de travail pour 45 minutes à éplucher ? Vous avez le clic rapide ! J'utilise Sound Forge Audio System pour tout ce qui n'est pas téléchargeable et mes coupes concernent plutôt les inspirations d'asthmatiques de certains présentateurs, les quintes de toux et les trop longs applaudissements (concerts).

Le sonogramme a cela d'instructif qu'il rend visibles la répartition des durées de paroles (demanderait à être fait pour Caroline Broué) et, entre autres, le volume des voix.

Est-ce que les producteurs de France Culture regardent la représentation de leurs paroles sur écran pour en percevoir la nature et l'effet ?

Eh oui c'est l'avantage des entretiens avec traducteurs : le tri se fait à vitesse grand V , facilité par le fait qu'il n'y a pas de chevauchement de parole et surtout, pas de ces interruptions idiotes dont la productrice régale les pécheurs de perles et les grands amateurs d'exercice de résistance à la torture connerie.

Au contraire, un entretien en face à face et en langue française, on met facilement une heure à l'épurer, et une heure sans l'écouter mais en se concentrant sur les reprises et les changements de main. C'est donc un travail coûteux en temps et pour tout dire un peu absurde. Mais c'est aussi un exercice de montage-son : comment apprendre à nettoyer un entretien ? Eh bien faites-vous les dents sur un numéro de Hors-champs. A moins que ça ne soit carrément un exercice à l'examen de sortie, ou bien un test professionnel avant recrutement.

Merci pour le tuyau Sound Forge System que je vais m'empresser d'essayer. Jusqu'ici j'utilise MP3 DIrectCut qui fait des coupes pas toujours propres et pas toujours au plus précis, mais qui permet de calibrer les sauts vers l'avant comme des taquets de tabulation. Je saute de 10 secondes en 10 secondes. Comme les prises de paroles de Laura sont rarement de moins de 10 secondes, ça me permet de les repérer avant de les exterminer.

Oui, deux outils très utiles dans ces logiciels sont l'horloge et le sonogramme. L'horloge sur DirectCut par exemple, donne le temps de écoulé depuis la dernière coupe. Là on voit que les prises de parole de Laurentin, de Broué, de Sylvain Kahn et souvent de Laure Adler, sont vraiment très longues ce sont des gens qui parlent pendant plusieurs minutes et non comme Finkielkraut ou Jeanneney pour alimenter le dialogue mais pour poser une question interminablement délayée.

Quand au sonogramme aneffet il est instructif et pour distinguer les questions dans l'entretien avec Alexievitch, il m'a permis de travailler très vite. Mais je me demande aussi s'il n'y a pas là quelque chose de trompeur car depuis des années, travaillant avec DirectCut, je constate que les sonogrammes de producteurs sont légèrement plus élevés que ceux des invités (c'était déjà le cas pour Munier et Hakem quand ils passaient entre 15h et 16h), or à l'oreille je ne repère pas la différence de volume. Mais aussi, peut-être que des années d'écoutes de conneries sur France Culture ont fini par me rendre sourd comme un pot ...

Jeudi soir dans la case Hors-champs a été diffusé un entretien bien intéressant ma foi : Laure Adler dialoguait avec un couple de cinéastes italiens qui produisent depuis quelques décennies un cinéma tout à fait original à partir de stock-shots c'est à dire d'images anciennes, en l'occurrence d'archives en noir-et-blanc devenues invisibles étant donné qu'on ne trouve plus de mécaniques pour les projeter ces vieux films : format de l'image, emplacement des perforations, tout cela variait considérablement il y a un siècle. C'est un peu étonnant d'ailleurs comme explication, car entre les collectionneurs, les brocanteurs, et les greniers à vider, il est étrange qu'on ne puisse plus trouver un projecteur pour ces vieilles bandes. Mais enfin qu'à cela ne tienne : Gianikian & Ricci Lucchi reproduisent le mouvement en refilmant image par image et en y ajoutant leur sauce, par un travail sur l'image, par le montage et par le choix car derrière tout cela je vous le donne en mille, il y a un projet idéologique ouf, on respire. Les téléspectateurs courageux ou insomniaques ou simplement les fêtards raisonnables du week-end ont pu voir quelques uns de ces films dans des magazines de l'image diffusés à minuit sur la défunte SEPT donc sur ARTE il y a 20 ou 25 ans.

