Souligné par mes soins, en gras :
Philaunet a écrit: (...)
Et avant cela
La Grande table (1ère partie) avec trois noms contemporains qui ne sont pas inconnus sur ce Forum : « (...)
un texte écrit par Fabrice Melquiot à partir du roman de Lewis Carroll : c'est Alice et autres merveilles, mis en scène par Emmanuel Demarcy-Mota. Nous suivons le lapin blanc en compagniede [sic] Geneviève Brisac, » (Melquiot très présent à
Théâtre et Compagnie)
Présentation : «
Les références de la culture enfantine sont à l'honneur aujourd'hui puisque les enfants sont selon nos invités, et comme le montre Alice au pays des merveilles, des êtres radicaux, révoltés, qui disent non et se réapproprient le langage, inventent des mots et des histoires pour affirmer leur liberté. »
Citations de
Geneviève Brisac : "Ce qui est intéressant c'est la révolte fondamentale d'Alice comme petite fille moderne, et confrontée au monde absurde des animaux qui ressemblent à des adultes."et de
Fabrice Melquiot : "Elle nous renvoie à une radicalité enfantine. Ces rencontres et voyages qui s'enchainent lui apprennent la révolutionnaire qu'elle est déjà car l'enfant c'est la créature qui dit non."Parmi les nombreuses émissions sur
Alice au pays des Merveilles, je n'ai jamais assisté à un tel aiguillage.
France Culture semble terriblement obsolète.
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Yann Sancatorze a écrit:Rien ni personne ne peut échapper aux récups politiques de France Culture...Jane Eyre 1/10 de Charlotte BrontëL'insoumise héroïne du plus célèbre des romans de Charlotte Brontë est-elle féministe avant l'heure ? Ecoutez ses rebellions, sa modernité, dans une adaptation en feuilleton de 10 épisodes.
En 1847, Charlotte Brontë publie, sous un nom d’emprunt masculin – Currer Bell -, son roman le plus célèbre : Jane Eyre. Présenté comme l’autobiographie du personnage éponyme, ce roman connaît un succès immédiat dans l’Angleterre victorienne, alors même que son héroïne, résolument moderne, ne cesse de se montrer insoumise, de revendiquer son indépendance, et de remettre en question les normes et les préjugés de son époque. Personnage hors du commun, Jane Eyre est aujourd’hui considérée comme une féministe avant l’heure.On imagine une grande poubelle (peut-être un container entier) dans les bureaux du service Fictions de France Culture, où s'accumulent les oeuvres qui sont "irrécupérables" : pas d'angle féministe exploitable, ni climatologique, anticapitaliste, anticolonialiste, et de manière générale, ne mettant pas en scène le schéma oppresseur/opprimé qui est l'alpha et l'omega de la pensée culturelle de cette station.
J'avais lu ces lignes de loin, sans en mesurer leur portée. J'avais imaginé qu'il s'agissait d'exemples isolés. Mais elles ont fait leur chemin, et j'y suis revenu pour corroborer l'exemple proposé ci-dessous.
Présentement, pas de
schéma oppresseur/opprimé , ni de féminisme avant-gardiste, mais une situation familiale atypique (ou carrément
extraordinaire pour reprendre le mot d'Aurélie Charon dans Backstage, c'est selon), exposée par le prisme cinématographique : c'est le film
Pauline s'arrache, d'Emilie Brisavoine.
C'est la récurrence des invitations faites à la réalisatrice qui m'a étonné :
- D'abord, le 19 octobre 2015 dans
Backstage d'Aurélie Charon : Numéro 8. Pauline s'arrache et Emilie filme.
- Puis, le 30 décembre 2015 dans
Ping Pong de Emilie Chaudet et François Angelier (remplaçants de Noël) : Portrait de famille et voisins de pallier avec Pierre Guillois & Emilie Brisavoine.
- Enfin, le 7 janvier 2016 dans
Nouvelles vagues de Marie Richeux : A VOS SOUHAITS (4/5) : De l'émancipation !
A vue de nez, il y avait de grandes chances que le film fût sponsorisé par la maison pour s'étaler dans 3 émissions d'une heure ou presque, et que les invitations ne fussent en réalité que de la promotion. Mais non,
Pauline s'arrache est soutenu par Radio Nova, seul partenaire radiophonique. C'est alors que le contenu du film entre en jeu et avec lui, ses admiratrices les plus recherchées de tout Radio France : des productrices jeunes et à l'affût de tout ce que le mot « culture » peut recouvrir en se communiquant les bons filons.
