Le critique en tant que personne, n'a aucune importance, et la seule qualité morale qu'on est en droit d'exiger de lui, c'est la sincérité. Il s'efface devant son propos, et cela toujours davantage que celui qui prétend faire oeuvre, surtout quand on sent le second motivé par la vanité ou la facilité (chose que la critique peut s'attacher à démontrer, d'où l'agressivité en retour qu'elle ne manquera pas de s'attirer). En regard de la prétention qu'on trouve chez le créateur, prétention compréhensible et naturelle certes mais inductrice de nombre d'effets néfastes dont l'oeuvre pourrait bien souffrir et se réduire en qualité, au contraire la qualité de la critique n'est que très secondairement de forme. La qualité essentielle de la production critique réside dans la vérité de son propos. Aussi :
- peu importe que le critique apparaisse comme prétentieux dans son attitude ou sa conduite ; on peut bien le lui reprocher, et cela avec sincérité ou mauvaise foi, avec justesse ou par erreur de jugement. La seule question qui compte est de savoir si son propos critique, lui, est fondé en vérité et en sincérité. Mieux vaut une critique fondée et désagréable, fondée et prétentieuse, fondée et déplaisante, qu'une critique qui serait non prétentieuse, sympathique, non déplaisante, mais non fondée ou insincère.
- que la critique soit répétitive n'est pas un défaut, bien au contraire : s'il s'agit de relever une erreur répétée ou un défaut constant, alors il est du devoir critique de se montrer répétitif et même ressassant jusqu'à l'obsession, tant que ce dont on traite ne sera pas amélioré. Reprocher à la critique d'être répétitive, c'est reprocher à son objet d'être mauvais de façon répétée, ou constante.
- est-ce un vice que la critique soit idéologique ? Bien sûr que non : en tant qu'elle lutte pour des valeurs (le bon, le beau, le vrai), elle l'est par nature. On ne peut pas en dire autant du discours culturel, qui ne peut procéder au forçage idéologique (j'entends ici : politique et moral, partisan et donneur de leçons) sans se dénaturer.
(Je réserve pour d'autres posts la critique morale de la moraline et la critique militante du militantisme, mais nul doute que le lecteur sceptique lira encore quelques distinctions entre type a et type b)
Ces quelques points rapidement proposés entendent montrer que la création et la critique ne peuvent recevoir le même traitement critique. Que d'une part la critique, et d'autre part la critique de la critique, sont genres et exercices différents. J'attends qu'un esprit supérieur me démontre :
a) que la distinction ci-dessus énoncée et plus haut illustrée, est fausse infondée mal venue, ou même injuste (?)
b) que la critique de la critique de la critique ne peut se contenter de l'insulte et de la réduction simpliste ; et que de venir insulter le critique est un mode de débat souhaitable et efficace pour défendre les oeuvres dont il a fait son sujet critique
Toujours pour le signataire "Catulle" dont le post a hélas disparu, et pour redescendre d'un cran dans cette hiérarchie des types que lui seul a jugé arbitraire, je conclus que certes il reste la discussion sur le sujet lui-même : l'émission critiquée. Si vous voulez vraiment défendre une émission qu'ici on n'apprécie pas, qu'on égratigne un peu ou bien qu'on défend en flamme, alors parlez donc de l'émission au lieu de dégoiser sur ceux qui ne l'apprécient pas. Je n'oublie pas que c'est ce que vous aviez fait dans le post qui a disparu. Je vous propose, à vous ainsi qu'à Vincent et à toutes les personnes intéressées, de nous retrouver dans le fil ouvert pour traiter du documentaire et de "Sur les docks".
Ceci en espérant qu'une discussion apaisée pourra en résulter, ce qui ne dépend que de vous.