Quand je vous dis que c'est intéressant je ne mens pas : en fait j'avais failli signaler cet entretien ou plutôt sa version précédente dans le fil pas très densément alimenté que je consacre au cinéma expérimental, quelque part dans une autre section de notre forum. Il s'agit donc d'une rediffusion ? Eh bien oui mais c'est kamème mieux que ça : c'est une rediffusion modifiée. La chose ne va pas sans ironie : non seulement cet entretien a déjà été diffusé il y a 2 ans, ce dont on ne vous dit rien ni au moment de la diffusion ni sur le site de France Culture, mais encore ce dialogue avec deux cinéastes tripatouilleurs de pellicule a été lui-même tripatouillé et actualisé. C'est qu'il fallait signaler la rétrospective organisée au Centre Pompidou (cet endroit qu'on appelle vulgairement "Beaubourg") jusqu'à la mi-novembre de cette année. Je pense que ça vaut la peine d'y aller mais il contient quelques films assez éprouvants ne comptez pas sur moi pour vous dire lesquels.

Revenons à ce bricolage radiophonique, qui a de quoi nous laisser rêveur : un même entretien, deux versions différentes diffusées à 2 ans d'écart, zéro précisions pour l'auditeur, et tout de même pas mal de changements dont l'utilité ou la bienséance reste discutable on ne devine pas toujours l'utilité : ainsi par moments le défilement est ralenti, tandis qu'à d'autres moments au contraire il est accéléré. Ca ne s'entend pas parce que la variation est infime, mais en faisant défiler les deux MP3 simultanément et après les avoir bien calés, on se rend compte que ça ne cesse de se décaler, une fois dans un sens, une fois dans l'autre. Autre bizarrerie : on dirait que l'entretien a été confié à un stagiaire car il semble quelque peu nettoyé ici d'un redoublement, là d'une hésitation ce qui bon an mal an aboutirait à économiser une poignée de secondes sur l'ensemble, et puis voila que les questions de Laure Adler sont réduites, oui vous m'avez compris : coupées, charcutées.  Pas tout à fait comme Chez Nessie mais presque. Alors là c'est vraiment dommage : pour une fois qu'elle posait des questions pertinentes, il faut qu'on les lui coupe et par contre les questions les plus nunuches sont restées inchangées. Inchangée aussi l'intro de l'émission où en un souffle Laure Adler se paye le luxe d'écorcher le prénom ET le nom de l'invité masculin. C'était déjà le cas en 2013, on retrouvera le tout dans l'émission du 13 décembre de cette année là, et je fournirai des exemples dans notre fil consacré aux exploits de nos Docteurs Frankenstein dans cette antre de l'horreur radio qu'est la section charcutage de France Culture.

Et voici encore une curiosité et un collector dans hors-champs : avec lundi dernier Edgar Morin en invité et mardi Nicole Lapierre, tous deux croit-on comprendre en réaction aux attentats du vendredi précédent.

Sauf que le numéro qui fut donné en podcast lundi soir était ..... celui de Nicole Lapierre où l'on ne parle pas du tout des attentats mais seulement de son dernier livre "Sauve qui peut la vie". 24h plus tard, ce podcast a disparu ou plutôt a été remplacé par Edgar, et c'est un autre Nicole Lapierre que l'on entend sur les ondes et qu'on retrouvera dans le podcast du mardi, à sa place donc. En écoutant d'abord le podcast du lundi, sorti d'on ne sait où et qui d'ailleurs y est retourné, puis l'émission avec Madame Plenel effectivement livrée le lendemain, on comprend que c'est le même entretien mais substantiellement modifié : il a été écourté ici et là pour caser en ouverture une nouvelle intro, enregistrée après coup entre les deux femmes. Ca ne nous apprend pas grand chose sinon que l'émission du lundi est enregistrée au plus tard dans la journée du vendredi précédent.