Préambule : c'est le prisme choisi par les productrices qui est critiqué ci-dessous, non l'objet cinématographique.De quoi parle-t-on dans ces émissions ? D'un premier film d'une jeune professeur s'improvisant réalisatrice [son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/10/s43/NET_FC_be8c0c15-7bb4-4ae2-863f-da6b03bcbfab.mp3" debut="14:45" fin="15:15"], qui sur les conseils d'un ami, a décidé de monter un film d'après les rushes (une soixantaine d'heures) accumulés pendant cinq années passées à filmer sa famille ? Et qui, par exemple, de son propre aveu, s'arrêtait de filmer
quand [elle] avait mal au bras ? Ou plus vraisemblablement, de la famille en elle-même, objet d'une véritable curiosité ?
[son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/12/s53/NET_FC_09981daf-395c-4faf-bd50-fbba2cfdbbf7.mp3" debut="20:39" fin="22:12"]
Permettons-nous de ne pas douter de la deuxième hypothèse. Car le film (vu) de deuxième classe (le juger ici n'apporterait rien) est un composé d'images amateurs de plusieurs natures artificiellement tenues par les ficelles du conte [son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2016/01/s01/NET_FC_73e2846a-f3cc-4317-8037-af5a9f2ad24b.mp3" debut="37:31" fin="38:46"], et ressemble souvent à du mauvais reportage de télé trash, (argument réfuté la réalisatrice : [son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/10/s43/NET_FC_be8c0c15-7bb4-4ae2-863f-da6b03bcbfab.mp3" debut="46:37" fin="47:12"]).
Nous avons donc le père, transformiste, en playback sur des chansons chantant et dansant avec ses enfants eux aussi maquillés dans de petites soirées, témoignant de son abandon dans feu l'émission télévisée
Ça se discute, et s'imaginant être le petit ami de sa fille quand il marche à ses côtés ; la mère, qualifiée de reine de la nuit (on n'en saura pas plus), au passé douloureux et se désolant d'être prise pour la mère de son mari (différence d'âge de 8 ans oblige) ; la fille, en pleine crise d'adolescence, cultivant un goût pour la provocation et les engueulades truffées d'insultes avec son père et les courses-poursuites hystériques avec son petit ami.
On pourrait qualifier de malhonnête ce résumé (j'entends au loin : « et le passage de Pauline à la vie adulte alors ? ») mais ces quelques lignes condensent exprès la matière offerte à mesdames Charron, Richeux et Chaudet (on a échappé à Serrell de peu), qui vont s'en donner à coeur joie :
Ecoutez
l'analyse cinématographique les questions à la chaîne de la psy Richeux à Pauline :
[son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2016/01/s01/NET_FC_73e2846a-f3cc-4317-8037-af5a9f2ad24b.mp3" debut="14:47" fin="18:25"] ou [son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2016/01/s01/NET_FC_73e2846a-f3cc-4317-8037-af5a9f2ad24b.mp3" debut="40:32" fin="41:52"]
Ou encore, l'insistance de Charron sur la famille hors du commun du film, qui n'a pas hésité pour l'occasion à inviter le père, la mère et la réalisatrice en studio. Voici la première minute de l'émission (première pastille) :
[son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/10/s43/NET_FC_be8c0c15-7bb4-4ae2-863f-da6b03bcbfab.mp3" debut="00:38" fin="01:18"] ou [son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/10/s43/NET_FC_be8c0c15-7bb4-4ae2-863f-da6b03bcbfab.mp3" debut="15:55" fin="17:52"] ou [son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/10/s43/NET_FC_be8c0c15-7bb4-4ae2-863f-da6b03bcbfab.mp3" debut="39:05" fin="39:47"]
De quoi parfois surprendre Emilie Brisavoine qui réalise que ses interlocuteurs ne l'ont peut-être pas invitée pour de bonnes raisons (interprétation discutable) :
Avec Richeux : [son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2016/01/s01/NET_FC_73e2846a-f3cc-4317-8037-af5a9f2ad24b.mp3" debut="22:17" fin="24:04"]
Avec Angelier : (qui a dû regarder le film en accéléré) et Chaudet (qu'en dire ?) : [son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/12/s53/NET_FC_09981daf-395c-4faf-bd50-fbba2cfdbbf7.mp3" debut="13:15" fin="14:20"] ou [son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/12/s53/NET_FC_09981daf-395c-4faf-bd50-fbba2cfdbbf7.mp3" debut="41:29" fin="42:57"]
Qui a parlé de cinéma tout au long de ces entretiens ? Personne. De références, de mise en scène, de lumière, de montage (un peu), de musique ? La cinéaste l'a peut-être un peu cherché après tout. Mais faire un film ne peut pas se réduire à raconter son histoire. Emilie Brisavoine n'a pas été aidée.