Cela fait un moment que je me demande lequel des producteurs à tout faire de France Culture réussirait à porter l'estocade à la radio. Goumarre, Baddou, Laporte ? Le tiercé gagnant de la soi-disant ouverture non-élististe de la station.
Samedi dernier, j'ai donc écouté le "Radio libre" d'Arnaud Laporte où il recevait en direct et en public Philippe Katerine. Les annonces de FC nous avaient d'ailleurs mis au parfum. On pouvait réserver sa place en écrivant au service communication de la radio.
Le néant verbeux, vous savez ce que c'est ? Si vous avez des doutes, allez donc écouter ce numéro de "Radio libre", vous en aurez une illustration criante.
D'un côté, Arnaud Laporte qui, de son ton plein de componction, accueille Philippe Katerine dont il dit qu'il l'a déjà reçu. C'est une manie de Laporte, il a reçu tout le monde. Je n'ai jamais compris son besoin d'y insister.
De l'autre côté, Katerine, déjà vu et entendu partout. Katerine n'a rien à dire ou n'est pas du genre à commenter en long, en large et en travers. Enfin, si, il aura dit deux fois qu'il aimait bien faire de la musique et qu'il aurait pu continuer à en faire dans sa chambre.
J'ai enfin compris que c'était lui, l'inventeur de la "musique de chambre".
A moins qu'il ne soit le plus ingénieux inventeur de la musique de "pot de chambre" puisque Katerine, un temps, collectionnait ses merdes. Au sens propre - si j'ose dire.
Enfin, un troisième larron, Thierry Jousse, ami du chanteur, dans le rôle de l'intellectuel commentatif.
Rien des propos échangés lors de cette heure et demi n'a d'importance. Ce ne sont que des impressions, du vent. Ce qui en dit long, c'est la façon dont ce vent a été mis en scène.
Allez savoir pourquoi, Laporte a dit qu'il y avait beaucoup d'enfants parmi les spectateurs du studio. Je dis bien "spectateurs" car je crois que les gens étaient venus pour le spectacle Katerine. C'était bien ennuyeux, dès lors, de continuer sur les histoires de caca de Katerine. Pourtant, le caca, ça a toujours du succès.
Ce que je retiens de l'émission, quelques vannes de Katerine, aussitôt relayées par des rires dans le public. Des interprétations pseudo-intellectuelles de Jousse. Celles, idiotes de Laporte, qui a dévidé les pires banalités qui soient : " votre art a à voir avec l'enfance", "alors vos égéries, elles sont nombreuses, vous chantez pour attirer les filles", "et en fait, vous chantez bien alors que comme ça, on dirait pas", "et dire que vous êtes né à Chantonnay, pour un chanteur, c'est quelque-chose","alors, la notoriété, ça fait quoi à vivre ?" ,"la provocation, c'est la défense des timides", "petit, vous montriez vos fesses à votre mère qui n'était pas contente du tout"...
Laporte avait aussi eu l'idée trop géniale de sortir la carte de l'invité surprise, annoncé par le jingle d'une émission de téloche grand-public.
Eh bien, entre les rires du public et ce petit dispositif d'auto-dérision et d'auto-célébration, je me suis dit :"Bingo ! Cette fois, ils l'ont eu la peau de France Cul ! "
Ils étaient contents d'annoncer la venue de Katerine sur les ondes. Et ils ont eu raison de le faire chez Laporte, le beauf bcbg.
FC a rempli sa nouvelle mission : on y est pareil et on y fait pareil qu'ailleurs.
Mais le fin du fin, l'entourloupe très pute, c'est qu'on fait croire que c'est de la culture ! Avec la caution solidaire de Jousse et l'enrobage propre sur soi de Laporte.
J'ai écouté les chansonnettes de Katerine comme tout le monde. J'ai vu ses clips comme tout le monde. Or, ce qui fait l'intérêt (relatif mais certain) de Katerine, c'est que ce n'est pas la nostalgie de l'enfance qui passe dans ses paroles (c'était la version de Laporte, bien convenue et bien niaiseuse), c'est la débilité. Allez écouter Katerine, il y a une jubilation dans la débilité, dans la connerie, dans le n'importe quoi. Dans la merde ! On y revient.
Katerine fait de la merde. Et Laporte a beau dire, il chante, de fait, comme une casserole.
Et puis entre cette merde musicale et la communication faite autour il y a un décalage car si les chansons de Katerine sont merdiques, en revanche, leur "packaging" est super-pro.