Il faut dire qu'avec les interminables considérations et les questions à rallonge de Laure Adler, on peut facilement couper une bonne minute sans que personne s'en rende compte. Encore faut-il que ça soye bien fait, mais non là encore c'est fait comme de la chirurgie au sécateur du coup les questions tombent comme des cheveux sur la soupe, hop changement de cap "Nous allons entendre Frantz Fanon". Enfin c'est pas grave du tout, évidemment.

Maintenant que le premier des deux Hors-champs a rejoint les tiroirs, ça vaut peut-être la peine de le mettre à disposition en chargement ? Ca intéressera peut-être les fans de Nicole Lapierre et ça asticotera la curiosité de ceux qui aiment savoir comment est faite leur radio.

Et dans la pétaudière maison, on remarque que le même entretien avec Pierre Hassner a été livré deux fois : d'abord en podcast il y a une semaine, à la place de celui de Pierre Bouretz. On ne s'en émeut pas trop, tant les erreurs dans les titres sont fréquentes. D'ailleurs elles sont généralement corrigées dans les jours qui suivent, comme ce fameux lundi 16 où au lieu d'Edgar Morin, on put entendre Nicole Lapierre dans un entretien pas encore modifié, qui sera ensuite remodelé et laissera la place à une version définitive, livrée le lendemain. Du coup la livraison du 16 rejoindra les archives non diffusées et les collections que font les acharnés excentriques.

Et pendant ce temps-là, Pierre Hassner ? Ben, Pierre Hassner, lui, apparait deux fois : hier mercredi et à la date du 19, où le site de FC comme le podcast affiche un autre invité : Pierre  Bouretz. Et pendant ce temps là, Pierre Bouretz ? Ben, soyez patients, enfin quoi ....

Dans la nuit de mercredi à jeudi, Laure Adler recevait ou plutôt discutait ou plutôt échangeait des questions et des réponses avec le photographe Martin Parr. Avec l'intermédiaire d'un traducteur, ce qui, comme on l'a déjà relevé dans ce fil, donne à l'entretien un ton quelque peu hâché. Cela dit, l'émission est loin d'être inintéressante, malgré le sentiment qui nous envahit parfois d'assister à un simulacre quand les questions de l'intervieweuse s'enchainent, le plus souvent sans suite logique comme si elle les tirait au sort dans une boite ou comme si elle faisait défiler une liste préparée d'avance.

Les réponses ont leur sens. Ceux qui s'intéressent au travail de photographe et qui n'ont pas peur d'écouter des propos étranges d'Henri Cartier-Bresson (en archive) pourront bien s'amuser à découper les épisodes hors-sujet et à conserver les moments d'intelligence du métier. Ils conserveront ainsi entre la moitié et les deux tiers de l'émission.

Le reste ne manque pas d'intérêt mais pour d'autres raison. Comme au début de la 37e minute quand Laure Adler lui demande : "Pourquoi vous ne parlez pas des malheurs du monde ?" (je vous jure que je n'invente rien). Il répond qu'il ne parle pas parce qu'il fait des photos et d'ailleurs justement ses photos le montrent, le malheur du monde. Qu'en conclure, sinon que la question était inepte  ; ou bien peut-être que Laurette ne comprend pas grand chose à ce que fait son invité.

Cela dit, on comprend mieux l'erreur de la productrice une minute plus tard quand son interlocuteur lui déclare qu'elle est pour lui un sujet de choix en tant que bourgeoise d'âge avancé, comme il en a cliché des tapées (probablement dans ses séries sur les riches ?). En toute cohérence on apprend de la bouche du photographe invité qu'un documentariste est toujours de gauche, ce qui a certainement fait plaisir à Joelle Gaillot et achève de classer Laure Delair dans le camp des bobos.