Et dans cette chronique, sans le savoir, il nous livre quelques clés sur les raisons du fort recul de la programmation culturelle sur France Culture (comme si on ne le savait pas déjà...). Visitant l'exposition Tolkien avant de se mettre en scène, il avoue que tout ce qui défile sous ses yeux lui parait soudain futile, vain, superficiel. L'esprit saturé d'injonctions morales, de scènes apocalyptiques, de récits catastrophistes, de menaces d'effondrement, il s'aperçoit que plus rien de culturel n'a de valeur à ses yeux. Lorsqu'on se pourrit l'esprit en ne fréquentant que des apôtres de la sociologie engagée et des sciences politiques militantes, il n'y a plus d'aventure culturelle possible. Tout est tourné vers la trouille. Et c'est ce que fait France Culture dans toute sa grille. Nous ne sommes pas loin du fameux "mais comment osez-vous / pouvez-vous, alors que le monde etc." Il est presque indécent (et en tout cas inutile et vain) de se cultiver alors que la planète, la société, les écosystèmes, les inégalités etc. etc. etc.Philaunet a écrit:Le billet nombriliste de Bellanger est de retour (il y a grève à Radio France ou pas ?). Son topo du matin : dire à mots couverts combien il est heureux d’être un romancier invité à la BN. Caractéristique, son sujet, un certain Walter Benjamin qui, avec Foucault, Bourdieu, Lacan et Arendt, est une des icônes les plus citées de France Culture.
Cette faiblesse intellectuelle et cette incuriosité militante que manifeste A. Bellanger se retrouve toute entière dans la grille de la station. En revanche, Sandrine Treiner ne plombe pas France Culture par ignorance ou naïveté, mais par calcul cynique (nouveau public militant + émissions sociopolitiques à bas coût = chiffres d'audience en hausse et personne ne s'apercevra que le programme culturel a été liquidé). C'est pour cela que les passeurs ont disparu de France Culture. Le geste qui consiste à partager des connaissances de façon désintéressée n'a plus de valeur à leurs yeux. A la place, "il faut" : il faut avoir peur, il faut lire untel, il faut le relire, il faut avoir peur de nouveau, il faut s'arc-bouter, il faut s'indigner. Mais découvrir quelque chose, sortir de soi, approfondir un sujet, non. Aucun intérêt. Sandrine Treiner n'aime pas ça. Trop individuel, trop riche, pas récupérable politiquement. Pas bon. Bientôt, France Culture nous expliquera que c'est criminel de lire des livres non politiques (lire des livres sans débouchés politiques ou sociaux, pour quoi faire ?). Et puis aller voir des expos, vous n'y pensez pas... Empreinte carbone, privilège blanc, relents de colonialisme, etc. Non vraiment, dans le monde dans lequel on vit, il est indécent de vouloir se cultiver. Heureusement que Sandrine Treiner veille au grain.