Le chanteur Katerine est présenté comme un héros, un "artiste"(dixit Laporte pour avoir le label mauve FC), les sites web sont réfléchis et reprennent les gimmicks branchés : jeux vidéo interactifs, photos branchées-décalées avec les parents, couleurs criardes héritées du pop et recyclées par la pub.
Il y a ce balancement dans l'esthétique Katerine. C'est sans doute là-dedans qu'il faudrait chercher l'origine de sa vogue. Sans oublier le côté dit "provocateur" puisque Katerine joue vaguement sur l'exhibitionnisme, mentionne son attrait pour la crasse et la merde comme dit précédemment. D'ailleurs, j'aurais bien aimé que Katerine en dise plus sur ses obsessions présentes ou passées. Manque de bol, chaque fois qu'il allait raconter, Jousse ou Laporte y allaient de leur discours de fonctionnaires cultureux.
Malhonnêteté culturelle et intellectuelle donc à inviter Katerine sur FC. Exactement : à inviter Katerine et à tenir sur lui le discours Laporto-Joussien.
Katerine présente un certain intérêt comme petit phénomène. On peut en parler. Mais on ne le fait pas. Ce qu'on fait, en revanche, c'est qu'on égalise tout, qu'on nivelle tout.
Laporte veut faire croire que Katerine, c'est de la culture. Or que non ! certes on peut discuter avec intelligence de Katerine mais cela on ne le fait pas. Laporte a plaqué des explications et autres questions interchangeables sur Katerine. Même quand ça risquait de devenir scabreux (toujours les histoires de merde, de crasse), on avait le sentiment qu'il y avait à la fois le côté voyeur mais vite remis dans le droit chemin de "la culture" par une remarque bien lénifiante comme si Laporte se croyait obligé de sortir son vaporisateur air-wick.
J'avoue que je ne comprends pas et que je préfère ne pas comprendre. Quel est le but de FC en faisant ce genre d'émissions ? Essaie-t-on vraiment de faire croire aux gens qu'on leur propose de la culture en boîte en invitant Katerine pour dévider des banalités de bon ton ?
Quelles sont les motivations du public amené à la Maison de la radio à grand renfort d'annonces sur les ondes ? Le goût de la gratuité, le côté badeau, "je m'ennuie le samedi et sais pas quoi faire de mes gosses" ?
Pourquoi faut-il que FC se lamine de la sorte ?
Je prédis un grand succès à ce genre d'émissions. Mais la démagogie est-elle l'avenir de France Culture ? Ou la culture est-elle l'avenir de la démagogie ?
Samedi dernier, j'ai donc écouté le "Radio libre" d'Arnaud Laporte où il recevait en direct et en public Philippe Katerine. Les annonces de FC nous avaient d'ailleurs mis au parfum. On pouvait réserver sa place en écrivant au service communication de la radio.
Le néant verbeux, vous savez ce que c'est ? Si vous avez des doutes, allez donc écouter ce numéro de "Radio libre", vous en aurez une illustration criante.
D'un côté, Arnaud Laporte qui, de son ton plein de componction, accueille Philippe Katerine dont il dit qu'il l'a déjà reçu. C'est une manie de Laporte, il a reçu tout le monde. Je n'ai jamais compris son besoin d'y insister.
De l'autre côté, Katerine, déjà vu et entendu partout. Katerine n'a rien à dire ou n'est pas du genre à commenter en long, en large et en travers. Enfin, si, il aura dit deux fois qu'il aimait bien faire de la musique et qu'il aurait pu continuer à en faire dans sa chambre.
J'ai enfin compris que c'était lui, l'inventeur de la "musique de chambre".
A moins qu'il ne soit le plus ingénieux inventeur de la musique de "pot de chambre" puisque Katerine, un temps, collectionnait ses merdes. Au sens propre - si j'ose dire.
Enfin, un troisième larron, Thierry Jousse, ami du chanteur, dans le rôle de l'intellectuel commentatif.
Rien des propos échangés lors de cette heure et demi n'a d'importance. Ce ne sont que des impressions, du vent. Ce qui en dit long, c'est la façon dont ce vent a été mis en scène.
Allez savoir pourquoi, Laporte a dit qu'il y avait beaucoup d'enfants parmi les spectateurs du studio. Je dis bien "spectateurs" car je crois que les gens étaient venus pour le spectacle Katerine. C'était bien ennuyeux, dès lors, de continuer sur les histoires de caca de Katerine. Pourtant, le caca, ça a toujours du succès.
