Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Je crois que R. Boyer a des problèmes de santé ; il a dû se désister pour un colloque récent, il me semble. C'est sûr, pas grand chose de nouveau et peu d'actualité de la recherche autre qu'un "effort pédagogique" de plus. Ce qui est peut-être le plus curieux à l'écoute, c'est de ne rien voir relié à quelque thématique à la mode. J'ai eu peur lorsque la question des esclaves étaient abordée, mais rien. Pas de lecture dominants-dominés.
Une autre curiosité, c'était la participation de Perrine Kervran au débat, avec l'impression qu'elle a été syndicalement ajoutée au côté de Laurentin parce qu'elle avait réalisé le documentaire de la veille, et qu'elle avait choisi les extraits de textes illustrant ce débat. Elle n'a rien apporté, et ses questions très floues et générales, ou portant sur des sujets déjà évoqués, semblaient en décalage flagrant avec la conversation entre Laurentin et ses deux intervenants.

Nessie a écrit:(...)
Le problème posé par la série de cette semaine, c'est qu'elle exhume comme sujet une question qui a été réglée en France en début des années 70 (...)
Il y a tout de même quelque ironie à voir France Culture se tourner vers le futur pendant une fête anniversaire bidon et frauduleuse, montée de toute pièces et faisant litière de sa grandeur passée, puis quelques jours plus tard recycler un sujet vieux de 40 ans..

Parlons peu mais parlons net : France Culture est-elle faite pour que Nessie, bibi et autres auditeurs historiques de FC soient au courant des derniers développements du savoir, et surtout qu'ils ne soient pas mis en contact, dans la grille qu'ils balaient avec attention, avec des connaissances déjà établies ?

On l'a dit ailleurs dans ce Forum, des gens naissent tous les jours (1000 environ en France, et autant meurent) et il est possible (et même certain) que chaque jour des personnes entendent France Culture pour la première fois. Ils n'ont pas quarante ans de culture derrière eux. Leur première rencontre avec le mythe viking a pu se faire lundi dernier. Ils n'ont pas les archives de 1970, 1972 ou de je ne sais quand.

France Culture est au mieux une sorte d'Université Populaire et chaque année de nouveaux étudiants "s'inscrivent" (en appuyant sur le bouton de leur poste ou sur leur souris d'ordinateur). Que vous connaissiez et ayez assimilé le programme des années précédentes, très bien. Mais ne dénoncez pas le programme de qualité actuel (j'en reste toujours à l'émission de lundi exclusivement) parce que vous n'y apprenez rien.  Le "on le sait déjà" ou "on l'a déjà vu cent fois" est de qui ne pense pas que certains ne le savent pas, ni ne l'ont vu, et ce, pour des raisons toutes simples : ils n'étaient pas nés quand vous avez commencé à écouter France Culture et à lire Régis Boyer (lequel, tout savant qu'il est,  n'est pas le plus grand pédagogue de la transmission des connaissances historiques, selon moi).

Cher Philaunet.
Nous avons tous et toutes ici remarqué la mainmise de Nessie.
Cependant,et vous le dites parfaitement,il est permis ici d'avoir une opinion.
Que certains considèrent ce forum (place publique)comme leur,nous n'en sommes pas dupes.
A trop dénoncer une idéologie FCulturienne, on en oublie l'essentiel.

L'impression très négative que j'ai eu, c'était que Perrine Kervran avait tout juste découvert le sujet et se trouvait parachutée là sans avoir eu le temps de prendre du recul. C'est un des pièges de cette organisation qui consiste à faire enchainer les sujets à rythme élevé par les toujours mêmes producteurs. Un intermittent qui aurait eu le temps d'élaborer son sujet aurait livré un documentaire de qualité, et ensuite aurait pu participer au débat en apportant la connaissance acquise pendant la durée plus ou moins longue de sa préparation.

Ca me désole d'autant plus d'écrire ces critiques, que l'équipe de La Fabrique, malgré son imprégnation idéologique souvent caricaturale, n'est habituellement pas suspecte de paresse ni de légèreté : on sent au contraire un sincère attachement aux principes que la chaîne avait illustrés dans ses années d'excellence (au siècle dernier, misère on peut dire ça : "c'était au siècle dernier").

Nessie a écrit:L'impression très négative que j'ai eu, c'était que Perrine Kervran avait tout juste découvert le sujet et se trouvait parachutée là sans avoir eu le temps de prendre du recul.  

