Philaunet a écrit:Voilà un reportage d'Omar Ouahmane dont on sent qu'il va nous éclairer sur les enjeux de l'émigration syrienne en Europe : Le périple d'une famille syrienne réfugiée en Europe (ce titre ne serait-il pas mal construit ?).
« La petite Lotus, 3 ans et demi » souriant, jouant, dormant, et son « petit frère Mohamed » en sont véritablement les vedettes. 148 photos en tout de la famille (je vous aime) et une vidéo.
Omar Ouahmane en baby-sitter (ainsi se définit-il en légende d'une photo) ou qui fait le V de la victoire est aussi une des grandes stars de cet album.
Yann Sancatorze a écrit:On pourrait donner un nom à cet exercice antidéontologique, "l'informercial humanitaire".
Le compte-rendu Twitter d'O. Ouahmane pose en effet question. Il faudrait avoir un coeur de pierre pour ne pas être ému par le périple de cette famille en Europe (de la Syrie jusqu'en Suède en bus, train, à pied, en canot). A quoi cela tient-il ?
D'abord, arrêtons-nous une seconde sur l'importation des messages (photos et commentaires) du compte Twitter d'O. Ouahmane sur la page Internet de la chronique : Le choix de la rédaction. Sommes-nous en présence d'informations visant à compléter le reportage (comme peut l'être la carte géographique située en dessous et intitulée : Migrants et demandeurs d'asiles en Europe) ? Ou bien du témoignage personnel d'un reporter "au coeur" d'une famille syrienne relayant jour et nuit les étapes de leur déplacement ?
Le problème vient du brouillage de ces deux pistes. O. Ouahmane fait aussi bien part des conditions difficiles dans lesquelles hommes, femmes et enfants voyagent que de ses impressions toutes subjectives à la limite de la sensiblerie (on appréciera les smileys). Le compte-rendu, tel que découpé dans le temps, s'étend du 21 septembre au 10 octobre 2015, pour un total de 81 tweets et 151 photos (148 selon Philaunet, possible, je n'ai pas le courage de recompter), et une vidéo, le tout à scroller pendant 3 km. Un nombre de messages conséquent donc comme autant d'"épisodes" d'une "histoire" vécue en "temps réel" (différé pour nous) sur trois semaines (ce que quatre minutes de reportage ne peuvent restituer). De quoi construire l'émotion.
L'auditeur curieux se reportera à une version longue commandée par France Inter dans le magazine Interception, intitulé : 12 jours dans la vie d'un réfugié, dont la diffusion est prévue le 18 octobre 2015. Là encore, il est d'ores et déjà permis d'interroger le titre. "Dans la vie de", comme on pourrait entendre "dans la peau de", et autres émissions qui cherche à se mettre à la place de. Jouer la carte de l'identification pour illusionner un gain de réel, c'est se moquer du monde, et il y a fort à parier que nous retrouverons là une grande part de mise en scène (à l'oeuvre dans les photos) incluant toute une palette d'émotions.
En attendant, on ne peut être que gêné devant les photos d'O. Ouahmane. Puériles dans le texte ((...) personne ne devrait vivre ce que ces familles vivent depuis des jours ou Lotus, d'une vitalité incroyable, ne comprend pas ce qui se passe mais comprendra quand elle sera plus grande) et sentimentales sur les bords (nombreuses sont les photos des deux enfants relatives à la fatigue et aux difficultés rencontrées, hé oui, leur innocence n'est pas un prisme innocent), ces images légendées en appui du reportage radiophonique sur le site de F.C. auraient dû se circonscrire au factuel.
Inutile de s'attarder sur la qualité des images, O. Ouahmane n'est pas photo-reporter.
Ci-dessous, quelques tweets :