Parmi les innombrables pastilles qui émaillent la dispute, qui craint de passer plus de 15 mn sur l’un de ses principaux sujets de discussion, on retrouve « L’invité(e) de la dispute » (peut-être que des extraits audio seraient plus appropriés que ces transcriptions).
La semaine du 25 mai 2015 était consacrée à Annette Messager, et lundi (4 mn), dans l’émission spectacle vivant, on peut entendre en introduction d’A. Laporte :
« Annette Messager (…), je sais, parce que vous me l’avez dit avant que nous en parlions, que vous voyez peu de choses, vous sortez peu (…).
A. M. : C’est vrai que l’interview qu’on fait, pour moi, m’a fait rire, parce que je suis assez chez moi, enfermée, je suis vraiment la mauvaise personne pour cette émission (…) Et j’écoute France culture qui parle peu de musique, c’est beaucoup des discussions, donc euh ». (...)
« Les théâtres souvent m’ennuient beaucoup, ce qui est intéressant d’ailleurs quand je vais au théâtre, je suis bloquée sur mon siège, je ne peux pas sortir, donc je peux penser calmement à mon travail, etc. Vous voyez, je suis très méchante. (…) Souvent, c’est tellement de la parole. »
Quelques noms de metteurs en scène sont malgré tout égrenés çà et là . L’invitée n’a manifestement rien à dire, n’a rien préparé du sujet, le producteur est prévenu, l’annonce même en préambule, mais non, il garde les 4 mn, parce que c’est le concept qui le veut. Pourquoi ne pas passer la semaine à traiter du seul travail d’Annette Messager quand on sait ce qui attend l’auditeur les jours suivants ? (mais dans ce cas, « L’invité(e) de la dispute » devient « A voix nue »)
Puis mardi, cinéma (6 mn), l’auditeur tombe littéralement de sa chaise :
A. M. : « Ah oui, c’est très agréable les salles de cinéma, contrairement au théâtre, je trouve que, on est avec des gens dans le noir et on est bien souvent. » On apprend du dernier film de J. Panahi que Taxi Teheran est « un gentil film, c’est pas un très grand film, c’est un joli film ».
A. L. : Qu’est-ce que vous attendez du cinéma quand vous y alliez (sic)
A. M. : Ce qui est beau, c’est qu’il y a à la fois des images, c’est dans le temps, de la parole, je ne sais pas (…).
Puis, une parenthèse sur Bresson, une triste digression sur Depardon dans laquelle A. Laporte rame pour faire durer les maigres paroles de son interlocutrice.
A. L. : « Le cinéma c’est aussi un art auquel les autres artistes sont souvent sensibles (…) ?
A. M . : « Les artistes font beaucoup de vidéo »
A. L. : Oui…
Sans transition (comme pour le reste), on passe à Méliès, le féminin (A. M. : « sans actrice, il n’y aurait pas de cinéma ». A. L. : - Les cinéastes femmes ? – Oui, aujourd’hui, il y en a beaucoup, beaucoup, ça explose comme comment, dans tous les arts d’ailleurs).
Puis :
A. L. : Est-ce qu’il y a un film qui, enfant ou adolescente, vous a particulièrement marquée ?
A. M. : ffffffffffff (puis début de réponse sur Godard)
Mercredi, Arts plastiques (6 mn), l’auditeur un peu artiste sur les bords, n’est pas surpris des réponses d’Annette Messager, qui doivent refléter celles de beaucoup d’artistes bien cotés/connus. En gros, c’est le « pas le temps, pas l’envie » général.
A. L. : S’il est un lieu où on peut vous rencontrer Annette Messager, ça m’arrive régulièrement, ce sont bien les expositions tout de même (…).
A. M. : Les galeries très peu (…), je vais à la librairie Rambuteau chez Colette, c’est à peu près la seule librairie que je fréquente (…).
A. L. : Pas beaucoup les galeries pourquoi ? Pas le temps, pas l’envie ?
A. M. : les deux. »
(Dans cette pastille, A. Messager est un peu plus loquace sur les expos qu’elle a vues, le propos est moins décousu).
A. L. : « Est-ce qu’il y a des œuvres dans nos grands musées, Orsay, le Louvre, Pompidou que vous avez besoin d’aller revoir Annette Messager ?
A. M. : Non, pas du tout (rires, puis coupe). Oui, si, je vais au Centre Pompidou, je vais voir les Matisse, j’ai tellement assimilé tout ça, que c’est en moi maintenant, je n’ai plus besoin de les voir.
A.L. : Vélazquez, vous etes allée voir par exemple au grand Palais ?
A. M. : Non, parce que j’étais pas là au moment où… En général je profite des vernissages, parce que c’est le soir, et je vais y aller quand même. » (rires)
Jeudi et Vendredi, la conversation est plus construite, plus animée et suivie dans ses transitions et sa continuité. L'auditeur hésite : il est consterné et goûte à la fois bizarrement la sincérité des réponses de l'artiste qui n'a rien demandé et se fiche bien d'être à la page des sorties culturelles. Mais pourquoi ne pas simplement renoncer à la diffusion de cet entretien qui ne colle vraisemblablement pas aux intentions programmés ?