Perrine Kervran... Son nom ne me semblait pas inconnu quand on me l'a signalé comme celui de la rédactrice du descriptif abominable du 2e numéro de cette semaine sur les Vikings.

Vous pensez, un nom breton ! Donc, direction la fenêtre « Recherche » du Forum et... mais c'est bien sûr ! La voilà, celle que l'on égratigna sérieusement en avril dernier, dans deux posts, pour la vacuité de ses questions à Margarethe von Trotta dans « À voix nue ».

On ne va certainement pas perdre son temps une seconde fois avec elle.

Il est vrai que Nessie "parle" trés souvent, et fort. Mais, en tant que l'un des maitres du lieu, c'est son droit.
Nessie, votre commentaire m'a laissé à la fois perplexe et nostalgique:

1. Perplexe.
Comment une émission des Dossiers de l'écran de 1972  pourrait être La référence indépassable?
Comment peut-on partir d'une série d'émission sur les Vikings et arriver à l'incontournable "paradigme idéologique" de FC?
Pourquoi Régis Boyer aurait-il refusé une invitation pour traiter de son sujet favori?

2. Nostalgique (mais lucide).
Vous connaissez ma grande reconnaissance pour la télevision des années 60-70. Mais les Dossiers de l'Ecran? Au début, j'etais un grand consommateur mais la formule m'est apparue assez rapidemment fautive: tout d'abord, le film était bien souvent de mauvaise qualité et parfois complètement faux, historiquement. Puis, le débat de seconde partie, une fois que beaucoup de telespectateurs (mal informés, donc) étaient partis se coucher, était bien souvent une bonne foire d'empoigne aux qualités pédagogiques trés limitées.

Mais bon, un dernier, pour la route:
http://www.ina.fr/video/CPF86606354/un-temoin-de-huit-siecles-d-histoire-notre-dame-de-paris-video.html

Hé, mais non, pas du tout indépassable ! Où aurais-je écrit cela ? Si je m'étais mieux fait comprendre, vous auriez lu que le sujet présenté comme une démystification, est soit un classique qu'on a ressorti du tiroir, soit un brevetage tardif du fil à couper le beurre. Régis Boyer ayant N fois chanté sa chanson sur France Culture, moi à sa place en recevant l'invitation d'une équipe qui réinvente la poudre ('de perlimpinpin) je leur aurais envoyé mon bouquin-somme par la poste, et par le métro un de mes assistants.

Je ne crois pas avoir de façon générale laissé croire que "Les Dossiers de l'écran" faisait référence. Vous vous souvenez, comme moi, que le film était régulièrement désavoué quasi au début du débat, parce que posant très mal le problème, dans le meilleur des cas on avait un bon film de divertissement mais de la piètre information. De fait, une formule idéale des Dossiers eut consisté à passer en première partie un documentaire. encore fallait-il qu'il y en ait, et pas des soporifiques.

J'ai beaucoup de souvenirs des Dossiers de l'écran, mais des souvenirs précis tout de même assez peu. Et des captations en version sonore, et qui pourraient faire référence, encore moins (mais une toutefois, avec Roland Auguet, figurez-vous). Il y en aurait au moins de deux types :
a) échange entre spécialistes sur un sujet de connaissance (scientifique, historique, etc) bien délimité et n'ayant pas trop évolué depuis. Là je rêve de voir sortir un jour quelque débat médiéval entre Duby et Braudel, enregistré en 1977 quand l'un préparait Le temps des cathédrales et l'autre armait son arbalète depuis New-York pour se frayer l'arrivée à l'Académie
b) débats de société : la formule a survécu, sans le document introductif. Emissions sur l'inceste, sur la drogue. Que font d'autre aujourd'hui les C'est dans l'air ? Encore qu'à l'époque, si on cherche l'équivalent à la radio, ça ne sera pas le Grain à moudre ni même une formule qui annoncerait ces derniers, mais plutôt les Dialogues produits par Roger Pillaudin. Les Nuits nous en offrent régulièrement, notamment cette semaine avec Alfred Sauvy face à René Dumont.

