Cette semaine dans "Sur les docks" un mini programme de célébrations du cinquantenaire où, sans surprise, on remarque l'absence d'émissions récentes. Sous prétexte de cinquantième anniversaire, le France Culture de 2013 se fait reluire avec ce qu'il est devenu incapable de produire depuis 14 ans, soit pendant presque un tiers de son existence. De la même façon, dans le concert d'auto-satisfaction sous forme de rediffusion, on verra que bien rares sont les émissions datées d'après 99 ou dont le concept ne remonte pas avant cette année. Il est inévitable que dans la classe "
documentaire culturel", la maison n'ait à fournir que des émissions antérieures à la rupture de 1999, puisque cette année là marque le début de la réduction impitoyable du documentaire à France Culture. Ceux qui ne tolèrent pas les comparaisons historiques entre le France Culture d'après 1999 et celui d'avant sont invités à ne pas lire la suite de ce post.
Car pour qui saura écouter les bruits de cette fête obscène, la qualité de France Culture qui est en chute libre depuis septembre 99 se montre ici dans sa crudité. La station a pu faire illusion tant qu'il y restait des producteurs et émissions survivantes de sa meilleure époque. A mesure que ces derniers se réduisent en nombre, la qualité qui s'effondrait n'a plus d'apparence que celle du tas de ruines fumantes.
Exemple : comparez donc le style des deux émissions portant sur le même thème "De bouche à oreille" (fermé en 2007) et "On ne parle pas la bouche pleine" qui l'a remplacée en 2 temps, s'installant sur le même créneau horaire. On y constate que l'élégance de la conversation, la fluidité du montage et l'intelligence des enchainements, l'assemblage des musiques et des lectures, bref le cocktail de ses qualités a laissé place à des "c'est un truc de fou, c'est vraiment top". On voit le niveau, tant verbal qu'intellectuel. Radio destructurée, radio défigurée.
Les 50 années de France Culture ne sont pas à l'honneur de ceux qui en tiennent actuellement la barre. Et dire que ça ne fait que commencer, c'est se moquer du monde : France Culture meurt un peu plus à chaque nouvelle idée lumineuse de chacun de ses nouveaux pilotes depuis 1999.
Une autre façon de se moquer du monde, c'est de nous seriner que ces 3 journées de célébration au Palais de Tokyo seront une fête et une rencontre avec ceux qui ont fait cette belle réussite qu'est France Culture. S'il restait encore un peu d'honnêteté intellectuelle à la Direction du programme, cette fête devrait inclure les centaines de producteurs qui ont oeuvré à cette qualité dont la chaîne se vante à présent. Mais comment faire pour rappeler tous ces gens dont on a décidé de se passer, soit en les lâchant purement et simplement, soit en décourageant brutalement ceux qui s'accrochaient ? Et l'ironie est que sur cette radio qui promeut en permanence l'égalité et le partage, une poignée d'autocrates a liquidé plusieurs centaines d'artisans du programme, pour donner quelques places fixes à une minorité de permanents. Ironie supplémentaire, et sans dramatisation excessive : sur France Culture on cultive une idéologie globale sans faire mystère d'une appétence pour le collectivisme, sans voir qu'on se montre par là en phase avec la grande tentative historique issue de l'idéologie collectiviste : une poignée de privilégiés accapare les ressources et les les bénéfices du système, après avoir liquidé la masse de ceux qui en ont fait la réussite en écrivant ses plus belles pages, dont à présent on s'attribue le mérite. Et très logiquement, une fois exclus les meilleurs et les plus sincères, la poignée d'arrivistes qui reste aux commandes ne peut plus produire qu'une soupe dégueulasse, avec le renforts des plus nuls qui ont été recrutés entre temps. De là le sobriquet de Radio-Pravda est plus mérité que jamais