Ce que je retiens de l'émission, quelques vannes de Katerine, aussitôt relayées par des rires dans le public. Des interprétations pseudo-intellectuelles de Jousse. Celles, idiotes de Laporte, qui a dévidé les pires banalités qui soient : " votre art a à voir avec l'enfance", "alors vos égéries, elles sont nombreuses, vous chantez pour attirer les filles", "et en fait, vous chantez bien alors que comme ça, on dirait pas", "et dire que vous êtes né à Chantonnay, pour un chanteur, c'est quelque-chose","alors, la notoriété, ça fait quoi à vivre ?" ,"la provocation, c'est la défense des timides", "petit, vous montriez vos fesses à votre mère qui n'était pas contente du tout"...
Laporte avait aussi eu l'idée trop géniale de sortir la carte de l'invité surprise, annoncé par le jingle d'une émission de téloche grand-public.
Eh bien, entre les rires du public et ce petit dispositif d'auto-dérision et d'auto-célébration, je me suis dit :"Bingo ! Cette fois, ils l'ont eu la peau de France Cul ! "
Ils étaient contents d'annoncer la venue de Katerine sur les ondes. Et ils ont eu raison de le faire chez Laporte, le beauf bcbg.
FC a rempli sa nouvelle mission : on y est pareil et on y fait pareil qu'ailleurs.
Mais le fin du fin, l'entourloupe très pute, c'est qu'on fait croire que c'est de la culture ! Avec la caution solidaire de Jousse et l'enrobage propre sur soi de Laporte.
J'ai écouté les chansonnettes de Katerine comme tout le monde. J'ai vu ses clips comme tout le monde. Or, ce qui fait l'intérêt (relatif mais certain) de Katerine, c'est que ce n'est pas la nostalgie de l'enfance qui passe dans ses paroles (c'était la version de Laporte, bien convenue et bien niaiseuse), c'est la débilité. Allez écouter Katerine, il y a une jubilation dans la débilité, dans la connerie, dans le n'importe quoi. Dans la merde ! On y revient.
Katerine fait de la merde. Et Laporte a beau dire, il chante, de fait, comme une casserole.
Et puis entre cette merde musicale et la communication faite autour il y a un décalage car si les chansons de Katerine sont merdiques, en revanche, leur "packaging" est super-pro.
Le chanteur Katerine est présenté comme un héros, un "artiste"(dixit Laporte pour avoir le label mauve FC), les sites web sont réfléchis et reprennent les gimmicks branchés : jeux vidéo interactifs, photos branchées-décalées avec les parents, couleurs criardes héritées du pop et recyclées par la pub.
Il y a ce balancement dans l'esthétique Katerine. C'est sans doute là-dedans qu'il faudrait chercher l'origine de sa vogue. Sans oublier le côté dit "provocateur" puisque Katerine joue vaguement sur l'exhibitionnisme, mentionne son attrait pour la crasse et la merde comme dit précédemment. D'ailleurs, j'aurais bien aimé que Katerine en dise plus sur ses obsessions présentes ou passées. Manque de bol, chaque fois qu'il allait raconter, Jousse ou Laporte y allaient de leur discours de fonctionnaires cultureux.
Malhonnêteté culturelle et intellectuelle donc à inviter Katerine sur FC. Exactement : à inviter Katerine et à tenir sur lui le discours Laporto-Joussien.
Katerine présente un certain intérêt comme petit phénomène. On peut en parler. Mais on ne le fait pas. Ce qu'on fait, en revanche, c'est qu'on égalise tout, qu'on nivelle tout.
Laporte veut faire croire que Katerine, c'est de la culture. Or que non ! certes on peut discuter avec intelligence de Katerine mais cela on ne le fait pas. Laporte a plaqué des explications et autres questions interchangeables sur Katerine. Même quand ça risquait de devenir scabreux (toujours les histoires de merde, de crasse), on avait le sentiment qu'il y avait à la fois le côté voyeur mais vite remis dans le droit chemin de "la culture" par une remarque bien lénifiante comme si Laporte se croyait obligé de sortir son vaporisateur air-wick.
J'avoue que je ne comprends pas et que je préfère ne pas comprendre. Quel est le but de FC en faisant ce genre d'émissions ? Essaie-t-on vraiment de faire croire aux gens qu'on leur propose de la culture en boîte en invitant Katerine pour dévider des banalités de bon ton ?
Quelles sont les motivations du public amené à la Maison de la radio à grand renfort d'annonces sur les ondes ? Le goût de la gratuité, le côté badeau, "je m'ennuie le samedi et sais pas quoi faire de mes gosses" ?
Pourquoi faut-il que FC se lamine de la sorte ?
Je prédis un grand succès à ce genre d'émissions. Mais la démagogie est-elle l'avenir de France Culture ? Ou la culture est-elle l'avenir de la démagogie ?