Du point de vue des émissions elles-mêmes, une plus grande cohérence eût été souhaitable, mais les cinq entretiens constituent une introduction appréciable à l'oeuvre et la vie de R. Barthes.
En toute subjectivité, une sélection ci-dessous d'extraits prélevés durant cette semaine (7-11 septembre 2015) :
- Dans la
la première émission, L. Adler reçoit T. Samoyault. A la minute 35, surgit une question qui, au choix, peut déclencher l'hilarité ou inspirer une profonde réflexion :
Le catch, dans sa vie, c'a été très important. Je me demande après avoir lu votre livre, si le catch n'a pas eu une influence décisive sur sa manière d'écrire par fragments.
[son mp3="https://cdn.radiofrance.fr/s3/cruiser-production/static/culture/sons/2015/09/s37/RF_26AF9FD1-9262-44B5-84C5-FDE345738444_GENE.MP3" debut="35:15" fin="36:17"] Remarquez comme T. Samoyault esquive gentiment.
- Dans
la deuxième émission, P. Sollers fait aussi bien l'éloge de R. Barthes, que le sien, par R. Barthes.
L. Adler :
Roland Barthes apparaît dans de nombreux textes de vous.P. Sollers :
- Oui, et n'oubliez pas (sic) qu'il y a un livre qui va être réédité en poche bientôt qui s'appelle : "Sollers écrivain", de lui. Donc, c'a été un dialogue qui n'a pas seulement été un dialogue - on dînait ensemble, et c'était charmant - mais enfin, il a écrit, il m'a soutenu, très, très fermement, avec une fidélité sans ombres.[son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/09/s37/NET_FC_98c61aeb-4486-495d-9528-4fcd11365cb8.mp3" debut="09:39" fin="10:08"]
Ou :
Il [R. Barthes] me manque intellectuellement, parce qu'un dîner était toujours absolument passionnant. Et pour lui aussi, parce que les sentiments sont toujours réciproques.
[son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/09/s37/NET_FC_98c61aeb-4486-495d-9528-4fcd11365cb8.mp3" debut="40:43" fin="41:05"]
On appréciera également cette piqûre de rappel de P. Sollers, qui évoquant les attaques dont Barthes a été l'objet, dit :
Sarkozy, qui ne sait rien d'autre sur la littérature que : "La princesse de Clèves, on s'en fout, Les liaisons dangereuses me tombent des mains, et puis, Fabrice Del Dongo dans la Chartreuse de Parme est une sorte de gigolo" (...), rejoint par L. Adler :
Aujourd'hui les ministres de la culture ne lisent pas les fiches des écrivains qui viennent d'avoir le Nobel. [son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/09/s37/NET_FC_98c61aeb-4486-495d-9528-4fcd11365cb8.mp3" debut="10:47" fin="11:47"]
En passant, cette remarque destinée à l'ensemble du jeune personnel au micro de F.C. :
Tout ça [la qualité de la langue française] est en cours de destruction sous vos yeux. Le passage au numérique, le passage à la communication intégrée, le fait que vous n'entreteniez plus votre mémoire et votre lecture (...). Tous les antidotes étaient là, je me suis préparé à ça dès mon enfance, comme ça, parce que je sentais qu'un jour, ce serait capital, crucial. [son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/09/s37/NET_FC_98c61aeb-4486-495d-9528-4fcd11365cb8.mp3" debut="11:59" fin="11:47"]
Un détail amusant : l'auditeur qui a lu le descriptif de l'émission avant écoute notera que les citations qui y sont mises en exergue ne sont pas toujours issues de la bouche de l'invité. Par exemple, dans le dernier paragraphe du descriptif, on imagine lire un propos de P. Sollers entre guillemets... :
Il [R. Barthes] était aussi hostile au monde universitaire « qui ne l’a pas beaucoup reconnu » sauf à la fin de sa vie. Ceci dit, malgré le succès qu’on lui connaît, Roland Barthes eut « une difficulté extrême à imposer ses idées et son style... »
... qui n'est autre qu'une remarque de L. Adler : [son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/09/s37/NET_FC_98c61aeb-4486-495d-9528-4fcd11365cb8.mp3" debut="15:00" fin="15:15"]
Idem à la cinquième émission où l'on peut lire :
Pour Michel Salzedo, Roland Barthes portait en lui une part de tristesse, « probablement parce qu’il n’a eu que des déceptions sentimentales. Je ne crois pas qu’il ait jamais connu le grand amour. », quand on entend :
[son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/09/s37/RF_EC27B0F4-D03F-4D9F-9EF5-00CA641051DC_GENE.MP3" debut="21:10" fin="21:37"]
- A la
quatrième émission avec C. Fellous et B. Comment, on peut entendre en longueur un extrait de son cours inaugural au Collège de France :
[son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/09/s37/WL-NET_FC_9D3DAB9B-B226-414A-820E-B3B1164FBCA7-10.mp3" debut="29:38" fin="33:04"]
- La dernière émission (beaucoup moins intéressante et répétitive) a eu le mérite de déconstruire les relations de grande proximité prêtée à l'entourage de R. Barthes, et par là-même un lieu commun, souvent invérifiable pour l'auditeur non averti. Le commentaire de son frère M. Salzedo fait sourire : (...)
Tout le monde croit qu'il était très lié avec la personne avec qui il était, parce qu'il était très gentil. Il ne faisait de peine à personne. Le nombre de gens qui sont venus me voir après sa mort : "j'étais le meilleur ami de Roland Barthes". Mais j'aurais pu en aligner cinquante comme ça. (...) Il était peut-être très aimable avec cette personne pendant qu'il était avec elle, c'est tout. A la maison, il me disait très souvent : ah encore [untel]. (...) Ce qu'il aimait, c'était la tranquillité.[son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/09/s37/RF_EC27B0F4-D03F-4D9F-9EF5-00CA641051DC_GENE.MP3" debut="11:33" fin="12:22"]
Et bonne fête à tous les Ignace de Loyola : [son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/09/s37/NET_FC_98c61aeb-4486-495d-9528-4fcd11365cb8.mp3" debut="39:00" fin="39:18"]