A part ça, je me demande pourquoi et comment on pourrait dénier à l'un ou l'autre numéro (et non "à tous") de faire référence ? Et cela dans les deux catégories. Je pense notamment à la fin des 80's un "Dossiers" sur l'état de l'architecture en France. En première partie le film de  King Vidor "Fountainhead" (je vous laisse dire qui est l'auteur du scénario) plus ou moins lointainement inspiré par (et non "de") les exploits de Frank Lloyd Wright. Ensuite, un débat qui mettait aux prises Fernand Pouillon et quelques hauts fonctionnaires dont Bloch Lainé. Tous très bien crédibles et respectables, responsables sans . Il y a eu un réquisitoire de Roland Castro, vraiment exemplaire. 6 mois plus tard, le documentaire d'Igor Barrère sur le même sujet était tourné, livré, et... déprogrammé au dernier moment. A ma connaissance il n'est jamais sorti, et qui veut savoir ce que valait l'architecture en ces temps où Portzamparc livrait tout juste son premier bâtiment, où Boffil commençait son Marne-la-Vallée, peut chercher cette émission qui sera certainement livrée un jour sur le site de l'INA. Eh bien Alain, j'ai conservé cette cassette usée pendant des années, et j'ai encore dans l'oreille le coup de gueule de Pouillon croyez-moi c'en était un beau. Et voyez-vous ça ne m'empêche pas d'apprécier les 13 années de Métropolitains qui ont tenu bon de septembre 1999 à juin 2012, d'ailleurs Chaslin avait régulièrement recours aux archives de la télé (puisque la télé, hormis les fictions c'est souvent pauvre en image, et les interviews&débats ensuite ça se tient fort bien à la radio).

Modifié par l'auteur.

Modifié par l'auteur.

Coincidence. J'allais justement râler. Pas pour les majuscules (moi aussi j'en met partout) ni pour la ponctuation ou les accents (j'ai une carence du circonflexe) mais parce que le documentaire de ce jour n'apporte pas grand chose sur le tableau de Van Eyck, déjà analysé avec brio par Alain Jaubert en 1989 dans un numéro de Palettes : "Miracle dans la loggia". La Vierge au Chancelier a aussi fait l'objet d'un numéro de "Clin d'oeil" à l'automne 2003, nous proposant en 10' un délire d'interprétation ahurissant.

J'hésite à réécouter le numéro d'aujourd'hui. Ai-je bien entendu une des spécialistes dire qu'elle n'avait jamais remarqué l'incendie ? Peu importe ce détail. Peu importe le manque d'inspiration et la répétition en radio et en moins bien, d'un chef d'oeuvre du documentaire vidéo. Non, ce qui cloche ici, c'est une fois de plus comment sont traités les sujets dans La Fabrique de l'histoire. Oh, pas de doute là c'est du culturel ; sur ce point on n'aura rien à redire. Mais enfin est-ce sérieux, d'annoncer un programme "La renaissance" , et d'en fournir (attention - on s'accroche) : promenade au Louvre, département des sculp'tures + une analyse de tableau + archives sur les peintres + origine du concept de 'Renaissance'.  Hum, c'est pas un peu déséquilibré du côté de l'histoire de l'art, ça ? Remarquez, ça serait pas plus mal, car je crains que  ce ne soit encore pire.

Peut-être que l'Histoire (le récit ?) de la Renaissance a été déjà fait 10 fois sur France Culture. En ce cas, qu'on nous en rediffuse les meilleures. Peut-être -et c'est probable- qu'on veut faire autre chose dans la Fabrique. Mais quoi, au juste ? L'histoire de l'idée même, l'histoire de l'Histoire ? Certainement pas, car ni hier ni aujourd'hui ça n'était le cas. Alors, la réponse : eh bien France Culture soit accompagne tranquillement, soit s'aligne sur les doctrines modernes de l'enseignement de l'histoire : déconstruit, dé-structuré. L'auditeur de passage retiendra quelques miettes de culture. Et l'auditeur qui archiverait la série en espérant tirer quelque connaissance.... devra reconstruire le tout à partir du monceau de pièces dispersées. Tâche impossible évidemment, car les 4 angles choisis ne sauraient résumer l'ensemble, d'ailleurs tel n'est aps le but.

La Fabrique de l'histoire, c'est pas "Les chemins de la connaissance". En ce cas, le mieux serait de leur ressembler le moins possible. D'abandonner les thématiques hebdomadaires. Le rythme de Sur les docks est certainement mieux adapté : la série de 4 inamovible sur une trame elle même fixe (un entretien, un documentaire, un assemblage d'archives, un débat) gagnerait à laisser la place à des séries irrégulières de 2 , 3, ou 4 ou même plus, pourquoi pas.

Modifié par l'auteur.