Un chef d’œuvre réalisé en 1965 par René Jentet :
On se demande qui, en 1965, écoutait ce feuilleton quotidien et dans quelles conditions matérielles. Il faut s'imaginer que tous les acteurs (et auditeurs, probablement) étaient nés dans les années 1930 et avaient donc traversé la seconde guerre mondiale. Cela a forcément un effet sur l'incarnation sensible de la tragédie. On assiste aux combats entre volonté et résignation, illusion et réalité prosaïque, matérialisme et foi chrétienne.
Cette transposition radiophonique fait émerger toute la puissance du roman de Dostoïevski. Rejoignons la génération à l'écoute devant le poste en 1965.
Dix épisodes de 30 minutes pour cette création à l'interprétation prodigieuse. Un sommet de l'art radiophonique. Les 5e et 9e épisodes qui mettent en scène la confrontation entre Raskolnikov et le juge d’instruction Porphyre Petrovitch sont d'anthologie.Curly(https://regardfc.1fr1.net/t196-rene-jentet#38903) a écrit: (...) liens vers les téléchargements de tous les numéros de « Crime et châtiment ».
On se demande qui, en 1965, écoutait ce feuilleton quotidien et dans quelles conditions matérielles. Il faut s'imaginer que tous les acteurs (et auditeurs, probablement) étaient nés dans les années 1930 et avaient donc traversé la seconde guerre mondiale. Cela a forcément un effet sur l'incarnation sensible de la tragédie. On assiste aux combats entre volonté et résignation, illusion et réalité prosaïque, matérialisme et foi chrétienne.
Cette transposition radiophonique fait émerger toute la puissance du roman de Dostoïevski. Rejoignons la génération à l'écoute devant le poste en 1965.
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Curly(https://regardfc.1fr1.net/t196-rene-jentet#38903) a écrit: (...) Sur René Jentet, nous avons peu d’informations, mais les documents qui témoignent de l'exigence de son travail demeurent dans les archives (archives papiers & radio).
Il travailla à la radio de 1951 à 1980. Après, il disparut définitivement des ondes.
Caractère apparemment bien trempé, physiquement impressionnant, il ne devait pas être toujours très commode. Le réalisateur Jean Couturier estimait « qu’il régnait en despote » (cf article de I. Omélianenko sur « Les Nuits magnétiques »)
France Culture a consacré une émission en hommage au réalisateur en 2013, déjà signalée plus haut dans ce fil et intitulée « René Jentet, une vie de radio ». Entre 1981 et 2013 nous n'avons aucune information sur la vie de notre homme, à l'exception de son état de santé.
Auparavant, il y eut une diffusion de « La manade » (1970), amputée d'un tiers. René Jentet aurait certainement apprécié...
L'auditeur, lui, ne peut se contenter pour l'instant que de ces miettes.
Sur le site France Archives, le portail National des Archives, quelques extraits de la page consacrée à R. Jentet :
[i]« René Jentet est né à Paris le 1er décembre 1923. Il meurt le 23 juillet 2013 à Neuilly-sur-Seine.
Après des études classiques, il passe le baccalauréat, première et deuxième parties. En 1946, il s'inscrit à la Faculté de droit de Paris et à Sciences politiques. Il suit en parallèle des cours de musique et de chant. Dès la fin de l'année, il enchaîne les emplois saisonniers et effectue des travaux manuels sur l'ensemble du territoire français.
Il passe le concours de réalisateur pour la radiodiffusion et c'est en 1951 qu'il intègre la Radiodiffusion française (RDF) en tant que réalisateur et responsable des émissions dramatiques à la station régionale de Lyon où il restera jusqu'en 1953. Il revient alors à Paris et devient réalisateur hors catégorie gré à gré.
(…)
Entre 1957 et 1968, il est responsable de la réalisation du protocole franco-italien sur le Terzo Programma de la RAÏ. Il est également conseiller et formateur en audiovisuel pour l'Institut national de l'audiovisuel (INA), notamment dans le cadre de stages destinés aux Africains, et pour l'Université de Corse à Corte entre 1977 et 1980.
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Mis à l'écart de l'ORTF à la suite des événements de mai 1968, René Jentet part aux États-Unis et enseigne la littérature française à Antioch College à Yellow Springs dans l'État de l'Ohio en 1968-1969. Il revient à France Culture en 1970 pour le Festival d'Avignon. Jusqu'en juin 1977, entouré du Groupe de production du studio 114, il multiplie les productions et réalisations, dont certaines de grandes envergures. La collaboration de René Jentet avec Radio France prend officiellement fin le 1er décembre 1980.
(…)
René Jentet pour qui « le moindre cm² d'espace sonore est une dramaturgie complexe » consacre son temps et met son énergie au service d'une composition radiophonique extrêmement calligraphiée et millimétrée. Créateur motivé, voire habité, la radio est pour lui « un travail qui part de l'observation du réel, qui le décode selon sa propre histoire et qui en invente une autre à travers les machines très compliquées qui servent à prendre le son ». Il a néanmoins parfaitement conscience que son écriture exigeante demande de la part des auditeurs une disponibilité particulière. Il regrette également que les préoccupations financières de France Culture interviennent dans les raisons invoquées de sa « mise à l'écart », faisant de lui, pour certains, l'un des représentants d'un âge d'or révolu.
Le journaliste et critique André Alter écrira dans « Télérama » en 1978 : « d'émission en émission René Jentet construit une œuvre qui me paraît d'autant plus importante qu'elle donne corps, d'une façon exemplaire, à une idée vivante de la radio. Il constitue, pour France Culture un répertoire, un fonds d'art radiophonique dont il faut espérer qu'il n'est pas destiné à enrichir la seule phonothèque de l'Institut de l'audio-visuel.
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